A
Tous CEUX QUE préoccupe LA SITUATION EN CENTRAFRIQUE.
Je
vous transmets ce témoignage de Monseigneur Aguirre. de
Bangassou, mail en date du 26 avril (2013) que Mgr Aguirre adresse à
un ressortissant de Ouango, et qui donne un écho de ce qui se
vit à l'est du pays. :
Je
suis à Bangassou depuis deux semaines. Après avoir vécu
l'invasion de RCA par la Seleka, peu de militaires et beaucoup de
vrais bandits, je me suis décidé de venir encourager
ceux qui sont restés à Bangassou.
La
ville a été sauvagement pillée. L'hôpital,
la Mairie, le Tribunal, les maisons des fonctionnaires et la
Gendarmerie, la prison, les véhicules de l'hôpital et de
quelques commerçants, mais surtout la mission catholique où
les différents groupes de rebelles qui ont piétiné
la ville ont volé à pleines mains et tout emporté
au Tchad pour vendre. 23 véhicules de la mission (inclus les 6
de Rafai, Ouango, Bema, Tokoyo et 1 camion), même les vieux
véhicules du garage, quelques-uns repérés déjà
à Bangui dans les mains des Seleka, d'autres vendus m'ont
laissé à pied, car tu sais qu'il n'y a pas d'autres
moyens chez nous.
Actuellement
je me déplace à pied. Une Suzuki est restée et
le vieux camion de Mgr Maanicus qui nous servent pour aller à
l'aéroport les rares fois qu'un avion de la Croix Rouge ou du
PAM arrive chez nous.
Toutes
les ONGS de Bangassou ont été pillées, leurs
maisons prises par des rebelles, leurs biens vendus. Des centaines de
personnes sont parties au Congo, de même de 65 FACA,
aujourd'hui à Kisangani. 50%, j'estime, des biens de l'Eglise
catholique ont été pillés ou saccagés.
Aucun mort ou blessé grâce à la Providence.
Les
Seleka qui sont à Bangassou ne sont pas reconnus par le
nouveau gouvernement de Bangui.
Les
Seleka sont détestés. Celui qui a commandé
l'assaut à Bangassou (les Faca ont risqué de gagner et
ils ont causé beaucoup de morts et blessés) est le
nouveau ministre des Eau de Forêts, Mohamed Moussa Dhaffane. Il
semblerait qu'il était catholique de Tokoyo, confirmé
par Mgr Maanicus avant de devenir musulman, vice-président de
la croix rouge, puis rebelle fondateur de la CPSK (Convention
patriotique pour le salut du kodro).
Le
quartier musulman de Bangassou n'a pas été touché.
Pas mal de musulmans ont acheté des choses volés à
Tokoyo, à la cathédrale, à Bangondé où
ils ont détruit la pédiatrie et la pharmacie. Je pense
qu'il y a même de la famille de Daffan qui s'est fait soigner
aux yeux de cataractes ou bien d'un fibrome au bloc de la mission...
Bangondé reçoit des centaines de malades musulmans et
nos écoles sont pleines de garçons et filles
musulmanes. Beaucoup de musulmans pleurent le mal que les rebelles
nous ont fait et qu'ils ont fait à tout ce qui était
''gouvernement''.
Il
y a 10 jours, les rebelles sont partis prendre Rafai, Zemio et Obo
mais ils ont été stoppés à Dembia , par
les soldats Ougandais (les Seleka de Bangassou ne sont pas reconnus
comme Seleka par le gouvernement de Bangui). Puis ils sont revenus à
Rafai centre et actuellement ils pillent Rafai, Agoumar et Selim et
les campements de recherche d'or .
Un
autre groupe est parti avant hier avec 5 motos (3 selaka par moto)
pour une action punitive contre Ouango et Béma le 21-22 avril
à cause de 3 morts Seleka tués par la population après
que des jeunes Seleka vaniteux ont tués deux chefs de
village.
Comme
démontré ailleurs, leur vengeance est coranique: œil
par œil et sang dix fois où leur sang a été
versé. Agacés, ils deviennent fous. En effet, ils sont
rentrés à Bangassou, ivres de sang. Un jeune homme taxi
moto, obligé de les accompagner (conduire) et un témoin
fidèle, nous ont raconté qu' ils ont mis le feu à
plus de 150 maisons, ils ont pillé l'hôpital, saccagé
la mission catholique jusqu'à la sacristie
(car >ils ont pris
les aubes des enfants de choeur pour s'én moquer), profané
l'Eglise, volé le véhicule de la mission qui est déjà
à Bangassou camouflé avec tà peinture, déjà
propriété du général Seleka
Mais
ce qui est vraiment horrible est l'assassinat d'un vieil homme à
coup de machette, puis d'autres personnes par balle, même des
enfants sont parmi les cadavres, deuy étudiants qui se
déplaçaient vers Béma en vélo, ont étés
tués sommairement sur place parce qu'ils passaient par là...
Un vrai génocide.
De
Dimbi, d'autres Seleka sont arrivés avec un camion et ils ont
transporté tous les appareils de l'hôpital de Ouango,
frigos des gens, groupe électrogène de l'hôpital
èt de la mission catholique, chaises et tables de partout.
Finalement un nouveau groupe de faùk Selekas de Dimbi s'est
dirigé vers Ouango pour terminer de brûler et piller la
ville. Des vandales! ! Je suis sûr que le 1er Ministre Maître
Nicolas Tchiangaye ne connaît pas la situation catastrophique
que nous vivons ici. Il était parti demander de l aide à
l Union européenne. Bangassou continue à être
pillé chaque soir. Il n'y a plus d'infirmiers à
l'hôpital, (ils se cachent), les docteurs ont fui au Congo ou
à Bangui. La population est abandonnée. Nous restons
avec les pauvres qui n'ont pas pu fuir, avec les malades du aida,....
La maison des soeurs , de la fraternité et du Procureur
diocésain ont été complètement vidées.
Les meubles ont été vendus a dès gens de
Bangassou même.
Cette
situation d insécurité partout pourrait être
allégée avec là FOMAC. Trois villes ont un
contingent de la Fomac (Bandoro, Batangafo et Ndele), une soixantaine
de militaires, et là où ils sont les Seleka se plient
et se modèrent.
Je
suis allé demander au Général qui commande la
FOMAC à Bangui un couloir humanitaire vers Bangassou et une
force FOMAC dans la ville. Sa réponse a été
négative par manque de moyens et de personnes. Ils étaient
500. Mais les choses viennent de changer car les chefs des Etats
d'Afrique Centrale viennent d'accorder, d'augmenter leur nombre de
1.500 et comme ça la FOMAC sera composée de 2000
militaires.
Je
veux mettre de la pression afin que Bangassou, Alindao et Bambari
soient considérés zones spécialement
fragilisées. Je souhaite que la FOMAC mette un contingent de
ses hommes à Bangassou-ville et cela arrête les
exactions des Seleka. Faire la pression pour que Bangassou soit
sécurisée! Qu'elle soit considérée
''urgence humanitaire”. Mais je crains que Bangassou et toute
la route sera relégué à plus tard si personne ne
met la pression. J'ai demandé à l'Ambassade espagnole
au Cameroun. Au Parlement espagnol. Il faut sortir de ce puits le
plus vite possible! Votre maison à Bangassou est bien gardée,
par des sentinelles fidèles. Ta chambre est complètement
brouillée, tout en sens dessus-dessous, mais il ne manque pas
grand chose. Ils n'ont pas réussi à casser la grille
mais ils sont entré par un trou dans le mur à côté
de la grille. La Tv., convertisseur et matelas volés. La
photocopieuse du Père René et plusieurs choses de sa
chambre emportées, toutes les portes cassées (déjà
fermées avçc contreplaqués), même la
chapelle a été ouverte. Système solaire touché,
la sentinelle a gardé une partie..., le frigo est là,
table et chaises de la salle à manger sont là.
Union
de prières pour toi et les tiens. Je te prie d'envoyer copie
de ce mail au père Henri, Patrick M'Bea, René au
Cameroun, etc.
Salutations
fraternelles
+
Mgr Aguirre