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dimanche de Pâques C - 15 Mai 2022, Aimez-vous
Ac
14, 21b-27 ; Ap 21, 1-5a ; Jn 13, 31-33a. 34-35
Gloire
à Dieu !
Avez-vous
remarqué que durant la liturgie nous employons très
souvent le mot gloire : il y a bien sûr
le cantique : Gloire à Dieu au plus haut des cieux et,
avant le Notre Père, le prêtre dit en notre nom :
Par Lui, avec Lui et en Lui, à Toi Dieu notre Père,
en l’unité du Saint Esprit tout honneur et toute
gloire ; ou encore à la fin des psaumes : gloire
au Père, au Fils et au Saint Esprit. Peut-être
avons-nous quelques difficultés à bien comprendre ce
terme ? Dans la vie courante on dira d’un athlète,
d’un artiste qu’il est « au sommet de sa
gloire » ; c’est-à-dire de sa renommée,
de sa réputation ou de sa réussite. La gloire est
souvent liée à la valeur d’un être, à
son « poids », son « rayonnement »
sur les autres : c’est ainsi que Marcel Pagnol a écrit
un livre « à la gloire » de son père,
dont l’influence a été grande sur lui.
La
Passion et la gloire
L’apôtre
Jean a retenu que Jésus parlait souvent de la « gloire »
de son Père des cieux ; par exemple au moment de la Cène,
en faisant allusion à sa Passion toute proche et dans l’adieu
à ses disciples, il disait : Maintenant le Père
et le Fils de l’homme vont pouvoir être glorifiés.
A ces heures précédant la Passion tout semblait
pourtant tourner à l’échec pour Jésus,
c’était donc l’inverse de la gloire humaine !
Mais en prononçant ces paroles Jésus voulait montrer
aux siens que sa mort allait révéler le cœur de
Dieu et le sien : le rayonnement de sa « gloire ».
Tout au long de sa vie Jésus a été habité
par cette gloire du Père et de la vie trinitaire qui s’est
manifestée en lui au moment de son baptême dans le
Jourdain : tous ses gestes et toutes ses paroles étaient
ainsi à la gloire de son Père.
C’est
en lavant les pieds de ses disciples que Jésus a montré
le chemin qui aboutit à la gloire, c’est-à-dire
au rayonnement le plus fort et le plus pur de l’amour qui nous
vient de Dieu. En nous transmettant le commandement nouveau :
Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés, Jésus
nous introduit dans un mystère qui appartient au rayonnement
de la vie la plus intime de Dieu. Il est vrai que bien souvent nous
restons à mi-chemin, ce qui n’est pas très
glorieux !
En
fait nous devons reconnaître humblement la difficulté où
nous sommes de laisser rayonner cet amour, cette gloire de Dieu en
nous ; surtout dans un environnement où la violence, la
jalousie, le ressentiment dominent souvent ! Il y a des moments
où il est plus difficile de se comprendre et où la
lumière de l’amour semble vouloir vaciller et
s’éteindre ; des couples ou des parents découvrent
que des fossés se sont creusés sans même qu’ils
en aient eu conscience. Ne parlons pas des peuples entiers qui se
font la guerre, pour des motifs qui plus tard sembleront
incompréhensibles. Et pourtant tous aspirent à aimer,
tous s’y essaient ; et quand nous faisons l’expérience
d’un amour vrai et qui dure, nous sommes remplis de bonheur ;
cela nous construit et nous y voyons un vrai don de Dieu.
Voyez
comme ils s’aiment.
Quand
l’apôtre Jean a rapporté les paroles de Jésus :
aimez-vous les uns les autres, il était
bien conscient des tensions qui menaçaient les premières
communautés chrétiennes ; même si les
païens, en regardant vivre les chrétiens, disaient avec
admiration : voyez comme ils s’aiment.
Il
reste beaucoup à faire pour que l’amour de Dieu puisse
rayonner partout ; mais nous savons que cet amour un jour
habitera toute chose : le texte de l’Apocalypse
nous a parlé de ce monde nouveau que le Christ est venu
instaurer. Il compare ce monde en gestation à la demeure de
Dieu parmi les hommes ; celle où le Seigneur, vivant
avec nous, fait toutes choses nouvelles ; c’est-à-dire
une autre manière d’aimer et de vivre ensemble.
Dans
la même perspective, la lecture des Actes des Apôtres
a évoqué tout à l’heure la façon
dont Paul et Barnabé parcouraient le monde de leur temps :
ils allaient poser les fondations de ce monde nouveau. On les voit
créer de nombreuses communautés chrétiennes vivantes.
Ils désignent des anciens, pour devenir les responsables de
ces Eglises naissantes, pour que vive dans la durée cette
manière nouvelle de se rassembler dans le Christ.
Orientation. Le Christ continue d’agir au fond de
notre cœur, de celui de l’Eglise et du monde
d’aujourd’hui. Petit à petit nos difficultés
à aimer disparaîtront si nous nous laissons gagner par
la force de l’Esprit ; si nous essayons, humblement mais
en vérité, à vivre ce message :
« aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ».
Et c’est une grande manifestation de la gloire de Dieu à
chaque fois que cette petite source vient au grand jour.
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