Forum missionnaire 2011.   

Dimanche 12 juin 2011

Une dernière conviction arrivée trop tard hier soir pour vous l’envoyer :

  • Passer les frontières et oser rencontrer des hommes et des femmes différents, nous confronte, au nom même de notre foi et comme disciples de Jésus, à découvrir et respecter les croyants d’autres traditions religieuses. Au-delà des préjugés, des peurs et de la difficulté à comprendre ces dynamiques autres, nous apprenons à y lire une manière dont Dieu révèle son mystère et éclaire nos vies.

Nous nous retrouvons à 9 h 00 dans la grande salle pour les conclusions du Forum :

  • Des impressions sur le travail des ateliers de la veille

  • Le mot final du Provincial.

Des impressions sur le travail en atelier

René You, Spiritain en Algérie depuis 40 ans :

Dans le groupe « Spiritains, passeurs de Frontière, le Père Yves Mathieu terminait son exposé quand je suis passé les visiter. Dans l’échange qui a suivi, plusieurs participants ont retenu la priorité de l’éducation comme une nécessité absolue. Quelques phrases entendues dans cet échange : « il faut donner priorité à l’éducation – L’Afrique a besoin d’Africains bien formés et qui retourneront chez eux – Avoir le désir de rendre l’homme autonome – Aidez-nous à être ce que nous sommes ! ».

Dans le groupe « Solidarité et développement », je dois marquer mon étonnement du petit nombre de participants à cet atelier. Ils n’étaient que 12 ! Je ne peux mettre en cause la qualification du présentateur. Mais ne serait-ce pas plutôt une diminution d’intérêt pour la solidarité et le développement aujourd’hui. Du côté de la solidarité, il semblerait qu’il y ait une nouvelle insistance. Quelqu’un a dit : « Il faut vivre au même niveau que les gens et le meilleur moyen de le faire est de parler leur langue ». Une façon d’exprimer la nécessité de l’inculturation, une inculturation assez longue. Jésus-Christ a vécu 30 ans d’inculturation, 3 ans d’évangélisation et 3 jours de sacramentalisation. Paul VI disait : « le développement est le nouveau nom de la charité ». Un membre du groupe a dit : « Le partenariat est un autre nom de la charité ». Enfin, il me faut citer cette affirmation : « Ce qui est encourageant, c’est que les jeunes s’engagent. Puissent-ils s’engager à nous aider à franchir des frontières, à les faire sauter pour vivre pleinement la solidarité entre les peuples. »

Kerstin Giner, mère de famille de Valence

J’ai pu visiter tous les ateliers, au moins une fois. Cela veut dire que mon compte rendu sera plus transversal, sans nécessairement citer tel ou tel atelier. C’est un immense privilège et une très grande richesse de pouvoir entendre et voir tant de choses.

Tout d’abord une constatation : les témoignages sont presque tous donnés par des adultes, voire très adultes. Les questions / interrogations par les jeunes. En voici deux exemples que j’ai vécus comme des cris : « Sommes-nous surs d’utiliser les bonnes méthodes ? » - « Faisons-nous ce qu’il faut ? »

Déjà là, nous sommes devant un défi. Comment mieux écouter les jeunes ? Ils nous bousculent, ils nous dérangent…Mais ils savent encore s’enthousiasmer. Et ils y croient. Alors, sachons les écouter et leur donner de la place.

Autre évidence : L’importance de la langue. Apprendre à parler avant autre chose. Cela m’a fait d’autant plus plaisir que moi aussi je suis une immigrée.

S’il y a sujet pour lequel on peut se réjouir suite à une information donnée, il y a aussi beaucoup d’impatience et de frustrations parce que, à nos yeux, cela ne va pas assez vite. On pourrait même ressentir du découragement.

Nous voyons ici que – malgré l’exemple de notre Seigneur Jésus Christ, nous sommes des chrétiens du XXIe siècle.

Que nous soyons avec, ou en résistance, nous avons appris qu’en un seul clic, nous pouvons avoir toutes les informations désirées. Nous sommes donc de plus en plus impatients et nous avons de plus en plus de mal à attendre patiemment les résultats de nos efforts.

D’où l’importance de la Charité. Charité qui a été décliné sous tous ses synonymes dans tous les ateliers. Qui ne s’est jamais senti comme « un cymbale qui résonne » ?...

Pour parler d’abord des difficultés, en plus du temps et de la langue, j’ai entendu à plusieurs reprises parler de nos difficultés de notre mettre au même niveau que l’autre. Que ces difficultés soient culturelles, sociales ou tout simplement liées à l’opinion que nous avons de nous-mêmes !

Une rencontre n’est possible que si je prends le premier pas. Mais aller vers l’autre comporte un risque ! Dans la rencontre, quelle place donnons-nous à l’autre dans nos systèmes si bien organisés ? A l’Eglise/église ?

Passons maintenant à des sujets de joie, et/ ou de reconnaissance.

Dans l’Eglise, institution ou peuple des baptisés, nous avons un rôle à jouer. Le royaume de Dieu est pour tous les hommes. Bien sûr nous le savons mais cela fait tellement bien de nous le rappeler. C’est le « marcher avec » qui va changer notre regard. Marcher avec égal pédagogie. La pédagogie du Christ qui sait voir la vraie valeur en chaque homme / chaque femme. A nous d’accepter la rencontre dans le quotidien. Le quotidien qui peut faire accepter à l’autre d’être emmené ailleurs. Vers une rencontre spirituelle ? Je ne sais si le mot existe en français mais permettez-moi de vous faire une néologisme : être dérangeables, dérangeables pour les autres.

Nous nous savons fragiles mais, comme je l’ai appris dans mon enfance, si nous nous sentons nuls (O) mettons le Christ devant (I) et nous serons 10 ! Le Christ lui-même a dit « Sans moi vous ne pouvez rien faire ».

Tout ceci nous mène droit à la conclusion de tous les ateliers : L’importance du travail en équipe. Nous pouvons être bardés de diplômes et de savoir-faire, même d’une licence en théologie…Mais sans les autres nous n’allons pas arriver. Si nous devons abattre des murailles, franchir des frontières…il est bon de savoir que nous ne sommes pas seuls !

Pierre Diarra, père de famille

Quelques impressions de mon passage dans les ateliers :

L’Esprit nous a fait prendre conscience de nos limites, du chemin à parcourir pour comprendre l’autre, écouter et entendre l’autre.

Etre de passage. L’étranger, c’est celui qui est de passage, toujours tendu vers l’ailleurs d’où il vient. Quand il revient, on l’accueille avec charité, comme l’étranger de passage.

Le dialogue aide à faire grandir notre humanité. C’est un des aspects les plus attirants aujourd’hui. Mais peut-être au détriment des autres éléments de la mission. Risque de réduire le dialogue au niveau chrétiens/musulmans.

Dans le dialogue, l’autre est souvent là mais nous ne le voyons pas toujours. L’autre est déjà catalogué. Il peut être défini comme un concurrent, un colonisateur. Il faut éviter de bouffer l’autre. Comment ne pas passer sa vie à bouffer l’autre ou à être bouffé par l’autre. Il faut faire un apprentissage de la rencontre. Apprendre à vivre avec les autres. Apprendre à passer des frontières. Comment construire le monde avec tous les autres.

Dans l’atelier immigration ici et là-bas, il a été souligné que l’accueil de l’étranger est un défi pour nous tous. Avec la question, ne sommes-nous pas faits à l‘image de Dieu et à sa ressemblance, ne sommes-nous pas tous étrangers ici sur la terre… des paroles qui aident à dépasser les préjugés. Comment construire le monde pour qu’il soit habitable pour tous les hommes. Comment tendre vers l’estime de l’autre, accueillir l’étranger comme un don de Dieu Comment sortir de nous-mêmes et vivre la rencontre comme une altérité nécessaire.

Un pays qui se développe lui-même est un pays qui se soucie de sa jeunesse. Comment faire pour que l’Esprit soit accueilli par tous. Quel drame pour un pays si le seul projet de sa jeunesse est d’aller en Europe. Il a été dit que nous nous préoccupons plus de la beauté de nos liturgies que de la croissance du Royaume pour un monde plus juste : défendre le bien commun. Comment effectuer des passages. Encourager la manière d’avancer. On a dit qu’il faut casser les frontières. Opter pour le métissage pour que l’étranger ne soit plus celui qui fait peur, le bouc émissaire. Nos frontières ne sont pas limitées à l’espace et au temps. Le renvoi à Mt 25 est important. Passer les frontières, c’est peut-être quitter les villes, les lieux où on est en sécurité et aller vers les autres. La frontière, c’est le lieu où on prend de la hauteur, ou on voit au moins 2 pays.

Conclusion du Provincial

Tous ont mis leur cœur à ce forum. Après cette opération à cœur ouvert, on peut aller plus loin. Le jour de Pentecôte, c’est celui où on peut répandre l’Esprit qui nous a été donné. Il y aura maintenant un engagement de tous là où il est. En 2013, un autre forum sera organisé et on invite chacun à revenir et revenir avec un ami. Remerciement au comité de pilotage, Claude Drui et ses compagnons. Toutes les petites mains, ceux qui ont rendu service. Merci aux intervenants, aux animateurs des ateliers, aux témoins, aux acteurs des veillées, aux 3 observateurs… Et nous tous qui avons participé au Forum, nous allons célébrer le Seigneur dans l’Eucharistie de ce jour de fête. Que l’Esprit fasse de nous tous des missionnaires.

Messe et célébration d’envoi dans la grande chapelle

Nous nous retrouvons tous dans la grande chapelle pour la Messe de la Pentecôte présidée par le Père Gilles Pagès. Les participants du Forum, beaucoup de membres de la communauté des Anciens, des amis, familles et paroissiens de Chevilly nous ont rejoints. Xavier Lepin et une équipe de musiciens ont animé notre célébration au cours de laquelle ont été lues les 8 convictions, fruits de nos travaux en atelier. Nus vous enverrons ce soir une 5ème lettre avec l’homélie du Provincial.

Merci à vous tous d’avoir participé de loin à ce Forum

en lisant ces lettres et en vous unissant à notre prière.

Evarist et Jean-Claude

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Jean-Claude JAQUARD
30 rue Lhomond
75005 - PARIS
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