LA
VIOLENCE
Lutter
contre la violence à notre niveau
Une
société sans violence ne descend pas du ciel. Elle se
construit dans la vie de tous les jours et elle demande la
participation de tous. Pour nous, bien sûr, en s’appuyant
sur la Parole de Dieu, comme nous l’avons expliqué plus
haut. Il y a de nombreuses paroles que nous pouvons partager avec
ceux qui nous entourent, en particulier les musulmans. Par exemple
déjà dans l’Ancienne Alliance, Moïse
disait : « Tu ne feras pas souffrir la veuve et
l’orphelin, l’esclave et l’étranger ».
Ces paroles s’adressent à tous les croyants. Nos frères
et sœurs musulmans connaissent Moïse autant que nous. Et
Moïse ajoutait : « Tu as été
toi-même esclave et étranger en Egypte. Tu aimeras ton
prochain comme toi-même ».
Il
s’agit donc de regarder chaque personne avec un regard d’amitié
et d’amour comme Jésus a regardé les personnes en
voyant leurs souffrances et surtout en comprenant la souffrance de
leur cœur qu’ils ne pouvaient même pas exprimer
mais en les laissant libres comme il a laissé le jeune homme
riche partir, librement, sans lui faire des reproches, alors qu’Il
l’avait regardé avec beaucoup d’amour, comme il
n’a pas fait violence à Pierre quand il a sorti son
épée contre le serviteur ou quand il se préparait
à le renier. Il lui a parlé calmement pour le faire
prendre conscience de sa situation. Dans tout cela, il suffit de voir
le positif dans les personnes qui nous entourent. Lorsque Jean a
voulu empêcher quelqu’un de chasser les démons
parce qu’il n’était pas de leur groupe des
apôtres, Jésus lui a dit : « Qui
n’est pas contre nous est avec nous ».
Voilà l’attitude qui peut construire la paix et qui peux
dépasser la violence. Trop souvent nous voyons les défauts,
les mauvaises choses qu’ils font et nous leur faisons des
reproches au lieu de voir les belles choses, leurs qualités,
de les encourager, de les féliciter. C’est pour tout
cela qui peut supprimer la violence autour de nous.
Dans
la famille :
Pour dépasser la violence dans le couple mais
également entre parents et enfants, il y a ce qu’on
appelle le devoir de s’asseoir. S’asseoir au moins une
fois par mois, commencer par prier, établir un climat de paix,
laisser les distractions, la radio et les autres agitations et
ensuite chacun parle à l’autre, non pas pour lui faire
des reproches, pour lui dire ce qui ne va pas mais au contraire, lui
dire ce qu’il voit de bien en lui et ensuite lui demander :
qu’est-ce que tu as à me dire ? Et alors je
l’écoute sans chercher à me défendre, sans
répondre mais en laissant les paroles de l’autre entrer
dans mon cœur pour que je puisse comprendre son point de vue et
sa souffrance. Et à son tour l’autre fera la même
chose. Et également les enfants avec leurs parents car les
enfants ont eux aussi des choses à nous dire et peuvent nous
dire à dépasser la violence. Il est très
important aussi de parler avec les enfants par rapport à ce
qu’ils voient à la télévision, pour les
éduquer à la paix, mais d’abord les éduquer
dans la paix. Bien sûr il faut éduquer les enfants,
quand ils font le mal il faut les punir mais les punir et non pas les
frapper. Il y a plusieurs façons de punir sans frapper.
D’abord me faire réparer ce qu’on m’a cassé,
le mal qu’on a fait. C’est cela qui est positif et qui
fait grandir. Eduquer nos enfants pour qu’ils vivent en paix
avec les autres. A l’école il y a trop d’insultes,
trop de bagarres, trop de moqueries pour ceux qui ne travaillent pas
bien, qui ont des mauvaises notes, trop d’insultes et de mépris
pour les enfants plus pauvres et qui sont moins bien habillés
ou qu’ils n’ont pas les mêmes moyens. C’est
tout cela qui entraîne la violence. Et aussi les disputes entre
frères et sœurs qu’il faut leur apprendre à
gérer. Les disputes sont inévitables mais ce qu’il
faut c’est s’en sortir.
A
l’école :
Dans certaines écoles on a formé des
élèves pour qu’ils soient, non pas les
conseillers mais les réconciliateurs de leurs camarades. Il
faudrait revoir l’éducation civique pour qu’ils
soient, non seulement en apprentissage des droits humains mais que
l’on aide les enfants à le mettre en pratique et pas
seulement à réclamer leurs droits mais d’abord à
faire leurs devoirs et à respecter les droits des autres avant
de chercher ses propres droits. Il faudrait une véritable
éducation à la paix, une véritable éducation
civique, pas seulement une instruction qui se contente de donner des
conseils de politesse. Pour les adultes, il est possible de créer
un climat de paix là où l’on travaille, apaiser
les gens, apprendre à se parler calmement en commençant
par le faire soi-même. Bien sûr, il est tout à
fait normal et même nécessaire de lutter contre les
injustices sinon c’est obligé que les gens se révoltent
violemment. Mais justement, chercher la justice ne peut se faire que
dans la paix et non pas dans la violence. Cela est vrai aussi bien au
niveau personnel qu’au niveau international, à la
dictature en Irak ou en Lybie, au problème en Syrie on a
répondu par la violence et l’on voit que cela n’a
fait qu’augmenter celle-ci et entraîner la guerre car la
violence appelle la violence et il y a de plus en plus de morts sans
aucune solution. Et la première chose au niveau personnel,
c’est certainement de bien faire son travail pour arriver à
travailler en paix et sans violence. Cela transforme toute la vie. Il
faut savoir que ce sera difficile d’être un homme ou une
femme de paix, poser des questions aux autres ça les
interpelle et souvent au lieu de changer, ils se sentent accusés
ils veulent se venger. Il est remarquable que tous ceux qui ont agi
pour la non-violence, Martin Luther King, Gandhi, le frère
Roger de Taizé et aussi Jésus Christ, des hommes de
paix, ont été tué avec violence. Avant de se
révolter contre les autres, il est important de voir ses
propres torts et de vouloir changer soi-même avant de changer
les autres. Un proverbe bambara dit : quand tu pointes du doigt
quelqu’un, n’oublie pas que tu as trois doigts tournés
contre toi. A côté de l’éducation à
la paix, il y a aussi la pratique de la réconciliation. Jésus
Christ nous a non seulement demandé cette réconciliation :
si tu présentes ton offrande à l’autel, va
d’abord te réconcilier avec ton frère. Mais il
nous a donné aussi le moyen d’arriver à cette
réconciliation : si ton frère a quelque chose
contre toi, toi tu n’as rien contre lui, va le trouver seul à
seul. S’il n’écoute pas, va lui parler avec deux
ou trois personnes. Dans nos CEB nous avons ces personnes, les sages,
les conseillers. Jésus continue (Matthieu 18) : « S’il
ne veut pas les écouter, alors dis-le à la
communauté ». Le travail de
la CEB n’est pas seulement d’organiser des prières
mais d’éduquer à la paix, de régler les
problèmes, de réconcilier les gens et de lutter contre
les causes de violences dans les quartiers. Pour lutter contre la
violence, il faut avancer par étapes. D’abord prendre
conscience de l’existence de cette violence dans la vie de tous
les jours. Ensuite nous motiver pour vouloir vraiment la paix et la
réconciliation. Commencer par nous convertir nous-mêmes
et refuser d’utiliser la violence, offrir une éducation
autour de nous, là où nous vivons, d’abord à
ceux qui l’accepteront car tous ne le feront pas. Et enfin pour
cela nous appuyer sur la prière et sur la Parole de Dieu. Cela
veut dire écouter l’Esprit Saint. Ne pas seulement
réciter des prières mais nous mettre en paix devant
Dieu, nous tenir en silence, méditer la Parole de Dieu et
accueillir les idées que le Seigneur nous adressera.
Nous
avons vécu l’Année de la Miséricorde, il
est important que nous continuions à la mettre en pratique
chaque jour, à tous les niveaux. Lorsque l’autre me fait
souffrir, non pas lui faire des reproches mais lui dire ma
souffrance : tu vois, voilà ce qui me fait souffrir, je
suis triste à cause de cela, je souffre, et à ce
moment-là l’autre pourra comprendre mon problème
et essayer de changer. Mais si je lui fais des reproches, sa réaction
naturelle sera de me répondre et de m’attaquer. C’est
vrai que la violence est la dernière étape pour ceux
qui sont traités injustement. Mais elle est aussi parfois
utilisée par ceux qui sont en paix mais qui ont le pouvoir et
qui veulent utiliser celui-là pour leur avantage personnel.