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Bangui (République Centrafricaine), le 9 décembre 2013

Chers confrères, amis et connaissances,

nous sommes plongés dans le noir absolu depuis jeudi le 5 décembre, jour d'attaque de Bangui très tôt le matin par des assaillants anti-balaka, semble-t-il. On n'arrête pas de compter les morts. Les églises dont les paroisses de St Paul et St Barnand où sont nos confrères sont remplies des populations des quartiers ayant cherché refuge. Ce matin j'ai appelé le Père Blaise Kongamatchi qui me parle de débordement. Comment secourir 3 à 5000 personnes (femmes, hommes, enfants, personnes âgées, malades, etc.). La ville de Bangui est paralysée, les commerces fermés, marchés déserts, hôpitaux saturés... les services de Croix-Rouge, Médecins Sans Frontière débordés pour ramasser les corps en putréfaction, risque d'épidémie. L'édifice de l'Assemblée nationale a été un théâtre de carnage. C'est là où les forces de la Séléka ont décimé les assaillants et dans la foulée les victimes innocentes assimilés aux anti-bakala.

Nous sommes 5 spiritains et un postulant terrés à St Charles, Maison principale depuis bientôt 5 jours. Les nuits sont longues et angoissantes. Le moindre bruit vous fait sursauter. Pour l'instant, nous n'avons pas été visités sinon comment fuir et où? Ce n'est pas possible de traverser la ville. Il y a un couvre-feu dès 18h à 6h du matin. Nous tenons le coup avec la grâce de Dieu.

L'arrivée de l'armée française avec les hélicos, avions rafales donnait un signe de Libération mais la tâche n'est pas facile mais semble plutôt ardue. Il n'y a pas d'ennemis organisés en face. La Séléka procède sous forme de guérilla urbaine. Ils sont tous déguisés en civiles et opèrent la nuit pour piller, tuer. Cela prendra du temps pour les identifier et pouvoir les désarmer. 

Le conflit a pris une tournure interreligieuse (confrontation entre musulmans et chrétiens). Les déclarations des leaders religieux se multiplient mais on a atteint un degré d'exaspération tel que plus rien n'arrête l'élan de vengeance. Il n’y a pas d'autorité de l'état qui puisse s'imposer pour mettre un terme au ce cycle infernal des violences. On vient de limoger le ministre de la sécurité, un protestant, sous prétexte d'avoir trouvé un dépôt d'armes chez lui. Le domicile du Premier ministre a été pillé par la Séléka. Sa famille se trouve réfugiée au camp militaire de Mpoko. On voit bien le chaos, le basculement dans un non-État où même les autorités sont exposées, aucune contrôle sur ces enturbannés. Jusques à quand va-t-on laisser faire et abandonner un pays à la merci des bandits de grand chemin qui n'ont ni foi ni loi? 

C'est un sentiment d'impuissance qui nous gagne devant les folies meurtrières. Il nous reste à élever nos cœurs vers le Très-Haut et à espérer le jour de la délivrance. Je vous remercie pour vos appels, vos mots d'amitié, vos pensées priantes en notre faveur.
Patrick Omer MBEA
Maison St Charles à Bangui


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