Etincelles 101
La Cathédrale Notre-Dame à Bangui.
L'Eglise en Afrique Equatoriale en 2012 et l'Eglise en
France en 2012, deux époques! Que de différences! Elles
se matérialisent déjà dans le domaine des
constructions. Prenons un exemple majeur : la Cathédrale de
Bangui.
Le
plus souvent dans les années 30, le missionnaire vient de pays
d'ancienne chrétienté où le moindre village a
son église; dans l'Oubangui à la même époque,
il n'y a rien; aucun édifice religieux. D'ailleurs on peut
constater que tout 1 'habitat en est resté à un stade
rudimentaire, le plus souvent en matériaux légers, le
bois, la paille, la terre. Le missionnaire sera toujours appelé
à construire, et à construire « en dur ».
Personnellement j'ai eu ma part, depuis des constructions simples
comme des chapelles de brousse, des dispensaires, jusqu'à l'«
Inems », un bâtiment de quatre étages, devenu
Faculté de la Santé, mais surtout je me suis investi
dans la transformation de la Cathédrale! Là, plus
seulement quelques photos, mais tout un album. Je vais m'attarder à
en parler.
En
deux séjours très différents, entre lesquels
j'ai vécu 16 ans sur d'autres cites, j'ai passé au
total 28 ans à la Cathédrale Notre-Dame Immaculée
Conception, à mon avis, lieu privilégié de la
vie de l'Eglise. La Cathédrale est par fonction l'église
de l'Evêque, mais, à Bangui, notre Archevêque a
toujours habité au lieu historique de l'implantation des
premiers missionnaires, à la mission Saint Paul,
magnifiquement située sur le fleuve, mais à cinq
kilomètres du centre de la ville et de la Cathédrale.
L'édifice
est vaste; il peut recevoir facilement mille cinq cent fidèles,
mais les jours de fête sur la même surface, quelque peu
serrés, les fidèles sont bien de l'ordre de trois
mille. Pour les très grandes cérémonies qui
rassemblent les groupes organisés de toutes les paroisses, il
convient de prévoir un dispositif à l'extérieur
du bâtiment. Sur les marches, devant l'édifice,
aménagées suivant les circonstances, se tient l'Evêque
entouré du clergé, puis le peuple de Dieu sur le parvis
et parfois au-delà du parvis.
Dans
les années 30, l'Evêque de Bangui, Monseigneur Grandin,
originaire de Normandie, alla lui-même jusqu'à
Brazzaville et acheta un très vaste hangar métallique
qui fut transporté jusqu'à Bangui par le fleuve. Le
Frère Jean-Marie Flour en fit une immense cathédrale.
Il fit confectionner, sur place et à Saint Paul, des milliers
de briques; il construisit en façade une entrée
imposante et deux puissantes tours, puis il édifia des murs
latéraux avec des fenêtres néogothiques, le mur
du chœur très imposant, fut percé, en chaque
travée d'une fenêtre assez modeste garnie d'un petit
vitrail, puis le frère entoura les poteaux métalliques
d'énormes éléments de ciment de forme circulaire
et ces I.P.N, comme disent les techniciens, devinrent des colonnes.
Du bel ouvrage! J'ai eu l'audace de le compléter et de le
perfectionner.
Je
m’explique: déjà l'ancien autel, grand assemblage
d'éléments en ciment, avait été remplacé
par une simple pierre, une large et belle dalle de granit de Bouar.
Mais maintenant, comment mettre en place un plafond? Comment
remplacer les fenêtres de bois? Comment rendre le chœur
plus accueillant? Comment donner de l'élan aux colonnes et du
coup, à tout le bâtiment? Comment concevoir de nouvelles
portes? Comment installer partout de façon définitive
et efficace l'électricité et la sonorisation? Grâce
à Monsieur Janin, l'architecte qui fut notre conseiller, et à
Joseph Rochais le chef de chantier, tous ces problèmes furent
résolus.
A
part le chœur garni d'un mauvais plafond en fibrociment, le
plafond était celui du hangar d'origine à l'état
pur, donc une charpente métallique; à l'aide d'un
énorme échafaudage qui prenait le tiers de l'Eglise, on
mit en place un très beau plafond en lattes de bois. Taillées
jusqu'au sol, les anciennes fenêtres agrandies furent garnies
de claustras. Pour donner l'élan qui manquait à
l'édifice, les colonnes au fût cylindrique furent
taillées, elles devinrent carrées, et, gommant
chapiteaux et socles de base, elles descendirent d'un trait du
plafond au sol. Le chœur fut complètement transformé,
les murs pleins remplacés par des surfaces de claustras
parsemées de dalles en verre de couleur.
La
Cathédrale Notre-Dame new-look, en une grande fête, fut
liturgiquement consacrée et, pour conclure, quelques années
plus tard, 4 cloches dûment bénies, furent installées
dans la tour gauche.
La Cathédrale Notre-Dame est un lieu d'harmonie
et de grandeur pour accueillir, aux fêtes et aux grandes
circonstances, le peuple de Dieu.
P. Yves Gautier