Le
pape François a reçu en audience, le jeudi 21 avril
2016, dans la Salle Paul VI du Vatican, les participants au Congrès
de la Caritas des diocèses italiens. Il les a puissamment
encouragés à poursuivre leur œuvre. Ces
conseils sont aussi pour nous. A nous de voir comment les mettre en
pmratique dans chacune de nos situations.
« Votre
mission éducative qui vise toujours la communion dans l’Église
et un service aux horizons vastes, vous demande l’engagement
d’un amour concret envers tous les êtres humains, avec
une option préférentielle pour les pauvres, dans
lesquels Jésus lui-même nous demande aide et proximité
(cf. Mt 25,35-40). Un amour qui s’exprime à travers des
gestes et des signes », comme l’a souligné mon
prédécesseur Benoît XVI qui a ensuite ajouté :
« Je vous souhaite de savoir cultiver au mieux la
qualité des œuvres que vous avez su inventer.
Rendez-les, pour ainsi dire, ‘parlantes’, vous
préoccupant surtout de la motivation intérieure qui les
anime, et de la qualité du témoignage qui en émane.
Ce sont des œuvres qui naissent de la foi. Ce sont des œuvres
d’Église, expression de l’attention envers celui
qui peine davantage. Ce sont des actions pédagogiques, parce
qu’elles aident les plus pauvres à grandir dans leur
dignité, les communautés chrétienne à
marcher à la suite du Christ, et la société
civile à assumer consciemment ses obligations ».
Face aux défis
et aux contradictions de notre temps, la Caritas a la tâche
difficile mais fondamentale de faire en sorte que le service
caritatif devienne un engagement de chacun de nous, c’est-à-dire
que la communauté chrétienne tout entière
devienne sujet de la charité. Voilà donc l’objectif
principal de ce que vous êtes et de ce que vous faites :
être le stimulant et l’âme pour que toute la
communauté grandisse dans la charité et sache trouver
des voies toujours nouvelles pour se faire proche des plus pauvres,
capable de lire et d’affronter les situations qui oppriment des
millions de nos frères – en Italie, en Europe et dans le
monde.
À ce sujet,
le rôle de promotion et de formation que joue la Caritas
vis-à-vis des différentes expressions du bénévolat
est particulièrement important. Un bénévolat
qui, à son tour, est appelé à investir du temps,
des ressources et des capacités pour impliquer la communauté
entière dans les engagements de solidarité qu’il
entreprend.
Tout aussi essentiel
est le devoir qui vous incombe de relancer les institutions
civiles en vue d’une législation adéquate, en
faveur du bien commun et pour la protection des plus faibles ;
un engagement qui se concrétise dans une offre constante
d’occasions et d’instruments permettant une connaissance
adéquate et constructive des situations.
Devant les défis
mondiaux qui sèment la peur, l’iniquité, les
spéculations financières – y compris sur la
nourriture –, la dégradation de l’environnement et
les guerres, il est nécessaire, en même temps que le
travail quotidien sur le territoire, de mener à bien votre
engagement à éduquer à la rencontre
respectueuse et fraternelle entre cultures et civilisations, et
au respect de la création, pour une « écologie
intégrale ». Je vous encourage à ne pas vous
lasser de promouvoir, avec une persévérance tenace et
patiente, des communautés qui aient une passion pour le
dialogue, pour vivre les conflits de manière évangélique,
sans les nier mais en en faisant des occasions de croissance et de
réconciliation : telle est la paix que le Christ a
conquise pour nous et que nous sommes invités à porter.
Que votre fierté
réside toujours dans votre volonté de remonter aux
causes des pauvretés, pour chercher à les
supprimer : l’effort pour prévenir la
marginalisation, pour influer sur les mécanismes qui génèrent
l’injustice, pour agir contre toutes les structures de péché.
Il s’agit, dans ce but, d’éduquer les personnes et
les groupes à des styles de vie conscients, de sorte que tous
se sentent vraiment responsables de tous. Et ceci à partir des
paroisses : telle est l’œuvre précieuse et
capillaire des Caritas paroissiales, qu’il faut continuer de
diffuser et de multiplier sur le territoire.
Je désire
vous encourager aussi à poursuivre votre engagement et votre
proximité vis-à-vis des personnes immigrées.
Le phénomène des migrations, qui présente
aujourd’hui des aspects critiques qui doivent être gérés
par des politiques organiques et de long terme, demeure cependant
toujours une richesse et une ressource, sous différents points
de vue. Votre travail est donc précieux lorsque, à côté
de l’approche solidaire, il tend à privilégier
des choix qui favorisent toujours plus l’intégration
entre populations étrangères et citoyens italiens,
offrant aux travailleurs sur le terrain des instruments culturels et
professionnels adaptés à la complexité du
phénomène et à ses spécificités.
Le témoignage
de la charité devient authentique et crédible lorsqu’il
engage tous les moments et toutes les relations de la vie, mais son
berceau et sa maison sont la famille, l’Église
domestique. La famille est constitutionnellement « Caritas »
parce que c’est Dieu lui-même qui l’a faite ainsi :
l’âme de la famille et de sa mission est l’amour.
Cet amour miséricordieux qui, comme je l’ai rappelé
dans l’exhortation apostolique post-synodale « La
joie de l’amour », sait accompagner, discerner
et intégrer les situations de fragilité. Les réponses
les plus complètes à de nombreuses situations
difficiles peuvent être offertes précisément par
ces familles qui choisissent de collaborer entre elles et avec tous
les autres services solidaires du territoire, offrant les ressources
de leur propre disponibilité quotidienne. Et que de beaux
exemples nous avons dans nos communautés !
Avec une pleine
confiance dans la présence du Christ ressuscité et avec
le courage qui vient de l’Esprit-Saint, vous pourrez aller de
l’avant sans peur et découvrir des perspectives
toujours nouvelles dans votre engagement pastoral, renforcer
votre style et vos motivations et répondre ainsi toujours
mieux au Seigneur qui vient à notre rencontre dans les visages
et les histoires de nos sœurs et de nos frères les plus
démunis. Il se tient à la porte de notre cœur, de
nos communautés, et attend que quelqu’un réponde
tandis qu’il frappe discrètement et avec insistance :
il attend la charité, c’est-à-dire la « caresse »
miséricordieuse du Seigneur, à travers la « main »
de son Église. Une caresse qui exprime la tendresse et la
proximité du Père.
Dans le monde
d’aujourd’hui, complexe et interconnecté, que
votre miséricorde soit attentive et informée ;
concrète et compétente, capable d’analyse, de
recherche, d’étude et de réflexion ;
personnelle, mais aussi communautaire ; crédible en
raison d’une cohérence qui est un témoignage
évangélique et, en même temps, organisée
et formée, pour fournir des services toujours plus précis
et ciblés ; responsable, coordonnée, capable
d’alliances et d’innovation ; délicate et
accueillante, pleine de relations significatives ; ouverte à
tous, attentive à inviter les petits et les pauvres du monde à
prendre une part active dans la communauté, qui a son moment
culminant dans l’eucharistie dominicale. Parce que les pauvres
sont la proposition forte que Dieu fait à notre Église
afin qu’elle grandisse dans l’amour et la fidélité.
Et pour que la communion avec le Christ dans la messe trouve une
expression cohérente dans la rencontre avec ce même
Jésus présent dans le plus petit de nos frères.
Que notre caresse soit ainsi, par l’intercession de la Vierge
Marie et du bienheureux Paul VI. Je vous bénis et vous
accompagne par la prière. Et vous aussi, j’insiste,
priez pour moi ! Merci.