Forum missionnaire 2011.   

Homélie du Père Gilles Pagès pour la clôture du Forum missionnaire dans la grande chapelle de Chevilly



Venir. Demeurer. Partir.

Venir. Au commencement était le Verbe. Et le Verbe s’est fait chair. Il est venu chez lui. J’entends raisonner dans cet Evangile de Pentecôte, cet autre page du même Evangile, au tout début : le Verbe qui est venu parmi les siens. Aujourd’hui, Jésus vient parmi ses disciples. Au commencement, il y avait les ténèbres. Mais les ténèbres n’ont pu saisir la Lumière. Au soir du premier jour de la semaine, après la mort de Jésus, il y a les portes verrouillées, la peur et l’enfermement. Autres ténèbres. Mais la peur a laissé place à la joie. Désormais la peur ne peut retenir la joie prisonnière. Venir. La joie est venue. Elle est venue en ce monde pour que le monde croie.

Demeurer. Au commencement était le Verbe. Et le Verbe à campé parmi nous. Lumière qui écarte les ténèbres. C’est désormais le jour de Dieu. Aujourd’hui, Jésus vient et il est là au milieu de ses disciples, présent dans le lieu où ils sont réunis. Joie qui écarte la tristesse. C’est désormais la joie de Dieu. Jésus est là au milieu de ses amis. Homme parmi les hommes avec ses mains et son côté, ses blessures et son amour. Mais Christ ressuscité qui tient sa gloire du Père : Dieu parmi les siens. Dieu avec nous. Il répand son souffle et c’est désormais ainsi qu’il habitera chez nous. Ce souffle de vie sera sa présence en nous. Demeurer. Il demeure en nous pour que le monde croie.

Partir. Nul n’a jamais vu Dieu mais le Fils Unique, l’Envoyé du Père, lui, nous l’a fait connaître. En ce jour de Pentecôte Jésus dit de nouveau à ses amis : « comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie ». A tous ceux qui l’ont accueilli, il a donné pouvoir de devenir enfants de Dieu. Aujourd’hui, à tous ceux qui l’accueillent il donne le pouvoir de remettre les péchés et de faire de toute personne de bonne volonté une personne sauvée et pardonnée, un enfant de Dieu. Désormais il s’agit de partir proclamer, chacun dans sa langue, les merveilles de Dieu. Partir annoncer au monde la Bonne Nouvelle pour que le monde croie.

Venir, demeurer, partir. Ce qu’il advint avec Jésus qui est venu en ce monde, qui a demeuré parmi les siens, lui l’Envoyé du Père, ne cesse désormais d’advenir avec l’Esprit. L’Esprit vient aujourd’hui en chacun de nous. Il habite en nous. Forts de sa présence, il nous envoie partager avec tous ceux que nous rencontrerons, cette joie qui ne finit pas. Venir rencontrer, prendre le temps de partager, repartir annoncer. Voici le commencement. Au commencement, il y a l’Esprit.

Venir. Nous sommes venus à Chevilly, avec nos encombrements, nos mondes clos, enfermés dans nos nuits et nos peurs, tournant en rond dans l’espace de nos frontières. Mais nous sommes aussi venus avec la richesse de notre histoire et l’inépuisable de notre bonne volonté. Sinon, nous ne serions pas venus. Surtout, nous sommes venus parce qu’un jour le Christ est venu en ce monde et parce qu’il ne cesse de venir si nous laissons venir en nous son Esprit. C’est lui qui vient. Nous ne faisons que venir le rencontrer.

Demeurer. Nous avons pris le temps, ces trois jours durant, de rester ensemble, d’apprendre à mieux nous connaître, d’échanger sur ce que nous vivons, sur ce que nous voulons, sur ce que nous espérons. Nous l’avons fait dans l’effort de la rencontre qui est toujours source de joie. Tous différents, jeunes et vieux, consacrés, engagés ou interrogés, marqués par les lointains mais intéressés par les prochains, nous avons communiqué nos expériences, passé, transmis aux autres ce qui nous motive et nous fait avancer. Nous n’avons pas fait tomber nos frontières. Les frontières forment notre identité. Elles précisent notre histoire, elles cerclent notre expérience, elles dessinent autour de nous ce qui fait chacun de nous. Les frontières sont nécessaires. Elles ne sont pas faites pour tomber. Elles sont faites pour être franchies. C’est le principe même de la rencontre. Mais nous avons passé, franchi la frontière de notre frère et nous nous sommes rendus compte qu’il y a encore bien d’autres frontières à passer parce qu’il y a bien d’autres frères à rencontrer. Surtout, nous avons pris ce temps de rester ensemble, de demeurer ensemble parce que le Christ ne cesse de prendre du temps avec nous, de demeurer avec nous ; parce que son Esprit nous donne la joie et la patience de la rencontre. C’est lui qui demeure quand nous acceptons de demeurer avec lui.

Partir. Nous repartons maintenant. Avec joie pour communiquer la paix de Dieu à tous ceux que nous allons rencontrer. Nous sommes envoyés, enhardis je l’espère, pour franchir les barrières qui nous retiennent encore ou celles qu’on nous oppose. Le souffle de l’Esprit fait de nous des missionnaires. Des porteurs de bonnes nouvelles, des passeurs de frontières. Mais de cela je ne parlerai pas. Cette histoire n’est pas encore à raconter. Elle est en écriture. C’est une histoire qui commence pour que le monde croie. Au commencement était le Verbe, au commencement il y a l’Esprit.




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