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Gabriel MYOTTE DUQUET (Inde)

Voici quelques nouvelles de ce grand pays qui m'accueille actuellement:
L'Inde, un sous-continent de 3.287.263 km² allant des sommets de l'Himalaya à la pointe sud du Coromandel, indépendante depuis 1947, est une fédération de 28 États et 7 unions territoriales. Pondichéry est l'une de ces unions. L'an prochain sera une année importante puisque les électeurs seront appelés aux urnes en vue d'élire leurs représentants à la chambre des députés de New Delhi. L'Inde sera alors gouvernée pour cinq ans par le parti politique qui obtiendra le plus de sièges à la Chambre.
Aujourd'hui, l'Inde bénéficie quasiment du plein emploi: la croissance économique reste forte, même si certains chiffres sont revus à la baisse. La monnaie a beaucoup baissé par rapport à l'Euro en 2013, passant de 70 à 84 roupies pour un euro en quelques mois seulement. Ce phénomène serait du à la fluctuation des prix du pétrole pour lequel l'Inde dépend totalement de l'extérieur. De ce fait, les prix à la consommation ont augmenté de façon conséquente, passant par fois du simple au double.
L'Inde est structurée socialement sur la base des castes. Même si l'entrée du pays dans la modernité a limité l'hégémonie des castes supérieures, elle demeure importante. Chacun a tendance à se situer dans ce grand ensemble selon son appartenance ancestrale. Le taux de scolarité est élevé dans les quatre états du sud, mais ailleurs l'analphabétisme peut atteindre jusqu'à 25% de la jeunesse.
D'après une tradition, l'apôtre St Thomas serait le premier évangélisateur de l'Inde. Il aurait séjourné de 52 et 72 au Kerala et dans la région de Mylapore (qui se situe aujourd'hui au sud de Madras). Il aurait subi le martyr sur une colline pas très loin du lieu où nous habitons. Aujourd'hui encore des groupes de chrétiens se réclament très fortement de cette tradition. Mais en fait, l'évangélisation a pris son essor avec l'arrivée des Jésuites portugais à Goa au 16ème siècle. De grandes figures, St François Xavier, St John de Britto, de Nobili, etc. continuent de marquer cette Eglise. Le travail missionnaire réalisé par les Prêtres des Missions Étrangères de Paris à partir de 1772 dans la région de Pondichéry et de Bangalore (qui n'était alors qu'un petit village) mérite d'être souligné. Si nous pouvons admirer le travail de ces pionniers, il n'en reste pas moins vrai que l'Eglise demeure une minorité d'à peine 2,3 % de l'ensemble de la population, alors que les Musulmans représentent 15% et l'Indouisme un peu plus de 80%. L'Eglise est bien implantée dans les quatre états du sud, le Kerala, le Karnataka, l'Andhra-Pradesh et le Tamil Nadu. Elle est bien visible: elle gère d'importantes institutions au service des plus défavorisées et travaille activement à la promotion des sans-voix. Écoles primaires et secondaires, universités et autres écoles professionnelles ont poussé non pas comme des champignons mais presque. Chaque diocèse a créé sa propre association de soutien aux plus défavorisés, répondant aux besoins de la population locale. Ce travail de proximité peu quantifiable mais bien réel permet à beaucoup d'enter dans le monde de la modernité, comme partenaires et non comme parias. A côté d'un clergé diocésain nombreux, jeune et actif, de nombreuses congrégations masculines et féminines sont également bien présentes dans le domaine de l'éducation, de la promotion sociale et de la formation humaine et spirituelle de la population.
Le visage que l'Eglise de l'Inde donne d'elle-même est encourageant: sa vitalité, les vocations encore nombreuses, des églises qui font le plein le dimanche avec une proportion de jeunes impressionnent quelqu'un venant d'Europe.
C'est dans ce contexte que trois spiritains travaillent aujourd'hui à faire connaitre la Congrégation et à trouver des jeunes qui dans quelques années pourront consolider ce que nous essayons de mettre en place. Tout reste très modeste, et si l'un d'entre nous, Jean François Salomon de l'Ile Maurice, est jeune, Serge et moi, nous ne pouvons pas prétendre à plus que ce que nous faisons actuellement vu notre âge et nos limites, par apprendre une nouvelle langue, le Tamoul, assez difficile d'ailleurs, ou entrer pleinement dans une culture oh combien éloignée de la nôtre. Avoir pignon sur rue n'est pas notre but même si nous en avions les moyens, mais consolider ce que nous avons modestement fondé. Demain, d'autres avec plus de personnel pourront initier des projets missionnaires plus ambitieux. Ils ne seront plus limités ni par une obligation de séjours courts, ni par une absence parfois prolongée hors du pays, ni par certaines limites administratives du fait de notre statut d'étranger.
Mais je ne me plaindrai pas de notre situation précaire puisqu'aujourd'hui huit indiens sont à des stades différents de la formation spiritaine, dont un prêtre qui est actuellement au Kenya pour un stage de découverte de la vie missionnaire spiritaine. ( Supplément à Province et Mission de Février 2014 N° 414 )

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