Spiritaines

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Dossier
ANGOLA:
Debout malgré la guerre

en Angola

Trois Spiritaines angolaises ont mûri leur vocation en milieu pauvre, menacé par les violences d’une guerre toujours présente, rarement évoquée. Missionnaires, loin de leur terre, comment réagissent-elles au contact d’autres Africains? Rencontre.

Maria Helena da Cruz

"Je ne me sens plus étrangère au Nigeria. Beaucoup de gens ont faim de Dieu. Je n’ai plus peur d’annoncer la Parole. "
Maria Helena naît en 1965, 6e de 9 enfants, au Kwando, à 22 km de Huambo. Sa sœur aînée devient religieuse du Très-Saint-Sauveur, un cousin prêtre, une cousine religieuse. Un frère et une sœur meurent des suites de la guerre. " Je participais aux rencontres de jeunes organisées par les spiritains. Le P. Benedito Roberto, aujourd’hui évêque de Sumbe, parlait des spiritaines qui partent loin de leur pays. Je suis allée les voir à Huambo. "
Après sa profession en 1988, Maria Helena complète sa formation, avec de 1991 à 1994, des études d’infirmière. Sa 1re obédience, le Nigeria. La situation politico-militaire l’oblige à exercer à l’hôpital en Angola. Elle se met à l’anglais. Septembre 1996, départ. Difficile de s’adapter à la culture et à la langue.
La nouvelle met 2 semaines à parvenir : papa est mort. Elle espérait bien le revoir car sa maman est morte deux ans auparavant. Les paroissiens apportent des cartes de condoléances, demandent qui 5 messes, qui 6. Ils disent : " Nous sommes avec toi, tes frères, ne te crois pas abandonnée, nous représentons les Angolais. " " J’ai surmonté ma peine, dit-elle, grâce à mes sœurs et aux gens qui entourent la communauté. La Parole de Jésus me revenait: " Qui laisse père, mère, famille... trouvera, sur cette terre, beaucoup de frères. "

Maria Salomé Câmia

"Me voilà à nouveau sur les bancs de l'école." Après trois ans au Cap-Vert, Maria Salomé Câmia va suivre un cours d'assistante sociale au Portugal.

Septième de 12 enfants, elle naît en 1949 à Kututu, de parents agriculteurs. Son papa, catéchiste, meurt très vite. Quatre enfants sont tués. La guerre oblige la maman à s’enfuir chez l’une de ses filles à Lubango (Sud) : " À la maison, papa priait tous les soirs le chapelet avec nous parlant des personnes qui se dévouent pour annoncer l'Évangile. J’ ai eu envie de les imiter. "

Papa tombe malade. La famille se rend à Nongôngué. Deux sœurs soignantes y apprennent aux gens à fabriquer du savon, confectionner des vêtements, des tricots, des chaussures, des paniers. " Elles menaient une vie très simple, habitaient une maison à peine plus solide que les nôtres, visitaient les villages . "
"Je veux être comme elles !  "
confie Salomé au Père qui la conduit chez les spiritaines, au Sendi.
Papa meurt. Bien qu’une fille soit précieuse, sa maman ne s'oppose pas à son départ. Elle l’encourage, insiste pour qu’elle ne choisisse pas cette vie " par fantaisie ", mais pour répondre à l'appel du Christ.
Noviciat, 6 mois au Sendi, puis départ pour le Cap-Vert. Elle enseigne la couture aux jeunes filles des villages et aide les enfants qui accusent du retard au catéchisme : " Demain, diplôme en poche, j’aurai davantage de compétences, confie la future assistante sociale, pour travailler avec les familles et élever leur niveau social par plus d'hygiène, d'éducation. "

Júlia de Sousa Bento

"Au début, on saluait l’étrangère. Un jour, à l’entrée d’un saré, on me dit : " Tu es des nôtres! " Le rituel de salutations a changé. Je me suis sentie accueillie. " 
Júlia de Sousa, 34 ans, passe un an pour soins au Portugal, et un autre en France pour le français. En 1991, la1re mission est une aventure pour cette Angolaise jamais sortie de sa forêt. Quatre ans en plein Sahel, à l'extrême Nord-Cameroun : " Souffrance, au fond de moi, au contact des lépreux que je rencontrais dans leurs familles. " La langue locale finit par entrer. Les questions fusent. Júlia est la 1re Sœur africaine que les gens voient :" Julia, jeune comme tu es, tu peux rester sans mari ? " "  Les sœurs qui sont avec moi ne vivent-elles pas ainsi? " " Elles sont déjà âgées ! " " Oui, mais elles n'ont pas attendu d 'être âgées pour être Sœurs!  " Une jeune Africaine est faite pour le mariage, elle doit devenir mère : " Tu vas rester comme ça ? Qu'est-ce que Dieu a donné à tes parents pour te prendre (allusion à la dot)... et t’envoyer dans un pays si éloigné ? "
Júlia laisse mûrir la question puis répond : " Dieu n'a pas donné de vaches à mes parents, il leur a donné davantage. Il m’a fait venir au monde. Mes parents m'ont accueillie. En retour, ils ont accepté que je me consacre à Lui, pour mes frères. "

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