Une Église à INVENTER
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Deux séjours au Nigeria (1984 -1998), entrecoupés de cinq ans à Madrid, ont permis à Laly Nieto, de Cordoba en Andalousie, de voir germer, auprès des jeunes, lÉglise de demain.
Dans un Nigeria immense, il reste beaucoup à créer. En toute liberté.
Et moi qui pensais trouver une Église très classique, héritage des missionnaires irlandais !
Jarrive en Igala, au Nigeria, lannée où lÉglise catholique y fête son cinquantenaire. Je dois en même temps apprendre langlais et ranger mes préjugés. Ogugu, notre village, a reçu les premières spiritaines.
Notre communauté dessert une paroisse dont le curé habite à 15 km. On me confie les villages et les jeunes. Certes, les routes ne sont pas bonnes, mais les gens nous aiment tellement.
Nous démarrons une communauté, dans un autre village, le long du fleuve Niger. Nous ny avons trouvé pour toute maison que 4 piliers. Joie de pouvoir innover.
Dans un Nigeria immense il y a des régions où il reste beaucoup à inventer en toute liberté.
Chacune de nous sinvestit alors selon ses compétences. Pour moi, jeunes et villages. Nous formons rapidement des groupes-jeunes et organisons des week-ends autour de la Parole. Les villages sont plus de 40, et le prêtre habite à 20 km de chez nous.
Les gens sexpriment de tout leur être dans une prière capable de guérir corps et âmes. Beaucoup de jeunes y participent mais les sectes viennent pêcher dans nos groupes.
A Iyano, nous inventons. Il nous faut beaucoup dattention aux personnes, à leurs réalités sociales. La religion traditionnelle est très vivante. Les gens nous appellent " les Blancs ", mais nous sommes partout bien accueillies. Quand lune de nous a un ennui, elle voit toujours quelquun venir laider au plus vite. Nous navons vraiment aucune peur, nous nous sentons " chez nous ".
Le manque de routes a été notre plus grand obstacle. Les crues du fleuve nous enferment à Ibaji de mai à décembre. Larrivée dune sur infirmière diplômée, nous permet douvrir un dispensaire. Les villages éloignés ne se visitent que 3 ou 4 fois lan. Les chrétiens n'ont donc que de très rares eucharisties. Ils voient très peu catéchistes et Surs. Cet éloignement rend les gens responsables de leur communauté et plus sensibles aux célébrations des fêtes.
Rappelée en Espagne, je partage durant cinq ans de coopération missionnaire, tout ce que jai reçu au Nigeria. Je visite aussi des prisonniers africains anglophones contents de parler de leur pays.
De retour au Nigeria, cest à Ankpa (ville de 60 000 habitants ) que je retrouve les jeunes et commence laccueil des surs. Je porte, avec laccord de lévêque, le Corps du Christ dans des villages. En profonde communion avec des frères et des surs, je me sens heureuse de croire, animée du même Esprit.
90 évangélisateurs laïcs formés et nourris
Je visite toujours des prisonniers, comme à Madrid. Je les soutiens, avec laide de la communauté chrétienne. Le dimanche, je vais prier avec protestants, catholiques et musulmans. La Parole, cest comme si je la reçois deux. " Il nous faut beaucoup dattention aux personnes, à leurs réalités sociales. "
Un jour, lun deux, hospitalisé et qui a vu mourir ses 2 frères, maccueille: " Voilà mon sauveur ! " Ce cri me surprend. " Ce nest pas mon argent que japporte, ce sont de nombreuses personnes qui taident, lui dis-je, je ne suis que le relais. " " Je suis sauvé! " fit-il, le visage radieux.
Mes surs, les novices, les paroissiens vont aussi voir ces prisonniers quil faut aider.
Quand ils passent en ville pour aller puiser de leau à 2 km de leur prison, ils sont heureux de pouvoir nous parler, se sentent un peu moins exclus.
Autre nouveauté sur la paroisse : la formation de 90 évangélisateurs laïcs. Je dois organiser les rencontres, donner des cours, nourrir tout ce monde, avec nos petits moyens. Et prévoir les déplacements dans les villages pour passer de la théorie à la pratique.
En voyant tout ce que nous faisons pour que leur formation réussisse, les gens sont heureux. Ils me disent apprécier surtout le fait que jose, comme eux, masseoir par terre, aller à pied, accepter ce quils me donnent.
Je suis heurtée, parfois, par leur manière, surtout par leur façon de demander des cotisations pour renouveler les haut-parleurs de léglise, soutenir une famille en deuil, payer un déplacement. Réponse : " Laisse-nous faire, cest notre Église, il nous faut préparer les jours où les missionnaires ne seront plus là en nombre pour nous aider! "