Spiritaines

Retour à Soeurs

Retour au Sommaire du Dossier
Dossier Haïti
Spiritaine et médecin

Sr Agnès

Après Tunis, Calcutta et le nord du Sénégal, Agnès Simon-Perret part en Haïti. A 38 ans, médecin pédiatre, elle exercera à Montagne-la-Voute.

J'ai découvert le visage hideux de la misère dans un bidonville à Tunis, puis dans un mouroir à Calcutta. Mais aussi, véritable petite fleur sur un tas d'immondices, la beauté et le poids d'un sourire, d'une main tendue.
Mon refus de ce monde dont malgré moi j'étais complice s'est transformé en engagement : la médecine.
A Louga, dans le nord du Sénégal, les Sœurs du Saint-Cœur de Marie n’avaient personne pour prendre en charge le dispensaire.
J’y ai compris assez vite qu’au lieu de me laisser déborder par plus de 100 consultations quotidiennes, il valait mieux investir en temps et en moyens pour prévenir les maladies infectieuses et parasitaires. Qu’au lieu de travailler dans mon coin, il était préférable d’entrer dans l’esprit de la politique-santé du pays en collaborant avec tous les agents de santé. Attitude possible, attendue et bénéfique pour tous.
Nous avons mené ainsi une action de dépistage et de traitement de la malnutrition dans les écoles maternelles de la ville. J’ai reçu du district de santé de Louga le même lot de médicaments que le dispensaire d’État. J’adressais bien sûr un rapport d’activité mensuel au médecin départemental.
De retour en France, retrouvant famille, amis, travail, mon regard avait changé. J’avais rencontré des spiritaines en session de médecine tropicale à Lyon mais aussi à Dagana et à Podor, au Sénégal, pendant mon initiation au milieu et à l’organisation des structures de santé. C’est donc vers elles que je me suis tournée.
En fin de formation initiale en France et au Cameroun (noviciat), je m’engage, le 5 septembre 1998, avec 2 autres sœurs. Obédience : Haïti. A quatre spiritaines, nous n’avons pas de tâche définie à l’avance. Nos priorités ? Apprendre la langue, découvrir la culture, les réalités humaines, politiques et ecclésiales, permettre aux gens de nous dire leur histoire, à leur manière : l’esclavage, la colonisation, les dictatures, les espoirs déçus. Non pas l’histoire lue dans les livres, mais celle qui blesse, aujourd’hui encore, les esprits et les chairs. Nous ferons tout pour que notre communauté témoigne de l'amour du Christ à un peuple meurtri. Mon service de santé sera l’une de nos activités. J’ai appris, au Sénégal, qu’une grande part du personnel de santé, si facilement décrié, aspire en fait à travailler de son mieux. Il a besoin pour cela d’un accompagnement lucide et d’un cadre favorable. En Haïti, j’aimerais aider les gens à devenir plus responsables de leur santé. Et les soignants à retrouver la joie d’exercer leur métier.

Retour à Soeurs

Retour au Sommaire du Dossier