Flash infos.   

FLASH du NORD-CAMEROUN

Bonjour à tous.

Je n'aime pas encombrer les boîtes aux lettres électroniques de mes amis.
Si je le fais cette fois, avec une pièce jointe assez longue, c'est qu'il s'agit de la région où j'étais jusqu'au 30 décembre dernier. Ce sont des gens que je connais et que j'aime depuis longtemps qui sont submergés par cet afflux de réfugiés. Une deuxième raison de vous communiquer cette information (je ne vous demande pas de m'envoyer de l'argent), c'est que les médias n'en parlent pas, du moins jusqu'à présent.
Quand j'ai quitté la région le 30 décembre, des réfugiés avaient commencé à arriver, surtout des Camerounais et des Tchadiens installés au Nigéria depuis une ou deux générations. Mais c'était encore assez limité. Et l'enlèvement de la famille française, à 120 km plus au nord, était un fait isolé. L'évêque de Maroua m'avait écrit que la région restait très paisible.
Vous verrez dans le message le nom de Zhéléved. Quand j'étais responsable de la paroisse d'Oural (de 1970 à 1985), nous avions envoyé des catéchistes s'installer avec leur famille dans ce village, à 100 m de la frontière du Nigéria. Quand je suis retourné au Cameroun il y a trois ans, le curé actuel d'Ouzal m'a invité à célébrer une fête à Zhéleved et j'ai découvert une communauté nombreuse, une école, un dispensaire. Le responsable actuel, Jean-Paul, était mon jeune traducteur dans les années 70.
J'attire votre attention, dans la pièce jointe, sur la question du puits. Normalement les pluies commencent en juin. Mais j'ai appris qu'elles ont commencé très timidement. Or, à la fin de la saison sèche, les puits sont presqu'à sec et les gens des massifs descendent vers Zhéléved chercher de l'eau au prix de grandes fatigues sous la chaleur.
Mais je m'arrête là et vous laisse lire le message du Comité de Développement.
Situation des réfugiés Nigérians à l’Extrême-Nord Cameroun, 18 juin 2013 Message du Comité Diocésain de Développement /Caritas de Maroua-Mokolo

Depuis plus de 12 mois, des populations du Nord-Est du Nigéria qui refusent l’islamisation forcée fuient les combattants de la Secte islamiste Boko Haram pour se réfugier dans la Région de l’Extrême-Nord Cameroun. Ceux qui sont arrivés depuis plus de 3 mois se sont réfugiés dans des familles d’accueil et d’autres ont pu avoir de l’espace pour se construire une case en matériaux locaux provisoires. Ils sont estimés à plus de 40 000 familles. Depuis le 10 juin 2013, la situation s’est fortement dégradée. Les membres de la secte ont organisé la chasse aux chrétiens et aux non musulmans avec beaucoup plus de violence. Ils entrent dans les villages éloignés des villes sécurisées par les forces armées Nigérianes. Abandonnées à elles-mêmes, les populations sont contraintes soit de se convertir à l’islam immédiatement, soit de fuir. Ceux qui refusent de s’islamiser sur le champ sont froidement abattus et leurs maisons incendiées. Plusieurs chefs de familles ont perdu la vie laissant femmes et enfants dans le dénuement total. Ainsi, dans la soirée du 10 juin 2013, de nombreuses personnes estimées à 10 000, essentiellement les femmes et les enfants ont afflué pour se réfugier dans la localité de Zhéléved et Vreket. Des chapelles, salles de classe, Centre de Santé et des domiciles privés sont pris d’assaut. La plupart arrive sans provisions (nourritures, vêtements, etc.). Chaque jour le nombre ne cesse de grossir. Deux personnes qui ont tenté de rentrer chez elles pour récupérer quelques affaires ont été appréhendées par les membres de la secte islamiste et ont été tuées sur le champ. Il est signalé également d’autres groupes de réfugiés dans les localités de Tourou (Mokolo). Au cours de notre visite dans la localité en date du 18 juin 2013, nous avons trouvé une population désemparée et amassé à l’école privée Catholique et à la chapelle de l’Eglise Catholique de Zhéléved. Dans ces deux sites, les réfugiés sont estimés à 3000 personnes selon le recensement réalisé par la communauté chrétienne de Zhéléved. L’état dans lequel se trouve ces réfugiés est très préoccupant. On peut noter : - L’accès à l’eau est difficile. Un seul point d’eau (puits à ciel ouvert) est fonctionnel avec le niveau d’eau qui n’atteint même pas 50 cm de hauteur. Il n’arrive pas à satisfaire les besoins en eau des refugiés et des populations locales. De plus, la qualité reste dérisoire et loin d’être potable. - L’accès à la nourriture est problématique. Ayant fui sans provision, les réfugiés sont dans un besoin criant de nourriture. Les gens mangent à peine un repas par jour. Le repas est essentiellement composé de la boule du mil ou du riz avec du haricot, largement en dessous des besoins nutritionnels en calorie par jour. - L’état de santé déplorable : La plupart des réfugiés, surtout les enfants, sont confrontés aux problèmes de diarrhée. Avec l’arrivée des premières pluies dans la région, le risque de d’épidémie du choléra est plus que jamais évident ; - L’insécurité grandissante : Malgré la présence de quelques éléments du BIR (Bataillon d’intervention rapide), les réfugiés et même les populations environnantes vivent dans l’inquiétude. Le risque d’infiltration des éléments de Boko Haram parmi les réfugiées n’est pas à exclure. On ne sait pas qui est qui ? Les appuis aux réfugiés s’organisent timidement. La communauté chrétienne catholique de Zhéléved a assuré les premières interventions aux réfugiés. Elles apportent des céréales, légumes à sauces séchés, du bois et des marmites pour les cuissons. Le Centre de Santé privé Catholique assure la couverture sanitaire dans la limite des moyens disponibles. Aussi, on note la présence du HCR (Haut comité de l’Onu pour les réfugiés) sur le site, qui assure l’enregistrement des réfugiés présents sur le site de l’Ecole privée Catholique. A ce jour, aucune assistance n’a encore été fournie aux refugiés par cette organisation des nations unies. De plus, nous relevons pour le déplorer, un silence complet autour des cette situation que vivent ces populations réfugiées. Depuis plus d’un an que cela dure, les médias nationaux et internationaux n’en font aucun écho. Personne ne veut prendre le risque de se rapprocher de ces population abandonnées dans les montagnes des Monts Mandara et les brousses de l’Extrême-Nord. Pourtant, les besoins sont importants et urgents. Si aucune intervention n’est organisée dans les deux prochaines semaines, le risque d’un drame humain serait inévitable. Nous proposons une intervention rapide auprès de ces réfugiés. Afin d’éviter la catastrophe, nous proposons que des actions urgentes soient entreprises. Nous pensons prioritairement à : - L’approvisionnement en nourriture pour les familles des réfugiées installées à l’Ecole et à la chapelle de la mission catholique de Zhéléved et celles qui sont refugiées dans les familles et dans d’autres localités. En cette période de soudure dans la région, les prix des denrées alimentaires sur les marchés locaux sont en constantes augmentations, signe d’une pénurie alimentaire. - L’assistance médicale. La plupart des réfugiés ont des diarrhées et n’ont pas de moyens pour se soigner. - La réalisation des nouvelles latrines. Les toilettes des élèves de l’école sont insuffisantes pour satisfaire les besoins des 3000 personnes installés en permanence à l’école. Il est également indispensable de désinfecter régulièrement le site pour éviter le développement du choléra régulièrement présent dans le milieu ; - Ravitaillement en eau potable par la réalisation des points d’eau.
Par ailleurs, nous pensons qu’un dispositif de veille et de communication soient mis en place aussi rapidement que possible pour donner des informations régulières sur l’évolution de la situation. A moyens termes, nous pensons que des actions plus énergiques soient engagées pour soutenir durablement ces populations abandonnées de tous. Il est nécessaire que des mesures de protection soient engagées. Le déplacement et l’installation des populations hors de la Région nous paraissent indispensables.

Fait à Maroua, le 19 juin 2013.
Equipe du CDD (Comité Diocésain de Développement) /Caritas de Maroua-Mokolo
- Edouard Kaldapa , - Abba Nicodème

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