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Nativité du Seigneur (jour) - mercredi 25
décembre 2022
Is 52, 7-10 ; H 1,
1-6; Jn 1, 1-18,
La Parole a pris notre visage
Dieu s’est fait homme afin que l’homme devienne enfant de
Dieu par la lumière de la foi : voilà le message
que Saint Jean nous transmet aujourd’hui. Saint Jean, guidé
par l’Esprit Saint, a voulu partir des questions des hommes
de son temps pour le dire. A cette époque, grâce
surtout au rayonnement de la foi juive, beaucoup commençaient
à croire en l’existence d’un Dieu unique. Mais
cette conviction naissante entraînait toutes sortes de
questions nouvelles : par exemple comment Dieu pouvait-il
s’intéresser à sa création et communiquer
avec elle ? Dieu ne pouvait pas vraiment nous parler ! Le
peuple Juif étonnait tout le monde en disant que Dieu nous
avait vraiment parlé par les prophètes ; et il
avait même fait Alliance avec Israël, se révélant
plein de sagesse, d’amour et de miséricorde. Mais voici
que depuis la naissance de Jésus à Bethléem
cette Parole a pris un visage, celui d’un enfant ! Et
depuis lors les événements, les actes, les paroles de
toute la vie de Jésus l’ont révélé
comme venant de Dieu ; il ne cessait de parler de son Père
des cieux, et au nom de son Père. Sa façon d’enseigner,
de guérir, de pardonner les péchés, et surtout
son triomphe sur la mort en ressuscitant feront que même le
centurion païen qui le verra mourir s’interrogera :
il est vraiment le Fils de Dieu. Jésus avait annoncé
: je suis la vie, je suis la lumière ; mon
père et moi nous ne faisons qu’un. Il a fallu la
Résurrection et la Pentecôte pour que cette Bonne
Nouvelle apparaisse dans toute sa clarté ; une bonne
nouvelle que Saint Jean, et tous les apôtres, poussés
par l’Esprit, se sont mis à proclamer partout :
en Jésus, la Parole de Dieu s’est faite chair ;
En Jésus, depuis Noël, Dieu est venu
personnellement planter sa tente parmi nous. Oui, non seulement
la sagesse, la parole, la lumière qui est en Dieu est une
personne, mais cette personne a pris notre visage, le visage d’un
enfant comme le visage combien humain qu’il a gardé en
mourant sur la Croix. Il a appris « notre »
langue, il est donc venu chez les siens, un homme parmi les hommes.
Mais en mourant sur la croix il nous a introduits dans sa vie car il
était vraiment le Fils de Dieu. Par lui, avec lui et en lui
nous sommes devenus des enfants de Dieu ! En assumant notre
propre vie, Jésus nous a donné d’entrer dans sa
vie divine.
Les siens ne l’ont pas reçu
On comprend alors pourquoi Jean s’interroge devant notre peu
de foi : comment se fait-il que Dieu soit venu chez les siens et
que les siens ne l’aient pas reçu ? Comment se
fait-il que l’amour soit si peu aimé ? Pourquoi
vouloir refuser à Dieu d’être notre Père ?
Pourquoi refuser à un
Père d’aller jusqu’au bout de son amour, en venant
partager en son Fils nos souffrances, nos pauvretés, et toute
la joie qu’il veut nous donner en nous tirant des ténèbres
et du désespoir ? On a l’impression en écoutant
l’évangile d’aujourd’hui que saint Jean,
pendant quelque instants, s’est laissé envahir par la
tristesse, jusqu’au découragement, face à la
dureté de notre cœur. Comme si Dieu, à travers
lui, disait à nouveau : que
t’ai-je fait ô mon peuple
Joie d’être
devenus enfants de Dieu
Saint Jean ne termine pas sa
méditation sur une note pessimiste, mais il l’achève
par un grand cri de joie devant ce qui se passe maintenant sous
vos yeux ; nous
avons vu sa gloire, nous à qui il a donné le pouvoir
de devenir enfants de Dieu.
A ce moment-là Jean semble regarder toutes les communautés
chrétiennes qui se multipliaient autour de lui malgré
les persécutions, malgré l’échec qui
semblait inévitable pour le christianisme naissant. Jean a
envie de chanter sa joie avec toutes ces communautés, habitées
par la force de l’Esprit… Jean a mis ce chant au début
de son évangile, comme le thème de toute la symphonie
qu’il allait développer en racontant la vie de Jésus ;
et il a su développer son enthousiasme auprès de ses
propres disciples. Saint Irénée, évêque
de Lyon, qui avait bien connu Polycarpe un disciple de Jean, écrira à
un ami : je peux te dire en quel endroit Polycarpe
s’asseyait pour parler… comme il rapportait (avec
enthousiasme) ses relations avec Jean et les autres qui avaient vu le
Seigneur, comment il rappelait les paroles qu’il leur avait
entendu dire au sujet du Seigneur, de ses miracles, de son
enseignement.
Orientations : Pensons à nos propres ancêtres
qui ont fêté Noël avant nous, qui nous ont
transmis, par la grâce de Dieu, la joie de la foi. Ils ont vécu
leur foi dans leur temps, traversant dans la fidélité
les joies et les épreuves de cette foi : et Dieu sait
combien celle-ci a été éprouvée à
travers les âges. Mais pour eux comme pour nous, Noël est
toujours resté Noël : le premier jour d’un
immense bonheur, d’une naissance qui nous a fait renaître,
redevenir des enfants, avec des yeux émerveillés
d’enfants ouvrant ce cadeau qui leur est donné c’est-à-dire
devenir dans le Christ des enfants de Dieu, et rendre gloire au père
par le Christ, avec Lui et en Lui… et cela pour toujours !
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