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7e dim. de Pâques: (29 mai 2022)
Actes des Apôtres
7, 55-60 ‘ (“Voici
que je contemple le Fils de l’homme débout à la
droite de Dieu”)
Notre
lecture des Actes des Apôtres revient en arrière parce
que le septième dimanche de Pâques se polarise sur la
prière de Jésus et de son Église. D’où,
cette année, l’évocation de la prière
d’Étienne (ou Stéphane, c’est le même
nom), le premier martyr. Comme Jésus comparut devant le
sanhédrin, Luc veut qu’Étienne témoigne de
sa foi, par le plus long discours des Actes (Actes 7, 2-53), devant
le même tribunal. Mais c’est une fiction littéraire.
L’exécution ici évoquée relève d’un
lynchage populaire et non d’une procédure judiciaire qui
était bien codifiée dans le monde juif.
Luc
souligne l’identité entre Jésus et son témoin
: Jésus remit son esprit à son Père (Luc 23,
46), Étienne, qui voit Jésus
*debout à la
droite de Dieu, remet son esprit au Seigneur Jésus. Comme
Jésus, Étienne pardonne à ses bourreaux (lire
Luc 23, 34). La fine fleur de la prière chrétienne est
celle qui, à la suite du Christ, intercède pour ceux
qui nous font du mal. Elle signifie que nous remettons au Père,
en toute confiance, le soin de juger et les intentions de ceux qui
nous nuisent et notre bon droit.
* «Debout
à la droite de Dieu». Pour évoquer le mystère
pascal, les évangélistes usent de «clichés»
précis de l’Ancien Testament. Ils citent, par exemple,
le Psaume 110, 1 et disent que Jésus s’est assis
à la droite du Père (l’expression est
passée dans notre Credo). D’où l’étonnement
constant des commentateurs découvrant ici, sous la plume de
Luc, un Jésus debout à la droite de Dieu. Cette
énigme n’a pas de solution définitive. Mais, dans
les évangiles, l’expression «il se tint debout»
est une des manières de dire les apparitions du Christ
ressuscité. Nous n’avons pas fini de chercher les
expressions propres à rendre compte de la résurrection
de Jésus.
Apocalypse
22, 12-14.16-20 (“Viens,
Seigneur Jésus")
L’épilogue
de l’Apocalypse est tissée d’allusions aux
liturgies qui rassemblaient les chrétiens du 1ersiècle.
En chaque célébration, le Seigneur vient. Il nous
annonce sa pleine venue qui jugera notre vie et nous donnera la
pleine réalité que ce que recevons déjà
dans les sacrements du baptême (“ceux qui lavent leurs
vêtements”) et de l’eucharistie (les “fruits
de l’arbre de vie”).
L’histoire,
de A à Z
Jésus
couvre de sa présence l’histoire du monde :
il est l’alpha et l’oméga, première
et dernière lettre de l’alphabet grec, ces caractères
que nous gravons sur le cierge pascal. Il est «le premier et le
dernier», une expression que l’Ancien Testament
appliquait à Dieu lui-même. Ce Jésus qui vient
est le Messie annoncé par les Écritures, c’est-à-dire
«le rejeton de David» selon Isaïe 11, 1.10, ou
«l’Étoile» selon Nombres 24, 17.
Viens !
L’Esprit
de la Pentecôte est présent dans «l’Épouse»,
dans l’Église assemblée pour sa liturgie. En
elle, l’Esprit attise notre désir de voir un jour sans
voile le Christ et ses bienfaits dont les sacrements nous donnent
l’avant-goût (comparer Romains 8, 26-27).
L’eucharistie doit être le moyen d’aviver notre
soif de «l’eau de la vie», le moyen de témoigner
que le monde ne va pas vers l’absurde, puisqu’il y a
partout sur cette terre douloureuse des croyants qui crient :
«*viens, Seigneur Jésus» et qui seront
entendus de lui.
*Viens,
Seigneur Jésus ! À la suite de l’Apocalypse,
notre acclamation d’anamnèse chante : «Viens,
Seigneur Jésus !»
(et non pas «Christ est venu, Christ est né»…).
L’exclamation traduit l’araméen maranatha,
dans la langue de Jésus. Même les premiers chrétiens
de langue grecque usaient de cette formule dans leurs liturgies (cf.
1 Co 16, 22).
On peut lire : maran atha : le Seigneur est venu (il est là)
ou marana, tha : Seigneur, viens !
Les deux interprétations, en une ambiguïté voulue,
étaient inséparables : en chaque eucharistie, le
Seigneur vient, non pour que nous le possédions dans la
routine des dimanches, mais pour raviver notre désir de sa
pleine venue en ce monde.
Jean
17, 20-26 (La grande
prière de Jésus “Qu’ils deviennent
parfaitement un”)
Au terme
des discours d’adieux du jeudi saint Jean 13, 21 – 17,
26) le chapitre 17 forme le sommet. Cette prière constitue
même une sorte d’Ascension, car celui qui parle est à
la fois le Jésus terrestre, révélateur de Dieu,
et le Fils glorieux, vainqueur de la mort, qui intercède pour
nous aujourd’hui auprès de son Père. La tradition
a appelé ce chapitre «prière sacerdotale»
justement à cause de cette fonction d’intercession que
la Lettre aux Hébreux attribue à Jésus, grand
prêtre céleste.
Une unité
présente et à venir
Nous lisons
en cette année C la troisième et dernière partie
de la Prière, là où le regard de Jésus se
tourne vers l’avenir, vers les générations qui
parviendront à la foi, grâce à la prédication
des premiers disciples au long de l’histoire. Pour Jean,
« croire
en Jésus »
signifie reconnaître et proclamer l’intime communion
entre le Fils et le Père. Et cette unité du Père
et du Fils doit souder les chrétiens entre eux : elle est le
modèle («comme toi, Père, tu es en moi») et
la source de leurs relations fraternelles («moi en eux, et toi
en moi»). Elle équivaut aussi à un courant
porteur de vie, grâce au Fils qui «vit par le Père»
et qui a donné aux siens
*la gloire de son Père
: il leur a révélé le vrai visage de Dieu dans
toute sa clarté.
L’unité
comme témoignage
L’unité
de la communauté est la condition nécessaire «pour
que le monde croie» en l’Envoyé de Dieu. Mais elle
est aussi un défi :
«le monde saura», à défaut de croire, que
l’envoi du Christ aboutit à la venue de l’amour du
Père qui unit les chrétiens. Pour Jean, «le
monde» représente l’environnement de ceux qui ont
déjà réfusé la personne de Jésus
et restent hostiles aux vrais croyants ;
ce «monde» négatif inclut aussi des dissidents de
la communauté à laquelle Jean s’adresse, des gens
qui voient en Jésus le Prophète, l’Envoyé
de Dieu, mais qui ne vont pas jusqu’à le reconnaître
comme ce Fils de Dieu qui peut dire :
«Le Père et moi, nous sommes UN» (Jean 10, 30).
Ainsi, l’unité voulue par Jésus comme le
prolongement de sa mission repose moins sur une même conduite
conforme au bien que sur la même foi au mystère de sa
personne. Résonne encore ici la réponse de Jésus
à une précédente question de Philippe :
«Philippe ! Celui qui m’a vu a vu le Père»
(Jean 14, 9).
Père
saint… Père,… Père juste
L’invocation
du Père scande la dernière partie de cette page
d’évangile. Cette conclusion exprime la dernière
volonté («je veux») du Christ éternellement
vivant. Ce qu’il désire, quand le Père le voudra,
c’est la réunion finale des croyants dans sa propre
«gloire», dans la pleine lumière, au terme de leur
pèlerinage dans la grisaille terrestre. Car si Dieu s’appelle
le «Père juste», il doit distinguer et juger entre
«le monde» du refus de la foi et ceux qui, par Jésus,
ont accédé à la connaissance et à l’amour
de son *Nom – le nom de «Père», bien
sûr. Et ce nom, «je le ferai connaître»
encore, ajoute Jésus. L’évangéliste songe
sans doute ici à l’œuvre de l’Esprit Saint,
le Défenseur qui, au long des âges, intériorise
en nous l’œuvre de Jésus.
*La
gloire. « …la
présence de Jésus parmi les disciples est le résultat
de son amour ; elle en est aussi l’expression. Jésus
achève sa révélation par un clin d’œil
à l’histoire de l’alliance :
après la révélation du Sinaï, la gloire de
Dieu reposait sur le tabernacle au milieu d’Israël (Exode
40, 34).
De son vivant, Jésus a été, selon Jean, la
gloire de Dieu manifestée aux hommes (Jean 1, 14).
Maintenant cette gloire habite dans la communauté des croyants
(17, 22)”
(A. Marchadour, L’Évangile de Jean, p. 216).
* Le Nom
de Dieu. Quand Dieu révèle son Nom, sans le
révéler, il se présente comme «Je Suis»
ou «celui qui sera» (avec son peuple, pour le sauver ;
cf. Exode 3, 14). Dans l’évangile de Jean, Jésus
proclame plusieurs fois «Je Suis» ;
il incarne la présence et l’œuvre de Dieu. En
outre, le Deutéronome évoque le Temple comme «le
lieu que le Seigneur a choisi pour y faire habiter son Nom» ;
pour Jean, c’est l’humanité du Christ qui est
désormais ce Temple (cf. Jean 2, 21).
Jésus lui-même est le Nom de Dieu ; sa personne
même révèle ce Nom.
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