CONGREGATION
DU SAINT- ESPRIT
PROVINCE
DE CENTRAFRIQUE(PCA)
B.P :
780 Bangui
LA
SITUATION A BANGASSOU, ALINDAO ET MOBAYE
Chers confrères,
Cher(e)s ami(e)s,
Un bonjour de Bangui
en Centrafrique !
Je me permets par
cette petite lettre vous partager en rétrospective et en
« live » quelques nouvelles de la situation de
trouble qui prévaut au Sud-Est de la République
Centrafricaine depuis quelques jours. Il y a recrudescence de la
violence à Alindao, Bangassou et Mobaye. Une coalition de
groupes armés non identifiée a pris d’assaut dans
un premier temps la localité d’Alindao et par la suite
les environs de Bangassou depuis le 08 Mai 2017. Depuis hier soir, la
panique générale à Mobaye ! Ce sont des
Diocèses où se trouvent nos communautés
spiritaines. Nos confrères sont engagés dans la
médiation et la préservation de la paix selon leurs
possibilités.
DIOCES DE
BANGASSOU :
Niakari:
En provenance de Bakouma et d’autres localités, des
hommes armés se sont arrêtés quelques jours à
Niakari (15 km de Bangassou) où se trouve la mission
spiritaine. Le père BALHAS Gauthier, le père Jean
Mandjissarapou, le frère Gustave REYOSSE et le stagiaire
spiritain Arsène ABESSOLO sont restés aux côtés
de la population de Niakar jusqu’à Mardi dernier avant
de se retirer. Ils étaient les seuls remparts, les
facilitateurs pour alléger la souffrance des gens dans ce
nouveau contexte où se déplacer devient un risque. Les
pères me relataient ceci « des
assaillants sont arrivés de Bakouma. Ils se sont mis à
la trousse du Maire et du Député ainsi que les
complices des séléka. La population a pris peur et
s’est refugier à la mission. Nous n’avons pas les
moyens de les prendre complètement en charge. L’évêque
est descendu à Niakari pour dialoguer avec ces hommes armés,
mais il n’y a pas eu grand changement. Sur le conseil de
l’évêque en accord avec le provincial, nous
devons repartir sur Bangassou car la situation devient inquiétante.
LA MINUSCA (Mission des Nations Unis en Centrafrique) ne peut en
aucun cas avoir accès à Niakari. Le pont sur la Mbari
est bloqué, ainsi que le « back ». Avec
beaucoup de regret et un pincement au cœur, nous nous voyons
quitter Niakari le Mardi dernier laissant les visages qui comptaient
sur nous. Dimanche dernier, aucun père n’a célébré
l’Eucharistie à Niakari. Impossible d’y remettre
pieds. Un catéchiste a fait la célébration de
la parole.
Nous
annulons du coup la visite du Provinciale prévue ce Mois de
Mai à Bangassou. L’Archevêque de Bangui,
Dieudonné Cardinal Nzapalainga, en tournée dans la
région a tenté une médiation qui n’a pas
abouti».
Bangassou :
C’est le samedi 13 Mai 2017 à 1 heure du matin que les
hommes armés sont entrés à Bangassou chef de
lieu de Mbomou, localité jusque-là presque épargnée
de la grande violence. Ils se disent des « auto-défenses »
qui comptent éradiquer les sélékas de Ali
Darras dans toute la préfecture de Mbomou et Haut Mbomou. Sur
la route de Rafaï, un affrontement était signalé
entre eux et le contingent Marocain des Nations Unies. Cinq soldats
ont perdu la vie avec des blessés. Aucun bilan du côté
des assaillants. Ensuite, le quartier musulman de Tokoyo et la base
de la minusca ont été pris d’assaut au même
moment. Des échanges de tirs ont été entendus
dans la ville presque toute la journée. Il y a eu un
mouvement important de la population vers l’évêché
et vers l’autre rive au Congo Démocratique où
l’on annonce un foyer d’ébola plus proche. Un
« ledger » (site
des déplacés. Expression utilisée à cet
effet depuis le début de cette crise en Centrafrique)
s’est créé spontanement à l’évêché.
Les lignes téléphoniques sont coupées. Après
plusieurs tentatives, j’ai réussi à joindre les
confrères spiritains. C’est un « ouf »
de soulagement. Ils se portent bien et sont regroupés en
communauté à Bangassou. Voici ce qu’ils me
rapportaient ce matin : « Il
y a eu plusieurs morts. Et du côté des assaillants et
des musulmans de Tokoyo. Après un temps de médiation,
un calme fragile s’est installé dans la ville. Un
couloir humanitaire a été obtenu. Ce qui a permis la
sortie de la population de de Tokoyo. En majorité femmes et
enfants. On a du mal à établir un bilan juste
jusqu’alors. Mais on peut estimer à plus de 40 morts
recensés. La croix Rouge et les Médecins Sans
Frontière essaient de ramasser les cadavres et les blessés
comme ils pouvaient. Un désastre humanitaire s’installe :
manque d’eau, de vivre et des médicaments. La
communauté s’est jointe aux efforts de l’évêché.
Deux confrères sont engagés dans la distribution du
peu à partager. Mais ils sont dépassés par
l’ampleur de la situation. L’Avion humanitaire qui
était annoncé depuis Mardi n’arrive toujours
pas. Quant à nos populations de Niakari isolées à
l’heure actuelle, nous n’avons pas de nouvelles. Que
Dieu les protège ! ».
Aux dernières nouvelles, les groupes armés se sont
retirés de la ville. Un calme précaire s’est
installé. Mais la situation humanitaire devient dégradante.
DIOCESE
D’ALINDAO :
Localité
de Niakari :
C’est ici que le chef des groupes armés de Bambari
« Ali Darras » s’était retiré
après la pression de la communauté Internationale et
des sélékas « Goula » du Nord
en coalition avec les Antis-Balaka. Il y a déjà une
semaine, des combats les ont opposés. Des armes lourdes se
sont fait entendre des journées entières. Avec à
la clé des morts dont ne sait pas encore le bilan. La
population d’Alindao s’est refugiée à la
cathédrale créant le même scénario comme
partout ailleurs. Situation humanitaire dégradante. Une
médiation avait été engagée sous les
ausspices de l’Eglise Catholique, la MINUSCA et Ali Darras
(séléka). « Ali Darras » demande
que la population regagne les quartiers. Ainsi, lui pourrait assurer
leur protection. Mais Monseigneur Nestor YPAUPA, l’évêque
du Diocèse d’Alindao, mesurant le degré de
l’insécurité s’y est opposé. Il
leur faut une assistance humanitaire d’urgence
Ville de
Mobaye :
C’est ici que se trouve notre communauté spiritaine
dans ce Diocèse. Les pères Christ-Roi KOTAINGO, Olaf
DERENTHAL et le stagiaire spiritain Prince BASSENGUE assurent la
mission pastorale dans cette préfecture située au Sud
Est de la RCA et longeant les bordures du Fleuve Oubangui. C’est
le dernier Bastion des Ex-Séléka dit-on. Depuis hier,
Mercredi 17 Mai 2017, toute la population est sur la sellette. Des
bruits d’armes lourdes se sont fait entendre à moins de
20 Km de Mobaye. Ce matin, j’ai réussi à avoir
Les pères par téléphone qui me disaient ceci :
« la
ville de Mobaye s’est complètement vidée. Il y a
un grand mouvement vers l’autre rive au Congo Démocratique.
Des centaines de personnes se sont rassemblées spontanément
à la Mission. C’est la panique générale !!!
Nous sommes allés signaler ce fait au contingent Mauritanien
de la MINUSCA pour espérer une éventuelle protection
mais rien jusque-là !Il le risque d’un grand
affrontement à Mobaye ! Nous ne pouvons pas partir. Nous
restons aux côtés du peuple qui a besoin énormément
de nous. Mais nous craignons le risque d’une situation
humanitaire dégradante ».
Chers confrères,
cher(e)s ami(e)s,
Voici la situation
telle que vécue aujourd’hui au Sud-Est de la RCA. Vous
comprenez avec moi que le temps est grave ! Les confrères
spiritains sont en première ligne. Nous portons beaucoup
d’inquiétude pour leur sécurité. Chaque
heure je dois prendre des nouvelles pour avoir la température
du lieu et les aider dans la conduite à tenir. Eux tous
témoignent d’un attachement pour leur mission. Nous les
portons dans nos prières. Demain, Vendredi 19 Mai 2017, nous
proposons des intentions de prière pendant nos célébrations
Eucharistiques pour les communautés spiritaines de Bangassou
et de Mobaye. Afin que la PAIX revienne dans ces localités.
« COR
UNUM ANIMA ET UNA »
Le supérieur
Provincial
William-Rodrigue DOCTOR
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MAISON
PROVINCIALE SAINT-CHARLES
B.P. 780
BANGUI-CENTRAFRIQUE Tél. (+236) 75 015852
E-mail :
ndomete2001@gmail.com