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2edimanche de l’Avent – année A – 4 décembre
2022
Is
11, 1-10 ; Rm 15, 4-9 ; Mt 3, 1-12
Un
avenir de justice et de paix
L e
prophète Isaïe a donné au peuple de Dieu de
magnifiques images pour lui parler de son avenir. Alors que beaucoup
pensaient qu’Israël n’avait plus d’avenir, le
prophète parle d’un rejeton plein d’une vie
inattendue, qui va jaillir du tronc de l’arbre abattu :
ce sera le messie, dont le message de paix fera que désormais
le loup habitera avec l’agneau et l’enfant étendra
la main sur le nid de la vipère. Nous pourrions sans doute
trouver sur internet bien des exemples de bêtes sauvages qui
sont devenues pacifiques entre elles ou amies des hommes. Nous savons
cependant que le plus difficile est que les hommes arrivent à
faire la paix entre eux. Comme au temps d’Isaïe nous nous
demandons quand nous serons libérés des violences et
des injustices qui sans cesse renaissent dans notre monde. Et
pourtant, à l’approche de la fête de Noël
nous savons que notre libérateur est venu : Il nous
apporte une vie insoupçonnée grâce à la
fécondité et à l’action de son Esprit :
il ne nous est demandé que de l’accueillir pour que la
Justice et la paix se remettent à fleurir au coeur de nos vies
et de notre monde.
Un
feu qui ne s’éteindra pas
Juste
avant la venue de Jésus, le prophète Jean-Baptiste a
pris le relais des paroles d’Isaïe. Il demandait à
ceux qui l’écoutaient de s’investir totalement
dans l’accueil du Messie en préparant le chemin du
Seigneur et en rendant droits ses sentiers. J’espère que
nous sommes encore assez proches du monde rural pour nous rappeler ce
qu’était jadis l’aire à battre le blé
et la pelle à vanner : c’était une image
plus facilement chargée de symboles que nos outils mécaniques
modernes. Toutefois nous comprenons facilement que le terrain sur
lequel nous avons à travailler, c’est le fond de notre
cœur, où il reste de gros efforts à faire pour
séparer le grain - qui signifie ce qui est bon en nous - de la
paille de nos désirs qui résiste si mal au feu de la
tentation. Heureusement Jean-Baptiste nous annonce un autre feu,
celui du Messie qui vient nous baptiser
dans l’Esprit Saint et le feu ;
c’est ce feu en fait qui brûlera le péché
de l’homme par la mort et la Résurrection du Christ.
A
l’école de Jean-Baptiste
Nous
trouvons peut-être que Jean-Baptiste a des paroles trop dures
et tranchantes ; mais c’est vrai de tous les prophètes,
car leur mission est de réveiller les gens, souvent refermés
sur eux-mêmes et sourds aux appels de Dieu comme à la
souffrance des plus pauvres. N’oublions pas que le baptême
nous a donné également pour mission d’être
des prophètes, même s’il est parfois difficile de
dire et faire la vérité.
Essayons
de méditer sur ce qu’a été la vie de
Jean-Baptiste, sur ce qu’il a vécu au plus profond de
lui- même : il était avant tout un
contemplatif, un amoureux de Dieu : dès le sein de sa
mère il a tressailli de joie à l’approche du
Seigneur et c’est la même joie intérieure
qui le conduira au désert pour préparer la venue du
Messie. Pensons à l’émotion qui a dû être
la sienne lorsqu’au milieu de ses propres disciples il a pu
discerner avec l’aide de l’Esprit Saint que Jésus
était bien celui que tous attendaient mais que personne encore
n’avait reconnu. Nous comprenons sa colère lorsqu’il
s’est trouvé devant des foules incapables d’élever
leur regard au-dessus de tristes réalités terre à
terre et enfermées dans le chacun pour soi : tout
naturellement Jean-Baptiste a pensé à l’image du
serpent rusé qui entraîne l’homme vers la mort en
rampant : l’image traditionnelle du « menteur ».
Jean-Baptiste a pu oser parler ouvertement car il n’avait rien
à se reprocher et il ne pouvait donc pas craindre qu’on
lui retourne sa parole. Par ailleurs, le rayonnement de sa
personnalité a fait qu’il était entouré de
nombreux disciples, dont certains d’ailleurs iront Jésus
en suivant ses conseils. Il mourra en martyr, comme beaucoup de
martyrs d’aujourd’hui, pour avoir eu le courage de dire
la vérité aux puissants de ce monde, tels qu’Hérode.
Avant
tout, Jean-Baptiste a voulu s’effacer devant Jésus dès
qu’Il s’est présenté devant Lui et lui
ouvrir le chemin : en cela il est désigné comme le
plus grand des prophètes.
Tous
ces aspects de la vie de Jean-Baptiste, nous avons à les vivre
tout spécialement pendant ce temps de l’Avent :
lors de notre baptême, notre cœur a tressailli alors que
l’Eprit Saint venait en nous qui devenions des fils de Dieu ;
il nous est important aussi de trouver des moments de prière
et de « désert » pour discerner comment
le Seigneur vient aujourd’hui à notre rencontre, et
comment les « signes » de notre temps nous
montrent sa présence au cœur de l’Eglise et de
notre monde. Il nous revient aussi quand il le faut, humblement mais
fermement de dire notre désaccord lorsque nos proches ou
notre société s’engagent dans des voies qui ne
sont plus celles de l’évangile : ce qui nous engage
à être nous-mêmes sans reproches et loin de toute
hypocrisie.
Orientations.
Retenons pour nous-mêmes cette invitation de
Jean-Baptiste : « convertissez-vous car le règne
de Dieu est proche ». Pensons en particulier à
l’importance du sacrement de réconciliation pour que
notre vie retrouve la jeunesse de son baptême ; pensons
aussi à tous ces petits efforts quotidiens, ces « pénitences »
qui, faits par amour du Seigneur et en union avec Lui nous libéreront
progressivement de toutes nos pesanteurs et contradictions.
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