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LUTTER CONTRE LES TENTATIONS DANS LE MONDE DU TRAVAIL

Ce thème m’a été proposé pour une journée de réflexion avec les étudiants de l’école normale de Dakar. Dans un premier temps, nous avons dégagé les tentations qui nous guettent dans l’exercice de notre travail d’enseignement ou d’autres responsabilités : la tentation du pouvoir, la tentation de la réussite par tous les moyens en particulier en utilisant le maraboutage, la tentation de l’individualisme et de la recherche de la promotion personnelle, la tentation de l’ethnocentrisme et du favoritisme envers nos parents, ceux qui parlent la même langue que nous, ou ceux qui sont du même groupe social que nous. Et enfin pour les chrétiens la tentation du repli sur l’Eglise et sur la paroisse. Pour ces différentes tentations dont nous parlons aujourd’hui, il s’agit simplement de quelques réflexions, que nous avons faites dans notre courte rencontre. Ceux qui sont intéressés peuvent me demander des documents plus approfondis sur ces différentes questions.
Dans un 2° temps, nous avons cherché comment dépasser ces tentations, pour construire avec tous une société meilleure. Tout de suite, nous avons noté que la première chose pour lutter contre toutes ces tentations c’est d’ aimer Jésus Christ de toute notre cœur et le plus possible, l’aimer pour vivre comme lui, mais surtout de vivre avec lui. C’est cela qui nous permettra de réussir notre vie. Pendant l’eucharistie, nous avons lu la lettre de Pierre (1 P 1, 13-21) sur la vie nouvelle dans le Christ et pour l’évangile Mt 4, 1-11 comment Jésus Christ a résisté à Satan et aux tentations.

  1. La tentation de la corruption
Par rapport à l’argent, nous connaissons tous ces paroles de Jésus : » vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l’argent », la parabole du mauvais riche et du pauvre Lazare et ce proverbe : il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille, qu’à un riche d’entrer dans le royaume des cieux ». Et en même temps, Jésus nous dit dans une autre parabole : «  faites-vous des amis avec l’argent malhonnête  ». Nous avons reconnu d’abord que l’argent est bon et il est important d’avoir de l’argent. Le problème c’est : comment nous gagnons cet argent, et comment nous l’utilisons. Est-ce que nous gagnons notre argent par notre travail, et d’une manière honnête ?
L’argent est bon, c’est avec l’argent que nous pouvons faire une vivre notre famille, et aussi que nous pouvons pas seulement aider les pauvres, mais aussi construire et faire avancer notre société, lutter pour le développement. Si tu lances un atelier ou une entreprise, tu donnes du travail à quatre ou cinq personnes qui pourront alors faire vivre leur famille. Cela est très important. Il ne suffit donc pas de faire l’aumône. Nous connaissons tous ce proverbe de Jésus que saint Paul rapporte : «  il y a plus de joie à donner qu’à recevoir ». Il s’agit de mettre notre joie dans le partage et l’amour de nos frères.
Pour résister à cette tentation de la corruption, il faut prendre une décision ferme solide et définitive, après avoir sérieusement réfléchi, à la fois pour ne pas nous laisser corrompre, ne pas nous laisser acheter et pour ne pas corrompre les autres, pour ne pas leur donner de l’argent, pour notre intérêt personnel ou pour de mauvaises choses.
Pour les enseignants, nous avons noté des choses qui se font. Cette semaine des enseignants ont été condamnés car ils avaient vendu des épreuves corrigées à des candidats aux examens. Des enseignants se font payer par les parents pour donner de bonnes notes aux élèves ou pour accepter leur enfant dans leur école ou dans leur classe, quand bien même les effectifs sont surchargés. Il y a aussi des enseignants qui détournent l’argent de la caisse des parents d’élèves. C’est dans la vie de tous les jours que nous détournons l’argent.

  1. La sexualité
La sexualité est une force que Dieu a mise en nous pour aimer, pas seulement dans notre corps mais d’abord dans notre esprit et dans notre cœur. Il s’agit de vivre sa sexualité dans l’amour, d’abord dans les relations amicales et ensuite dans le mariage, pour ceux qui se marient. Il est donc important pour les étudiants d’apprendre à vivre une véritable amitié mixte claire, d’apprendre à regarder les autres avec respect en reconnaissant dans l’autre un fils ou une fille de Dieu. Et donc nous conduire comme Jésus qui a respecté tous les hommes et toutes les femmes et les a tous aidés à sortir de leur péché et à grandir dans l’amour. Il y avait des femmes qui accompagnaient Jésus dans tous les villages, en même temps que les apôtres, dans une vraie amitié. Rappelons-nous le regard de Jésus sur la prostituée (Jean 8). Simon ne voyait en elle qu’une femme de péchés. Jésus voit en elle non une femme prostituée mais une femme qui cherche à aimer, une femme qui veut changer sa vie, même si elle n’est pas encore arrivée. Il voit plus le désir de son cœur que les mauvaises choses qu’elle a faites.
Pour vivre notre sexualité, la première des choses bien sûr, c’est d’éviter la pornographie que l’on retrouve même involontairement sur les médias. Et décider à l’avance lorsque nous tombons sur un de ces documents pornographiques d’arrêter aussitôt, et de ne pas les regarder. Il y a aussi pour les enseignants qui profitent de leur pouvoir, de leur autorité et de leurs relations continues dans les classes, pour faire des relations sexuelles avec des élèves. Cette semaine trois enseignants ont été condamnés à la prison parce qu’ils avaient enceinté neuf de leurs élèves dans un collège. Il faut être maître de soi, car il y a aussi des filles qui cherchent à faire des relations sexuelles avec leur professeur pour avoir de bonnes notes. Ou ensuite quand elles travaillent, pour avoir des avantages ou des promotions. Ce que l’on appelle la « promotion canapé ».

  1. Les mauvaises compagnies
Nous connaissons ce proverbe, ‘ ’dis-moi qui tu hantes, je te dirai qui tu es’’ . Sortir avec des mauvais amis, c’est le risque de se laisser entrainer à faire la même chose qu’eux. Il est important de savoir choisir nos relations, d’avoir de bons camarades et de bon amis. Bien sûr, certains d’entre nous cherchent à rencontrer des personnes qui se sont lancés dans la drogue, la prostitution, le libertinage ou la délinquance, non pas pour les suivre mais les aider à changer et à s’en sortir. Cela est possible mais à certaines conditions. D’abord être sérieusement motivé pour pouvoir rester sérieux et ne pas se laisser entrainer, ne pas agir par orgueil, mais dans l’humilité, en gardant en tête la difficulté de la chose. Deuxième chose, ne pas agir tout seul , mais être dans un groupe où on est soutenu et où on peut partager ce que l’on vit, faire le point des actions, les évaluer et éviter les erreurs. Et si c’est un groupe de prière pour vivre cet engagement dans la foi,

  1. La tentation du pouvoir
En tant qu’enseignant ou cadre supérieur, vous aurez un pouvoir. Il faut donc apprendre à bien le vivre et à bien exercer l’autorité que ce pouvoir donne. Le pouvoir c’est bon, cela permet de faire de bonnes choses lorsqu’on est décidé. Car il nous donne des moyens d’agir. La question est : comment exerces-tu ton pouvoir, et l’autorité que tu as reçue ? Nous avons parlé à ce sujet du mariage. Si Paul dit que l’homme est le chef de la famille, mais il ajoute de suite : » comme le Christ est le chef de l’Eglise : il a donné sa vie pour elle . » Il faut affirmer la phrase dans sa totalité. Si l’homme est le chef de famille, c’est pour donner sa vie, se mettre au service de sa femme, de ses enfants et de toute la famille et non pas pour se faire servir. Nous avons chanté le chant : «  garde nous tout petit devant ta face, garde nous petit devant nos frères » . De même si la femme est soumise o son mari, ce n’est pas par peur ou pour avoir des avantages : que son mari lui donne de l’argent ou des habits. Elle est soumise par amour comme l´Eglise se soumet au Christ, volontairement et librement. D´ailleurs, dans cette épitre aux Ephésiens 5, Paul commence par dire  : « soyez soumis les uns aux autres. » Jésus nous a dit très clairement (Jean 13,13) : ceux qui ont le pouvoir, les chefs et les rois de la société se font servir par les autres. Chez vous ce ne sera pas la même chose » . Et il a été jusqu´à laver les pieds de ses apôtres, avant de donner sa vie pour tous les hommes sur la croix (Paul explique que « Jésus n´a pas retenu égoïstement le pouvoir que l´égalait á Dieu. Mais il s´est abaissé, en devenant homme comme nous. Jusqu´a la mort, comme un esclave, pour nous sauver « ( Ph 2).

  1. La tentation du maraboutage
Il y a des gens qui vont marabouter leur camarade d’études ou de travail par jalousie ou par méchanceté, pour prendre leur place ou pour les envoyer le malheur. C´est le lieu de compétition par tous les moyens y compris la malédiction, le maraboutage et la sorcellerie. Pour nous Chrétien, face à tout cela, il s´agit d´augmenter notre foi et notre confiance en Jésus Christ, pour ne pas avoir peur . Nous sommes dans les mains de Dieu, «  même les cheveux de notre tête sont comptés  ». Jésus nous dit  : » Ne craignez pas ceux qui peuvent tuer le corps et ne peuvent pas tuer l´âme ». Si notre âme est solidement attachée à Jésus et fixée en Dieu, nous n’aurons pas peur du maraboutage et des mauvais esprits, ni des pratiques traditionnelles.
Mais la première chose c’est de refuser absolument d´utiliser ces moyens, contre les autres aussi bien que pour nous même. Nous voulons réussir notre vie, mais la solution n´est pas le maraboutage. C´est le travail comme le dit ce proverbe en Wolof, ‘ ’il ne suffit pas de prier Dieu, commence d´abord à cultiver ton champ : Yala, Yalla, bèyil sa tool’’. Cet autre proverbe dit : » Dieu est bon mais il ne donne rien à celui qui ne fait pas ses propres efforts. Si tu veux qu´on t´aide, il faut qu´on te trouve au travail. : Ndimbali, na ca fekk lôxol borom »

  1. La tentation de l´individualisme et la promotion personnelle
En tant qu´étudiant, il est important de vous former le mieux possible, et d´être le plus compétents possible. Pas pour écraser les autres, pour les dominer ou pour les humilier, mais au contraire pour les aider. Nous connaissons tous des étudiants qui refusent d´aider leur camarade, par peur que ceux-ci les dépassent et prennent leurs places. Nous voulons nous former le mieux possible, parce que c´est l´appel que Dieu nous a adressé. Nous connaissons la parabole des talents (Mat 25,14-30). Dieu dit : » Tu es heureux bon et fidèle serviteur, parce que tu as été fidèle dans les petites choses, tu as fait grandir les talents qui je t´ai donnés, je vais te donner une place encore plus grande. Entre dans la joie de ton maître ». Cette joie, il faut la partager avec les autres. Les qualités et, les responsabilités que nous recevons, c’est pour mieux servir nos frères et sœurs et mieux servir la société. Nous nous demandons : quel est le plus grand ? Celui qui méprise les autres parce qu´il est plus fort et qu’il les a dépassés ? Ou bien celui qui agit avec les autres, pour avancer tous ensemble ? Même si pour cela, il faut s´abaisser et avancer moins vite. Notre idéal, ce ne sont pas les joueurs de tennis qui jouent l´un contre l´autre, mais l´équipe de football où l´on joue ensemble en se faisant des passes. Jésus nous dit : «  ce que tu as reçu gratuitement donne le gratuitement ».

  1. La tentation de l´ethnocentrisme
Cela nous guette tous. C´est normal d’aider ses parents. C´est un des commandements de Dieu que Moise nous a donnés, et qui est commun à tous les hommes. Mais nous sommes guettés par la tentation d´aimer d´abord ceux qui parlent la même langue que nous. Et pour vous qui êtes appelés à avoir une situation importante dans la vie, il y a aussi la tentation de vous retrouver entre vous, de la même classe sociale . Nous connaissons tous des gens qui sont chefs d´entreprise ou qui ont des responsabilités dans la société, qui ont des moyens de vivre, et qui se retrouvent en ville dans les beaux quartiers entre eux. Ils ne pensent même pas à leurs parents qui sont restés au village et qui vivent dans des conditions misérables : le toit de leur maison coule, ils n´ont pas de quoi manger normalement et encore moins de quoi se soigner.
Nous aimons nos parents, c´est bien normal. Mais Jésus nous a fait entrer dans une autre famille, une famille ouverte à tous les hommes et à toutes les femmes, une famille beaucoup plus grande que notre famille humaine dans laquelle nous sommes nés  : l’Eglise, au service du Royaume de Dieu. Comme Jésus le disait lui-même, quand ses frères sont venus le chercher : «  Qui est mon frère, qui est ma mère, qui est ma sœur ? C’est celui qui fait la volonté de mon Père qui est aux cieux  ». Et la volonté de notre Père, c’est que nous aimions tout le monde, même nos ennemis. Il s’agit d’ouvrir notre cœur. D’abord dans l’Eglise, de l’ouvrir à tous nos frères et sœurs chrétiens quelle que soit leur langue, leur origine, leur niveau social. C’est pour cela qu’on a mis sur place les Communautés ecclésiales de Base  (CEB ou CCB) qui ressemblent sans faire de différence, tous les chrétiens du quartier, de tous les âges et de toutes les conditions. Catholique, cela veut dire universel et donc ouvert à tous. Mais il est aussi nécessaire d’ouvrir notre cœur à tous les hommes, à tous les citoyens de notre pays, spécialement à ceux qui ont le plus besoin, ceux qui ont la vie le plus difficile. Quand Jésus dit : mon frère, c’est celui qui fait la volonté de mon Père, Il ne parle pas des chrétiens mais de tous les hommes, quelle que soit leur religion, qui écoutent la voix du Seigneur dans leur cœur. Et aussi les non-croyants qui font le bien et cherchent la paix, parfois mieux que les chrétiens. Dieu est le père de tous. Jésus est mort pour tout le monde, sans distinction et l’Evangile est pour tous.
Mais parf ois nous tombons dans l’injustice. Par exemple quand nous donnons une place a quelqu’un de notre ethnie, même si nous savons qu’il est incompétent. Ou si nous refusons de donner une place à quelqu’un d’autre, même s’il en est capable. C’est la tentation du favoritisme. Ce danger nous guette dans toute la société et aussi dans l’Eglise . Certains chrétiens voudraient que la Caritas n’aide que les chrétiens, alors que c’est une organisation de l’Eglise pour tous les nécessiteux, quelle que soit leur religion. Il y a des intellectuels qui se croient supérieurs, simplement parce qu’ils parlent français (parfois très mal d’ailleurs). C’est vrai qu’ils ont fait des études et qu’ils ont des diplômes. Mais ils confondent intellectuel et intelligent. Il y a des Intellectuels qui ne sont pas intelligents. Et nous connaissons tous, des analphabètes, des gens qui n’ont pas eu la chance d’aller à l’école, mais qui sont des sages.
Ces dangers et tentations nous les retrouvons en politique, où nous donnons la place aux gens de notre parti. Et aussi dans les syndicats. C’est important quand on travaille d’entrer dans un syndicat, et les travailleurs ont le devoir de défendre leurs droits et de chercher une vie meilleure. Mais le danger est parfois de rechercher des avantages personnels ou du groupe syndical en question, et de demander des avantages parfois irraisonnables et exagérés : exiger des choses que la situation du pays ne permet pas de satisfaire. Et d’oublier les autres travailleurs moins favorisés, et surtout ceux qui n’ont pas de travail, ceux qui travaillent dans le secteur informel, et tous ceux qui n’ont pas les moyens de s’organiser et de se défendre.

  1. La tentation de se replier sur l’Eglise et la paroisse, et de se retrouver entre chrétiens
Bien sûr la paroisse et déjà la CEB, la communauté de quartier, a besoin de chrétiens engagés, par exemple dans le mouvement des CVAV pour l’éducation des enfants, la JEC ou le SCOUTISME pour l´éducation des jeunes et des élèves. Les associations des femmes catholiques sont nécessaires, et l´on peut regretter qu´il n´y ait pas d´association des hommes catholiques. C’est donc important d’être unis, de s´aider et de se soutenir, entre chrétiens. Mais Jésus nous demande de ne pas nous limiter aux chrétiens, en oubliant les autres. Il nous dit (Mzt 5,12-15) : » vous êtes le sel de la terre (pas seulement de la paroisse), vous êtes la lumière du monde » , pas seulement la lumière de l´Eglise. Au contraire le rôle et la responsabilité de l´Eglise c’est d´éclairer tous les hommes. Jésus nous dit (Marc 16,15): «  allez dans le monde entier, annoncer la bonne nouvelle de l’Evangile à toute la création  » : pas seulement à tous les hommes, mais à toute la création et donc aimer et respecter les plantes, les animaux, et protéger notre terre d’une manière responsable, en agissant avec tous les hommes sensibles à ce problème, et en conscientisant les autres. C’est le respect de l´environnement et de l´écologie, pour garder et rendre meilleure cette terre que Dieu nous a donnée. Jésus nous dit (Mt 13,33) : «  vous êtes la levure dans la pâte », (et non pas à côté).
Lorsqu´on parle d´engagement dans la société, souvent on pense à l´ engagement politique . C’est vrai qu´il est important que les chrétiens s´engagent dans la politique. En respectant des conditions pour cela. Il ne suffit pas de vouloir s´engager et d´être intéressé par cela, ni même être décidé à rester sérieux malgré les tentations. Il fait commencer pzr se former pour être compétent. Trop de gens se lancent dans la politique sans avoir les qualités pour cela. Il s’agit aussi d´être patient et commencer par s´engager á la base. C´est peu à peu quand on est formé et reconnu par les gens, que l´on peut monter. Il y a ensuite l´ engagement dans le milieu professionnel  : se former, être sérieux et prendre ses responsabilités dans son métier et sa profession.
Mais l´engagement dans la société , c´est d´abord d´être un bon citoyen. Tu ne peux pas être un bon chrétien, si tu es un mauvais citoyen. Cela suppose donc d´abord que tu aies une nouvelle carte d´identité de la CEDEAO. Et que tu ailles voter en réfléchissant sérieusement pour qui tu y vas voter. Cela veut dire surtout que tu sais vivre dans le quartier en créant des liens d´amitié avec tes voisins, en connaissant le chef de quartier et aussi l´imam, la marraine du quartier et tous ceux qui sont engagés, pour être prêt à les soutenir, et á participer aux actions qu´ils vont mener. Et nous engager nous-mêmes dans les associations et amicales du quartier : les ASC (Associations Socio-Culturelles) et les autres organisations de jeunes et d’adultes. Soutenir et participer aux actions des ONG, qui interviennent dans les différents domaines : Santé, développement, lancement de petits projets, l´alphabétisation… sans oublier les boutiques de droit et les maisons de justice. Etre citoyen c´est aussi soutenir et chercher à mettre en pratique les bonnes décisions du gouvernemen t, qui sont souvent détournées ou qui restent en état de déclarations et de vœux pieux sans être réalisés : la couverture médicale universelle (pour la santé de tous), le plan CESAME (pour les personnes âgées), la carte d´égalité des chances (pour les handicapés), les soins gratuits des enfants de 0 à 5ans, les césariennes gratuites, les bourses familiales (pour les familles nécessiteuses). Vous pouvez me demander des documents á ce propos. Nous savons que tout cela n´est pas totalement mis en pratique, ou bien est détournés au profit de certains. C’est une raison supplémentaire de nous engager dans ces différents domaines, au lieu de rester assis…ou de critiquer sans rien faire !

2° PARTIE : comment lutter contre ces tentations
  • L´amour de Dieu et l´amour de nos frères
Dans toute cela, il s´agit d´être positif, Il ne suffit pas de résister aux tentations et de garder les commandements de Dieu, mais de faire le bien, et d´aimer le mieux possible, d´aimer comme Jésus nous a aimés, grâce à Jésus et avec lui comme nous le disons à la messe, ‘’par lui, avec lui et en lui’’.
Dans ce domaine de l´amour qui est la première condition, il ne faut pas seulement se limiter á l’aumône. Bien sûr, il est important d´aider les gens, mais pas seulement dans leurs besoins matériels. Egalement dans leurs besoins de l´esprit et du cœur, et les besoins spirituels de la foi. En tant que futurs enseignants et futur cadres, nous avons la responsabilité, pas seulement d’aider les gens au niveau matériel, par l´argent que nous allons gagner, mais aussi de les former, de les faire grandir dans leur esprit et dans leurs connaissances.
Il ne s´agit pas de donner des choses, mais de nous donner nous-mêmes . Comme Jésus, il s’agit de donner notre vie. Non pas attendre le jour de la mort, mais aider les gens chaque jour de notre vie dans les petites choses ordinaires.
Il s’agit eu priorité d’aider les pauvres pas seulement en leur donnant des habits, de la nourriture et de l’argent mais beaucoup plus en leur apportant une formation et en leur donnant des moyens de travailler, pour qu’ils puissent travailler et s’en sortir par eux-mêmes. C’est cela leur dignité. Sinon nous faisons des gens des assistés perpétuels et des mendiants. Nous avons pris l’exemple de la Caritas et du PARI (Programme d’Acceuil pour les Réfugiés et les Immigrés) ou l’on ne donne pas aux migrants de l’argent, mais on voit avec eux qu’est-ce qu’ils peuvent faire pour choisir un projet économique. Ensuite on leur apporte la formation et les moyens nécessaires. La première chose c’est toujours d’accueillir avec respect, et d’écouter les pauvres et les nécessiteux. Le Pape François l´a dit avec force à la FAO : » plus encore que d’aide matérielle, les pauvres ont besoin de dignité et de respect » . Ecouter les pauvres, cela veut dire, écouter ce qu’ils veulent faire. Car ceux qui connaissent le mieux la pauvreté et donc les moyens adaptés pour s´en sortir, ce sont les pauvres, parce que ce sont eux qui vivent dans la pauvreté. Trop souvent nous voulons aider les pauvres, mais avec nos idées à nous, à notre manière, en venant proposer notre solution sans les écouter. Cette écoute sera très importante lorsque nous aurons des responsabilités dans la société. Le gouvernement veut faire beaucoup de choses. Il lance des projets pour les jeunes, pour l’emploi des jeunes du monde rural ; pour le soutien aux femmes et jeunes filles. C’est très important. Mais trop souvent, ces projets sont mis en place par des techniciens dans les bureaux, sans que la population soit écoutée, encore moins responsabilisée. Alors ça ne marche pas. Notre devoir c’est de soutenir les pauvres dans leurs projets et non pas dans ce que nous avons décidé à leur place.
Il s’agit d’aller vers les plus pauvres . Depuis 2012, les Nations Unies ont adapté les « principes directeurs sur l’extrême pauvreté et les droits des hommes ». Ces principes ont été signés par le Sénégal, mais on doit bien reconnaitre qu’ils ne sont pas mis en pratique, même pas dans notre Eglise. En effet, par exemple à la Caritas, nous aidons vraiment les pauvres et les nécessiteux. Mais nous ne rejoignons pas le plus pauvres, » les plus fatigués », ceux que vivent dans l’extrême pauvreté. Car ces personnes ont été tellement écrasées et humiliées, qu’elles sont découragées et n’ont plus confiance en elles-mêmes. Elles n’ont plus le courage d’aller demander de l’aide à la Caritas ou à la Mairie, ni même de se présenter au dispensaire quand elles sont malades, parce qu’elles ont été trop souvent rejetées. Ces personnes n’enverront jamais leurs enfants à l’école, car elles n’ont pas les moyens d’acheter les tenues et les fournitures. Mais d’abord parce que leurs enfants doivent se débrouiller pour manger, car leurs parent n’ont pas les moyens de les nourrir. Ce sont ces personnes que nous devons rejoindre en premier
Le Seigneur ne nous demande pas de faire des choses extraordinaires, mais simplement d’aimer dans les petites choses de notre vie de tous les jours. Nous avons médité à ce sujet l’évangile de la fin du monde (Mt 25, 32-45). Jésus nous demandera simplement : » j’avais faim, j’étais nu, j’avais soif, j’étais étranger, j’étais en prison, j’étais malade, qu’est-ce que tu as fait pour moi  ? » Mais bien sûr il faut comprendre toute la dimension de ce texte, Il ne suffit pas de partager un jour notre plat de riz avec quelqu’un qui a faim, il s’agit de mettre en place des projets de développement, pour lutter contre la famine, pour permettre à tous les gens de cultiver et de gagner leur nourriture par eux-mêmes. Il ne s’agit pas seulement de visiter les malades, pour les encourager et leur famille avec eux. C’est important, mais il s’agit de mettre en place un meilleur système de santé pour tous. C’est pour cela que nous avons parlé de la CMU, Couverture Médicale Universelle. Il ne suffira pas de donner un bic ou un cahier à un élève, mais de nous engager le mieux possible pour un véritable enseignement de qualité. Et non pas nous contenter de discours et de grands mots comme ‘’école émergente’’. Qu’est-ce que cela veut dire concrètement ?
La charité est inséparable de la justice . C’est pour cela que dans l’Eglise, à côté de la Caritas, il y a les commissions de justice, paix et respect de la Création. C’est de cette façon-là que Jésus définissait sa mission dans la synagogue, la maison de prière de Nazareth, son village (Luc 4, 16-21) : «  L’Esprit de Dieu repose sur moi ; il m’a envoyé annoncer la bonne nouvelle de l’Evangile aux pauvres, relever ceux qui sont écrasés, libérer les prisonniers, rendre la vue aux aveugles, et annoncer une année de grâce de la part du Seigneur » . Il s’agit de donc de relever tous ceux qui sont écrasés, découragés, humiliés, opprimés, rejetés autour de nous de toutes les manières. Ils sont tellement nombreux !
Il s’agit de libérer tous les prisonniers. Pas seulement ceux qui sont enfermés dans les prisons, pas seulement aider leurs familles qui sont dans le besoin, mais aussi de libérer ceux qui sont prisonniers du péché et les mauvaises habitudes : libérer nos frères et sœurs de la drogue, de la prostitution, de la sexualité mal vécue, de l’amour de l’argent, de l’égoïsme, de tout ce qui nous enferme, et de toutes ces tentations dont nous venons de parler. Pour pouvoir vivre tous ensemble une année de grâce, dans un pays de justice et de paix.

Les moyens pour cela
Le premier moyen, c’est pour nous la prière  : écouter le Saint Esprit dans notre cœur, et partager ensemble la parole de Dieu qui nous éclaire et nous montre le chemin.
Deuxièmement, participer à la vie de l’Eglise, nous retrouver entre chrétiens. Normalement, tout chrétien doit faire partie de sa CEB, la communauté chrétienne de son quartier.
Ensuite, les sacrements. L e sacrement de la réconciliation,quand nous sommes tombés dans les mauvais comportements et les mauvaises habitudes, pour nous libérer de tout péché et de tout mal. L’assistance à la messe, le sacrifice de Jésus qui nous sauve, et recevoir la communion qui nous remplis de l’amour de Jésus Christ. Le mariage, le sacrement pour nous rend saints et aimants, mari et femme, et nous aide à éduquer nos enfants dans la foi.
Il s’agira aussi de prendre les moyens humains , en particulier de vivre les valeurs traditionnelles que les anciens nous ont enseignées. Non pas en leur copiant matériellement, mais en cherchant à les vivre d’une manière moderne et réelle dans le monde actuel.
Il s’agira pour nous d’ aider les autres à résister aux tentations et à vivre vrai : nous sommes responsables les uns des autres. Dieu nous demandera, comme il a demandé à Caïn : » qu’as-tu fais de ton frère ? » : les aider, les soutenir et les former.
L’évangélisation et le Royaume de Dieu
C’est là que nous trouvons la place de l’évangélisation. E n nous rappelant qu’évangéliser ce n’est pas seulement baptiser, Saint Paul disait (1° Cor 1,17) « le Christ ne m’a pas choisi pour baptiser mais pour évangéliser ». Evangéliser, c’est aider tous les hommes, quelle que soit leur religion, à vivre les valeurs de l’évangile, à vivre à la manière de Jésus Christ. Il s’agit donc d’abord d’évangéliser toute notre vie, et pas seulement les pratiques religieuses. Evangéliser, ce n’est pas une question de parole, c’est une question d’engagement et de témoignage. Il ne s’agit pas de discuter pour savoir quelle est la vraie religion. Cela ne peut que nous conduire qu’à des disputes et à des incompréhensions. Paul VI disait :  » les hommes n’ont pas besoin des maîtres, ils ont besoin des témoins et lorsqu’ils écoutent les maîtres c’est parce qu’ils sont en même temps des témoins ».
Il ne s’agit pas de parler sans arrêt de Jésus Christ mais de vivre l’Evangile. Si nous vivons en chrétiens, si nous sommes heureux et si nous avons la paix, les autres nous rejoindront, et ils vivront comme nous. Car eux aussi veulent être heureux, eux aussi ils cherchent la paix. S’ils sont d’une autre religion, ils ne viendront pas prier les dimanches dans nos églises, ils ne se feront pas baptiser, mais ils vivront à la manière de l’évangile. Ils mettront en pratique ce que Jésus demande aux hommes. Ils écouteront la voix de Dieu dans leur cœur. Ils ne seront pas baptisés, mais ils seront évangélisés. Ils ne seront pas dans l’Eglise, mais ils seront dans le Royaume de Dieu . Paul nous dit (Rom 14,17) : » Le Royaume de Dieu est justice, paix et joie dans l’Esprit Saint » Le Royaume de Dieu, c’est à chaque fois qu’il y a la justice et la paix, l’amour, le pardon et la réconciliation, comme nous le rappelle la préface de Christ-Roi. Le Christ est le roi de tous, pas seulement des chrétiens. Il s’agit de nous engager et d’agir pour le bien de la société, en agissant tous ensemble avec les personnes des autres religions. Nous nous soutenons et nous nous entrainons à faire le bien, nous aidons chacun à mieux vivre. Et quand il y a de l’amitié peu à peu, nous sommes amenés à partager nos convictions, à nous expliquer les uns les autres les raisons pour lesquelles nous agissons de cette manière, et pourquoi nous cherchons à faire le bien. C’est à ce moment-là que le partage spirituel peut se vivre, et une véritable évangélisation. Il n’y a pas d’évangélisation sans amitié, et sans action commune. Quand Jésus envoie ses 12 apôtres puis ses 70 disciples (Luc 9 et 10), il leur dit : » Ne passez pas de maison en maison. Si vous rencontrez une maison où il y a la paix, demeurez dans cette maison  ». Il n’y a pas d’évangélisation sans amitié. Au contraire si nous sommes amis, à ce moment-là nous pouvons partager les raisons qui nous font vivre, et parler de notre foi. Il n’y a pas d’évangélisation sans action. Jésus nous dit, allez partager la vie des pauvres : » n’emportez ni sac ni argent ni nourriture, l’ouvrier mérite son salaire  «. Il nous dit en même temps : » guérissez les malades ». Nous avons médité le texte de Paul sur le fruit de l’Esprit (Gal 5,22-25)

La vie et les paroles du Pape François .
Nous avons la chance d’avoir un tel Pape. Dans tous ses écrits, à chaque fois il nous demande la joie. C’est cela la base de notre engagement pour l’évangélisation. C’est cela qui nous permettra de résister aux tentations : la joie du Saint Esprit dans toute notre vie  : la joie de l’amour, la joie de la famille, la joie de l’évangélisation, la joie de la sainteté, la joie de la création (Laudato si...)
Nous avons rappelé l’engagement du Pape François pour le respect de la création, pour les pauvres, pour les migrants et pour ceux qui vivent dans les souffrances et dans le besoin. Nous avons médité ses paroles « Allez dans les périphéries (vers ceux qui sont loin, rejetés et oubliés), luttez contre la société du déchet (où on traite les personnes qui ne sont pas « rentables et opérationnelles » comme des ordures),, construisez des ponts et non pas des murs, que l’Eglise soit un hôpital de campagne, sur le terrain pour soigner tous les blessés de la vie dans leurs cœur et dans leur corps etc... (Vous pouvez me demander des documents sur ces questions et sur la nouvelle évangélisation).
Bon courage et bonne chance pour résister aux tentations, dans votre vie professionnelle et dans toute votre vie !
Père Armel Duteil




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