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20e dimanche ordinaire C -14 août 2022 - Le feu sur la
terre
Jr 38, 4-6. 8-10 ; He
12, 1-4 ; Lc 12, 49-53
Mettre le feu
Laissons-nous interroger par ces paroles fortes de Jésus :
Je suis venu apporter le feu sur la terre ; comme je voudrais
qu'il soit déjà allumé ! En disant cela
le Seigneur pensait non seulement aux paroles de feu de son Evangile
qui allaient embraser le monde, mais aussi au don de sa vie pour nous
sur la Croix qui s’apprêtait à brûler en
l’homme toutes les racines du mal et de la haine : elles
allaient en éveiller en l’humanité au seul amour
qui puisse la sauver et la faire vivre : celui qui vient du cœur
même de Dieu. Notre Dieu est un feu dévorant dira
St Paul ; déjà Moïse s’était
trouvé en sa présence devant le buisson ardent, et
David l’avait demandé à Dieu en lui disant:
passe au feu les reins de mon cœur. Rappelons- nous
aussi ce qui s’est passé dans le cœur des
disciples d’Emmaüs quand Jésus leur a rappelé
le sens des écritures : ils avaient le cœur tout
brûlant.
Dès les débuts de l’Eglise, le feu de la Bonne
Nouvelle, allumé au jour de la Pentecôte, s’est
répandu dans le monde entier avec une rapidité
étonnante ; et St Paul évoque la foule de témoins
qui déjà étaient prêts à donner
leur vie pour le Christ. Pensons à tous les martyrs de notre
temps, plus nombreux peut-être encore qu’à toute
époque de l’histoire de l’Eglise. Le feu qui nous
habite est celui du baptême, de celui que l’Esprit-
Saint met en nous si nous le laissons agir et nous rendre capables
d’aimer et non de diviser. Pour cela, le pape François
disait que nous ne devons pas rester assis sur notre canapé
mais oser sortir à la rencontre de nos frères :
partageons la source d’énergie durable qui est en nous !
,
Que faire face au mal ?
Le message d’amour que nous a laissé le Christ semble
s’opposer à ses paroles que nous venons d’entendre
dans l’évangile : pensez-vous que je sois venu
mettre la paix dans le monde ? je suis venu apporter la
division. Il ne s’agit pas ici de la division que la
haine apporte avec elle, mais du courage qui consiste à
démasquer le mal là où il se cache. C’était
déjà l’attitude du prophète Jérémie :
les gens qui l’entouraient dans son village et même le
roi se sentaient dérangés par son appel à des
comportements plus justes et tous se sont ligués contre lui au
point de le jeter dans une citerne pleine de boue. Au dernier moment,
alors qu’il allait mourir, quelqu’un de courageux est
allé faire prendre conscience au roi du mal qu’il
laissait faire. Nous trouvons ici un bel exemple de l’attitude
qui pourrait être la nôtre en bien des domaines de la vie
quotidienne : oser aller défendre la vie et la justice
quand elles sont menacées, même si cela peut nous
attirer des ennuis ! Ce n’est pas facile car le mal ou
plutôt ceux qui commettent le mal ou pactisent avec lui savent
se défendre ! Pensons à toutes les oppositions qui
se sont liguées contre Jésus dès lors qu’Il
est venu annoncer des paroles de vérité : elles
ont été à l’origine d’une division
qui a conduit à sa mise à mort par ceux qui refusaient
de discerner le sens de ce qu’Il disait. Aujourd’hui
cette division peut s’installer jusque dans les familles
lorsque quelqu’un se convertit ou ose simplement témoigner
de sa foi. Une chose est certaine en tout cas : l’Evangile,
bien compris, non dénaturé ou édulcoré,
ne laisse personne indifférent : il interroge, provoque
et oppose, autrement dit, il met le feu !
Endurance dans l’épreuve
St Paul, dans la seconde lecture, nous encourage en nous
invitant à penser à tous les témoins qui sont
autour de nous en ayant les regards fixés sur Celui qui est
l’initiateur de la foi et qui la mène à son
accomplissement, Jésus lui-même. Le Christ a su,
renonçant à la joie qui lui revenait, endurer la
Croix et la honte qu’elle représentait. Sachons
affronter cette croix, sachant qu’il y a déjà en
chacun de nous et autour de nous des attitudes à dénoncer
ou à éliminer, ou « brûler »,
à commencer par nos égoïsmes et notre orgueil ;
ou bien d’autres attitudes à ranimer. Nous avons donc à
être porteurs à la fois de courage et de paix face à
la violence et à la haine. Sachant que la paix dont nous avons
à devenir témoins ne ressemble pas à la paix
telle que le monde la donne : elle est la paix que Dieu nous
donne même au cœur de l’adversité.
Finalement, « dénoncer le mal sans commettre le
mal, c’est le paradoxe chrétien et sa merveille. Toute
parole prophétique oui tout simplement « vraie »
jette le trouble, d’autant plus qu’elle semble souvent
aller à l’encontre de tout ce que tout le monde pense
dans ce qu’on appelle la « pensée unique » ,
dans laquelle chaque époque se laisse facilement enfermer.
Orientation. Notre foi est souvent tâtonnante, mais
laissons-là porter déjà des fruits en sachant en
témoigner d’un cœur humble et sincère :
la flamme de notre foi progresse sous la cendre, lentement et
sûrement comme la braise. Saurons-nous guetter le coup de vent
de l’Esprit qui soudain va réveiller en nous le feu du
baptême et faire de nous de vrais témoins ?
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