Accompagner,
dans une ambiance fraternelle,
des
personnes ayant vécu des situations d’exclusion
Rentré
de Madagascar, en 2001, après 8 années de travail et de
vie entièrement donnée à un peuple et à
un projet, j’étais loin d’envisager de pouvoir
continuer une quelconque vie missionnaire en France. Or un soir, à
la sortie de Saint Etienne du Mont, Philippe me remet une invitation
à venir aux rencontres de la conférence Saint Vincent
de Paul : petits - déjeuners et maraudes dans le
quartier, je ne m’imaginais pas la grande histoire d’amitié
qui s’écrira ensuite. Lorsqu’en mai 2011, à
la fin de 10 jours d’exercices spirituels de Saint Ignace pour
mieux discerner dans quel champ d’apostolat le Seigneur
m’envisageait, je rêvais de prendre en charge un foyer
pour personnes de la rue, mon accompagnateur a bien vite mis le holà
!
Toujours
est-il que, lorsque l’équipe provinciale, par deux fois,
a lancé un appel à volontaires pour la reprise du foyer
Caris, fondé, il y a près de 20 ans par une équipe
de spiritains à Chevilly, j’ai proposé ma
candidature. Arrivé sur place en Août 2012, je me suis
progressivement installé. Cette partie ancienne des bâtiments
nécessite des travaux de rénovation et de mise aux
normes. Mais bâtiment
rénové ne fait pas tout !
Dès mon arrivée, j’ai essayé d’instiller
une vie de groupe :
Repas du soir pris en commun, service communs de nettoyage, temps de
rencontres gratuits.
Depuis
Octobre 2012, nous avons la joie d’accueillir deux jeunes
étudiants adhérant au projet et partageant notre vie.
Notre
fraternité se construit au jour le jour autour de
quelques axes essentiels:
La
fraternité exige le respect d’un minimum de règles
de ‘vivre
ensemble’
acceptées par tous. Une exigence ; chacun doit se sentir
respecté dans ce qu’il est, tant qu’il n’empiète
pas sur la vie des autres. Il pourra ainsi avancer vers plus de
liberté !
Une
fraternité ne se vit pas
en cercle clos, mais ouverte sur l’extérieur :
Le foyer devient lieu de passage et de rencontres. La personne ayant
l’expérience de la fragilité humaine peut
partager son regard sur la vie ; ce qui permet à
d’autres d’avancer ! Grandeur de la vie malgré
tout !
Cette
expérience de la fraternité conduit à
l’enrichissement
mutuel
jeunes / spiritains âgés / personnes ayant vécu
des situations d’exclusion. C’est là que se
construit patiemment le Royaume qui ouvre les frontières
!
Pour
être dans une écoute bienveillante de ce que veut me
dire la personne accueillie au foyer, je donne une place
fondamentale à la prière.
Vivre avec des personnes en souffrance nécessite d’être
bien attentif à la résonance de ce que cela renvoie en
moi. Cette qualité
de présence à l’autre,
je la reçois comme cadeau d’une présence au
Christ, présence vécue dans la prière
personnelle et communautaire. La communauté des anciens,
régulièrement informée de notre vie, nous
soutient aussi de sa prière.
Christian
Thuet (www.spiritains.org
/ Rubrique Justice et Paix)