Témoignage
Je vous remercie, vous les Spiritains qui avez laissé votre empreinte dans
mon pays natal d’Haïti. Mon père, Etienne Moise né en 1903 a fait ses études au
petit Séminaire St Martial et nous habitions à la rue des miracles, une grande
maison au coin de la rue Pétion construite par mon grand-père. Nous étions une
grande famille de 9 enfants et une de mes sœurs aînées Adeline Moise diplômée
des sœurs de la Sagesse du Sacré-Cœur de Turgeau a enseigné aux classes
primaires du petit séminaire, dans les années 1951-1963. Elle a du s’arrêter à
son mariage, car ce n’était pas permis à cette époque pour une femme mariée
d’enseigner à cette institution de garçons. Le Père Romain Eschrich était à ce
moment préfet de discipline.
Je vous écris après avoir lu un article sur le Père Romain Eschrich par Tony
Ritter. Cet article le décrit très bien car ma famille était devenue la
famille du Père Eschrich en Haïti. Moi plus jeune de lui de 15 ans je le
considérais comme un grand frère et mes parents le considéraient comme un de
leurs enfants. Il a vécu tous les événements de notre famille et il donnait
son opinion comme chacun de nous. Il m’a conseillée à distance quand je suis
partie faire mon cours de garde-malade à Montréal et a conseillé mon fiancé qui
achevait sa médecine en Haïti. Il a officié à la mort de mon père en janvier
1963 et nous a mariés Rico et moi en février 1963.
Notre parcours de vie a été avec l’armée américaine avec mon mari comme médecin
et ceci sur différents continents. Romain était un grand frère qui nous suivait
par ses lettres et nous gardait en santé spirituelle. Pendant les années en
Allemagne nous sommes allés très souvent visiter sa famille à Bassemberg, de
Colmar ou nous logions à Sofitel c’était un court trajet à faire, nous étions
accueillis à bras ouverts, présentés par Romain comme sa famille d’Haïti. Avec
lui nous avons visité Père Schmitt Antoine à Meudon et son orphelinat. Quand il
était à Paris nous allions prendre le déjeuner avec lui à la Procure des
Missions à 30 Rue Lhomond. Il nous a introduits aux crêpes de la Rue
Mouffetard. Il nous a visités en Allemagne avec le père Courte qui était en
Lorraine. Nos enfants ont toujours considéré Romain comme un grand oncle. Sa
deuxième patrie était vraiment Haïti. Il s’y est donné tout entier à aider les
Haïtiens. Quand il était dans la maison de retraite ou nous l’avons visité il
nous écrivait et ajoutait aux lettres des petits trèfles à quatre branches qu’il
s’évertuait à trouver. Romain fut pour nous un frère, un guide et un phare car
il était très avant-garde dans sa façon de penser et d’agir. Il a fait une
différence sur son passage et il est en ce qui nous concerne dans un monde de
lumière et continue à nous guider.
J’ai voulu écrire ce mot en guise de remerciement à la mémoire de ce frère que
Dieu nous a envoyé et a rappelé.
Nous avons aussi bien connu le père Grienenberger, notre aumônier chez les
scouts, le père Eugène Brisson et tant d’autres qui ont marqué notre vie. Nous
lisons le livre écrit par le Père Emile Jacquot et le livre est fascinant.
Un grand merci aux Spiritains pour leur œuvre en Haïti.
Monique Moise Théodore
par email, 7 fév. 2012