Il y a 100 ans...    

Il y a 100 ans, le 12 janvier 1920,

NAUFRAGE DU PAQUEBOT « AFRIQUE »

La plus grande catastrophe maritime civile de l’histoire de France a lieu le 12 janvier 1920 à 3 heures du matin. Deux jours plus tôt, le paquebot l’ Afrique a embarqué de Bordeaux. Le 11 au soir, au large des Sables-d’Olonne, il heurte sur les hauts fonds du plateau de Rochebonne, un bateau-phare censé en prévenir l’accès. À son bord, équipage compris, voyagent 599 personnes. Il n’y aura que 36 survivants. Parmi les victimes, on compte 192 « tirailleurs sénégalais », que l’armée française vient de démobiliser,
Mgr JALABERT et 18 missionnaires.

1 - Extrait du Bulletin Général n°354 – Janvier-Février 1920 p.493

Toute la congrégation connaît aujourd’hui la catastrophe du naufrage de l’Afrique ; une circulaire du T.R. Père l’a portée à la connaissance de nos diverses maisons.
L’Afrique , de la Compagnie des « Chargeurs réunis », quittait Bordeaux pour la côte orientale d’Afrique le 9 janvier au soir, ayant à bord, équipage compris 599 personnes. Le 12 à 3 heures du matin, le paquebot coulait sur le plateau sous-marin des Roches Bonnes, en face de l’île de Ré : nous perdions dans ce naufrage, Mgr Jalabert et 18 missionnaires.
Ce désastre sans précédent nous a valu des manifestations de sympathie qui nous sont venues nombreuses et de tous côtés. Qu’il nous suffise de citer ici la lettre de S. EM. Le cardinal van Rossum, Préfet de la S.C. de la Propagande.


S. C. de la Propagande, Rome, le 31 janvier 1920,
Monseigneur,
C’est avec la plus profonde douleur que j’ai appris par votre lettre du 15 courant la mort de Mgr Hyacinthe Jalabert, Vic. Apost. du Sénégal, et des 18 autres missionnaire, survenue si tragiquement par suite du naufrage de «  l’Afrique  ».
Les paroles me manquent pour exprimer dignement à Votre Grandeur mes plus vives condoléances ! C’est là une grande perte tant pour votre Congrégation que pour les Missions auxquelles ces missionnaires étaient destinés. Je ne manquerai pas de prier le Seigneur pour eux ; mais j’ai la certitude qu’il aura déjà récompensé les travaux de l’excellent prélat qui, pendant 30 ans, s’est dépensé avec un zèle infatigable dans l’œuvre d’évangélisation, et donné la récompense qu’ils ont méritée aux autres prêtres qui avaient si généreusement offert à Dieu leur vie pour la dépenser au service des pauvres noirs…
G.M. Card. Van Rossum, Préfet,
C. Laurenti, Secrét.

Avec Mgr hyacinthe Jalabert, évêque de Télepte, vicaire apostolique de la Sénégambie, s’étaient embarqués et sont morts avec lui :
Pour le Sénégal :
Les PP Marius TESTAULT, rentrant à Dakar.
Joseph SIFFERT, de la Maison Mère ;
Paul LE SELLIER, revenu de Louango avant la guerre ;
Joseph LE LEAL, d’une récente consécration ;
Avec le P. Joseph MICHEL, de l’ordre des Chartreux
et M. Gabriel GED


Pour la Guinée Française :
Le P. Théodore LERAY
et le F. Mona LEGER, rentrant dans leur mission ;


Pour le Cameroun :
Le P. Jean van DOOREN, nouveau Père ;
Le P. Hermas KÜCK, autrefois au Niger
Le F. Marcien NEUEMEYER, de la Guinée ;


Pour le Gabon :
Le P. Alexandre MONNIER, rentrant à Lambaréné ;
Le P. Eugène GUYENOT, nouveau Père ;
Le F. Crépin BENOÎT, rentrant en mission ;
Le F. Antonin MURATET, de Misserghin ;


Pour le Congo français :
Le F. Arsène HECKLY, de Chevilly ;
Avec la Sœur Saint-Pierre, rentrant à Brazzaville ;


Pour l’Oubangui-Chari :
Le P. Stanislas BENETEAU, rentrant dans sa mission.

2 – Le bréviaire de Mgr JALABERT et Daniel BROTTIER


A la fin de la guerre 1914-1918, Mgr JALABERT vint en France pour se reposer. Il rencontra le Père BROTTIER. Lors de cette conversation à propos de l’engagement de Daniel BROTTIER comme aumônier, « l’évêque ouvrit son bréviaire : il en retira une image double représentant Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, qu’il présentait à Daniel : entre les deux feuillets, celui-ci aperçut sa propre photographie, au verso de laquelle, sous l’écriture familière de Mgr JALABERT, il put lire : « Petite sœur Thérèse, gardez-moi mon Père Brottier ». Daniel contempla l’image entre ses mains sans mot dire. L’évêque rompit le silence : « Alors, si vous cherchez qui vous a protégé, n’hésitez plus, c’est elle… elle qui a assuré le miracle permanent de votre protection » (PSV, 415) (…)
(Alphonse Gilbert, En confiance, Daniel BROTTIER, Ed. OAA, 1990, p. 302)

… Quelques jours après le naufrage du paquebot l’Afrique, « un pêcheur de Soulac, en Gironde, eut la surprise de découvrir sur la plage un bréviaire détrempé, mais non endommagé, où figurait le nom de Mgr JALABERT, évêque de Dakar. Quand Daniel l’ouvrit en frémissant, à Paris, il fut émerveillé d’y trouver sa propre photo accolée à l’image de Thérèse qui l’avait protégé durant la guerre, et, près de la couverture intérieure, le plan de la future basilique de Dakar… »
(Alphonse Gilbert, En confiance, Daniel BROTTIER, Ed. OAA, 1990, p.315)
Pour en savoir plus :www.memoiresdelafrique.fr

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