Les billets    
du P. Armel Duteil


Histoire de la CARITAS de Pikine

D’abord pour la plupart des gens, la Caritas était une organisation de distribution d’argent, de nourriture, d’habits ou de médicaments.

  • J’ai trouvé une paroisse très centrée sur elle-même et donc, les membres de la Caritas, comme les chrétiens en général, étaient très peu engagés dans les quartiers et dans la société civile.

    La première étape a donc été de faire comprendre que la Caritas ce n’est pas l’aide de l’Eglise pour les chrétiens, mais que c’est l’aide des chrétiens pour les personnes et familles nécessiteuses, les musulmans autant que les chrétiens, mais sans rejeter, bien sûr, ces derniers s’ils sont vraiment nécessiteux.

    La deuxième étape a été d’arrêter de compter sur les dons venus de l’extérieur et de laisser cette mentalité d’assistanat et de mendicité, comme cela nous est demandé d’ailleurs par le 4ème objectif de notre 3ème Plan Pastoral, le service : compter d’abord sur nos propres forces et chercher à agir par nous-mêmes avec nos petits moyens.


    De nombreux étrangers viennent aussi nous voir, surtout depuis que la grande gare routière internationale des baux maraîchers a été construite sur notre territoire. Quand ces gens arrivent d’ailleurs, ils demandent où est l’église et ils viennent chez nous. Nous voyons comment les aider directement à partir de la Caritas paroissiale, et si c’est nécessaire de les envoyer au PARI, le Point d’Accueil des réfugiés et immigrés, cela pour l’aide matérielle et pour le soutien psychologique et spirituel, nous les mettons en lien avec la communauté de leur langue, surtout anglophone, dans les différentes paroisses où elles existent.

    Petits projets : Nous avons demandé à chaque CEB d’avoir un petit projet communautaire, même très simple, comme par exemple, culture sur table, élevage de poulets ou même de chèvres ou de canards, ce qui est possible dans une cour ou sur une terrasse, même en ville. Et planter un arbre dans chaque cour.

    Nous aidons aussi un certain nombre de groupes spécifiques. Par exemple, il y a tout un groupe de femmes démunies mais courageuses, qui viennent nettoyer la cour de l’église. Il y a aussi les veuves qui ont des problèmes matériels. Nous avons décidé de les aider et, dans ces cas spécifiques, de soutenir un petit projet de commerce. Nous leur avons demandé ce qu’elles voulaient vendre. Elles ont choisi de vendre des produits d’hygiène et de santé, car ils se conservent facilement. Nous avons donc acheté en gros et à un prix plus intéressant de l’eau de javel, de la lessive, du savon, etc. que nous avons remis aux femmes intéressées pour qu’elles les vendent. Elles sont regroupées en association, mais chaque personne reçoit son stock qu’elle va vendre elle-même. Lorsqu’elle a fini de vendre ce qui lui a été remis, elle rembourse le prix d’achat, et elle garde le bénéfice pour elle. Ce bénéfice est d’autant plus important que ce qu’elles vendent en détail, nous l’avons acheté au prix de gros.

    Mais surtout, nous essayons, lorsque c’est possible de trouver du travail ou de fournir des moyens aux personnes pour agir par elles-mêmes et gagner de l’argent, plutôt que de leur distribuer directement de l’argent liquide, qui sera vite consommé. Par exemple, une personne âgée alitée nous a envoyé son fils, pour nous demander de lui donner de la nourriture. Il n’était pas possible à la Caritas locale de les prendre en charge et de les nourrir chaque jour. Mais en parlant, nous avons vu qu’il avait un grand garçon et une grande fille. Nous avons trouvé un travail au marché pour son garçon, et un travail d’employée de maison pour sa fille. Même si ce sont des petits métiers qui n’ont pas un gros salaire, cela leur permet au moins de s’en sortir. En effet, en général, nous ne pouvons pas prendre en charge la nourriture, le loyer ou les frais scolaires, car ce sont des choses qui sont à renouveler chaque mois. Par contre, nous acceptons des aides ponctuelles lorsque cela est nécessaire.

    Soutien moral : Nous essayons d’agir, pas seulement au niveau matériel mais à tous les niveaux. Par exemple pour les veuves, nous agissons dans trois directions :

    1. La Caritas leur a fourni des produits à vendre comme expliqué plus haut, pour qu’elles puissent gagner un peu d’argent.


    2. A ce niveau, comme pour de nombreuses actions, nous travaillons en lien avec la commission Justice et Paix, pour la réflexion et la formation sur l’écologie, mais aussi pour soutenir des actions de nettoyage de quartier (set-setal). Et déjà de demander aux gens de planter par exemple un arbre chez eux, d’avoir des poubelles et de les laver quand elles sont vidées, de ne pas jeter les eaux sales dans la rue, de ne pas jeter les ordures dans les caniveaux, ce qui les bouche et entraîne des inondations à la saison des pluies etc. Cela nous amène également à travailler avec la CPJ, la Coordination Pastorale des Jeunes de la Paroisse. Nous avons réfléchi à toutes ces questions, par exemple au cours des récollections de carême.

      Nous avons suivi aussi une formation avec l’association « SOPPI JIKKO » basée à Fass MBao, qui aide les personnes qui se droguent, à en sortir. Suite à cette session, nous les aidons d’abord pour repérer les personnes qui se droguent, essayer de les conscientiser et les orienter vers ce centre. Quand ces personnes ont été soignées, nous cherchons à les soutenir et à les encourager, de même que leurs familles, pour qu’elles ne retombent pas dans la drogue.


      Nous leur demandons aussi d’être en contact avec les délégués et les marraines de quartier (badieni gok), par exemple pour l’attribution des bourses familiales, pour que ce soit vraiment les plus nécessiteux qui puissent les recevoir.

      Nous collaborons aussi avec d’autres organisations, par exemple avec la boutique des droits au quartier ICOTAF, pour la défense des femmes et des jeunes filles, victimes de la violence. Cette « boutique » les reçoit et leur propose des avocats pour régler leurs problèmes, ces avocats étant pris en charge par une ONG. Et aussi des moyens matériels lorsqu’elles ont dû quitter leurs foyers, pour lancer un projet et pouvoir vivre. Nous collaborons avec les maisons de justice, qui cherchent à régler les problèmes et les différends entre les personnes. Lorsque des personnes vont se plaindre ou accuser quelqu’un au commissariat de police, on les oriente vers ces maisons de justice, au lieu de les conduire au tribunal, où elles devront attendre des mois et même des années, et dépenser beaucoup d’argent, pour parfois un jugement inéquitable. Ces maisons de justice proposent aux personnes de venir, de s’expliquer et elles cherchent à les réconcilier. En fait, elles arrivent à régler la majorité des cas. Cela est une chose très importante.

      Nous travaillons également avec les ONG, qui sont nombreuses à intervenir dans nos quartiers. Nous avons beaucoup insisté pour que les jeunes et les femmes chrétiens participent à ces activités (GIE : groupements d’intérêt économiques, AGR : Actions génératrices de revenus). Et qu’ils n’hésitent pas à participer aussi aux activités des associations de jeunes (ASC : Associations socio-culturelles, et autres) et des organisations féminines des différents quartiers. Comme le demande le proverbe : « j’ai faim, ne me donne pas à manger mais apprends-moi à pêcher ». Le rôle de la Caritas étant alors d’évaluer notre participation à ces actions pendant les réunions paroissiales. Et également de donner aux participants la base chrétienne pour qu’ils agissent dans la foi, et pas seulement pour profiter matériellement de ces différents projets. Nous sommes en particulier en lien avec une ONG canadienne « EQUITAS », qui travaille pour la formation des femmes aussi bien pour des formations techniques, des lancements de projets mais aussi la connaissance de leurs droits pour les femmes et les jeunes filles.

      -Une autre action de la paroisse qui est suivie et soutenue par la Caritas, c’est celle des délégués aux mairies. De quoi s’agit-il ? Nous nous sommes aperçus qu’au moment du carême, lorsqu’il y avait distribution de nourriture pour le ngalakh (sucre etc.), il y avait beaucoup de gens qui cherchait à en profiter alors qu’ils n’étaient pas chrétiens (cette distribution étant réservée aux chrétiens, la même chose étant faite pour les musulmans au moment du Ramadan) ou qu’ils n’étaient pas nécessiteux, chacun essayant d’obtenir le plus possible de la mairie. Cela aboutissait même à des disputes ou des bagarres dans les différentes mairies. Cela a été le phénomène déclencheur. Mais plus profondément, nous avons voulu organiser une collaboration saine et active avec les différentes mairies. Pour cela, nous avons choisi une personne représentant la paroisse auprès de chacune des mairies, reconnue et acceptée par celle-ci. Elles ont reçu une lettre de mission dûment signée et actuellement, ce sont les correspondants des mairies à chaque fois que les autorités municipales veulent dire ou faire quelque chose par rapport à la paroisse, et par rapport aux chrétiens. Ainsi par exemple, au moment du carême les CEB écrivent elles-mêmes à la base la liste des nécessiteux de leurs quartiers. Ces listes sont regroupées, selon les différentes communes. Et c’est le délégué paroissial à la mairie qui apporte cette liste, authentifiée, pour éviter les détournements, les bagarres et les déviations dont j’ai parlé plus haut. De même, lorsqu’il y a des activités de toutes sortes lancées par la mairie, dans la ligne de l’Acte 3 de la Décentralisation, ces délégués sont avertis, et ils amènent le message à la paroisse et dans chacune des CEB. Ces délégués participent également aux conseils municipaux.



      ANNEXE : REUNION DES DELEGUES DES MAIRIES ET DES RESPONSABLES DES CEB ET STRUCTURES

      (A titre d’exemple). Nous avons commencé par la lecture et la méditation de l’évangile du jour.

      _ Une réunion d’échange s’était tenue précédemment deux (2) mois en avant, pour voir comment travailler avec les maires et les autres organisations selon le Plan d’Action Pastoral (PAP 3).



      _ L’organisation de la vaccination contre la Poliomyélite en ces jours, il est demandé de se rapprocher des agents qui sont sur le terrain dans leur démarche dans les communautés.



      _ La Journée Mondiale de Lutte contre le Paludisme en la date du 25 avril 2016, il est prévu une distribution de moustiquaires au niveau de l’état du nombre de 08 millions. Les délégués doivent se renseigner auprès de leur commune pour le processus à appliquer.



      _ La Journée Mondiale des Talibés qui a eu lieu la semaine passée tient compte d’un drame commis à Thiaroye par ’un maître coranique qui ai tué son talibé puis l’a enterré clandestinement. La poursuite judiciaire a fait découvrir l’acteur et son complice qui ont été déférés.



      _ Une réunion est prévue le jeudi 25 avril 2016 avec l’ONG (Medicos del Mundo) à la paroisse à 09h30, sur la régulation des naissances. La présence des membres des CEB (03/CEB) et des structures (01/structure) est demandée.

      • La Caritas _ les Veuves

      _ La distribution des dons du carême se tiendra le dimanche 1er mai 2016. Chacune des 13 communautés présentera quatre (04) familles nécessiteuses sans distinction de langue ou de religion.

      NB : Toute CEB qui a payé sa participation, reçoit la matière à distribuer. Cela à cause de la faute des délégués qui n’ont pas encore versé par exemple, la participation du Ngel de Keur Massar en 2014 au montant de 37000frs.



      _ Les veuves tiennent leurs rencontres à présent. On les aide pour la vente de produits détergents. La réalisation du projet est en marche aussi à Thiaroye. Après la vente, elles payent les produits et gardent le bénéfice. Les femmes balayeuses de la paroisse se retrouvent au nombre de onze(11) à Pikine. Malgré cela, certaines femmes ne répondent pas à l’invitation aux réunions, ni aux autres rencontres au sein de l’Eglise ou ailleurs. Pourtant c’est important qu’elles se retrouvent entre elles, pour se conseiller et se soutenir. Et que nous cherchions tous ensemble à transformer les coutumes au moment de la mort, qui font souffrir inutilement les veuves.

      L’objectif principal concerne la responsabilisation des veuves, le recours à l’aide de celles qui souffrent dans les familles et au respect de leur vie conjugale, de leur croyance. Le changement des coutumes, après les funérailles, et des conditions de vie sont très importantes. Le bureau établi est composé des postes suivants : Présidente, Secrétaire, Trésorière. L’assistance des délégués de la Caritas est demandée selon le propos de la CEB de Gouye Salam.






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