Parole de Vie..   
Prière pour le temps présent

un tour dans la nuit...

Il me vient dans la tête le désir de faire un tour, dans la nuit, oh, rien que pour prendre l’air, un peu par curiosité aussi ! Quand mes yeux seront habitués à l’obscurité ils distingueront peut-être le pourquoi de tout ces va et vient, de tous ces bruits.

Veux-tu m’accompagner ? On ne sait jamais … et puis à deux il est possible de mieux comprendre l’incompréhensible !

Quand je me suis réveillé en pleine nuit, j’avais l’impression d’un grand cri lancé, à la fois si lointain et si proche. Tu sais, le genre de cri qui ne jaillit qu’une fois, comme celui du nouveau-né qui s’ouvre à la respiration d’un monde tout neuf pour lui. Une histoire de souffle, un vent qui vient d’ailleurs, jusqu’alors inconnu de ce petit.

Mais l’intensité du cri me faisait penser à celui d’une foule immense, de tout un peuple qui sortant d’un chaos initial s’ouvre à la nouveauté d’une respiration paisible. Se peut-il que le plus petit touche le plus grand, qu’un premier respire de nourrisson soit tempête qui bouleverse le monde ? A-t-on jamais vu la tornade s’arrêter devant un berceau ?

Et si tout ce grand chambardement n’était que mouvement intérieur, appel à une découverte dans l’intime, au cœur d’une vie qui se cherche ? Il faut sortir, risquer son nez au grand vent du dehors, si chaud, si froid ! Je prends le risque d’une sortie pour vérifier, longue aventure qui se poursuit…

Ecoutant les uns et les autres, j’entends bien parler d’une naissance, mais aussi d’un grand bouleversement. « Un enfant nous est né, un fils nous a été donné ». Histoire intime d’une famille, la famille d’un certain Joseph et de Marie, la mère du nouveau-né. A ce dernier on donnera le nom de Jésus. Qu’a donc ce tout-petit, emmailloté, couché dans une mangeoire ?

Des pauvres, des hommes de rien du tout, se sont approchés de lui, leur vie de bergers s’en est trouvée transformée. Le regardant si pauvre contre sa mère, sa présence est devenue lumière dans leur nuit. Le prenant dans leur bras, comme s’ils portaient l’agneau le plus faible de leur troupeau, ils ont compris qu’ils devenaient riches de lui. N’était-il pas issu d’une lignée de bergers, comme eux, la lignée de David, appelé à conduire le plus grand des troupeaux ?

Pour eux, une nouvelle naissance, une dignité retrouvée, dans l’accueil de cet enfant ils se devinent libres. Ils peuvent bien continuer la route dans la nuit et garder leur troupeau, une lumière luit dans leur cœur qui ne les quittera plus. Ils ont compris que la naissance de cet enfant parmi eux était visitation, était élévation. Le poids qui pesait sur eux a cessé d’être blessure dans leur chair. En Jésus le ciel s’est à jamais ouvert pour eux. Le regard limpide de l’enfant les a introduits dans l’infini de Dieu. Ils peuvent bien joindre leurs chants à l’allégresse du Royaume ; le sourire d’un bébé, ses babillements, les invitent à crier à leur tour : « Car éternel est son amour. »

Allégresse de Noël pour la naissance de Jésus, pour ta nouvelle naissance, pour celle d’un monde nouveau encore en gestation déjà en espérance.
P. Louis (1).
 

Le P. Louis Cesbron est chapelain de la chapelle Sainte-Thérèse d'Auteuil à Paris

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