Forum de la famille spiritaine..   
28-29-30 juin 2013

ACCUEILLIR LES SANS-PAPIERS DANS LE 93

Nous avons ouvert cet accueil depuis septembre dernier. Nous sommes quatre "accueillants", chaque mercredi après-midi. A partir du centre du Secours Catholique de notre diocèse, basé à Rosny sous Bois. Au début, il faut se faire connaître. On a pu ainsi prendre le temps de s'installer et de diffuser des tracts pour faire savoir le lieu, horaires et aussi un numéro de téléphone. Chaque mercredi, on a en moyenne 4 à 5 personnes, ce qui est amplement suffisant pour prendre le temps d'écouter chacune des demandes. Avant de trouver des solutions, la première chose à faire est bien cette écoute bienveillante. Surtout que beaucoup de gens viennent avec une certaine peur: peur que nous communiquions les renseignements obtenus à l'administration française. Dès le début, nous leur expliquons que, si nous faisons des dossiers, c'est pour notre usage personnel, que nous ne les transmettrons pas, et aussi pour avoir des photocopies des documents qu'ils nous apportent (qu'ils pourront par la suite récupérer).

Les situations des demandeurs de régularité administrative sont très diverses: - il y a ceux qui ne savent plus quoi faire, suite à des demandes qui ont été refusées, suite à des recours aboutissant à une "Obligation de Quitter le Territoire Français" (OQTF), qui oblige le demandeur de quitter dans le mois qui suit. Bien souvent, ces personnes n'ont rien fait. On leur conseille d'attendre un an...
- d'autres sont à peine arrivés avec un visa d'un mois ou 3. Mais ce visa ne leur donne pas de possibilité de rester sur le territoire français.
- ceux qui sont là depuis des années, voire 5 à 10 ans ! Avec la nouvelle "circulaire Valls", il y a des possibilités de faire valoir la présence en France, à partir de 5 ans. Mais, il faut des "preuves" tangibles, comme des documents administratifs, des factures, des courriers, ce qui est assez difficile à démontrer...

C'est sûr que la législation française s'est beaucoup développée ces dernières années. La tendance est bien d'empêcher les demandeurs de régularisation de rester sur le territoire, et de les "inviter" à repartir chez eux. Ce qu'ils ne font pas, bien sûr. La grande difficulté pour nous, accueillants, est de se mettre au courant de ces évolutions légales. Tous les trois mois, le Secours Catholique organise des "groupes de travail", pour faire cette évaluation sur tel ou tel point particulier. Les débats des différentes organisations diocésaines permettent de clarifier ce qui est bien loin de l'être ! Nous essayons donc de vérifier quelles sont les chances d'obtenir ou non une carte de séjour. Pour éviter d'envoyer ces demandeurs vers l'administration qui va les renvoyer avec une Obligation de Quitter le Territoire Français... De plus en plus, nous essayons de travailler en lien avec les services sociaux des différentes villes de la région. D'où la nécessité de créer des liens avec ces services sociaux. Il faudrait aussi pouvoir établir des liaisons avec des avocats... Souvent, des gens viennent nous voir après avoir contacté des avocats (qu'ils ont bien payé !) et au bout du compte, n'ont rien obtenu. Il y a là aussi des avocats qui profitent bien de la situation catastrophique où se trouvent ces gens.

Nous découvrons des situations vraiment de "pauvres" : pour la plupart, ils n'ont ni "papiers", mais aussi pas d'emploi (impossible d'en trouver sans "papiers"); et alors, comment "vivre" ? sinon, en faisant de petits travaux mal rémunérés et non déclarées. En plus, cela va souvent avec des gens vivant "sans domicile fixe". C'est malheureusement la situation de bien des personnes. Est-ce qu'on peut alors les laisser "se débrouiller" ? Il y a là une urgence. A nous d'exiger des pouvoirs publics de permettre que ces situations se débloquent. Il y a des possibilités qui existent en France. Nous sommes là pour chercher les voies de régularisation, à titre de "conseil". Ce sont ces personnes qui partent ensuite à la Préfecture.
Gérard Sireau


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