Parole de Vie..   
Les homélies du Père François Nicolas

6e dimanche de Pâques - 22 mai 2022; Ac 21, 10-14. 22-23 ; Jn 14, 23-29

Je reviens vers vous
Pendant le repas de la Pâque, Jésus avait profondément troublé ses disciples en leur annonçant sa mort prochaine : je m’en vais ; mais cet au revoir était accompagné d’un message plein d’espérance : je reviens vers vous, avec une phrase qui, dans ce contexte dramatique, avait toute la force d’un testament : aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. Jésus avait manifesté une telle qualité d’amour au milieu d’eux que les disciples devaient se sentir bien incapables d’assumer ces paroles et d’en porter l’héritage ; à la Pentecôte, ils découvriront tout le sens de cette phrase, l’Esprit Saint les aidant à puiser à la même source d’amour que Jésus. Jésus a précisé en effet : si quelqu’un m’aime, mon Père l’aimera, nous viendrons chez lui, nous irons demeurer auprès de lui. Saint Augustin commentera cela plus tard en écrivant : Jésus disparaît de nos regards afin que nous rentrions dans notre cœur et que nous l’y trouvions. D’où le sens de la paix que Jésus annonce alors : C’est la paix que je vous donne, c’est ma paix que je vous donne. En réalité, la paix que Jésus nous donne, c’est Lui-même. C’est bien le Christ qui, dans sa présence miséricordieuse de ressuscité, avec nous et en nous, nous apprend à aimer.

Le rôle de l’Esprit
Accueillir le Christ en nous, par la grâce de l’Esprit Saint, nous conduit à l’aimer, à aimer nos frères et sœurs et de nous aimer nous-même aussi avec un amour qui vient de Dieu et qui change tout en nous. Faisant nôtre le regard du Christ, tout devient plus facile : notre fidélité n’est pas une contrainte mais un élan, un désir qui surpasse tous les désirs sensibles. Lorsque nous n’aimons pas vraiment quelqu’un nous faisons le minimum de ce qu’il nous demande ; si par contre nous nous sentons aimés de quelqu’un nous sommes prêts à faire tout ce qu’il nous demande. C’est ainsi que Marie, tout au long de sa vie, a sans cesse dit « oui » grâce à l’Esprit d’amour qui l’habitait.
Dans l’Evangile d’aujourd’hui Jésus dit à ses disciples : l’Esprit vous enseignera tout et il vous fera vous souvenir de tout ce que je vous ai dit. C’est lui qui ouvre notre cœur et notre intelligence, comme il l’a fait pour les apôtres quand ils ont commencé à relire la vie de Jésus et à écrire les évangiles, en découvrant en même temps le sens de toutes les Ecritures. Quand Jésus a prononcé les paroles à la Cène, Il leur a donc dit :  Ne soyez pas bouleversés et effrayés, je vous envoie un défenseur ! Ces paroles très fortes d’encouragement, Jésus les a prononcées pour l’Eglise toute entière.

Apprendre à aimer
L’Eglise est cette communauté où les hommes apprennent à s’aimer entre eux comme Dieu les aime : elle n’a pas la prétention d’être parfaite, mais elle est avec nous en apprentissage de cet amour qui nous est donné. Voyez comme ils s’aiment disaient les païens en voyant vivre les premiers chrétiens. On peut dire que les gens de notre temps attendent de nous la même chose, car ils sont choqués de nos divisions, mais ils sont aussi reconnaissants des témoignages d’amour que nous pouvons donner entre nous et envers les plus pauvres.
La première lecture de cette messe nous montre comment les apôtres, poussés par l’Esprit Saint, ont surmonté les graves divisions qui menaçaient les débuts de l’Eglise. Sous l’impulsion de St Paul, l’Eglise avait déjà accepté de baptiser des païens. Mais fallait-il pour autant imposer aux nouveaux convertis toutes les pratiques de la religion juive, comme celle de la circoncision ? Les chrétiens d’origine juive étaient très attachés aux rites prescrits par Moïse qui assuraient aussi la cohésion de leur peuple. Les chrétiens en contact avec les païens pensaient par contre qu’il fallait se libérer des anciennes contraintes. Les apôtres, guidés par l’Esprit Saint, ont eu alors la sagesse de s’asseoir autour de la table en convoquant à Jérusalem le premier concile de l’histoire ; ils se sont mis d’accord dans un esprit de foi et de prière et ont pu dire ensemble avec audace : l’Esprit Saint et nous-mêmes avons décidé ; ils n’ont pas imposé aux païens convertis des obligations maintenant dépassées. Tout au long de son histoire l’Eglise a été ainsi provoquée par l’Esprit Saint à répondre aux questions nouvelles posées par l’évangélisation de nouveaux peuples ou de nouvelles cultures ; les conciles sont une expression bien visible de cette vitalité. Vatican II a été un exemple significatif de cette sollicitude de l’Esprit préparant l’Eglise à être un témoin vivant de l’amour de Dieu dans notre époque aux sensibilités si diverses.

Orientation.
L’Eglise parfaite est un idéal que nous rejoindrons seulement dans la Jérusalem céleste. Même dans les célébrations les plus simples, nous pouvons entrevoir humblement dans la foi cette cité de l’amour que nous commençons à construire sur terre. Devenons personnellement et ensemble cette demeure de Dieu ; pour cela, gardons ensemble sa Parole et apprenons de lui à aimer comme Il nous aime.



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