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dimanche ordinaire C - 10 juillet 2022 - Quels choix de vie ?
Dt
30, 10-1 ; Col 1, 15-20 ; Lc 10, 25-37
Questions
ambiguës.
Il
est arrivé souvent à Jésus d’avoir à
répondre à des questions-pièges : ainsi
quand on lui a demandé si l’on devait payer l’impôt
à César, ou s’il fallait condamner la femme
adultère. Jésus mettait alors chacun devant sa
conscience en posant une question qui élevait le débat
et lui enlevait toute agressivité. Au scribe demandant :
Que
dois-je faire pour avoir la vie éternelle ?
Jésus répond: Dans
la loi, qu’y a-t-il écrit » ?
Le scribe est en principe un défenseur de la loi, et il
aimerait sans doute que Jésus se mette en difficulté
sur un point de celle-ci. Jésus conduit son interlocuteur à
l’essentiel, à la vérité profonde de la
loi. La réponse est juste : tu
aimeras Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, et de
toute ton intelligence, et ton prochain comme toi-même .
Comment ne pas être d’accord avec cette phrase qui était
au coeur de la démarche spirituelle du peuple d’Israel ?
À ce niveau théorique, tout est dit; il n'y a rien à
ajouter: Tu
as bien répondu, dit Jésus, fais cela et tu auras la
vie.
Qui
est mon prochain ?
L’interprétation
de la seconde partie de la phrase : aimer
on prochain comme soi-même
pouvait se faire de bien des façons : c’est bien
sur l’amour du prochain que nous sommes le plus souvent pris en
défaut ; c’est pour cela d’ailleurs que st
Jean dira plus tard que celui-ci est un test qui nous permet de
vérifier si nous aimons vraiment Dieu.
La
nouvelle question
du légiste : qui
est mon prochain ? est
en effet délicate à répondre ! Peut-on par
exemple considérer comme prochain ceux qui ne pensent pas
comme nous, et même des ennemis ? L a
parabole de Jésus va être d’autant plus
déstabilisante qu’elle prend
un ennemi des juifs comme exemple : un Samaritain ! Jésus
nous fait comprendre qu’un homme considéré comme
hérétique pouvait mieux vivre l’amour du prochain
qu’un bon Israélite se croyant en règle avec
Dieu ; Il nous montre que cet homme a
su se rendre de plus en plus proche de l’homme blessé :
Tout
d’abord le Samaritain a su voir la détresse de la
victime dont tous détournaient le regard : il en a été
profondément touché (comme Dieu, ému
jusqu’aux entrailles
devant nos propres souffrances). Puis il a eu le courage de
s’approcher et de donner les premiers soins, sans se laisser
arrêter par le sang ou les plaies, puis de hisser tant bien que
mal cet homme inerte sur sa propre monture. Enfin, le Samaritain a
prévu lui-même le relais et le suivi du blessé ;
il ne s’en est pas débarrassé sur l'aubergiste :
il reviendra, et d'un bout à l'autre ayant ainsi payé
de sa personne, de son temps et de ses deniers.
Et
nous ?
Prenons
des exemples dans notre vie : nous serions si souvent tentés
de nous dérober, de détourner les yeux et de passer
outre, de perdre patience devant l'inertie d’une personne
blessée ou en difficulté, d’oublier qu'elle ne
peut rien peut-être sans nous.
La
route qui descend de Jérusalem à Jéricho passe
devant chez nous, et nous l'empruntons tous les jours : c'est la
route de notre travail, de nos responsabilités, de nos
préoccupations Ouvrons les yeux, demandons à Jésus
de les garder ouverts, et laissons-nous arrêter, comme lui, par
les blessés de la vie. Pensons aussi que sur sa route, le
Seigneur nous a trouvés, en foule innombrable cette fois, à
demi-morts, et il nous aimés jusqu'à l'extrême :
Il
nous aimés et s'est livré pour nous !
Il
est vrai que si nous nous arrêtons tout au long de la route
chaque fois qu'un frère ou une sœur ont besoin de nous,
nous arriverons sans doute en retard pour beaucoup de choses, et nous
aurons l’impression d’avoir perdu un temps précieux
et souvent très utile ! C’est vrai mais ce temps
« perdu » aura été échangé
contre un temps plus essentiel : celui qui a le prix de l’amour
et par qui nous nous serons approchés tout près du cœur
de Dieu.
Les
choix de la charité.
La
charité commence toujours ainsi : elle est une guérison
du regard qui nous rend vulnérable au malheur de l’autre,
sensible à ses besoins et à ses appels. Certes, on ne
sait jamais où la charité finira : après le
moment de la pitié vient le moment du courage devant le geste
à poser ; puis des autres gestes à poser dans la
fidélité au premier élan de générosité.
Tout cela coûte du temps et souvent de l’argent, et nous
oblige parfois à faire des choix difficiles.
Orientation .
Au bord de notre route, celui qui souffre, c’est le Seigneur.
Et plus encore, en nous approchant de notre frère souffrant,
c’est aussi le Seigneur qui se rapproche de nous, en nous
faisant découvrir nos propres faiblesses et nos propres
blessures, et surtout sa miséricorde : Il vient nous la
faire partager.
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