|
Epiphanie
– année A - 8 janvier 2023
Is
60, 1-6 ; Ep 3, 2-3a. 5-8 ; Mt 2, 1-12
Un
« rendez-vous »
Pendant
la nuit de Noël, Saint Luc nous avait fait arriver à la
crèche avec les bergers ; Saint Matthieu aujourd’hui
nous fait venir adorer l’enfant avec les mages. Ces savants du
monde païen, habitués à consulter les astres,
étaient sans le savoir, de vrais chercheurs de Dieu :
venus de loin, ils avaient pris la route un peu comme Abraham, en
faisant confiance à un appel, un « rendez-vous »,
qui finalement venait du plus profond d’eux-mêmes. En
quittant leurs pays et leurs habitudes, et dans le silence de leur
cœur, les mages s’étaient rendus libres pour
trouver Dieu, ou plutôt pour se laisser trouver par Lui…On
pourrait presque leur appliquer la phrase de Saint Augustin
entendant le Seigneur lui dire : tu ne me chercherais
pas si tu ne m’avais déjà trouvé.
Le
trésor trouvé
Ces
mages païens, au moment où l’étoile n’était
plus là pour éclairer leur chemin, se sont adressés
à ceux qui leur paraissaient les plus aptes à les
aider. Bien des païens en recherche s’adressent encore à
nous avec la même confiance pour trouver le Christ :
savons-nous toujours les aider ?
Les
théologiens de Jérusalem savaient que le roi des juifs,
l’étoile de Jacob, le Messie attendu par tous,
devrait naître à Bethléem ; ces savants
avaient donc la bonne réponse mais, malheureusement, ils
ne l’ont pas laissée descendre jusque dans leur propre
cœur. Ce seront donc des mages païens qui seront guidés
jusqu’à Bethléem par la lumière de
l’Ecriture…
Dès
le début de son Evangile, Saint Matthieu nous fait ainsi
partager une réalité qui va parcourir tout l’évangile ;
tout d’abord une nouvelle joyeuse adressée à tous
les hommes : il n’y a pas désormais de frontières
pour la foi, et tous les païens pourront avoir accès
au salut. La nouvelle plus triste, c’est que des croyants, des
responsables de la foi en particulier, endormis dans leurs
certitudes, n’auront pas vu les signes de la venue du Seigneur
dans leur temps ; souhaitons que ce ne soit pas notre cas !
Le Seigneur en effet est en train de naître aussi dans notre
monde d’aujourd’hui.
Les
mages sont donc repartis seuls, mais l’évangile nous dit
qu’ils ont repris leur marche avec une très
grande joie : cette joie, la « joie de
l’évangile » qu’ils découvrent,
nous fait penser à la parabole de Jésus : celle de
l’homme qui a trouvé dans son champ le trésor du
royaume des cieux, ou aux femmes qui au grand matin de Pâques,
ont appris de l’Ange la Résurrection de Jésus. La
paix et la joie sont toujours le grand critère de
l’authenticité de notre foi. Chers amis, nous
participons tous à ce savoir, à cette joie de la foi,
même quand des nuages semblent faire disparaître
l’étoile. Nous pouvons noter en passant que les Mages
(dont la tradition a fait des rois) ont fait ensemble et non pas
isolément la route de l’aventure de la foi : la
tradition nous décrit ces hommes venant de peuples différents,
chacun ayant la couleur et la sensibilité de sa culture. En
cela les mages représentent tous ceux qui à travers le
monde, avec la richesse de leurs différences, seront bientôt
appelés à se rassembler dans le Christ et dans son
Eglise. C’est ainsi que l’arrivée joyeuse des
mages à Bethléem sera considérée comme la
première fête missionnaire.
Adoration
Le récit
évangélique poursuit : ils virent l’enfant
avec Marie sa mère . Quelle surprise de se trouver
dans une grotte, devant un enfant qui n’avait apparemment
rien d’un roi. Et pourtant se prosternant, ils lui
rendirent hommage. Heureux bouleversement de toute foi,
faisant entrer dans un monde totalement nouveau et pourtant plus
réel que le réel ! Les mages ont compris tout
de suite : ils ont trouvé Celui qu’ils
cherchaient au plus profond d’eux-mêmes, sans le
savoir. Des convertis nous le disent encore aujourd’hui :
un jour ils ont reconnu le Christ, presque sans étonnement,
comme s’ils l’attendaient depuis toujours. Les
cadeaux des mages à la crèche symbolisent les
trésors apportés depuis l’au-delà des
mers, et dont parlait le prophète Isaïe. Les Pères
de l’Eglise trouveront un sens à chaque don offert :
par l’encens, les mages honorent Dieu présent en
Jésus ; par l’or, ils honorent le roi ; et
par la myrrhe, ils honorent déjà sa mort future.
Mais on peut surtout penser à cet apport des différentes
cultures qui va faire bientôt la beauté de
l’Eglise : quelle richesse ! En même temps,
arrivant devant la crèche, ces rois se sont surtout
découverts pauvres… Ici, l’émerveillement
devient adoration. L’adoration est le premier cadeau fait
au Seigneur disait Jean Paul II aux jeunes des JMJ…
Puis les mages sont rentrés par un autre chemin par peur
d’Hérode. Lorsqu’il nous arrive aussi de
rencontrer vraiment le Christ, il est difficile de ne pas chercher
à prendre d’autres chemins dans notre vie.
Orientation : E n ce jour de
l’Epiphanie, Seigneur, aide-nous à repartir avec les
mages vers notre vie quotidienne, le cœur plein de joie ;
aide-nous à redonner espérance autour de nous à
ceux qui ne voient comment sortir de leur nuit et où
trouver « l’étoile » qui les
attend.
|