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L’épidémie de choléra

non encore confirmée officiellement

Le gouvernement annonce un train de mesures sanitaires et avance une cinquantaine de morts et près de 500 malades, mais les données et témoignages recueillis sur le terrain présentent un tableau encore plus sombre avec la multiplication des cas de contamination et la découverte de nouveaux foyers dans l’Artibonite Nos confrères de Pont-Sondé sont au centre de la zone infectée.
jeudi 21 octobre 2010,

Radio Kiskeya - Les autorités haïtiennes ne s’étaient pas prononcées jeudi soir sur l’existence dans au moins deux départements d’une fulgurante épidémie de choléra dont le dernier bilan officiel s’élevait à 49 morts et près de 500 cas d’hospitalisation, une situation de crise sanitaire qui suscite de vives inquiétudes au sein de la population, neuf mois après le séisme dévastateur de janvier. Des sources proches des structures étatiques avançaient des données autrement plus alarmantes sur l’ampleur de la situation, plus d’une centaine de décès et 1.500 malades recensés.
Le ministère de la santé publique attendait les résultats des examens du laboratoire national de santé publique afin de déterminer la nature de cette maladie soudaine qui devait faire l’objet d’une réunion d’urgence du gouvernement.
"Il s’agit d’un microbe importé. Tous les techniciens affirment que le type de microbe pouvant provoquer cette diarrhée n’est pas endémique en Haïti", a assuré le ministre de la santé, Dr Alex Larsen, lors d’une conférence de presse qui a révélé que tous les foyers de contamination détectés ont été localisés dans des communes situées "le long du fleuve Artibonite".
L’hypothèse évoquée par le ministre pour expliquer l’origine du virus incriminé est le séjour massif dans le pays, depuis de longs mois, de gens venus des quatre coins du monde dans le cadre de l’élan de solidarité internationale ayant suivi la catastrophe du 12 janvier et ses 300.000 morts.
Dépourvues de toute intention méchante, ces personnes pourraient faire migrer le microbe et créer des conditions favorables à l’explosion de l’épidémie à travers le bain ou la défécation.
D’où l’injonction d’Alex Larsen aux habitants des régions traversées par le fleuve Artibonite : il faut éviter absolument de consommer ses poissons et fruits de mer, de se baigner et de boire l’eau.
Le ministre en a profité pour mettre en garde contre "toute exploitation politique" de l’épidémie en cours, sans pouvoir identifier ceux qui sont concernés par cette remarque très particulière en pleine campagne électorale.
Pour sa part, le directeur général du ministère de la santé, Dr Gabriel Thimothé, a indiqué que les analyses effectuées en laboratoire devraient fournir, dans les prochaines heures, les "évidences scientifiques" qui permettront de cerner tous les paramètres relatifs à la maladie qui se caractérise par "une diarrhée aqueuse et profuse, accompagnée de vomissement et dans certains cas de douleurs abdominales et de fièvre.
Faisant état de la présence active du MSPP dans la prévention, le renforcemenmt épidémiolgique, l’éducation de la population et la prise en charge des victimes, Dr Thimothé annonce l’envoi de médicaments et de personnel de santé supplémentaires dans les régions les plus touchées, particulièrement dans le Bas-Artibonite.
Quatre unités de traitement d’eau vont être installées de concert avec Food for the poor dans les communes de St-Marc, Drouin, Grande Saline et Marchand-Dessalines où, selon un relevé provisoire, la quasi-totalité des personnes décédées ou malades restait concentrée.
Le directeur général du ministère de la santé, qui conseille à tous les voyageurs devant se rendre dans le Bas-Artibonite de se munir d’eau, de savon liquide et de chaussures fermées en vue d’éviter toute contamination, souligne que dans le seul hôpital St-Nicolas de St-Marc 300 personnes ont été admises. Six d’entre elles sont décédées parallèlement à 15 autres cas de mortalité recensés ailleurs dans la ville.
Drouin, Petite-Rivière de l’Artibonite, Deschapelle, Verrettes, Marchand-Dessalines figuraient également sur la liste des communes dont les zones rurales sont les plus affectées.
Dans le Bas-Plateau Central, la situation tendait à se stabiliser avec un seul nouveau décès enregistré mercredi soir à Mirebalais où quatre des 71 personnes hospitalisées auparavant avaient succombé à une déshydratation violente de trois à quatre heures d’horloge.
Cependant, sur le terrain, les éléments d’information disponibles étaient encore plus préoccupants. Le nombre de décès établi par la direction de l’hôpital public St-Nicolas est passé de 18 mercredi à une soixantaine jeudi, informe le correspondant local de radio Kiskeya.
Plus de 400 personnes contaminées étaient soignées dans le petit établissement littéralement débordé au point où le directeur médical, Dr Yveto Mayette, a appelé ses supérieurs hiérarchiques à réviser à la hausse l’aide d’urgence déjà disponible.
Les autorités expliquent que leurs tâches se sont compliquées davantage avec la montée des eaux du fleuve Artibonite en crue depuis plusieurs jours.
En outre, l’effet de contagion de l’apparent choléra s’est répandu avec la découverte non encore confirmée de nouveaux foyers de l’épidémie notamment dans la localité de Préval, à Petite-Rivière de l’Artibonite, et à La Chapelle.
Des paysans auraient, de leur côté, entrepris de creuser des fosses communes pour enterrer leurs morts.
Aucune mesure de quarantaine sanitaire n’avait encore été annoncée et de fait le trafic routier entre l’Artibonite et le Centre et les autres départements, impliquant le transport de passagers et de marchandises non contrôlés, se poursuivait comme à l’ordinaire.
Selon les données de l’Organisation mondiale de la santé, chaque année 3 à 5 millions de cas de choléra sont enregistrés, essentiellement en Afrique, avec une moyenne de 100 à 120.000 morts.
> P. Jean-Yves Urfié
Paroisse Saint Paul de Furcy
509-37-98-39-69
(Haïti)


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