Bref ! je n’ai pu, au cours de cette causerie, qu’effleurer
quelques aspects de la vie des spiritains dans la « maison de l’Islam »
.Vous pourriez penser que le tableau est idyllique . Vous savez pertinemment que
cette mission n’est pas toujours facile : les difficultés personnelles
et communautaires surgissent comme partout ailleurs ; vous savez aussi que
la violence est sans cesse prête à resurgir : être chrétien dans la
« maison d l’Islam » , c’est déjà considéré bien souvent
comme une provocation insupportable…A ceux qui me demandent pourquoi je reste
dans le pays, il m’arrive souvent de répondre simplement : « pour
prouver qu’il est possible de vivre, entre chrétiens et musulmans, dans la
paix , dans l’amour et même dans la fraternité ». Quand une telle
démarche s’inscrit dans la durée et même à travers des années de
fidélité au milieu de la violence comme ce fut le cas ces dernières années,
je pense que les spiritains n’ont pas à rougir d’une telle entreprise dans
un monde qui risque à tout moment de basculer dans une confrontation. Et comme
les volontaires ne se bousculent pas au portillon, peut-être peut-on
considérer qu’il s’agit pour aujourd’hui d’une « mission pour
laquelle l’Eglise trouve difficilement des ouvriers »…
Avant d’achever mon discours, je citerai d’abord ce texte
trouvé dans le bulletin diocésain de l’Eglise de Luçon, du 13 novembre
2003 :
Lors d’une rencontre de jeunes, après avoir entendu la
lecture de l’Evangile (Mat.5, 1-12), on leur a demandé d’écrire les
béatitudes pour notre temps ; en voici deux exemplaires :
« Heureux ceux qui risquent la rencontre avec l’autre,
ils sont porteurs d’espérance ! »
« Heureux ceux qui marchent avec leurs frères et sœurs,
Dieu marchera avec eux ! »
Ces deux béatitudes reflètent assez bien les sentiments
unanimement exprimés lors de la réunion des délégués des spiritains
travaillant en milieu musulman à Banjul en juin 2002, et c’est par la
citation du 3° paragraphe de leur message final que je terminerai cet
entretien. Ils ont auparavant décrit les séismes qui secouent le monde
musulman et la faille qui risque encore de s’élargir entre le monde chrétien
occidental et le monde musulman, et ils concluent :
« Tout ceci souligne pour nous l’urgence absolue d’un
dialogue inter religieux avec les populations musulmanes dans lesquelles nous
travaillons. Dans ce message, nous voulons affirmer que nous sommes très
heureux de pouvoir exercer ce ministère de dialogue inter religieux comme un
élément intégrant de notre vocation spiritaine. Et nous sommes convaincus qu’il
faut poursuivre ce ministère en dépit des difficultés qu’il comporte..."
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