En Mission   
en Asie : échos de la présence spiritaine

Vue générale 2016



Philippines.

Quelques nouvelles en cette " fin d’année " scolaire pour vous, mais de " rentrée scolaire " pour les Philippins. La période estivale se termine ici, elle aura duré deux mois et demi…
Je suis à Davao, dans le sud de Mindanao, pour achever mon initiation à la langue " bissaya " ou " Cebuano ". Nous sommes une petite dizaine d’étudiants, religieux ou non, à rejoindre les bancs de cette minuscule école, de 8h à 16h : grammaire, conversation, récits " culturels ". 6 mois de ce régime suffisent à faire le tour des difficultés de la langue sans pour autant la maîtriser. Il faut maintenant de la pratique et s’initier à parler comme les gens qui, eux, n’ont jamais étudié cette langue à l’école puisqu’elle est essentiellement orale. Comment vous résumer en quelques mots les 6 mois d’école ? Sympathie et compétence des enseignants, monotonie des cours et un peu de surmenage pour moi ! Je peux dire désormais la messe en bissaya et risquer quelques mots préparés, pour une courte homélie.
Le mois prochain, je rejoins mon futur poste, " Mercy Hospital ", une structure hospitalière, à Iligan, pour y être aumônier. J’ai choisi cet endroit pour des raisons de sécurité d'abord : la montagne (la " brousse ") n’est pas sûre pour les " blancs " mais mes confrères noirs, eux, ne risquent rien. Iligan est aussi le lieu où nous avons construit une grande maison, pour la formation. C’est pour moi la certitude d’avoir une communauté à proximité et donc un soutien tant pour la prière que pour la détente. Enfin, j’ai choisi ce travail d’accompagnement des malades car je suis sûr de rejoindre les pauvres, non pas sans doute les plus indigents, mais ceux qui ont perdu le bien le plus précieux, la santé. Je devrai apprendre mon métier puisque je n’ai jamais encore pratiqué cet apostolat d’accompagnement, de plus dans une langue que je suis loin encore de maîtriser.
Le groupe spiritain poursuit son aventure à la mesure de ses moyens. Nous sommes 12 confrères maintenant présents dans quatre diocèses. La distance ne permet guère de se retrouver mais de temps en temps Martin, notre supérieur, nous réunit à Iligan pour un temps de réflexion et de reprise. Nous venons de vivre un temps fort à Iligan pour la fête de la Pentecôte : les premiers vœux de deux novices qui ont déjà rejoint la communauté des étudiants de Manila.
J’ai encore l’impression de " flotter ", ou disent certains de " n’avoir pas encore atterri ". Beaucoup de choses m’échappent à cause des langues et je fais parfois semblant d’avoir compris parce que toujours questionner est fatigant ! Je fais l’expérience d’être étranger quelque part, et ça, ce n’est pas mauvais pour la vie spirituelle. Heureusement que j’ai quelques années de mission derrière moi, je peux relativiser et prendre les choses avec de la distance.
La vie du groupe spiritain est aussi un défi à relever pour moi. Je découvre encore mes confrères qui ne sont pas francophones et nos rares réunions ne me permettent pas encore de bien les comprendre. J’espère que, vivant à Iligan, j’aurai l’occasion de les côtoyer et de les apprécier encore plus. En tout cas, il y a beaucoup de
fraternité entre nous et nous sommes assez soudés. J’espère pouvoir, dans les mois qui viennent, trouver ma place dans ce groupe et ajouter ma modeste contribution à la réflexion générale.
Dominique BODINIER , 12 juin 2010

Inde

L'Inde, un nouveau champ missionnaire spiritain ?

En 1977, la Congrégation s'est engagée en Asie. De nouveau, car dès le XVIII° siècle, par l'intermédiaire des Missions Étrangères de Paris, des Messieurs du Saint Esprit y ont été envoyés. Puis dans la seconde moitié du XIX° siècle, d'autres ont travaillé à Chandernagor et à Pondichéry.

Après le Pakistan, Taiwan, les Philippines et le Vietnam, la Congrégation voudrait s'implanter en Inde cette fois. Aucun évêque local ne l'a sollicitée, aucun "besoin" clairement identifié n'a été retenu. Aucune urgence ni aucune promesse locale de collaboration et de soutien de la part de quiconque ne sont venues emporter sa décision. Pourquoi alors se lancer dans une nouvelle aventure alors que la plupart des engagements actuels manquent cruellement de personnel ? Mais n'en va-t-il pas ainsi de la mission de l'Eglise à travers le monde, toujours poussée par l'Esprit à avancer sur des terrains nouveaux et à aller à la rencontre des peuples, des races et des cultures qui attendent que la bonne nouvelle leur soit annoncée. Notre règle de vie elle-même nous demande de "prêter attention aux voix prophétiques" et, avec discernement, de "les encourager à ouvrir des chemins nouveaux d'apostolat" (RVS 14.2). S'implanter aujourd'hui en Inde relève de cette audace folle qui animait déjà les missionnaires de Claude Poullart des Places, partis à l'aventure sur les terres hostiles des Amériques et de l'Asie du Sud Est, et ceux de François Libermann qui durant plus de 25 ans marquèrent de leur vie donnée les Comptoirs français de l'Inde.

Par ailleurs, l'Église de ce pays-continent demeure très minoritaire. Aussi "à l'égard de ce nombre immense d'hommes que le Père aime et pour qui il a envoyé son Fils, l'urgence de la Mission est évidente" (Jean Paul II, in Redemptoris Missio, N 3). "Appelés par le Père et mis à part pour annoncer à la suite de son Fils la Bonne Nouvelle du Royaume" (RVS 1), nous ne pouvons que nous inscrire, "selon notre vocation propre" (RVS 13) dans cette dynamique suscitée par l'Esprit de la Pentecôte. Beau projet dont la mise en œuvre sera difficile et demandera du temps. Beaucoup de questions actuelles ne trouveront de réponses qu'après plusieurs mois, voire plusieurs années de tâtonnements. L'incertitude et la précarité seront le lot de ceux à qui sera confiée cette implantation. Et une présence spiritaine, en Inde comme ailleurs, n'aura de sens que si elle est soutenue par la prière et les encouragements de l'ensemble des confrères. Plus qu'ailleurs peut-être, cet appui sera indispensable, car s'implanter en Inde en ce début du 3ème millénaire relève du défi. Une belle aventure certes (cf. Maynooth Spiritualité p. 103). Mais comme toute aventure, elle demandera de la persévérance par-delà les retards, les revers voire les échecs, avant que ne fleurisse le grain semé. Le Conseil Général me demande de la mettre en œuvre. Aussi, dès avril, je serai à Palayamkottai dans le sud de l'Inde où l'Evêque m'accueille pour un premier séjour.
Gabriel Myotte Duquet,
paru dans le bulletin provincial de France, mars 2010

Taïwan

Taiwan : décembre 2009
Depuis la communauté Spiritaine ‘Monseigneur Pottier’, nous vous souhaitons un Joyeux Noël 2009 et une Bonne Année 2010 pleine de grâces !
Quoi de neuf ici depuis l’an dernier ?
L’économie de Taiwan et le travail des gens ont été affectés par la crise financière, mais la seconde partie de l’année est meilleure. Plus de 3000 touristes Chinois débarquent chez nous chaque jour. L’intégration économique entre nos deux pays voisins progresse et il y a moins de tensions qu’auparavant. L’économie du Vietnam continue sa croissance et bénéficie à ceux qui ont un travail salarié. Nos deux pays ont subi de sévères cyclones : le 8 août à Taiwan, ‘coulées de boue et inondations ont coûté la vie à plus de 450 personnes, tandis que le 2 novembre, la 11è tempête de l’année inondait les provinces du centre et faisait 120 victimes. Dans les deux cas, la Caritas était là pour les victimes. Taiwan a célébré 150 ans d’Évangélisation et le Vietnam ouvre l’année jubilaire pour 350 ans d’évangélisation : faudra-t-il attendre encore 200 ans et des persécutions pour croître de 1 à 8% de catholiques à Taiwan ?
Cette année, notre ‘Commission Chine’ a travaillé pour préparer une proposition en vue de servir l’Église qui est en Chine. Cela nous a conduits à Hong-Kong, Macao et en Chine. Les candidats pour cette mission sont attendus !
L’an prochain, notre Circonscription de Taiwan et Vietnam célébrera 3 ans par une Assemblée fin Juin.

Nous rendons grâce à l’Esprit Saint qui nous guide dans notre service de la Mission dans les Églises locales de Taiwan et du Vietnam. La vie communautaire nous aide et les communautés chrétiennes nous encouragent à continuer notre service. Nous prions pour la bénédiction du Seigneur à Noël, et qu’Il nous garde tous en 2010.
Jean-Pascal Lombart

lettre de décembre 2009

Philippines.

Notre dynamisme interpelle les jeunes

décembre 2009
Je passe rapidement sur les débuts de ma mission : deux semaines à Cebu-city à tourner un peu en rond…Les cours d’anglais annoncés s’étaient réduits à un vague étudiant venant de temps en temps, pas d’autonomie (2h de jeepney [transport local] pour aller en centre-ville à cause des bouchons perpétuels), une maison minuscule et surchauffée, en plein quartier populaire, bruyant nuit et jour… Bref, pas l’idéal pour un début.
J’ai fait à ce moment ma première découverte : j’étais accueilli par des confrères africains (le groupe des Spiritains aux Philippines : 8 Nigérians, 1 Camerounais, 1 Centrafricain, 1 Américain) qui, pour la plupart, n’avaient jamais vécu avec des Européens et qui donc n’imaginaient pas une seconde ce qui est essentiel à quelqu’un qui vient du vieux continent : un bon lit, des nuits reposantes, de la fraîcheur quand c’est possible et une sieste l’après-midi… Je n’avais rien de tout cela et donc atterrissage un peu rude pour moi.
Après négociation, j’ai donc déménagé fin septembre à Iligan, notre "séminaire" (regarder sur internet en tapant" Iligan Philippines map") et j’y ai trouvé les conditions idéales pour poursuivre l’apprentissage de l’anglais, m’habituer au rythme philippin et faire enfin de vraies siestes !!
J’y suis depuis trois mois maintenant et je peux dire que je suis (presque) habitué !! Ma vie est maintenant devenue routinière : le matin, après la messe en anglais avec les formateurs, Martin (Nigeria), maître des deux novices et Henri (Cameroun), responsable des deux postulants, je vais rejoindre en voiture (ouf, on roule à droite) ma prof , une vieille femme qui adore les chats et chiens et m’oblige tous les jours à leur parler [en anglais, of course] et …à supporter leur odeur. Avec elle, j’ai fait beaucoup de lecture (ah, cet horrible French accent !) et elle corrige maintenant mes homélies. Je reviens pour le lunch au séminaire, sieste, et après, travail perso 'on my own'. Le soir, arrosage des pelouses (immense responsabilité !), prière, souper et dodo à 20h30 car le lendemain, debout à 5h…Voilà le cadre de cette première étape d’acclimatation, un peu monastique mais pas pour me déplaire. J’ai même fait des progrès en anglais et je préside à la communauté deux fois par semaine. La suite se dessine doucement : après Noël, je pars dans le Sud de Mindanao, à Davao ("davao city map" sur le net) pour apprendre une des 70 langues des Philippines, le Bisaya, la plus importante après la langue de la capitale. Pendant 6 mois, ce sera mon unique objectif ! La suite m’est encore inconnue : je laisse le soin à mes chers confrères, supérieur et autres, de décider pour moi, mais, c’est certain, il me faut rejoindre une mission de "brousse" pendant plusieurs années pour pratiquer la nouvelle langue acquise et pénétrer un peu la culture des Philipinos de Mindanao, où le Groupe a choisi de travailler. Voilà en résumé mes débuts aux Philippines.
    Dominique Bodinier


    « Je crois que nous vivons une phase décisive de notre mission ici aux Philippines. » Le P. Henri Medjo fait un bilan positif des 10 ans de présence spiritaine à Iligan.

    Nous avons commencé la formation de nos 1ers candidats spiritains : 3 postulants et 2 autres jeunes déjà au noviciat. Nous pensons ouvrir en 2009 une maison pour des étudiants qui suivront les cours de théologie avec d’autres étudiants.
    À côté de la formation, j’accompagne Mathieu Boulanger, un volontaire envoyé par la DCC 1 qui travaille dans notre ferme de 2 ha avec 3 familles. Nous y cultivons maïs et légumes, engraissons une trentaine de porcs et entretenons un verger de jeunes manguiers pas encore productifs. L’intérêt est d’expérimenter différents modes de production pour conseiller les agriculteurs. Et d’enseigner les principes de base de gestion et d’agriculture durable (bon usage des engrais, des semences hybrides, du compost, etc.). Pour développer une activité génératrice de revenus et nous affranchir des fluctuations des prix des matières premières agricoles, nous avons lancé une petite activité de transformation (confiture, produits carnés) et de formation à l’hygiène et à la conservation alimentaire.
    Matthieu me soutient beaucoup dans toutes ces activités. Il supervise le fonctionnement et la gestion de la ferme : achat des intrants, conseils et formation aux agriculteurs, réunions mensuelles, vente des produits en ville, suivi des expérimentations et lien avec l’entreprise Vilmorin (partenaire du projet pour la production légumière). Il suit aussi les sessions agroalimentaires (formation de base, production en équipe, commercialisation et développement des produits sur suggestion de l’équipe). Il assure enfin le fonctionnement et la gestion du programme de parrainages des Enfants du Mékong, une ONG française qui parraine 15 enfants, du primaire à l’université : visites des enfants et des écoles, achats des fournitures scolaires et des uniformes, permanences, réunions, organisation des sorties avec les parents.
    Je suis heureux de ma mission et du travail que nous accomplissons ainsi.
    Le diocèse m’a chargé en plus du suivi de personnes dépendantes, victimes de drogues, d’alcool, de tabac.
    Un 1er bilan, après ces 10 années, me paraît positif, même si beaucoup reste à faire. Je crois que nous vivons une phase décisive de notre mission ici aux Philippines. Plusieurs initiatives nouvelles se mettent en route. Nous aimerions leur donner corps. Le dynamisme des confrères interpelle les jeunes qui nous rejoignent et nous donne de croire en l’avenir. Nous savons que certains veulent prendre part à notre mission et, demain, prendre le relais. Fils d’une jeune Église d’Afrique, je me prépare avec grande joie à voir se réaliser ici ce qui se passe au Cameroun. La fête de Pentecôte 2009 verra sans doute les 1ers engagements de spiritains aux Philippines.
    Henri Medjo

    1 Délégation catholique pour la coopération 106, rue du Bac 75007 Paris dcc@ladcc.org


Spiritains en Inde ?

juillet 2008
Du 26 juin au 26 juillet 2008, je me suis rendu en Inde du sud, dans le Tamil Nadu. Je voulais exprimer la gratitude de la Province de France aux Sœurs indiennes qui travaillent à Chevilly et à Wolxheim en visitant différentes communautés avec les projets menés par elles dans leur propre pays; je tenais également à aller sur les pas de nos confrères ayant servi à Pondichéry. Sur les conseils de Jean Paul Hoch, le Père André Sunassee de l’Île Maurice m’accompagna durant ce mois. Il nous revenait de prendre conseil auprès de personnes avisées, éventuellement capables de nous aider, dans la perspective d’une implantation de la Congrégation en Inde.
C’est à Coimbatore, au nord-ouest du Tamil Nadu, qu’a commencé notre périple ; car c’est là qu’est née en 1853 la Congrégation des Sœurs de la Présentation de Marie. Nous y fûment accueillis chaleureusement. André et moi, nous avions tout à découvrir de ce monde si différent du nôtre : la nourriture certes, mais aussi la politesse, et une autre manière de vivre et de prier. Une voiture sera mise à notre disposition pour visiter les alentours de Coimbatore : l’évêché voisin sur les monts du Nigiris, quelques communautés de religieuses tenant ici une école secondaire, là une université ou encore un hôpital ou une école d’infirmières. Nous rendons visite à des jeunes handicapés, recueillis par les Sœurs qui leur assurent formation humaine et scolaire en même temps que gîte et couvert. Nous découvrons comment est organisée la formation des candidates à la vie religieuse : nous passerons quelques jours avec les aspirantes, puis les postulantes. Quelle jeunesse ! Nous visiterons le noviciat. Nous ferons halte au grand séminaire de Coimbatore, comme à celui de Madras et de Maduraï. Les candidats à la vie sacerdotale, autant que ceux et celles à la vie religieuse ne manquent pas. Ils (elles) sont le fruit d’une politique vocationnelle bien organisée par les diocèses et les congrégations et dont le fondement repose sur les écoles catholiques et les internats. Partout, on nous dira que ce sont deux lieux particulièrement favorables à l’éveil des vocations.
A la fin de la première semaine, un prêtre tamul, rencontré à Paris peu de temps auparavant, nous conduit avec sa voiture dans le centre puis le sud du Tamil Nadu. Grâce à lui, nous avons rencontré plusieurs évêques. Tous se montrent très ouverts à nos propos et se disent prêts à nous aider à ouvrir une maison de formation si nous le souhaitons. Les vocations missionnaires ne manquent pas, nous dira le responsable de l’animation vocationnelle de Madurai. En mai dernier, il a reçu trois demandes de jeunes voulant devenir missionnaires. Si nous le souhaitons, il peut dès maintenant les orienter vers les Spiritains… Par ailleurs, il nous fut proposé plusieurs types de ministère : ici, ce serait plutôt une paroisse dans un milieu très défavorisé, là un orphelinat, ailleurs une école ou une maison d’accueil pour personnes âgées. Les possibilités ne manquent pas. Plusieurs évêques éveilleront notre attention sur la situation des diocèses du Nord de l’Inde dépourvus de prêtres, alors que dans le Sud leur nombre suffit pour le ministère ordinaire.
Grâce à Sr Ermina, une ancienne de Wolxheim, nous faisons une halte auprès des gens des tribus, vivant dans et de la forêt un peu à la manière des pygmées d’Afrique centrale. Sans état civil et dépossédés de leur lieu de vie naturel, ils sont les victimes d’un système juridique et social dont ils sont totalement exclus. C’est à eux que la Sœur, soutenue par une équipe de Jésuites, consacre son temps et son savoir faire.
Pondichéry, comptoir français de 1673 à 1954, a bien changé depuis le départ des deux communautés spiritaines, responsables l’une de la paroisse Notre Dame des Anges et l’autre du collège colonial de 1862 à 1888. Notre joie est grande de célébrer à deux reprises l’Eucharistie en français avec la communauté paroissiale. Puis de marcher dans les rues, de longer la baie du Bengale toute proche et de nous recueillir sur la tombe de nos confrères décédés sur place. La ville ancienne garde encore quelques signes de la présence française : un petit air coquet qu’on ne trouve pas ailleurs. Ici, il est interdit de klaxonner, contrairement à ce que l’on conseille ailleurs. Nous visitons un orphelinat fondé et tenu par une religieuse française. Nous sommes émerveillés par la bonne éducation donnée aux jeunes et par la solidarité et le bon esprit existant entre tous.
Madras est une autre étape de notre périple indien. Capitale du Tamil Nadu, elle serait depuis peu la capitale mondiale de l’informatique. Les chrétiens de Madras vouent un culte particulier à St Thomas, premier évangélisateur de l’Inde. C’est à Madras, au bord de la mer qu’il aurait été décapité. St François Xavier y a séjourné lui aussi. Dans la cathédrale, les chrétiens peuvent toujours se recueillir devant la statue de la Vierge qu’il a lui-même vénérée.
Notre périple nous fit découvrir un paysage très varié, fait de plaines et de montagnes. À trois reprises, nous monterons à plus de 1500 m d’altitude. Si le climat de la plaine est plutôt tropical, celui de la montagne surprend par sa fraîcheur C’est sur les pentes de ces monts que nous avons découvert de belles plantations de thé et de café. C'est là encore que des congrégations religieuses et quelques diocèses du sud ont acheté des terres pour y développer ces cultures et parvenir à l’autofinancement. En plaine, nous admirerons, à perte de vue, les champs de riz, de canne à sucre et de cocotiers. Le coton y est cultivé aussi, mais la récolte était déjà faite. L’Inde est un pays émergent. Cela se remarque. Les signes d’une époque révolue sont encore présents : villages aux toits de paille, charrettes tirées par des bœufs, femmes portant de lourdes charges sur leurs épaules ; trains anciens et peu rapides. Mais ceux du changement ne manquent pas: illumination nocturne dans les villes ; téléphone portable ; champ d’éoliennes ; routes en chantier sur plusieurs centaines de kms ; innombrables poids lourds et autobus, machines agricoles récentes. Les motos sont omniprésentes ; moyen de transport le plus utilisé, elles sont le signe d’une classe moyenne de plus en plus importante. Les nuisances qui accompagnent le progrès sont aussi présentes : bouteilles en plastic, sachets et gobelets à usage unique jonchent les rues, les routes et les voies ferrées.
Deux images me viennent à l’esprit à la fin de ce voyage : le dynamisme et la vitalité des congrégations religieuses; et le travail accompli par l’Église au service de l’ensemble de la société indienne par ses institutions scolaires, universitaires et hospitalières. Merci aux Sœurs qui ont permis ce merveilleux voyage.
Gabriel Myotte Duquet




Spiritains au Viet-Nam

13 mai 2008
Ce dimanche, l’Eglise du monde entier a fêté la fête de la Pentecôte, la descente de l’Esprit d’amour de Dieu sur les premiers chrétiens. C’est aussi la fête patronale de ma congrégation. Cette année, tout se décline en " première fois " et donc c’est la première fois que j’ai fêté la Pentecôte au Vietnam. Bien qu’uni par le cœur à mes deux confrères de ma communauté de Saigon, je n’étais pas avec eux ce jour-là. Cela fait en effet deux semaines que je réside temporairement à Can Tho, une ville à 250 km au Sud de Saigon, plus précisément au Séminaire diocésain de Can Tho. J’ai demandé à pouvoir passer trois semaines dans ce séminaire, afin d’améliorer mon niveau de Vietnamien. En communauté à Saigon, nous parlons la plupart du temps en anglais, et donc être présentement dans un bain linguistique cent pour cent vietnamien me fait le plus grand bien ! C’est aussi l’occasion d’observer de près la vie d’un séminaire vietnamien. Ici vivent à peu près deux cents séminaristes venus de trois diocèses. Les vocations sont nombreuses au Vietnam et pouvoir être admis au séminaire est le fruit d’un long processus de discernement. Les candidats doivent avoir un diplôme d’études supérieures avant d’être acceptés. Ils auront encore comme c’est le cas dans tout séminaire, deux ans de philosophie, un an de stage en paroisse et quatre ans de théologie. Ici, être ordonné à 30 ans, c’est le signe d’ " une vocation précoce " !

Ce qui me frappe dans ce séminaire, c’est la simplicité du rythme de vie, la serviabilité et la joie de vivre des prêtres et des séminaristes. Le lever est plutôt matinal, 4h45 ! Dur, dur… Après la messe succède un temps de méditation personnelle, le petit déjeûner à 6h45, suivi des cours. L’après-midi, à 16h15, c’est l’heure de sport : volley, football, jeux typique du Vietnam,… Moi qui révise mes cours de vietnamien (ou qui regarde TV5, c’est selon…), j’entends régulièrement des éclats de rire. Il fait bon vivre au séminaire ! Aux repas et temps de récréation, c’est toujours la même sympathique curiosité et gentillesse que me témoignent les prêtres et séminaristes. Les prêtres parlent très bien le Français et l’Anglais. Mais j’ai aussi l’occasion de parler en vietnamien. Je me sens toujours très limité du point de vue du vocabulaire et de la compréhension. Si une conversation à deux est possible, par contre, je suis incapable de suivre une homélie ou une conversation entre vietnamiens. Patience, patience… Le chant et la prière font intégralement partie du quotidien. En semaine, le séminaire est un monde plutôt clos sur lui-même. Ici, le règlement pour les séminaristes, c’est pas de portable et l’usage d’internet et de la télévision sont limités. Cette austérité m’interpelle un peu, me choque peut-être mais en fin du compte, je crois qu’elle contribue solidement à la formation de jeunes prêtres épanouis et prêts à assumer la difficile mission d’être pasteurs dans une Eglise très dynamique, très fréquentée.

Dans une semaine, je retournerai à Saigon, heureux d’y retrouver ma communauté. Dans les jours qui suivent, j’aurai la joie de célébrer trois baptêmes en français. Je suis en effet de plus en plus sollicité à la paroisse francophone de la ville. J’y concélèbre ou préside la messe chaque dimanche. Au nivau de la communauté, nous organiserons dans quinze jours le deuxième w-e de formation pour les candidats à la vie spiritaine. Dans la foulée, en septembre, onze jeunes commenceront à étudier à plein temps l’anglais, une condition sine qua non pour pouvoir débuter la formation spiritaine. A l’avenir, nous comptons en effet envoyer nos candidats (après la philosophie) faire leur noviciat et leur théologie aux Philippines, avec les candidats philippins. Les cours seront alors donnés en anglais.

Comme vous pouvez le deviner à travers ces quelques lignes, nous sommes plein d’enthousiasme ; il y a encore beaucoup de points d’interrogations sur la manière dont notre mission évoluera au long des mois et des années à venir mais l’Esprit Saint nous guide et chaque jour est une occasion de s’émerveiller devant le dynamisme de la société vietnamienne et en particulier la vitalité de l’Eglise.

Ma communauté et moi-même vous souhaitons beaucoup de joie dans l’Esprit Saint.
Frédéric et ses deux confrères, Patrick et Trinh.




Chers parents, confrères, amis,
                                          Vietnam, le 13 décembre 2007.


« Anh, chị, em khỏe không ? » Comment allez-vous ? « Tôi khỏe lắm, cảm ơn ! ». Je vais bien, merci ! Bien des choses se sont passés ces derniers mois... Au mois de mars, j’arrivais à Taiwan pour un séjour de six mois, dont le principal objectif était... de me mettre au Vietnamien ! Situation pour le moins originale, elle s’est révélée bien fructueuse. J’ai découvert une communauté d’une dizaine de confrères venus d’Asie, d’Europe, d’Afrique. Vivre avec eux, observer leurs engagements dans la société taiwanaise, me sentir soutenu dans ma préparation pour le Vietnam, découvrir une société où l’on parle le chinois mais qui par bien des aspects est beaucoup plus « moderne », « occidentale » que la Chine où j’avais travaillé un an il y a dix ans déjà, c’était un moyen d’entrer progressivement dans le bain asiatique.

Il y a trois mois et demi, mes deux confrères nommés pour le Vietnam me rejoignaient à Taiwan. L’un est Irlandais et à travaillé en Afrique pendant de nombreuses années essentiellement dans la formation des jeunes spiritains africains. L’autre est vietnamien. Né en 1954, il a connu tous les « évènements récents » de l’Histoire du Vietnam, et après avoir servi l’Église vietnamienne de diverses manières, il a émigré dans les années nonante vers les Etats-Unis où il est entré comme spiritain et a été ordonné récemment. Après avoir passé trois semaines ensemble à Taiwan, nous sommes partis nous installer au Vietnam, il y a deux mois de cela.

            Et voilà que l’aventure commence pour de bon ! Le Vietnam est un pays fascinant, qui se développe à une vitesse fulgurante tout en gardant intact toute une tradition qui lui est propre. On y voit des femmes au chapeau de paille, des étudiantes qui vont à l’école en robe de soie, des enfants qui se baladent nonchalamment à deux sur le vélo, des sampaniers, des cyclo-pousse... Et puis il y a le bruit omniprésent dans la rue, les odeurs, la chaleur,... A Ho-Chi-Minh ville, la densité de population est inimaginable (plus de huit millions d’habitants) et le trafic est à la hauteur. Je n’ai jamais vu de ville où il y ait autant de mobylettes en mouvement. On a l’impression qu’après les années de guerre, se déplacer en mobylette, c’est leur manière d’exprimer leur liberté ! À cela s’ajoute le fait que plus de 50 % des vietnamiens ont moins de quinze ans ! Les familles sont nombreuses et c’est toujours agréable d’aller rendre visite à ces foyers plein de vie !           Pour le moment, nous louons quatre chambres chez l’habitant. La famille qui nous accueille est très gentille. Catholique convaincue, la maîtresse de maison se lève tous les jours vers 4h30 du matin pour aller à la messe à 5h. Les messes très matinales ne sont pas rares et les Eglises sont remplies en semaine et le w-e. Les gens témoignent de beaucoup de respect pour les prêtres qui en retour leur sont très dévoués. La liturgie de la messe n’est pas très différente de chez nous, si ce n’est que le chant fait vraiment partie de la culture vietnamienne. Le prêtre chante une bonne partie de la messe et l’assemblée lui répond avec plaisir. Nous concélébrons la messe en vietnamien plusieurs fois par semaine, en chantant la partie de la messe qui nous incombe! Les autres jours, nous célébrons la messe à la maison en anglais.

            Durant cette année et probablement l’année prochaine également, la priorité du confrère irlandais et de moi-même, c’est l’apprentissage du vietnamien avec un professeur particulier qui nous donne à chacun 6h de cours par semaine. Au niveau pastoral, nous visitons régulièrement un foyer pour enfants gravement handicapés (handicaps physiques et mentaux) et nous sommes régulièrement invités à diverses célébrations (mariages, messes pour un défunt, fête patronale de la paroisse...). D’autre part, nous donnons des cours d’anglais pour des jeunes en discernement vocationnel. C’est magnifique de vivre dans une société où de nombreux jeunes expriment le désir de devenir religieux ou prêtres. Les séminaires sont plein à craquer et on nous demande sans cesse quand nous allons ouvrir une maison de formation pour missionnaires. C’est dans nos projets mais cela prend du temps !


            Comme vous voyez, les nouvelles sont excellentes. C’est vraiment une chance extraordinaire de pouvoir vivre cette mission au Vietnam. Nous ne savons pas exactement de quoi sera fait notre mission dans les prochaines années, mais la présence du Seigneur à nos côtés et votre amitié nous donnent beaucoup d’espérance. Plaise à Dieu que nous puissions vivre et travailler ici de nombreuses années. Dans la messe quotidienne et par les mails,  coups de téléphone ou courriers, je garde le contact avec vous et suis sûr que votre mission où que vous soyez porte aussi ses fruits !

            Je vous souhaite une belle fête de Noël. Noël, c’est Dieu qui fait le choix d’habiter dans un pays, dans une culture, une famille. Il en découvre les joies et les difficultés et par sa manière d’aimer à chaque instant, il rejoint les familles du monde entier et donne un sens à notre désir d’aimer et d’être aimé. Puissions-nous partager son désir et sa volonté de transformer notre monde en un monde de justice et de paix. 
Amitié, Frédéric

Chers amis,                                                                                       Le 13 décembre 2007.

Vous l’aurez remarqué, mes courriers se terminent désormais régulièrement par un appel à votre générosité. Dans la plupart des pays où les spiritains travaillent, ils font appel à l’aide extérieure pour deux motifs. D’une part, l’Eglise locale n’a souvent pas les moyens de subvenir aux besoins des communautés spiritaines et d’autre part, nous cherchons à promouvoir des projets sociaux, caritatifs, pour aider les populations pauvres de ces pays.
Ce qui est vrai pour d’autres pays l’est aussi au Vietnam. Pour pouvoir travailler au Vietnam, nous avons besoin de trois types d’aide, que par souci de clarté, nous distinguons nettement :
1. Les projets caritatifs.
A l’heure actuelle, nous avons un projet mis sur pied par les confrères de Taiwan depuis quelques années déjà : l’aide à la scolarité d’enfants pauvres dans le Centre du Vietnam à Hué. Nous aidons plus de deux cent enfants à aller à l’école. Le parrainage est rendu possible par des bienfaiteurs de Belgique, de France, du Portugal, de Taiwan, des Etats-Unis... Le parrainage d’un enfant coûte 100 euros par an. Pour plus de renseignements, nous vous renvoyons à ce lien de notre site spiritain Taiwan-Vietnam (plein d’autres choses passionnantes !) : http://bythewell.org/main/index.php?id=28 .

D’autre part, nous avons constitué un fond pour les oeuvres sociales, qui s’élève à l’heure actuelle à 9000 euros. Avec ce fond, nous avons déjà aidé un orphelinat pour enfants handicapés (800 euros) et avons fait don d’un ordinateur pour un autre orphelinat (200 euros). D’autres demandes nous parviennent ces jours-ci auxquelles nous n’avons pas encore répondu.
2. L’ouverture d’une maison de formation.
C’est un de nos grands projets au Vietnam : permettre à des jeunes vietnamiens de devenir missionnaires dans notre Congrégation. C’est un projet qui prendra du temps, mais qui est déjà en chantier. Depuis deux ans, nous avons commencé la construction d’une maison de formation. Il nous manque plusieurs milliers d’euros pour la terminer. De plus, nous cherchons à constituer un fond pour pouvoir y vivre à l’avenir (dans deux ans) avec une communauté d’une dizaine ou d’une vingtaine de membres.
3. Les besoins de la communauté spiritaine.
A l’heure actuelle, nous vivons à trois confrères et notre budget mensuel tourne autour de 1400 euros par mois. Nous pouvons compter sur 200 euros en don à l’intérieur du pays ; le reste nous vient de l’extérieur : aide de la congrégation, intentions de messe et aide de particuliers.

Par souci de clarté, nous aimerions ouvrir un compte spiritain en Belgique pour les oeuvres du Vietnam. Ce n’est pas encore chose faite. Le moyen le plus simple pour nous aider, en précisant quel(s) projet(s) vous voulez soutenir (1 ; 2 ; 3), c’est d’envoyer l’argent sur mon compte : Frédéric Rossignol, rue du Couvent, 140. 1450 Gentinnes. Compte Fortis : 001-4773223-26. Vous recevrez une confirmation de ma part que l’argent est bien arrivé et qu’il a été utilisé selon votre désir.

Comme vous le voyez, les besoins réels sont importants ! Et ce sont les petits ruisseaux qui font les grandes rivières.

En vous remerciant pour votre solidarité, sachez que vous pouvez compter sur notre amitié et notre honnêteté.
Frédéric Rossignol.



Philippines

Une nouvelle maison de Formation aux Philippines

(de infos spiritaines , Rome)

La maison est perchée en hauteur au sommet d’une colline, environné d’une végétation luxuriante et d’une variété d’arbres fruitiers, rafraîchie par la brise du milieu de la matinée. L’administrateur apostolique du diocèse d’Illigan, Mgr Ramon Fruto c.ss.r., a présidé l’Eucharistie, assisté par le directeur du programme local de la formation franciscaine T.O.R. et des Pères Martin Okafor-Ilozue (Nigeria), le Supérieur, Chikuike-Ojilere (Nigeria), Jean-Marie Bassok (Cameroun), Filbert Chundu (Tanzania, Raymond Ugwu (Nigeria) et Daniel Sormani (USA), Spiritains tous les six. Le P. Henri Medjo-Mvomo (Cameroun) était absent, en fin d’études qui le préparent à être directeur des postulants. Le P. Martin a fini récemment une année de formation en Irlande en vue de sa tâche de directeur des novices.
Le terrain a été offert, tout comme les aliments et la boisson pour la célébration. Ainsi beaucoup de gens que la présence spiritaine aux Philippines a touché ont donné avec générosité pour que ce jour soit le plus beau possible. La construction a déjà commencé et nos amis ont promis de travailler non seulement pour l’achever, mais aussi pour l’entretenir et l’agrandir. Et nous autres, Spiritains, nous avons été comblés en voyant l’affection et le soutien à tous les niveaux, du riche au pauvre, du jeune au vieux, de la ville à la campagne.
On parle déjà des futurs confrères philippins, ainsi que de nos confrères taiwanais, chinois et vietnamiens ! En accueillant tout le monde dans la communauté, en nous mettant à leur école, en nous adaptant à la vie locale et en l’intégrant à ce que nous sommes, nous accomplissons le mandat du dernier chapitre général : être fidèles au don qui nous a été confié. Et la nouvelle maison de formation spiritaine aux Philippines est certainement un nouveau don qui nous est confié à nous tous.
Rome, 07/02/2006



du Pakistan

après le tremblement de terre (2005)
"...lorsque l'on nous dit l'horreur."

( de Marc Tyrant)

Juste quelques mots jetés au gré des observations, des impressions. Je ne dispose que pour quelques instants du labtop prêté par nos voisins de "Télécom Sans Frontières", une ONG basée à Pau, qui fournit un service original et fortement apprécié : ils offrent des communications gratuites, par satellite, aux habitants des villages frappés par le séisme. Ceux-ci peuvent ainsi téléphoner à ceux de leurs proches qui vivent ailleurs, dans une grande ville du Pakistan ou à l'étranger. Quand on connaît l'ampleur des mouvements migratoires dans ce pays, on sait qu'à peu près chaque famille sera soulagée de pouvoir communiquer avec l'extérieur au bout de tant de jours d'isolement.

Notre équipe Médecins du Monde est installée dans un camp mis à disposition des ONG à l'entrée de Balakot, au bord de la Kunhar River. Nous sommes coincés entre le formidable dispositif militaire et le campement spontané, grossissant chaque jour, des réfugiés descendant des montagnes. Une image illustrant le traditionnel rôle tampon des ONG ? Pas vraiment cette fois- ci, du moins pas pour l'instant. Car c'est la première grande surprise : non seulement l'armée est-elle omniprésente, efficace et accueillie avec soulagement sur le théâtre des opérations d'urgence - phénomène plutôt normal dans un pays qui lui consacre près de la moitié de son budget - mais encore paraît-elle être le seul corps pakistanais présent sur le terrain. Si l'on excepte les quelques politiques qui font un rapide tour en hélicoptère, l'administration locale a totalement disparu. Ce rôle des militaires (acteurs, décideurs et coordinateurs) est certes impressionnant dans l'urgence, et encore une fois salué par les victimes, mais pourrait s'avérer inquiétant par la suite : que se passera-t-il si, devant la menace de "catastrophe dans la catastrophe" que l'on évoque de plus en plus, (le désastre causé par le froid glacial s'abattant sur des milliers de sans-abri), on décide en haut lieu le déplacement forcé de la population des vallées ? Chaque jour, les rescapés que je rencontre sur les hauteurs me le confirment : ils ne sont pas prêts à accepter brutalement les pâturages qui ont nourri leurs ancêtres.

L'organisation des secours reste hésitante. Témoins, ces vêtements qui jonchent le bord des routes et se décomposent sans preneur. Ils sont la marque de l'immense courant de solidarité qui a saisi la population pakistanaise mais ne répondent pas au besoin urgent. Ce dont ont besoin les habitants de Balakot rasée à 90% (une vision que je n'aurais jamais pu imaginer), et plus encore ceux des villages logés sur les pentes, ce sont des abris à même de les protéger de l'hiver qui sera là dans trois semaines. Des villageois me disaient que, chez eux, la couche de neige atteint 3 m en décembre. Or, dans la réunion quotidienne de coordination entre militaires et ONG, on n'a accordé la priorité à la question des abris que depuis trois jours.

Depuis une semaine, nous partons en petite équipe (médecin, sage- femme, infirmière, interprète et un soldat - présence non négociable-) dans les villages d'accès difficile. En voiture d'abord, puis gravissant les pentes à pied.
Nous faisons ainsi quatre à six heures de marche chaque jour, ce qui nous permet le plus souvent d'examiner des malades qui, deux semaines après le séisme, n'ont encore vu aucun soignant. Dans d'autres cas, des soins ont été donnés hâtivement, mais n'ont pas pu être révisés. L'accueil est émouvant et l'histoire que l'on nous raconte paraît invraisemblable. Combien de personnes restées sous les décombres pendant des heures, entourés de cadavres ? Un autre récit, répété dans chaque village : celui des écoliers qui disent le nombre de leurs camarades restés sous les débris. J'ai vu une école d'où l'on avait dégagé 40 petits corps. Les visages sont le plus souvent hagards, les yeux vides d'expression lorsque l'on nous dit l'horreur. Les traumatismes (fractures, plaies) constituent la majorité de nos interventions, mais nous devons aussi répondre à des demandes plus diffuses, moins organiques (maux de tête, douleurs vagues) qui sont la traduction physique du choc émotionnel intense. Mon ourdou me permet souvent de discuter longuement avec les patients et les sourires qui ponctuent ces conversations sont pour moi une immense récompense.
J'aurais encore certainement beaucoup à raconter, mais je dois partager le précieux ordinateur. Je vous sais tous très proches et je vous en remercie.

Marc Tyrant
Marc, spiritain et médecin, travaille au Pakistan depuis plus de 10 ans.



Nouvelles du Groupe Philippines-Taiwan

Fraternelles salutations des Philippines!!
( de Henri MEDJO MVOMO)

Au lendemain de notre fête patronale, Our Lady Of Fatima, 13 Octobre, je suis heureux de reprendre contact avec vous.
Nous nous portons bien et avec le soutien des amis ici nous poursuivons sans relache notre ministère en essayant d’être une présence significative et partenaire de l’Eglise locale. La situation particulière dans laquelle nous travaillons me rend assez attentif pour réaliser combien le Seigneur chemine sans cesse avec nous. Pour cela je ne peux que lui rendre grace.
Lors de la dernière fête nous avions la bénédiction de la grotte mariale, événement important pour les petites gens des montagnes. Cette année, le Seigneur nous a une fois encore bénis de façon particulière avec l'inauguration du nouveau presbytere : quattre chambres, un vaste salon et une grande cuisine. C'est un cadre assez convivial pour accueuillir les deux nouveaux confrères. La hutte en bambou n’est plus qu’un souvenir. Tout ceci a été realisé par l'aide que nous avons reçue ici. Beaucoup reste à faire et la tache est immense. Nous espérons que le Seigneur continuera de nous bénir dans notre mission.



Deuxiéme voyage en Chine
( de Jean-Pascal Lombart)

Hsinchu, le 19 Octobre 2005


Chers Amis,


Depuis ma dernière lettre un bel été bien rempli est passé, et s’il semble déjà lointain, le souvenir des rencontres, de l’accueil, la ‘tournée’ du Portugal, Espagne, France et Allemagne avec les 50 jeunes Taiwanais restent au contraire proches et lumineux. Pour moi cet été ne s’est terminé que fin septembre à mon retour d’Italie après une semaine de visites en Sicile, un pèlerinage à pied entre Assise et Lorette source de nombreuses grâces, et la réunion des nouveaux supérieurs spiritains à Rome. Je passe maintenant au récit du voyage de 10 jours en Chine dont je suis revenu il y a 3 jours.

Nous sommes partis à 4 de Taiwan : l’ancien évêque de Hsinchu Mgr Luke qui allait visiter sa famille et nous invitait à découvrir son diocèse d’origine, une jeune laïque Taiwanaise amie des spiritains qui fait une recherche sur l’inculturation architecturale et liturgique en Chine, mon confrère Binh, vietnamien récemment arrivé des USA pour étudier le Chinois, et moi-même.

Partis vendredi 7 Octobre matin, nous sommes arrivés en milieu d’après-midi à Tianjin, accueillis par la famille de l’évêque Luke et par le chauffeur dépêché par l’évêque Lee que nous allons visiter. Le reste ne fut qu’une suite de banquets – ou presque - , manière typiquement chinoise d’honorer les visiteurs. Nous logeons ce soir là à la Guest House de l’Université. En prévision des fraîcheurs matinales et vespérales (il fait 10 degrés de moins qu’à Taiwan), nous sommes allés à Carrefour acheter des vêtements chauds et pas chers (made in China !).

Le samedi, 2 heures d’excellente autoroute jusqu’au village familial de l’évêque Luke : c’est ‘rural’, on quitte la route goudronnée pour de la terre, les maisons basses en briques sont clôturées autour d’une cour intérieure, des tiges de maïs sont entassées le long du chemin : c’est la période des récoltes, et les bords de route sont envahis de grains mis à sécher au soleil le matin et ramassés chaque soir par peur des voleurs. Quel travail ! La plus haute bâtisse du village est la nouvelle église, probablement financée par l’évêque Luke qui est aussi le bienfaiteur du gros dispensaire qui porte son nom, où travaillent une dizaine de jeunes religieuses. C’est là que nous déjeunons ; nous aurons la visite du fonctionnaire communiste des affaires religieuses qui s’excusera presque de s’enquérir de notre présence. Les relations entre l’Église ‘non affiliée mais pas souterraine’ de ce diocèse et l’administration sont étonnamment bonnes et ne cesseront de nous surprendre.

Nous laissons l’évêque Luke dans son village pour aller à 15 km de là chez l’évêque Lee. Comme depuis ce matin, le paysage est plat comme une table de Mah-jong et l’espace disponible semble infini, à l’opposé de ce que nous connaissons à Taiwan. La terre fertile apportée par le fleuve jaune et la rivière Hai est sèche et poussiéreuse en cette saison où toutes les cultures doivent être irriguées. Sans nous en rendre compte, nous sommes arrivés dans une petite ville, nous débouchons sur une large place au fond de laquelle trône une cathédrale neuve, à gauche l’évêché, neuf lui aussi, et à droite derrière la grotte de Lourdes, c’est un vieux bâtiment de briques qui s’avérera être un couvent de religieuses construit dans le prolongement de la primitive cathédrale qui a résisté aux inondations (jusqu’à 1,5 m tous les 5 – 6 ans) et surtout à la révolution culturelle (1966–69). Nous découvrirons peu à peu que cet ensemble déjà impressionnant n’est qu’une partie d’un complexe plus vaste bâti de couvents et d’écoles sur une surface d’environ 1500 x 500 m : c’est le petit Vatican construit par les Jésuites français fondateurs du diocèse il y a 150 ans, et qui abrita avant la seconde guerre mondiale jusqu’à 2000 personnes vivant quasiment en autarcie. ‘A cette époque là, nous dira un prêtre, c’est l’Église qui dirigeait la société’.

L’évêque Lee nous accueille : nous découvrons un homme de 42 ans souriant, affable et rayonnant de compétence et de self-confidence. Nous nous présentons, ainsi que notre mission à Taiwan et la Congrégation, en indiquant que notre visite a pour but de connaître le diocèse et créer des liens d’amitié en vue d’éventuelles collaborations pour l’évangélisation, à l’avenir.

Manifestement, l’évêque Luke a bien préparé le terrain et l’évêque Lee ne se fait pas prier pour parler de son diocèse, en commençant par l’histoire ancienne pour en arriver aux 50.000 chrétiens actuels, sans s’appesantir sur la révolution culturelle qui est cependant l’époque la plus noire. Il a actuellement 98 prêtres, tous ordonnés après 1990, sauf 6 anciens. La ‘détente’ ne date que de 1984, et elle a alors permis la réouverture d’un séminaire pour la province du Hebei. Il considère que le défi actuel de son diocèse est l’évangélisation des baptisés comme des non-chrétiens, pour approfondir la vie chrétienne et étoffer les communautés.

Les besoins sont également pressants pour la formation, et le doctorat en philosophie chinoise (‘the formative and transformative power of water in Confucius and Saint John’s Gospel’) dont est titulaire le confrère Binh qui m’accompagne suscitera, comme partout ailleurs, de l’estime et de l’intérêt.

Nous passons 4 jours dans ce diocèse pendant lesquels nous célébrerons la messe en Chinois et en Anglais pour les 65 petits séminaristes, pour les religieuses, où nous visiterons l’école secondaire des filles qui sont candidates à la vie religieuse, le jardin d’enfant des sœurs où certains petits de 3 ou 4 ans ne voient leurs parents qu’un WE par mois car ceux-ci travaillent au loin, un dispensaire de brousse tenu par des religieuses ‘aux pieds nus’ pratiquant la médecine chinoise et occidentale selon les cas, et enfin les tombes des anciens prêtres et des vieilles sœurs. Ce dernier pèlerinage sera reconnu par nos hôtes comme une grande marque d’estime pour les ancêtres, catégorie de la population la plus respectée en Chine, comme chacun sait.

Nous avons aussi pu visiter le séminaire provincial où étudient une soixantaine de séminaristes pour 5 diocèses. Le recteur est intéressé par des gens capables de donner des retraites et d’aider à la direction spirituelle. Ce séminaire, nouvellement reconstruit sur les anciennes vignes d’un monastère trappiste, par l’évêque Lee durant les années où il n’était ‘que’ recteur (Quel homme entreprenant !) est en train de revoir son cursus de formation en invitant ceux qui finissent deux ans de philo à quitter le séminaire pour une année de travail ou de service pastoral, mûrir un peu, avant de reprendre 3 ou 4 ans de théologie. Leur autre difficulté est de constituer une bibliothèque d’ouvrages en chinois et en langues étrangères. Les livres expédiés des USA il y a 3 ans ne sont toujours pas arrivés… le censeur a dû entamer une licence en philo ou en théo !

J’évoque simplement les parties de ping-pong qui m’ont permis de mettre à profit les leçons reçues en famille et au séminaire, même si les vieilles raquettes m’ont empêché de battre l’évêque ou son chauffeur… c’était peut-être mieux ainsi. Enfin, avant de partir pour Pékin, j’ai eu une longue discussion avec le prêtre chargé de la pastorale étudiante pour présenter le projet d’échange de jeunes entre Taiwan et Chine, et pour mettre au point les grandes lignes du séjour de juillet 2006 chez eux. C’est l’aspect le plus concret d’une collaboration à l’avenir. Mais tout dépendra du climat politique du moment : l’incertitude demeure, toujours.

Pékin… nous avons entamé la phase d’approche par la visite du grand séminaire national, récemment déplacé et reconstruit à grands frais avec une généreuse contribution de … Li Peng ( !) qui espérait sans doute pouvoir ainsi mieux contrôler la formation du clergé de l’Église patriotique. Ce sont de très beaux bâtiments de style traditionnel chinois, avec certains équipements dignes d’une université américaine : le recteur ne cache pas l’espoir d’en faire à moyen terme la base d’une université catholique. Ce jeune recteur, formé à Boston, s’est lui aussi montré très intéressé par le doctorat de Binh… quant à la théologie des sacrements, ce n’est manifestement pas son domaine de prédilection ! Ce contact est surtout bon pour nous car cet homme a les connections nécessaires pour obtenir des visas de long séjour en Chine pour les prêtres étrangers.

Le lendemain, nous avons commencé les visites touristiques de Pékin et des alentours : c’est grand ! très grand. C’est beau, parfois. C’est toujours très symétrique, un peu ‘sec’. Mais grand. Les larges avenues bordées d’immeubles modernes sans autre style que ‘modernes’ (le pire est probablement l’opéra national en forme de goutte d’eau, en construction selon les lubies d’un architecte… français) cachent bien aux passagers des bus ou des taxis les vieux quartiers qui subsistent encore, et où la précarité se donne à voir à ceux qui osent s’y aventurer. C’est alors une bruyante ambiance villageoise qui règne, avec le coiffeur dans la rue, la charrette de viande fraîche, les galettes grillées, et les odeurs de WC collectifs.

En 4 jours, nous avons ‘fait’ – La grande muraille, - la cité interdite, - le lac du nord et la résidence de Song Qing-ling (à vos livres d’histoire… du XXè siècle), - la place Tien An Men, - le temple du ciel, - le palais d’été de l’impératrice Cixi ‘détruit en 1886 par le corps expéditionnaire Franco-anglais’ (les brutes) – on s’en souvient, parce que c’est marqué 10,000 fois dans le parc, et tous les chinois l’apprennent depuis le primaire ! Anecdote amusante : voyant déambuler un ‘long nez’ (c’est moi) avec un Chinois (C’est Binh dont le grand-père est chinois), les gens lui demandaient invariablement quel était ce professeur étranger dont il assurait les services de guide-traducteur, ce à quoi je devais répondre à sa place car son chinois est encore approximatif ! Les pauvres autochtones y perdaient leur latin, et nous avons bien ri. Par contre, Binh est imbattable pour le marchandage (encore ce grand-père chinois) et j’ai plusieurs fois fait appel à ses services pour diviser les prix par 4.

Je termine par la visite de deux églises à Pékin : Nan-tang est la première église d’où l’apostolat de Mattéo Ricci a rayonné à partir de 1605, au sud de la Cité Impériale : nous sommes allés deux fois à la messe là-bas, dont ce XXIXè dimanche ‘A’ où l’on lit l’Evangile qui rapporte la question sur l’impôt à César : relations entre spirituel et temporel – le pauvre prêtre a prêché de son mieux, se sachant enregistré dans cette Église qui sert de cathédrale à l’Evêque de l’Église Patriotique, lequel est membre du bureau des affaires religieuses… Nous avons aussi pu admirer l’Église de l’Est, bien illuminée au milieu de la rue la plus branchée de Pékin : l’avenue Wangfujing est piétonne et bordée de boutiques à l’enseigne des plus grandes marques de confection, noire de monde à toute heure.

Retour dimanche par Tienjin, en visitant là aussi 3 vieilles églises perdues dans la forêt de béton de cette petite mégalopole de 10 millions d’habitants. J’ai retrouvé Taiwan avec plaisir et je suis maintenant occupé par les affaires de la communauté spiritaine (la nouvelle paroisse), la pastorale des jeunes et des vocations, et le petit séminaire.

Merci à tous de votre accueil cet été, et merci aux généreux bienfaiteurs qui soutiennent notre mission à Taiwan. En fidèle union de prière,


de Taïwan
( de Jean-Pascal Lombart)

... Nous sommes ici occupés à la préparation des JMJ de Cologne ; on emmène 45 jeunes taïwanais du 3 au 23 août 2005, en passant par Porto et Braga -chez Victor Silva, le confrère portugais qui est avec nous ici- , marche vers Saint-Jacques de Compostelle, bus vers Lourdes, puis Paris -où l'on passera par la rue Lhomond pour une courte visite, et logerons probablement aux Blagis, organisé avec Michel Besse - puis bus vers Besançon via Vezelay, messe du 15 août à Ronchamp, que je présiderais, et enfin les JMJ proprement dites à Cologne.
Après le départ de Jean-Paul Hoch, et les vacances de Jean-Pascal Diame au Sénégal, nous avons longtemps été à trois. JPD est revenu samedi dernier. Duc Luong, vietnamien des USA West, arrive en première affectation la semaine prochaine, et Brian Fulton nous rejoindra le 12 Novembre pour participer à la retraite de la communauté. Nous aurons ainsi doublé nos effectifs !
...


Vue sur la Chine
Parenthèse sur le continent

(Jean-Pascal Lombart)

(...) Effectivement, le départ de Jean-Paul (1) pour Rome change les choses pour la communauté. Pour ma part, je lui avais dit que je m'y attendais un peu, et j'avais même signalé au Généralat mes craintes. Ce qui change en ce qui me concerne, c'est que je n'ai plus de confrère français avec qui discuter des affaires de la Province et boire une bière - pour la bière, il y a des remplaçants ! Mais mon ministère ne change pas. C'est Sean, le confrère Irlandais, qui porte le poids des restructurations: il devient curé de la paroisse du Saint-Esprit, continue a être aumônier diocésain de la pastorale des prisons, mais doit quitter le foyer de jeunes dont il était l'aumônier, et qui était son principal engagement. Heureusement, il est remplacé. Il prend les choses avec philosophie, mais je crois qu'il aimait bien ces jeunes.
Victor Silva, du Portugal, entame sa seconde année de Chinois, résidant avec moi au Petit Séminaire, "tandis que Jean-Pascal Diame, du Sénégal, profite de vacances bien méritées après avoir terininé ses deux ans de chinois: il doit revenir fin octobre. Nous attendons aussi un nouvel arrivant, Vietnamien des US-East, en première affectation. Nous retrouverons alors le chiffre de 5, qui semble être un plafond, puisque, bien qu'ayant eu 4 affectations depuis 6 ans, nous avons aussi dû compter 3 départs. Ta grâce me suffit ... Sean et moi sommes ainsi les 'anciens' du groupe, porteurs de la mémoire et surtout du carnet d'adresses. Nous avions fait des projets d'élargissements de notre implantation à Taiwan, en visant le diocèse de Taipei, et des ministères qui permettraient de prendre pied, à temps partiel, sur le continent Chinois. Ceci prendra plus de temps que prévu. Mais nous sommes confiants que tant le Généralat que nos Provinces d'origine sauront soutenir notre petite colonie insulaire en vue d'une véritable entrée de la Congrégation dans le Géant Chinois, au service de son Eglise et de la société.
J'étais moi-même en Chine Continentale cet été pour quelques jours, et beaucoup de chance. Je suis parti de Hanoi en train, puis en bus après avoir passé la frontière, pour me rendre dans la capitale de la Province du Yunnan, Kunming. Je voulais rencontrer un jeune prêtre dont je n'avais que le nom, trouvé sur le bulletin des Missions Etrangères de Paris: il est responsable de la formation des jeunes avant l'entrée au Séminaire, un peu comme moi. J'ai trouvé la cathédrale, et je suis tombé sur le dimanche des ordinations presbytérales: 4 jeunes étaient ordonnés par le vieil Evêque de 92 ans de la Province voisine du Guizou. Le Yunnan a 3 diocèses, pas d'évêque, et le Guizou autant de diocèses, pour un seul évêque. Les 4 jeunes ordonnés appartenaient pour 3 d'entre eux à des minorités ethniques, tandis que l'un deux est Chinois Han. Reflet de la composition et du dynamisme des communautés. Ils sont maintenant 15 prêtres pour 70 paroisses dans cette Province évangélisée par les français au début du siècle.. dernier. Je suis entré en Chine comme 'professeur de Français à Taiwan', et même à l'église, je n'ai dit qu'à un très petit nombre de gens que je suis prêtre. Mais ceux qui l'ont su, surtout les vieux chrétiens, m'ont tous donné l'adresse de leur église pour venir parler aux chrétiens, en disant que leur ancien curé - d'avant les communistes - était un Français, et qu'il faudrait absolument que je les aide à le contacter! C'était assez touchant.
Après la messe, j'ai réussi à me faire inviter dans le bus qui emmenait un groupe de 15 jeunes prêtres de différentes provinces de Chine, entrés la même année au Grand Séminaire de Pékin, pour nous rendre dans une vieille ville à 6 heures de route de là. J'ai eu tout le temps de discuter avec eux - sans dire que je suis prêtre, puisqu'on m'avait recommandé de rester discret, seuls quelques passagers le savaient, mais les autres ont dû le deviner, sans pour autant poser la question directement. J'étais même assis à côté du professeur de théologie dogmatique du grand séminaire de Pékin, et nous avons discuté de la formation des prêtres en Chine, et du besoin de professeurs... je brûlais ! Anyway, j'ai son adresse, et j'essaierai de passer le voir lors de mon prochain voyage à Pékin - qui sera aussi le premier.
Le soir, nous avons marché un peu dans les vieilles ruelles pavées, et ce jeune prêtre dont j'avais le nom, et qui avait organisé tout cela, m'a parlé de son travail dans le diocèse, de la manière dont ils conduisent collégialement les affaires de l'Eglise, de ses projets de formation des laïcs pour aider dans les paroisses sans prêtres, mais aussi de son désir de présenter l'Evangile dans les termes des auteurs classiques de la littérature chinoise. Il m'a aussi dit qu'il était en train de redécouvrir l'importance de l'Esprit Saint dans la vie de l'Eglise ! Je me disais qu'il est très intelligent, 'probablement sincère, et habile aussi à gagner mon estime - sachant que j'appartient à la @Congrégation du Saint Esprit. Je lui ai proposé de lui envoyer quelques livres en Chinois ou en Anglais sur la théologie de l'Esprit-Saint, et je lui ai parlé de mon programme de parrainage des enfants pauvres du Vietnam, qui pourrait être étendu à ceux du Yunnan, ce qui me donnerait une! bonne raison de me rendre dans les villages de cette belle Province de montagnes et de minorités ethniques. A première vue, une situation géographique et ecclésiale non sans rapport avec les charismes Spiritains. De toutes façons, il n'est pas question de prendre une décision ou de commencer un ministère en Chine, puisque c'est interdit. Mais je pense qu'il vaut le coup de constituer un réseau de relations pour le jour ou de nouvelles possibilités s'ouvriront.
Fin de la parenthèse.


La mission aujourd'hui
Nouveaux engagements : TAIWAN
(Jean-Paul Hoch)

1. " Désormais tu t'appelleras. "

Le 21 septembre 1998, en compagnie du P. Jean-Pascal LOMBART, j'ai pour la première fois de ma vie foulé le continent asiatique. Nous avons rejoint deux confrères, le P. Sean O 'LEARY et le P. James SANDY, arrivés plusieurs mois avant nous à Taïwan. Dès le lendemain matin, au petit-déjeuner, l'évêque de Hsinchu, tout souriant, nous tend deux petits billets sur lesquels il avait calligraphié, de son plus beau pinceau, nos nouveaux noms et prénoms chinois. Dans aucun pays du monde, où j'avais été auparavant, personne n'avait jamais eu l'idée de me donner un nouveau nom et un nouveau prénom ! J'ai bien sûr essayé d'interpréter ce geste épiscopal.
J'y ai d'abord vu le fait que nous étions attendus depuis longtemps et que notre arrivée, comme celle des autres confrères, avait été bien préparée. Je vous renvoie à la lecture du numéro 53 d'INFORMATION /DOCUMENTATION de décembre 1996 pour connaître tous les détails de cette longue et minutieuse préparation faite, en ces là, par le conseil général et par le P. Brian Mc LAUGHLIN. Cela a beaucoup facilité notre première implantation à Taïwan : nous savions où aller, où loger, que faire, et, ce qui n'est pas négligeable, qui allait payer. Je profite de l'occasion pour remercier vivement l'évêque de Hsinchu, le conseil général et l'ensemble de la congrégation pour le soutien dont nous avons bénéficié depuis les premiers jours de notre arrivée à Taïwan.
Dans le geste de la remise de nos nouveaux noms j'ai aussi lu le grand désir de l'évêque et de l'église locale de nous voir apprendre le plus vite et le mieux possible la terrible langue chinoise. Cet apprentissage a été, pendant les deux premières années de notre séjour à l'évêché, notre principale occupation. Tout récemment, en juin de cette année, nous avons fait le bilan de nos sept premières années de présence à Taïwan et essayé de tracer quelques orientations pour l'avenir. Nous avons tous constaté, que même après six à sept ans de dur travail, nous avions encore beaucoup à progresser dans la connaissance de la langue, de l'écriture, de l'histoire, de la culture et des religions taïwanaises. La connaissance des cinq à six mille caractères nécessaires pour la lecture de textes ordinaires ne s'acquiert pas en quelques semaines ! Pour vous donner une idée de la difficulté de la langue, sachez que ce n'est en général qu'au bout de plus d'un an d'étude de la langue que l'on peut à peu près lire la messe, quant à la prédication c'est une autre affaire ! Ayant pris conscience de ce grand défi qu'est pour nous l'inculturation en milieu chinois, nous avons pensé qu'il serait utile pour nous d'imiter la politique des congrégations plus anciennement implantées dans cette partie du monde que nous, les Franciscains, les Jésuites, les Scheutistes par exemple. Ces congrégations ont pour politique d'envoyer leurs jeunes séminaristes à Taiwan bien avant leur ordination sacerdotale : ainsi, ces jeunes religieux, après les deux premières années d'apprentissage intensif du chinois, peuvent ensuite, sur place, à l'université catholique de Taipeh, faire leurs quatre années de théologie. De ce fait, après quelque six ans de présence et d'études, ils sont beaucoup mieux " armés " que nous pour commencer à exercer un ministère actif : ils auront eu le temps de mieux assimiler la culture locale, de se constituer un réseau d'amis, de se familiariser avec les réalités taiwanaises. C'est pour cette raison qu'après avoir constitué un fonds dit " fonds OTP ", nous avons lancé une invitation aux différentes Provinces et Fondations de la Congrégation pour leur faire connaître notre projet. Si, ce qui peut arriver, un jeune spiritain, au cours de son séjours OTP à Taiwan, remarque qu'il n'est pas adapté à ce genre d'environnement, il n'y a aucun mal, pour lui, à retourner dans sa Province. Au contraire, interrompre prématurément une première affectation est toujours une expérience douloureuse et pour le confrère concerné, et pour la communauté qui l'a accueilli.
Dans le geste de l' " imposition des noms et prénoms chinois ", j'ai cru discerner aussi une troisième interprétation, peut-être moins positive que les deux premières. Il faut savoir qu'un nom de famille chinois se compose, en règle générale, d'une seule syllabe, ou d'un seul caractère, alors que le prénom, qui, contrairement à d'autres langues, se place toujours après le nom, et devrait donc plutôt s'appeler " post-nom ", se compose généralement de deux syllabes ou caractères. Si donc votre précieux nom de famille se compose à l'origine de plusieurs syllabes, vous risquez, en passant la douane chinoise, de devoir abandonner une ou plusieurs syllabes. C'est ainsi que notre confrère irlandais, le premier à être arrivé à Taiwan, a vu son nom de famille de trois syllabes, O'LEARY, se réduire à une seule syllabe, " li ", et son prénom, SEAN, au contraire s'enrichir d'une deuxième syllabe. J'ajoute que nous n'avons pas été consultés pour savoir si nos nouveaux noms et prénoms nous plaisaient ou non, et qu'en général, les caractères retenus pour exprimer notre nouvelle identité n'ont souvent qu'un lointain rapport avec nos véritables noms et prénoms. C'est un peu frustrant ! Un peu comme si l'on voulait nous faire savoir que ce qui intéresse nos hôtes chinois ce n'est pas tant ce que nous avons été avant de venir à Taiwan, mais ce que désormais nous allons pouvoir être pour eux. Il s'agit vraiment, comme le dit un psaume, d'oublier la maison de son père et de sa mère. Si l'on vient à Taiwan avec l'idée de vivre la mission sous le signe de l'échange entre églises ou entre cultures, on risque fort d'être très déçus. Un jeune confrère, fraîchement ordonné dans son église natale, qui vient de vivre les semaines glorieuses et exaltantes des premières messes, quant il arrive à Taiwan, redevient un simple étudiant, non pas un prestigieux étudiant pour un quelconque doctorat, mais un simple débutant dans l'apprentissage de la langue chinoise. L'Eglise catholique à Taiwan est bien trop petite en nombre, à peine 1,5 % de la population totale, pour que le statut du prêtre ait un quelconque prestige. Ajouté à ceci, qu'à part les messes du dimanche qu'il peut célébrer en anglais pour les vivantes et dynamiques communautés chrétiennes constituées de jeunes travailleurs et travailleuses venus des Philippines voisines, le jeune confrère n'aura guère l'occasion, avant longtemps, d'exercer un ministère important pour les communautés chinoises. De plus, si les Taiwanais fréquentent depuis déjà assez longtemps Européens et Américains, cela n'est pas le cas pour l'Afrique. Dans notre ville de Hsinchu, on rencontre vraiment très peu d'Africains dans les rues. Il faut donc un certain détachement et beaucoup de patience pour supporter les premières réactions de curiosité et créer peu à peu des relations solides fondées sur des valeurs personnelles profondes et authentiques.

2. " Chaque famille a un livre difficile à lire. "

Comme d'autres intervenants aborderont, le 1er juillet prochain, l'aspect de la vie en communauté internationale, je ne m'étendrai pas longuement sur notre vie de communauté. La sagesse chinoise dit que dans la petite bibliothèque de chaque famille se trouve un livre difficile à lire, ce qui signifie tout simplement que chaque famille a ses problèmes. Notre communauté également, comme toutes les autres communautés, internationales ou non, a connu des tensions, des épreuves, des départs précipités. A la réunion d'évaluation et d'orientations à laquelle j'ai déjà fait allusion, nous avons également réfléchi à ces questions. Nous avons en particulier reconnu l'importance des tout premiers temps du séjour à Taiwan, et qu'une première crise d'adaptation ne signifie pas nécessairement qu'un confrère n'est pas apte pour la vie et la mission à Taiwan. Sur les cinq confrères actuellement présents à Taiwan, quatre sont en première affectation, et un seul est d'une génération plus âgée que ces quatre jeunes confrères, ce qui, de l'avis de nous tous, ne constitue pas un bon équilibre. Ce problème trouvera forcément sa solution dans quelques années, puisqu'il suffit d'attendre un peu que les jeunes confrères prennent de l'âge et entrent justement dans la catégorie des confrères d'âge moyen, donc patience ! J'ai noté aussi que ce qui fait la solidité et la viabilité d'une communauté, ce ne sont pas seulement les bons sentiments que nous avons les uns pour les autres, ni notre commune ardeur apostolique, mais aussi le fait de respecter le mieux possible la Règle de Vie. Si nos interprétations et nos pratiques réelles de la Règle de Vie sont trop différentes, quelle vie de communauté peut-on encore espérer ? Il faut que chacun de nous se redise sans cesse que la communauté ce n'est pas " tout le monde, sauf moi ", mais " tout le monde, moi y compris".

3. " Nous allons de préférence là où l'Eglise trouve difficilement des ouvriers. " (RVS 12)

Si j'étais évêque et que j'avais dans mon diocèse des spiritains, c'est sûrement cette partie de la Règle de Vie que j'invoquerais le plus volontiers. Lorsque, vers la fin de nos deux premières années d'apprentissage du chinois, il s'est agi de décider vers quels ministères nous allions nous orienter, nous avons eu plusieurs rencontres avec l'évêque et son vicaire général, leur expliquant les grandes lignes de notre " charisme spiritain ", mais leur disant aussi que nous étions ouverts à toutes leurs propositions, pourvu que nous ne soyons pas trop dispersés. Il nous avait semblé alors, que venant tout juste d'arriver dans le diocèse, il valait mieux adopter cette attitude d'ouverture et de disponibilité. Je dois dire que les autorités diocésaines ont été très compréhensives et que les ministères qui nous ont été confiés me paraissent conformes aux orientations fondamentales de la Congrégation. Pour des raisons plus circonstancielles que théoriques, il s'agissait essentiellement de remplacer d'autres prêtres qui avaient déjà ou allaient bientôt quitter leurs ministères, l'évêque nous a confié les tâches suivantes : le P. Sean O'LEARY est aumônier diocésain des prisons qu'il visite régulièrement avec des équipes de laïcs et de religieuses ; il est aussi aumônier dans une maison d'accueil pour jeunes en difficultés, maison animée par les Franciscaines missionnaires de Marie, c'est dans cette maison qu'il réside, il y vit avec les jeunes, surtout le soir lorsqu'ils reviennent des cours, il y participe à la réflexion éducative avec les éducateurs et les Sœurs. Il est aussi chargé de la communauté anglophone, essentiellement des travailleurs et travailleuses Philippins, qui fréquent la paroisse du Saint-Esprit. Le P. Jean-Pascal LOMBART est aumônier de l'équipe diocésaine de la pastorale des jeunes, responsable de la pastorale étudiante sur la ville de Hsinchu, responsable également du foyer séminaire interdiocésain qui accueille entre 15 et 20 jeunes, ce qui constitue de lourdes et prenantes tâches. Quant à moi, je me suis vu confier la charge de la paroisse du Saint-Esprit, avec une paroisse annexe plus petite, celle de Saint-Michel ; dans cette tâche je suis aidé par une catéchiste taïwanaise et une religieuse coréenne. Depuis peu, j'assure aussi une deuxième messe quotidienne et la prédication de quelques récollections pour une communauté de religieuses voisine. Ce sont les locaux de la paroisse du Saint-Esprit qui, pour le moment, tiennent lieu de maison centrale. Pour l'avenir proche, il est prévu que le P. Jean-Pascal DIAME, qui va bientôt achever ses deux ans de chinois, prenne en charge, pour deux ou trois ans une paroisse proche de celle du Saint-Esprit tout en poursuivant des cours de chinois ; ensuite, il pourrait, avec un autre confrère, être affecté à un ministère auprès de la population aborigène de l'île.

4. Nos rêves pour l'avenir.

Outre les quatre confrères dont j'ai déjà cité les noms, notre communauté se compose aussi d'un confrère de la Province du Portugal, actuellement présent à ce chapitre général comme traducteur, le P. Victor Narciso Martins da SILVA, qui vient d'achever avec succès sa première année de chinois. En fin d'année nous rejoindra un confrère de la Province des Etats-Unis Ouest, le P. LUONG Duc Gia, dont les parents sont et vivent toujours au Viêt-Nam. Avec un nombre plus important de confrères, nous pourrons peut-être réaliser quelques-uns uns de nos rêves :
  • nous aimerions bien ouvrir une deuxième communauté, soit dans un autre lieu du diocèse, soit dans un autre diocèse, dans le but de diversifier nos implantations et nos engagements.
  • nous aimerions bien nous consacrer au ministère auprès des populations aborigènes.
  • nous aimerions bien qu'un confrère puisse se spécialiser dans le dialogue avec le bouddhisme ; il faut savoir cependant que le bouddhisme est une " religion au moins aussi complexe et riche que le christianisme et qu'il faut un long investissement avant de pouvoir être en mesure de réellement " entrer en dialogue ".
  • nous aimerions bien, d'une manière ou d'une autre, traverser le détroit de Taiwan et aller rendre quelques services à l'Eglise qui est en Chine continentale
  • nous sommes bien convaincus que notre Congrégation ne sera réellement et durablement présente en monde chinois que lorsque de jeunes chinois auront rejoint notre congrégation et partageront notre mission, nous aimerions donc bien accueillir de tels jeunes taiwanais ou chinois, mais nous remarquons que l'Eglise de Taiwan est très pauvre en vocations.
  • nous aimerions bien faire connaître plus largement notre congrégation et notre spiritualité aux chrétiens de Taiwan ; nous avons déjà fait imprimer un petit tract de présentation de la Congrégation ; nous sommes en train de faire traduire, par une traductrice taiwanaise, l'ouvrage " Tu as mis sur moi ta main ", et, d'après quelques échos, nous avons le pressentiment que la profonde spiritualité du P. Libermann pourra toucher les cours taiwanais.
Nous comptons sur votre soutien et sur vos prières pour que ces rêves deviennent un jour réalité.
Communication au chapitre général (juillet 2004)



Pakistan

Professionnels du contact


"Nous avons travaillé avec les Marwari. Nous avons vu aussi que des gens opprimés aux métiers dégradants attendent notre appui." Pour la petite internationale spiritaine, le seul dialogue valable, affirme le Dr Marc Tyrant, c'est celui de la vie

Ce qui frappe le plus les gens, c'est que nous écoutions leur avis! Retraites, cours, stages, commission Justice & Paix, séminaires, Caritas, nous sommes engagés au niveau local et au niveau national. Partout notre style est bien connu et apprécié parce que nous favorisons la participation de tous. Nous répondons aux besoins des gens, avec eux, en partant de ce qu'ils vivent.
Ils n'ont pas l'habitude de prendre des décisions. Nous essayons d'analyser la réalité et, s'ils veulent la changer, leur demandons de collaborer. Ils montrent alors ainsi jusqu'où ils sont capables de se responsabiliser.
Les gens sont touchés par notre façon de leur parler avec respect et de manger avec eux. Même des chrétiens ne le font jamais! Beaucoup nous croient inspirés par Dieu pour faire ce que nous faisons et veulent nous rencontrer.
L'internationalité de notre groupe (un Mauricien noir, des irlandais, et des Français) parle de la force de l'Évangile pour cette société cloisonnée dans ethnies, castes et religions. André, le Mauricien, ressemble à un Indien. Les gens pensent qu'il les comprend mieux. Avec nous Européens, il y a plus de distance, même si cela n'apparaît pas dans les relations journalières.
Notre travail n'est qu'une goutte dans l'océan. Si notre coopérative de prêts (lire p. 31) est bien connue, les inscriptions à l'école, elles, sont plus difficiles. Les gens ne voient pas l'intérêt de l'éducation. Parce qu'il faut payer pour obtenir du travail et un hindou, même instruit, reste méprisé.
Nous sommes ici dans une situation missionnaire privilégiée. Chaque matin, tu ouvres ta fenêtre : devant toi, 3 monuments culturels qui n'ont rien à se demander l'un à l'autre.

Entre amis de confessions différentes, chacun reste qui il est

L'islam n'a pas besoin du christianisme. Majoritaire, il n'a peur de personne. L'hindouisme ne se pose aucune question. Il existe. Et le christianisme reste persuadé d'avoir la vérité. Tu es en face, à tous moments, de ces 3 monuments qui n'ont pas besoin de toi.
Notre façon de réagir simultanément et de façons différentes devant les événements de la vie, entre croyants de foi et de culture différentes, c'est ça le dialogue.
À la T.B. Clinic, Zhargam et moi soignons souvent des femmes atteintes de tuberculose ou enceintes, abandonnées par leur mari. Industriel musulman, Zhargam m'a demandé de l'aider à lancer cette clinique. Quand nous écoutons la triste histoire d'une femme, nous réagissons, chacun avec sa propre sensibilité et nous essayons de trouver une solution sans cacher ou "imperméabiliser" nos réactions. Il dit ce qu'il voit et comment il le voit. je fais de même. Nous finissons par parler d'une même voix. Ce dialogue-là n'est pas affaire

" Il n' a pas plus arrogant que y celui qui sait qu'il a raison et que sa foi est la meilleure. "

de religion. C'est un dialogue interhumain. je suis resté ce que je suis, il est resté ce qu'il est.
De temps en temps nous tombons dans un dialogue plus institutionnel comme quand il demande: " Pendant le carême, comment jeûnes-tu? " Mais curieusement nous l'évitons comme les questions du genre: , "Jésus, c'est qui? Un Propbète? Dieu?" - Ces discussions ne mènent à rien d'autre qu'à un double monologue.

Nous expérimentons tous la remise en question, c'est notre rôle

Il n'y a pas plus arrogant que celui qui sait qu'il a raison et que sa foi est la meilleure. Rien de plus simplet que de croire qu'il suffit de persuader les autres que c'est vrai. Rien de plus appauvrissant que de penser qu'on n'a pas besoin d'aller regarder ce qui se passe ailleurs ou juste pour convaincre. Nous ne sommes pas venus faire tourner l'Église ou la Congrégation, ni pour défendre des privilèges. Nous voulons être des gens aux frontières géographiques, culturelles, institutionnelles. C'est dangereux. Vous acceptez de prier avec les hindous qui s'opposent au christianisme! C'est un risque, mais si nous ne prenons pas ce risque, nous serons moins spiritains.
Vivre aux frontières fait rencontrer un monde inconnu ' Plus tu contactes des hindous ou des musulmans, plus tu t'approches d'un monde dont tu ne comprends pas le tréfonds. Plus tu approches de la vérité de cette culture du peuple, moins tu te sens sûr de toi. Tes propres valeurs sont remises en question. Tu as peur et tu aimerais te sentir un peu sécurisé. Nous l'expérimentons tous ici, mais c'est notre rôle.
Etre spiritain, c'est accepter de s'exposer. Mais question danger physique et insécurité, nos confrères du Congo sont plus exposés que nous! je crois que nous vivons une situation privilégiée d'être au milieu des pauvres. ils nous permettent de penser comme eux et de voir la vie et Dieu comme eux. Parce que ce sont eux qui ont raison.

Marc Tyrant
lire aussi : Vivre l'Evangile au Pakistan (onglet "Parole de Vie")



25 ans à fêter avec un peuple

Nous avons décidé de célébrer le 25, anniversaire de notre présence avec ceux qui ont compté le plus pour nous: Marwari et Penjabi et amis musulmans de Rejerkaï et d'Emmerkaï. D'habitude, les manifestations rassemblent les gens de l'institution. Le peuple reste au dernier rang. Au lieu d'une fête centralisée, nous allons organiser un repas de fête en 4 lieux et à 4 dates. Nos amis, parmi lesquels Pierre Schouver notre supérieur général, choisiront le village où nous offrirons du riz à tous avec musique et danses locales comme aux fêtes traditionnelles. Logement assuré pour continuer la fête avec hindous et musulmans. Nous allons éditer un calendrier. Sur fond de tissu rilki, des photos souvenirs des temps forts vécus avec les gens. Penjabi, chrétiens, ou hindous, les gens en décoreront leur maison.


Note :
1 - Jean-Paul Hoch, en ministère ces dernières années à Taíwan, a été élu supérieur général par le chapitre de juillet 2004

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