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7 e dimanche de Pâques C - 29 mai
2022 - Que tous soient un
Ac 7, 55-60 ; AP 22,
12-14, 16-17,20 ; Jn 17, 20-26
Que l’amour dont tu m’aimes soit aussi en eux
Rappelons-nous les derniers mots de la prière de Jésus
au Cénacle : que l’amour dont tu m’aimes
soit en eux et que moi aussi je sois en eux. Nous voici en plein
cœur du désir de Jésus, celui qui l’a
habité toute sa vie. Toute sa vie a été
témoignage d’amour, une « vie pour » :
pour son Père, pour nous. Nous avons tous fait un peu
l’expérience de la joie d’une vie qui se construit
en étant « pour » les autres, pour les
aider à connaître du bonheur. Faisant cela, nous
trouvons aussi le bonheur. Cette joie est particulièrement
grande quand le bonheur partagé est celui d’avoir trouvé
Dieu ou de s’être laissé trouver par lui. Jésus
en tout cas, dans sa prière, vivait à l’avance la
joie de nous voir bientôt rassemblés en lui ; dans
sa prière à son Père, il disait : qu’ils
soient un en nous ; c’est un souhait qui s’enracine
dans la joie trinitaire : être un avec l’autre en
trouvant sa joie dans l’autre.
Non plus serviteurs mais amis
Les textes de la liturgie de ce jour nous rappellent que depuis la
venue de Jésus parmi nous, notre humanité est entrée
dans la famille et l’intimité de Dieu. C’est le
sens de la phrase étonnante dans laquelle Jésus a
dit : je ne vous appellerai plus mes serviteurs mais mes
amis. Nous sommes tous faits pour nous aimer les uns les autres,
quelles que soient nos pauvretés et nos différences :
nous recherchons cette « communion » entre nous
en raison du lien profond qui a fait de nous, par le baptême,
des frères et des sœurs dans le Christ, parce que
membres de son Corps.
Avec les plus pauvres
Les membres du Corps du Christ les plus proches de nous, ce sont les
pauvres. Si tous les chrétiens donnaient à leurs frères
les plus pauvres la possibilité de devenir avec eux acteurs du
partage auquel nous invite l’évangile, cela deviendrait
vite explosif : personne n’est trop pauvre pour n’avoir
rien à partager ! Devenons semeurs d’une forme
d’écoute, d’unité, de communion vraiment
nouvelle entre les hommes. Et c’est pourquoi, dans sa prière
aussi, Jésus dit à son Père : qu’ils
soient un afin que le monde croie.
Père, pardonne-leur : ils ne savent pas…
La deuxième lecture de ce jour nous montre un exemple
admirable de cet amour dont nous trouvons la source dans le Christ.
Il s’agit du témoignage du diacre Etienne au moment de
son martyre. Alors que ses accusateurs commencent à le
lapider, Etienne voit le Christ auprès du Père et le
prie : Seigneur ne leur compte pas ce péché.
C’est la même attitude que Jésus sur la croix
disant : Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils
font. Ce sera l’attitude de tous les martyrs ; et je
pense en particulier aux frères de Tibhirine, qui n’ont
cessé de prier le Seigneur pour ceux qu’ils appelaient
leurs « frères de la montagne ». Saint
Paul, qui a été le jeune témoin de la lapidation
d’Etienne, se souviendra sans doute de cette attitude d’Etienne
quand la grâce du Seigneur viendra soudain lui toucher le cœur.
C’est ainsi que l’amour donné jusqu’au bout,
et le pardon donné aux ennemis, fait venir le Royaume plus
sûrement que tout discours. Dans le contexte actuel, marqué
de façon terrible par le terrorisme, cette attitude doit nous
faire réfléchir.
Orientation . Ce qui nous donne force et audace, c’est
de savoir que Dieu est toujours le premier à nous aimer :
nous ne sommes jamais sans amour, même aux heures les plus
douloureuses et les plus sombres. L’amour est créateur
de l’impossible, il régénère même
les blessures les plus profondes. Avec l’amour nous devenons
capables d’approcher nos ennemis, de trouver des mots qui ne
ferment jamais le cœur, de les servir avec des mains qui ne
font jamais mal, avec un regard qui ouvre toujours l'espérance
et conduit vers un Dieu qui est miséricorde.
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