La contraception et les jeunes
J’ai
lu avec intérêt dans le n° 1479 du 26 mai du
journal, l’article l’enquête, p.7 : « des
acteurs veulent enseigner la santé sexuelle aux élèves ».
Il est vrai que cet article aborde un problème important. Mais
une première chose m’étonne : on parle d’une
intervention de l’ASBEF, l’Association Sénégalaise
pour le Bien-Etre Familial, et de Planification Familiale, et l’on
veut enseigner la santé sexuelle aux élèves.
Mais s’il s’agit du bien-être familial, il s’agit
donc des gens qui ont déjà fondé une famille,
c’est-à-dire de gens mariés et non pas d'élèves
qui, à ma connaissance, n’ont pas encore fondé de
famille. On se trompe complètement de cible. La planification
familiale doit s’adresser aux familles et non pas aux
élèves. « Ensuite,
on nous dit que l’un des problèmes c’est le refus
des conjoints, c’est-à-dire des maris, pour
l’utilisation de ces méthodes contraceptives. Et l’on
continue en disant que les problèmes de communication entre
les couples seront supprimées si les élèves sont
déjà éduqués à la contraception à
l’école. Il me semble que c’est prendre la
question tout à fait à l’envers. Ce n’est
pas parce que les élèves auront été
enseignés sur la santé sexuelle qu’il y aura
davantage de dialogue dans le couple, ni pour la contraception, ni
pour le reste. C’est au contraire lorsqu’on aura une
véritable préparation au mariage et une véritable
éducation des couples que ceux-ci apprendront à
dialoguer, pas seulement pour la planification, mais pour toutes les
choses de leur vie. Si un couple ne dialogue pas pour décider
ensemble des différentes activités de leur vie commune,
de l’éducation des enfants, et des relations avec les
deux familles, comment pourraient-ils dialoguer sur cette question
marquée par tellement de tabous, de la planification
familiale ?
On
nous dit:" Il faut enseigner la santé reproductive aux
élèves. Cela évitera tous les problèmes
de communication dans le couple" (sic!). Si l'on veut vraiment
former les élèves au dialogue dans leur futur couple,
qu'on leur apprenne à se parler avec respect entre
garçons et filles, à maîtriser leur
sexualité et à vivre une sexualité
épanouissante. La première chose est donc d’apprendre
aux jeunes, garçons et filles, à s’écouter
et à échanger. Il ne s’agit pas seulement
d’expliquer le fonctionnement des appareils génitaux,
mais bien d’apprendre à aimer, chacun selon les
richesses de son sexe. Cela
demande une véritable éducation sexuelle, et pas un
simple "enseignement pour comprendre l'utilité des
méthodes contraceptives" comme affirmé dans
l'article. Faire connaître les méthodes contraceptives
aux élèves, c’est un objectif beaucoup trop
limité et encore plus, de distribuer des condoms à ces
élèves. Ce qui serait justement tout à fait
l’inverse d’une éducation, mais au contraire une
incitation à faire des relations sexuelles en les croyant sans
conséquence, alors que les conséquences sont
nombreuses.
D’abord
physiologiques (grossesse possible) car ces méthodes sont
souvent mal utilisées par les jeunes. Utilisées trop
tôt avant que l'appareil génital soit vraiment développé
et fonctionnel, cela a des conséquences sur la santé.
Et le condom féminin dont il est question ne peut pas être
utilisé par des filles qui sont encore vierges. Et pour des
jeunes filles déjà déviergées, il ne sera
certainement pas utilisé dans de bonnes conditions. Il
s’agit là d’un moyen pour les femmes mariées,
et si possible ayant déjà accouché au moins une
fois. Que l'on ne mette pas sur le dos des élèves
adolescents, qui ont déjà tant de difficulté à
vivre leur sexualité, le poids et la responsabilité des
adultes. Il y a des étapes dans la vie, et il faut savoir les
respecter.
Enseigner
la santé reproductive aux élèves n’évitera
pas non plus les IST et autres maladies sexuelles. Je rappelle le
slogan utilisé pour le sida qui est également valable
pour toute la vie sexuelle « abstinence, fidélité,
sinon préservatif ». Le préservatif c’est
seulement dans le cas de jeunes qui ne veulent pas garder
l’abstinence. Et alors, il y a toutes les conséquences
psychologiques causées par des relations sexuelles faites trop
jeune, avant un engagement et un amour réel, entre des élèves
qui ne sont pas prêts à assumer leurs responsabilités :
déceptions amoureuses et surtout mauvaises habitudes. Un jeune
qui commence à faire des relations sexuelles sans s’être
engagé dans le mariage, comment sera-t-il capable de fidélité
et de maîtrise sexuelle dans le mariage ensuite ? Il
continuera à faire des relations sexuelles hors mariage dès
qu’il y aura un problème. Et
ne sera certainement pas capable de dialogue dans son couple, alors
que c’est justement l’objectif proposé dans cet
article.
Il
est donc nécessaire d’offrir aux jeunes une véritable
éducation sexuelle. L’article rappelle avec justesse que
les premiers responsables de cette éducation ce sont les
parents eux-mêmes. Et cette éducation doit être
apportée non seulement aux élèves mais à
tous les jeunes, scolarisés ou non. Pas seulement pour qu’ils
soient en bonne santé (éviter les IST, les infections
sexuellement transmissibles), mais aussi en bonne santé
morale, capables de vivre une sexualité conforme à leur
situation d’adolescent non marié, d’une manière
épanouissante : leur apprendre à aimer en vivant
une vraie mixité dans le respect mutuel pour pouvoir se
connaître et s’enrichir mutuellement garçons et
filles. C’est cela qui est la base d’un mariage et d’un
avenir réussi, et d’une planification familiale
heureuse. Une saine planification familiale ne peut pas se limiter à
une simple utilisation de contraceptifs. Et la santé phyique
ne peut pas être vécue sans la santé morale.
P.Armel
Duteil, responsable de la commission de la famille du doyenné
des Niayes armelduteil@hotmail.fr