Cssp/islam 04/2011
octobre2011
Août 2011
Chers confrères et ami(e)s,
du 1er au 6 septembre 2011 s'est déroulée à Rome dans le cadre de la Maison généralice une Rencontre
spiritaine sur le dialogue interreligieux et le dialogue avec les cultures. Cette rencontre était une première du genre
au sein de la Congrégation après deux rencontres internationales déjà organisées sur le thème plus spécifique de la
rencontre avec l’islam et les musulmans (Dakar 1989 et Banjul 2002). Une douzaine de participants d'horizons très divers
apportèrent leurs expériences et leurs réflexions et la Rencontre produisit également queques textes de manière à partager
le fruit de nos échanges avec toute la Congrégation et sensibiliser chacun à l'importance d'une dynamique de dialogue.
Vous trouverez en document joint le message final destiné aux confrères.
Par ailleurs un message au Chapitre est en cours de rédaction et fera partie des textes pré-capitulaires. Enfin il est prévu que la revue Vie Spiritaine offre à tous d'ici quelques mois le contenu des interventions de cette Rencontre.
Fraternellement,
Marc Botzung, cssp
<
CONGREGAZIONE
DELLO SPIRITO SANTO
CLIVO DI CINNA,
195 - 00136 ROMA, ITALIA
Brèves
Nouvelles Spiritaines
17
octobre 2011 - n° 274
“ Qui
donc est mon prochain?” (Lc
10, 29)
>
Message
final de la rencontre
de Spiritains engagés
dans
le dialogue interreligieux
et le dialogue avec les cultures
>
Pourquoi
les affrontements interreligieux sont -ils
récurrents dans un certain nombre de pays ?
Au-delà
des appartenances religieuses (chrétiennes, musulmanes,
hindoues, bouddhistes, religions traditionnelles africaines, etc.)
nous constatons souvent des pratiques traditionnelles comparables.
Comment
vivre en Eglise un respect des spécificités culturelles
de populations minoritaires ? Comment entrer en dialogue avec les
nouvelles Eglises ?
L'impact
de la postmodernité se fait sentir plus ou moins fortement sur
tous les continents et fait émerger de nouveaux modes de vie
et de pensée.
Sens
et contenu d'une telle rencontre
Du 1 er
au 6 septembre 2011 une dizaine de Spiritains, profès et
associée, ont confronté, dans le cadre de la Maison
généralice et en présence du Supérieur
général et de son premier Assistant, leurs expériences
dans le domaine du dialogue interreligieux et du dialogue avec les
cultures. Si deux rencontres (Dakar 1989 et Banjul 2002) avaient déjà
permis d’échanger sur la rencontre avec l’islam et
les musulmans, ce fut – étonnamment ! – la
première fois qu’au sein de la Congrégation le
débat portait sur le dialogue de manière plus large.
La variété
des contributions et la richesse des discussions durant la rencontre
nous obligèrent à revisiter ce qui fonde
notre engagement spiritain dans la rencontre interreligieuse et
interculturelle, à interroger nos pratiques
avec ses côtés fructueux mais aussi avec ses manques, à
découvrir l’étonnante
étendue
des réalités où un tel dialogue est pertinent
puisqu’il touche bien souvent à notre pratique
pastorale
elle-même.
Qu’est-ce
que le dialogue ?
Le dialogue
est avant tout u ne
attitude
du cœur
et une ouverture
d’esprit
envers l’autre – mon frère, ma sœur et mon
prochain
-. Cette capacité d’écoute, de décentrement
de soi, de respect qui s’oppose à toute forme de mépris,
de supériorité ou d’arrogance, nous rend capables
de compassion envers celui qui souffre, d’empathie pour l’exclu
et de respect pour l’autrement croyant. N’est-ce pas à
cette qualité et à cette égalité de
relation que nous aspirons nous-mêmes dans nos vies en
communautés spiritaines ? Le dialogue est un art de
vivre !
Pourquoi
dialoguer ?
D’abord
parce que c’est la manière dont Dieu lui-même se
révèle et se comporte avec nous .
Ensuite parce qu’Il nous crée à son image et à
sa ressemblance, si bien que nos différences –
infinies ! – ne réduisent jamais à néant
ce qui fait notre commune
humanité .
Ce qui nous unit est plus grand que ce qui nous sépare, comme
aimait le dire le bienheureux Jean-Paul II.
S’il
fait partie de la réalité de l’Eglise d’être
en ce monde non seulement une communauté de croyants parmi
d’autres, mais d’être, à cause du Christ, «
en
quelque sorte le sacrement, c'est-à-dire le moyen et le signe
de l’union intime avec Dieu et de l’unité de tout
le genre humain » ,
alors œuvrer à cette unité qui, à la fois
respecte et en un sens dépasse les différences, fait
partie de la mission de l’Eglise. Une telle mission ne
correspond-elle pas justement plus que jamais à l’une de
nos spécificités de religieux et de
missionnaires attentifs à ceux qui sont à la marge
de nos sociétés et au-delà du seuil de l’Eglise
comme nous y invite notre Règle de vie lorsqu'elle parle
de
la
" Mission
comme dialogue "
( RVS
13.1) ? En ces lieux de fractures, c'est à un véritable
travail de réconciliation
que nous sommes en fait souvent confrontés.
Comment
dialoguer ?
Dans la
rencontre interreligieuse
quatre niveaux complémentaires existent. Le premier est celui
d'une cohabitation qui correspond à la vie quotidienne de la
très grande majorité de l'humanité! D'ailleurs
les autres niveaux ne prennent sens que par rapport à ce vivre
ensemble et pour lui. Ce niveau est riche de nos vies humaines
alternativement habitées de préjugés et
potentiellement lieu d'amitiés profondes. Le deuxième
niveau comporte des collaborations communes pour le bien de tous
(éducation, démarche Justice, Paix et Intégrité
de la Création, lutte contre la pauvreté,
accompagnement de processus pré- et postélectoraux,
etc.), montrant qu'il est possible de compter sur l'autre et d'agir
avec efficacité. Dans les grands moments de la vie (maladie,
naissance, catastrophe, etc.), si la confiance existe, il sera
possible de vivre un dialogue plus spirituel – c'est le
troisième niveau - d'échanger sur les convictions
religieuses, sur le sens des pratiques ou encore de questions en
suspens. Cette confrontation renvoie toujours à notre propre
expérience, la questionne ou l'enrichit. Mais Dieu ne nous
interpelle-t-il pas dans ces étonnements là ?
Enfin il existe parfois un dialogue qui demande davantage de
compétences, c'est le quatrième niveau, celui d'une
réflexion plus théologique et qui, pour être
fructueux, demande une connaissance approfondie de la tradition de
l'autre.
Notre dialogue
avec les cultures
Depuis ses
origines notre tradition spiritaine nous a mis en contact avec des
personnes de cult ures
diverses. La disponibilité à aller habiter chez
l'autre, à apprécier l'hospitalité reçue
et à apprendre de nos hôtes en nous mettant à
leur école fait partie de la spécificité de
notre charisme. Aujourd'hui ce défi continue de nous être
lancé d'oser franchir le pas, de passer les frontières
d'autres pays, d'autres cultures (pauvres, jeunes, exclus, groupes en
marges), d'apprendre leur langue jusqu'à faire profondément
alliance avec eux en vue d'y être témoins du Christ.
Cette rencontre nous change. Or c'est parce qu'elle ne nous laisse
pas indemne qu'elle peut être grâce. Cette rencontre
demande aussi du temps et de la persévérance! Mais
comment porter du fruit sans prendre le temps de laisser d'abord
pousser des racines ?
Conclusion
En un
certain sens, notre rencontre spiritaine a fait écho aux deux
grands évènements qui seront commémorés
cet automne : les 10 an s
du « 11 septembre » et les 25 ans de la
rencontre d’Assise, le 27 octobre 1986 entre le pape Jean-Paul
II et des représentants de toutes les grandes religions du
monde : une journée de jeûne et de prière
pour le don de la paix.
Paradoxalement
ces deux événements interrogent notre propre agir.
En effet, notre capacité à dialoguer reste fréquemment
limitée à un cercle de personnes choisies ou proches de
nous. Or il existe en chacune de nos circonscriptions, de nos
communautés, des personnes et des groupes (nationaux,
ethniques, sociaux, religieux) que nous tenons à distance pour
une raison ou pour une autre. Quels sont ces groupes ? Qui parmi
nous est capable d'y avoir un ou des amis ? Il nous arrive de
mettre en œuvre des démarches pour rencontrer ces
personnes.
D'autres
fois aussi des préjugés nous aveuglent ou des peurs
nous paralysent. La question adressée à Jésus
dans l'Evangile : “Qui
donc est mon prochain ?” ne
nous invite-t-elle pas à être des artisans de dialogue
là où nous vivons aujourd'hui ?