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du P. Armel Duteil


4° MARDI : Une spiritualité écologique

Parole de Dieu : Luc 12,13-21

-Le sixième chapitre de la lettre de François sur le respect de la création parle de l’éducation à l’écologie. Le but, c’est de faire l’alliance entre les hommes et leur environnement, pour bien vivre à l’aise, là où nous sommes. Il faut changer notre façon de vivre, pour avoir la paix et la joie pour tous : savoir aimer. Pas seulement faire l’aumône, mais aimer au niveau de la société et de la politique. Et aussi apprendre à penser aux autres, dans les petites choses de notre vie. Par exemple, ne pas gaspiller l’eau, ne pas jeter les verres et les sacs en plastique sur la route, ne pas cracher n’importe où, ne pas jeter nos ordures dans les caniveaux et les boucher.

Et surtout, savoir nous limiter pour vivre une vie simple, au lieu de vouloir toujours nous montrer avec de beaux habits, de belles machines, des beaux appareils, faire de grands repas et de grandes fêtes. Pour cela, il faut apprendre à lutter contre la publicité qui nous pousse à dépenser, et à consommer de plus en plus (224).

Nous n’agissons pas tout seul, personnellement, mais tous ensemble. Il nous fait apprendre à vivre et à travailler en communauté, avec tout le monde (219).


Nous nous demandons : Est-ce que nous cherchons à vivre selon l’Evangile, ou bien à nous montrer devant les autres, pour nous faire admirer ? Est-ce que dans notre paroisse, dans nos CEB et dans nos mouvements, nous travaillons vraiment pour le respect de la création ? Est-ce que nous travaillons avec les autres citoyens, et les différentes associations de nos quartiers et de nos mairies ? Que faire pour cela ? Comment éduquer nos enfants et les jeunes, à respecter la création ? Est-ce que nous cherchons à suivre l’exemple de Marie, de Saint François et des autres saints ? Est-ce que nous prions pour le respect de la création ?

-Une vie simple : Le Pape nous dit au n° 222 de sa lettre sur la création : « Notre foi nous enseigne, ce qu’est une vie réussie et de qualité. Et comment faire connaître Dieu d’une manière prophétique. C’est de goûter les choses de la vie dans la joie et la paix, mais sans chercher à avoir toujours plus. C’est ce que nous enseignent aussi la Bible et les autres religions. Chercher à manger toujours plus, et à avoir toujours davantage de choses, cela ferme le cœur. Cela nous empêche de goûter les bonnes choses, et les bons moments de la vie… La foi chrétienne nous propose de grandir avec peu de choses (la sobriété), d’apprendre à être heureux avec de petites choses, à être simple pour aimer ce qui est petit, et pour dire merci à Dieu pour la vie qu’Il nous donne. Sans nous attacher à ce que nous avons. Et sans être tristes, de ce que nous n’avons pas. Pour cela, il ne faut pas chercher à avoir de plus en plus de choses, ou de plaisir ». Jésus disait : « Heureux ceux qui acceptent leur pauvreté dans leur cœur, le Royaume de Dieu est à eux ».

Nous nous demandons : Est-ce que nous savons nous contenter de ce que nous avons, sans chercher à avoir de plus en plus de choses ? Est-ce que nous cherchons à mener une vie simple ? Ou bien est-ce que trop souvent, nous ne cherchons pas à nous montrer devant les autres ? Est-ce que nous ne faisons pas trop de gaspillage, et n’avons pas trop de choses inutiles ? Comment apprendre à limiter nos dépenses, en particulier dans nos fêtes chrétiennes : les fêtes patronales, les baptêmes, les premières communions, les mariages et aussi les enterrements ? Où trouver le courage de changer ?

-Deux conversions à faire : 219 - Pour changer notre façon de vivre dans le monde, nous devons reconnaître nos erreurs, nos péchés, nos mauvaises habitudes et nos manques de courage. Nous devons changer notre cœur. Comme le disent les évêques d’Australie : « Regardons notre vie. Reconnaissons que nous avons péché contre la création de Dieu, par nos mauvaises actions et nos manques de force pour agir. Nous devons nous convertir, et changer notre cœur (219). Il ne suffit pas que chacun change personnellement, il faut répondre aux problèmes de la société par des actions communes.

(220) Nous voulons protéger la terre avec tendresse. Cela demande de savoir dire merci, de chercher la gratuité au lieu de toujours penser à notre intérêt, de reconnaître le monde comme un cadeau d’amour de Dieu notre Père. Il faut se rappeler, que nous ne sommes pas séparés des autres créatures du monde. Nous formons avec tout ce qui vit sur la terre, et tous les êtres de l’univers, une belle communion universelle. Nous voulons faire grandir les qualités que Dieu nous a données, chercher avec joie des façons nouvelles de vivre, et lutter contre les problèmes du monde, en nous donnant à Dieu « comme un sacrifice vivant, saint et agréable » (Romains 12, 1). Si l’homme est plus grand que les autres créatures, ce n’est pas pour chercher sa gloire personnelle. Ni pour commander au monde, sans penser aux conséquences. Mais au contraire, pour prendre nos responsabilités qui viennent de notre foi.

Nous nous demandons : Est-ce que nous savons reconnaître, que nous nous conduisons mal envers la création, que Dieu nous a donnée par amour ? Est-ce que nous sommes prêts à changer nos façons de vivre ? Sommes-nous décidés à travailler ensemble, pour changer notre société ? Comment lutter pour le respect de la création, avec courage, dans la joie et dans la foi ? Comment comprenons-nous ces mots du Pape : la gratitude (dire merci) et la gratuité (ne pas chercher son intérêt) ? Croyons-nous vraiment que nous formons avec tous les êtres de l’univers, une communion universelle, qui crée un monde nouveau, et qui rend heureux ? Nous demandons au Saint Esprit de nous éclairer pour cela.

-Une seule humanité : 228 : « Protéger la nature, cela nous demande de vivre ensemble, dans la communion. Jésus nous a rappelé, que nous avons Dieu comme Père de tous, ce qui fait de nous des frères. L’amour entre frères est gratuit. Cela ne peut pas être une récompense, de ce que nous faisons pour eux. C’est pourquoi, c’est possible d’aimer, même nos ennemis. C’est avec la même gratuité, que nous devons aimer et accepter le vent, le soleil ou les nuages ou les pluies, même si nous ne pouvons pas les commander. C’est cela être frères de toute la création.

Nous nous demandons : Je me mets sous le regard d’amour du Seigneur, qui veut que tous les hommes soient sauvés et connaissent le bonheur d’une vie réconciliée. Je lui offre ce qui, dans ma vie, casse la relation à l’environnement et aux autres

229 – Nous avons besoin les uns des autres. Nous sommes responsables des autres, et du monde. C’est pour cela que ça vaut la peine d’être bons et honnêtes. Depuis trop longtemps nous avons rejetés le bien, la bonté, la foi et l’honnêteté. Cela a fini par nous opposer les uns aux autres, chacun cherchant son propre intérêt. Cela entraîne de nouvelles formes de méchanceté et de violence. Cela nous empêche de protéger notre environnement. Comment est-ce que je réagis à cette parole ? Ai-je le souci de travailler en union, voire en communion, avec d’autres ? Je relis le récit de la Pentecôte (Ac 2,1-13) et demande la grâce d’accueillir l’Esprit Saint avec d’autres.

230 – L’exemple de Sainte Thérèse nous demande de pratiquer la petite voie de l’amour : avoir des bonnes paroles, sourire, faire des gestes de paix et d’amitié. Pour arrêter d’être méchant, et de profiter des autres, en pensant seulement à nous-mêmes. Nous nous demandons : Si nous sommes vraiment tous frères, quelles conséquences en tirer pour notre vie en société, et avec toute la terre ? Pour nous, qu’est-ce que la gratuité (ne pas chercher de récompense dans ce que nous faisons) ? Quels moyens prendre pour marcher sur le chemin du bien, de la bonté, de la foi et de l’honnêteté, que nous demande le Pape ? C’est l’amour du Christ qui nous fait aimer les autres. Comment mieux vivre l’amour, dans les petites choses de la vie, à l’exemple de Sainte Thérèse.

Prière du Pape François, pour les hommes du monde entier, pour le respect de la création (n°246) : Dieu Tout-Puissant, Tu es présent dans tout l’univers et dans la plus petite de tes créatures. Toi qui entoures de ta tendresse tout ce qui existe, fais descendre sur nous, la force de ton amour, pour que nous protégions la vie et la beauté. Remplis-nous de paix, pour que nous vivions comme des frères et sœurs, sans faire de mal à personne. Ô Dieu des pauvres, aide-nous à secourir les abandonnés, et les oubliés de cette terre, qui ont tellement de valeur à tes yeux. Guéris nos vies, pour que nous soyons des protecteurs du monde, au lieu de le casser. Pour que nous semions la beauté et non la pollution, ni la destruction. Touche les cœurs de ceux qui cherchent seulement l’argent, sans penser à la terre, ni aux pauvres. Apprends-nous à connaître la valeur de chaque chose, et à les regarder avec admiration. Apprends-nous que nous sommes profondément unis à toutes les créatures, sur notre chemin vers ta lumière infinie. Merci parce que tu es avec nous tous les jours. Soutiens-nous, nous t’en prions, dans notre lutte pour la justice, l’amour et la paix.

ECOLOGIE 4 – Débat 1) Que faire pour l’environnement et protéger la terre ?

Le Pape ne répond pas par des solutions techniques, des moyens, des machines. Pour lui, la première solution c’est d’avoir une spiritualité écologique. Non pas seulement une réponse technique et scientifique, mais changer notre esprit, notre mentalité, et aussi notre façon de penser et de vivre en nous appuyant sur un idéal. Et pour des croyants, sur Dieu.

2) Qu’est-ce que la spiritualité ?

La première chose c’est la foi et à la prière. Deuxièmement, l’amour : aimer les hommes et toute la création. Dieu a fait alliance avec toute la création : d’abord, quand Il a créé le monde. Ensuite, après le péché des hommes et le déluge, quand Il a fait alliance avec Noé. Pas seulement avec Noé et sa famille, mais avec tous les animaux, et même toutes les choses de la terre. Le signe qu’Il a donné pour cela, c’est l’arc-en-ciel.

L’amour pour les hommes, ce n’est pas seulement faire l’aumône. C’est nous engager pour créer un monde et une société, où tout le monde aura sa place, sera respecté et aura les moyens de vivre. Pour les nécessiteux, il ne s’agit pas seulement de leur faire l’aumône, ou de leur donner de l’argent. Mais d’abord de leur faire comprendre leur dignité, pour qu’ils croient qu’ils sont capables de faire quelque chose par eux-mêmes. Ensuite, leur donner la formation dont ils ont besoin. Enfin les moyens pour travailler par eux-mêmes, au lieu d’être toujours des assistés et des mendiants.

Au n° 228, le Pape François nous explique comment vivre cet amour : « Protéger la nature nous demande de vivre ensemble, dans la communion… Jésus nous rappelle que nous sommes tous frères et soeurs, parce que Dieu est notre Père à tous ». Au Sénégal, on dit : nous sommes tous fils d’Adam. C’est pourquoi, nous agissons avec tous ceux qui nous entourent. Comme le dit encore le Pape : « c’est ce que nous enseigne la Bible, mais aussi les autres religions ». Est-ce que nous ne sommes pas souvent trop timides, pour parler de Dieu ? Et pour partager notre foi ? Il ne s’agit pas de parler sans arrêt de Jésus Christ, mais de partager avec les autres les valeurs de l’Evangile, pour construire ensemble le Royaume de Dieu sur la terre.

Aimer les hommes, c’est travailler avec tous et aimer la société. Pour nous chrétiens cela nous demande de nous engager davantage, dans notre commune et dans notre quartier. Et d’être à l’aise, avec l’argent et avec la politique. Nous retrouvons là toute la dimension optimiste et positive du pape François dans cette lettre. Il ne s’agit pas de se priver, de faire des pénitences ou des sacrifices, mais « d’avoir la paix et la joie pour tous».

N.B. Nous ne pouvons pas tous être de grands politiciens, mais nous pouvons tous faire quelque chose dans la société, là où nous vivons, à notre niveau, dans le quartier : rencontrer les chefs de quartier, les marraines de quartier ‘(badieni gox), l’imam, les organisations, ONG et associations qui interviennent, les groupes locaux : ASC, associations culturelles…etc.

Cette spiritualité écologique, on la vit dans les petites choses, comme nous le demandera Jésus à la fin du monde (Matthieu 25, 31-45) : « Donner à manger à ceux qui ont faim, rendre leur dignité à ceux qui sont nus, visiter les prisonniers et soutenir leurs familles, encourager et soutenir les malades, accueillir les étrangers » etc. C’est donc tout un état d’esprit que nous devons avoir, pour penser aux autres.

Mais aussi pour nous-mêmes, accepter de vivre plus simplement. Il s’agit d’être plus (faire grandir notre personne et nos qualités), et non pas d’avoir plus (d’argent, de choses, etc.). Cela nous demande donc de résister à la publicité, au commerce, à la société de consommation, aux fêtes, etc. (n° 224), et toute cette action, nous la menons évidemment ensemble. D’abord en communauté chrétienne (CEB). Ensuite vivre en paix avec les hommes, en commençant par nos voisins de quartier et nos amis. Nous nous sommes demandé aussi comment Marie a vécu l’écologie. Voici certaines choses que nous nous sommes dites.



3) Marie et la création.

-Le Pape nous dit que l’on ne peut pas séparer le respect de la création, et le respect des pauvres. Marie faisait partie de ces pauvres. C’était une femme sainte, sans doute analphabète, méprisée et humiliée par les gens de la ville et les riches. Nathanaël dit à Philippe en parlant de Jésus, Fils de Marie : qu’est-ce qui peut sortir de bon de Nazareth ? Marie a accepté cette pauvreté avec courage, par exemple pour venir à pied de Nazareth jusqu’à Bethleem, alors qu’elle était enceinte et prête d’accoucher : toute une semaine, en marchant dans la montagne pour éviter les soldats romains présents sur les grandes routes, et qui faisaient souffrir le peuple colonisé. Ensuite, elle a accepté de ne pas avoir de place, à la maison de passage. D’accoucher dans une grotte, un trou dans la terre. Et de coucher son nouveau-né, le Fils de Dieu et le Sauveur des hommes, dans une caisse où on donnait à manger aux animaux. Et malgré tout, elle a accueilli les bergers, avec joie, amour et simplicité : des gens pauvres eux aussi.

-Son exemple nous encourage à vivre une vie simple. L’exemple et la prière de Marie (241) qui a pris soin du monde, comme Elle a pris soin de Jésus, nous entraîne. Et aussi l’exemple de Saint Joseph. Pour marcher sur cette route avec courage et bonté. Et pour prendre soin de ce monde, que Dieu nous a donné (242).

-Changer nos façons de vivre nous demande aussi des efforts. Comme Marie pour aller à travers la montagne, de Nazareth à Aïn Karim, chez sa cousine Elisabeth. Cela nous demande de ne pas vivre comme tout le monde, et de ne pas avoir peur d’être montré du doigt et critiqué. Comme Marie n’a pas eu peur de se tenir debout au pied de la croix, quand on la montrait en disant : « c’est elle la mère du condamné à mort ».

-« Regarder la création et les hommes, avec amour ». Marie a vécu cet amour tout au long de sa vie. Ce n’est pas l’ange Gabriel qui lui a dit, d’aller aider sa vieille cousine Elisabeth, qui était enceinte. C’est elle-même qui y a pensé, dans son cœur. Ce n’est pas le jeune marié à Cana, qui lui a dit qu’il n’y avait plus de vin. Elle l’a remarqué elle-même. C’est cet amour que nous voulons avoir envers les personnes, mais aussi envers les choses de la création.

-Marie était très travailleuse, dans le respect de la création. Quand l’ange Gabriel vient lui demander au nom de Dieu, d’être la mère du Sauveur des hommes, il la trouve au travail à la maison. Elle vivait en paix avec les autres femmes du village, allant puiser de l’eau au puits ensemble. Et s’entraidant dans le travail.

-Dans l’Evangile, dans ses paraboles, Jésus nous enseigne la Parole de Dieu à partir de la création,: la graine, la semence, l’arbre, l’eau, la vigne etc… Et aussi à partir du travail des hommes : le semeur, le paysan, le berger, la femme qui met de la levure dans sa pâte, et celle qui a perdu sa pièce d’argent. C’est Marie qui a enseigné le travail, le respect de la création et la vie simple à son fils Jésus. Ensemble, avec Joseph, son mari.

-C’est très important d’éduquer nos enfants et les jeunes, à la spiritualité écologique: c’est-à-dire à la foi, au respect de la création et au respect des hommes. Marie a vécu dans la foi. Elle a offert à Dieu son Fils Jésus nouveau-né, au Temple, le 8ème jour (Luc 2,22-38). Elle l’a refait quand son Fils a eu 12 ans, et qu’il est resté au temple de Jérusalem, sans même comprendre ce qu’il lui disait (Luc 2.40-52). C’est elle, avec Joseph son mari, qui a permis à Jésus « de grandir, d’être fort, et d’être rempli de la sagesse et de la grâce de Dieu…. Et de grandir en sagesse, en taille et en grâce, devant Dieu et devant les hommes » (Luc 2, 40+52)

-La lutte pour l’écologie nous demande d’agir ensemble, en écoutant ce que l’Esprit Saint nous dit dans notre cœur. Comme Marie a su rassembler les apôtres, qui avaient peur et qui s’étaient enfuis, pour accueillir ensemble le Saint Esprit, le jour de la Pentecôte.

4) la spiritualité spiritaine :

A côté des autres spiritualités dans l’Eglise (dominicaine, franciscaine, ignacienne, thérésienne…) : être unis au Saint Esprit dans toute notre vie (l’union pratique), et nous laisser conduire par Lui. Dès le premier verset de la Bible (Genèse 1,1), on nous dit que l’Esprit de Dieu planait au-dessus des eaux, sur toute la création. C’est le même Esprit qui a conduit et éclairé les prophètes. C’est par l’Esprit Saint, que Marie est devenue enceinte. Le même Esprit est descendu sur Jésus, au moment de son baptême. Et le jour de la Transfiguration, quand Jésus a été rempli de la lumière de son Père. Quand l’Esprit Saint est descendu sur les apôtres le jour de la Pentecôte, il est venu dans le vent et dans le feu : des choses de la création. Comme déjà Moïse, quand il a reçu les 10 commandements, et accueilli l’Alliance de Dieu pour son peuple. Ou comme le prophète Elie.

C’est l’Esprit Saint qui nous conduit dans toute notre vie. C’est Lui qui nous apprend à aimer ensemble, la création et nos frères les hommes. Nous chantons souvent : « O Seigneur envoie ton Esprit, qui renouvelle la face de la terre ». Et nous continuons « O Seigneur, que mon âme te bénisse, car Tu es bon». DIEU EST BON. Mais aussi toute la création et tous les hommes : « Et Dieu vit que cela était bon – très bon » (Gen 1). Et Saint Pierre nous dit : « nous attendons des cieux nouveaux, mais aussi une terre nouvelle, où la justice habitera » (Is 65,17-25+66,22. 2° Pierre 3,13).

5) une vie simple.

Nous avons ensuite expliqué le n° 222, à partir de la feuille distribuée : Pour nous, qu’est-ce qu’une vie simple ? Et surtout qu’est-ce qu’une vie réussie ? Est-ce seulement avoir beaucoup de diplômes, et une bonne place ? Avoir une belle maison, une belle voiture, beaucoup d’habits et de chaussures ? En ce moment dans notre pays, on parle beaucoup du plan pour un Sénégal émergent (PSE). Mais quelle émergence ? Qu’est-ce que l’émergence, aux yeux de Dieu ? Est-ce que nous ne cherchons pas une émergence surtout matérielle : faire des grandes réalisations, plus ou moins utiles, mais qui ne font pas mieux vivre le peuple. Comme des grands bâtiments, et de grandes autoroutes. Et aussi augmenter le produit intérieur brut. Mais en même temps que le produit intérieur brut augmente au Sénégal, le nombre de pauvres augmente aussi. Parce que ces richesses ne sont pas distribuées avec justice, et pour le bien de tous. Elles sont récupérées par ceux qui sont déjà les plus riches. Et le pays se retrouve parmi les 25 pays les plus pauvres de la terre !

Nos écoles catholiques veulent être des écoles d’excellence. Mais quelle excellence ? Est-ce qu’il suffit d’avoir 99 % de résultats aux examens, pour cela ? Quelle éducation donnons-nous à nos élèves, pour qu’ils tiennent leur place dans la société ? Quelle place donnons-nous aux plus pauvres ? Pas seulement pour leur permettre de faire des études, mais pour être respectés et grandir dans la dignité. Ce n’est pas seulement une question de charité, c’est notre foi elle-même qui est en jeu. Comme le dit le Pape François : « Notre foi nous enseigne, ce qu’est une vie réussie et de qualité ». Mais pour cela, il nous faut avoir le courage, de résister à la mentalité, et à l’état d’esprit qui nous entourent « pour faire connaître Dieu d’une manière prophétique » (222)

Il ne s’agit pas de nous abaisser et de nous écraser. Ni de refuser les plaisirs de la vie, comme on le reproche souvent aux chrétiens. Au contraire. Le Pape François nous dit : « Chercher à manger toujours plus et avoir davantage de choses, cela ferme le cœur. Cela nous empêche de goûter les bonnes choses et les bons moments de la vie. » La foi chrétienne ne nous écrase pas, au contraire, « elle nous propose de grandir avec peu de choses (la sobriété). Et d’apprendre à être heureux avec de petites choses ». Est-ce que cela ne nous demande pas de changer en profondeur, la façon dont nous vivons notre foi : d’une façon souvent trop triste et trop négative, et d’une façon trop moralisante.

« Notre foi nous demande d’être simple, pour aimer ce qui est petit ». Est-ce que nous aimons vraiment ce qui est petit ? Les choses de la création, mais aussi les petits de la société. Il y a des façons de faire l’aumône et d’aider les gens, qui les abaissent et qui les humilient. « Sans être tristes de ce que nous n’avons pas » : il y a trop d’envie et de jalousie, dans nos familles, dans nos écoles, dans nos lieux de travail et dans toute la vie de la société. Cela conduit non seulement à la méchanceté, mais aussi au maraboutage, et jusqu’à la sorcellerie. L’individualisme et l’égoïsme grandissent dans nos sociétés modernes. Comment lutter contre cela ?



La prière : « Dire merci à Dieu, pour la vie qu’Il nous donne ». Comment prions-nous ? ? Est-ce que nos prières ne sont pas parfois trop tristes ? Est-ce que nous ne prions pas surtout pour demander, plus que pour dire merci à Dieu ? Savons-nous dire aussi merci pour les bonnes choses, que nos frères et nos sœurs font autour de nous ?

2)- LA CONVERSION

Tout ce que nous avons dit, demande la conversion. Mais là encore, dans la simplicité, la paix et aussi la joie. Se convertir, ce n’est pas se faire souffrir, ni faire des pénitences. Se convertir cela veut dire se retourner, pour changer de route : changer d’idéal et d’objectif dans la vie. Rappelons-nous les quatre objectifs de notre Plan d’Action Pastoral : la communion, la sanctification, le témoignage et le service.

La conversion, c’est nous retourner vers Dieu, qui est le but de toute notre vie, et qui lui donne toute sa valeur. Nous ne nous regardons pas nous-mêmes. Nous regardons Dieu, qui nous accueille et nous transforme. Car c’est d’abord notre cœur, qu’il faut changer. Pas seulement nos idées.

-1) Les conversions à faire : Reconnaître non seulement nos erreurs, mais aussi nos péchés. Car, par rapport à la création, nous nous sommes trompés, sur ce qu’est un vrai développement. Mais nous avons aussi péché, par notre manque d’amour pour notre terre. C’est en reconnaissant cela, que nous pourrons changer nos mauvaises habitudes. Et il faut absolument le faire.

Mais pour cela il nous faudra du courage. Le respect de la création, cela demande d’y voir clair, d’être décidé, mais aussi de faire les efforts nécessaires pour changer. Et agir ensemble, car le problème touche toute la planète. Le Pape cite les évêques d’Australie. De notre côté, nous relisons la lettre de nos évêques pour le carême 2013, sur le respect de la création.

Cette conversion, nous ne la faisons pas avec tristesse, mais avec tendresse. En disant merci à Dieu, pour la lumière qu’Il nous donne, et pour la chance de sauver notre terre. Nous le faisons dans l’amour. Nous regardons notre terre, comme un cadeau de Dieu. A ce moment-là, nous sommes capables de chercher la gratuité et la sobriété. Pour vivre d’une façon simple mais heureuse. Nous vivons cette conversion d’une façon positive : comme une chose bonne pour nous, pour tous les hommes, et pour toutes les créatures.

-Nous écoutons le Saint Esprit et nous parlons avec les autres « pour faire grandir les qualités que Dieu nous a données, et chercher de nouvelles façons de vivre… en prenant nos responsabilités, qui viennent de notre foi ». Mais sommes-nous prêts, non seulement à changer notre façon de vivre, mais d’abord la façon dont nous vivons notre foi « pour vivre dans la gratitude et la gratuité, dans une belle communion universelle, avec tous les êtres de l’univers ». Dans cette action pour l’environnement, nous ne cherchons pas notre propre intérêt, car « l ‘amour est gratuit ». Nous avons relu à ce sujet, 1ère aux Corinthiens 13, 4-8.

Nous accueillons ce que la création nous apporte, et nous enseigne. Le Pape François donne cet exemple : « Nous acceptons le vent, le soleil, les nuages et la pluie comme ils viennent, parce que nous ne pouvons pas les commander. Nous devons aussi accepter nos frères, tels qu’ils sont, sans vouloir les commander ». Jésus nous a dit d’aimer même nos ennemis. Non seulement nous protégeons la terre, mais nous accueillons tout ce qu’elle nous enseigne « pour être frères et sœurs de toute la création ».

-La conversion, c’est aussi changer les mauvaises façons de penser et de vivre. Par exemple, changer nos idées sur le progrès et le développement. Nous avons cherché un progrès matériel, en voulant augmenter de plus en plus, ce que nous produisons. Et cela a cassé et tué la terre. Nous avons cru que la science allait nous donner une solution à tous nos problèmes. Il nous faut faire une véritable révolution culturelle, dans ce domaine : l’argent, la science, les techniques et les machines ne suffiront pas, pour trouver une solution à la souffrance et à la destruction de la terre. Le Pape François nous dit : « Il manque à l’homme d’aujourd’hui une morale solide, une vraie culture (une civilisation), et une spiritualité (une vie de l’esprit), pour limiter nos désirs. Et être clairs dans notre vie, en sachant abandonner certaines choses ».

Les pays riches et les sociétés développées vivent au-dessus de leurs moyens. Ils utilisent plus, que ce que la terre peut produire. Il faut arrêter cela. Et pour nous les pays pauvres, il faut laisser ce désir de vivre comme les pays riches. Sinon ce sera la mort de la terre entière. A nous d’être plus intelligents, et plus courageux qu’eux ! Il nous faut chercher une autre façon de vivre. Les sociétés occidentales ne peuvent plus être nos modèles. Il nous faut lutter contre la soif de l’argent, qui entraîne la corruption et la pollution. Et qui, non seulement fait souffrir les pauvres, mais tue le pays tout entier. Même chez nous, ceux qui ont le pouvoir, et ceux qui travaillent dans les entreprises et les banques étrangères, ils reçoivent des salaires honteux, parce que beaucoup trop élevés. Alors que leurs frères et sœurs meurent de faim, et de pauvreté. Il y a aussi les lutteurs qui demandent des millions, pour un seul match. Les artistes et les sportifs qui reçoivent des maisons et des gros chèques. En tant que chrétiens, nous ne pouvons pas accepter cela.

-2) Par rapport à la création, l’homme ne doit pas se conduire comme un patron, qui utilise et gaspille tout, sans réfléchir. Il doit se conduire comme un gérant et un ami de la terre, qui la protège et se conduit d’une manière responsable : quelqu’un qui devra rendre compte de la terre, que Dieu lui a donnée. Il nous faut apprendre à économiser, pour ne pas tuer la terre. Et ne plus gaspiller l’énergie: l’eau et les robinets qu’on laisse couler ; l’électricité et les lampes, les radios, les télévisions et les appareils qu’on laisse allumés etc. Utiliser les transports publics, au lieu de voyager tout seul dans sa voiture. Ce qui entraîne non seulement la pollution, mais les bouchons et les dépenses inutiles d’énergie. Même quand il fait froid, comme en ce moment, on continue à allumer les climatiseurs et les ventilateurs pour rien. On allume la lumière même en plein jour, etc… Le Pape nous dit : « L’humanité de l’époque post industrielle (le 20ème siècle) sera sans doute regardée, comme celle qui a le plus manqué à ses responsabilités. Espérons que l’humanité du début du 21ème siècle (nous) pourra être reconnue dans l’histoire, comme le siècle qui a pris ses responsabilités avec générosité ».

Nos vœux de cette année sont les suivants : « Depuis le commencement du monde, mais surtout depuis que Jésus s’est fait homme, le Christ travaille en secret dans toute la nature. Il a regardé avec ses yeux humains plein d’admiration, les fleurs des champs et les oiseaux. Et maintenant ils sont remplis de sa lumière »

Nous avons tiré quelques conclusions de nos quatre rencontres :

* C’est possible de faire quelque chose, chacun à son niveau.

* Nous voulons commencer à vivre avec un autre esprit.

* Nous allons continuer à travailler cette lettre du Pape.

* Nous allons commencer par faire des efforts personnels, pour changer notre propre façon de vivre.

* Nous voulons lutter contre la pollution des esprits, et pas seulement celle de l’air.

* Nous serons plus attentifs à notre environnement, et nous en parlerons avec les autres.

* On ne peut pas respecter la nature, si on ne respecte pas les pauvres et inversement.

* Nous allons former les enfants et les jeunes dans ce sens…..



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