Deux novembre !

 

Défunts, Toussaint, heureuse confusion !
Deux jours qui ne font qu'un. 
Le premier, en famille on visite les siens.
Sous la pluie, dans le vent,
A chaque tombe sa potée de chrysanthèmes,
Une prière vite bredouillée, 
Et ces mots : " tu te souviens… "

Mais, que cherches-tu près d'une grande pierre couchée ?
Le souvenir lointain, d'un proche ?
Pourquoi, ce bouquet de fleurs ?
Parle-t-il en ce lieu où tout est silence ?
Pourquoi ce bruit quand personne ne répond ?
Le visage aimé s'est effacé pour toujours,
Défait au creux de cette terre,
Pour ne plus reparaitre.

Que disent ces boutons aujourd'hui épanouis,
Taches multicolores sur fond de granit et de marbre ?
Plus forts que l'oubli, plus présents que le néant, 
Ils chantent le " merci " au compagnon de route. 
A cet autre qui a laissé blessures à son passage,  
Ils balbutient, discrets, le pardon.
Ils murmurent en un souffle un " je t'aime, "
Que rien ne fera taire, à cette épouse partout trop tôt.

Nos pas se sont croisées, se sont heurtées,
Ils sont mon histoire, partie de ma chair.
Le cœur qui bat en moi
Ne serait pas le même
Si je ne les avais rencontrés,
Longuement, fortuitement…

Pourquoi dire un merci, un pardon, un je t'aime, 
Sinon pour affirmer une présence.

Pousse la plante, 
Chante la fleur, 
Porte le fruit,
Tombe en terre le grain, 
Vie.

En ce lieu où la mort semble régner en maître,
L'arbre monte droit vers le ciel.
Chaque visiteur, en mots malhabiles, ose redire :
" Si le dernier mot de la vie c'est la mort, 
Le premier mot de la mort c'est la Vie. " 

En ce jour des vivants 
02 - 11 -  2014.
P. Louis Cesbron.

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