Acteurs de cohésion |
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Découvertes réciproques.
dimanche de carême. Ce n’est pas la foule des jours de fête, mais les bancs
sont correctement occupés de femmes, d’hommes, de tous âges et de toutes
origines. Une dame fait chanter une petite chorale. Après l’écoute de la Parole
de Dieu, Odile Mathis, déléguée du CCFD 1, invite l’assemblée à «
dépasser égoïsmes et soifs de possession pour construire un monde de partage et
de justice ». Elle s’explique. Fréquentant la paroisse St-Stanislas depuis
1969, elle s’est engagée au CCFD en 1988 avec Paul, son mari, « pour marquer au
nom de la foi la solidarité des chrétiens avec les plus pauvres de la planète
et combattre les inégalités Nord-Sud. Nous avons vite compris, ajoute-t-elle
avec conviction, que pour que les choses puissent changer là-bas, il fallait
que nos mentalités et nos comportements évoluent ici. Depuis, nous donnons de
notre temps pour faire prendre conscience des problèmes du mal-développement et
de notre responsabilité. »Message capté. Au sortir de la messe, les gens trouvent tout à fait normal que des chrétiens se préoccupent ainsi du développement des pays pauvres. Une dame me signale, au fond de l’église, un immense panneau qui, d’après elle, dit en clair les raisons qui poussent les chrétiens à agir. Autour du titre programme : « Dans nos diversités, risquons ensemble l’espérance de l’Évangile », de grandes photos d’hommes, de femmes, de jeunes. De toutes couleurs et heureux. Et s’accrochant au verbe « être », les qualificatifs : présent, humain, libre, digne, généreux, engagé, lumière. Une jeune maman commente un autre titre : « Tout ce qui a été bon en 2006 ». C’est un résumé de ce qui a motivé et fédéré les « bâtisseurs de la communauté paroissiale » : l’accueil de tous, les mercredis-rencontres (formation), le coin des enfants, la liturgie, les petites communautés fraternelles de foi, la communication et la Mission, etc. Ils s’appellent Patricia, Joseph, Odile, Céline, Michel, Christiane, Élisabeth, Tognon, Marie-Suzanne. Au sortir de la messe, ils disent ce que les spiritains apportent à leur communauté. Jean Sibout et Gabriel Pritzy ne sont pas présents à la communauté paroissiale ce jour. Ils liront ici comment leurs chrétiens voient leur façon spiritaine de vivre et de travailler. « Ils nous apportent beaucoup de dynamisme. Leurs homélies sont captivantes, simples et éclairantes. Leurs exemples de vie de tous les jours mettent l’Évangile à notre portée. Ils ont créé de petites communautés fraternelles de foi, une chorale, un site internet. Leurs propositions spirituelles facilitent les relations entre paroissiens. Ils insistent sur la façon de vivre en chrétien dans ce monde en n’oubliant jamais les plus pauvres d’ici et d’ailleurs. On sent l’influence de la communauté sur leur façon de vivre et de travailler. Leur ouverture au monde, leur joie de vivre ensemble est pour nous source de paix intérieure qui invite à l’engagement. Ils nous apprennent à mieux nous connaître et à nous respecter. Ils nous font confiance et nous permettent d’exprimer nos convictions. Ils ont su mobiliser enfants et adultes. Ils ont eu le courage d’entreprendre des travaux importants pour l’aménagement intérieur de notre église. Nous nous rendons compte que nous pouvons être, par des relations autres entre nous, des acteurs dans la construction d’un monde nouveau. Merci pour la confiance et l’amitié qu’ils nous manifestent. » Arrivé depuis 2 ans, William Rodrigue Doctor
continue son inculturation dans un monde nouveau pour lui. « Asiatiques,
Antillais, Africains, Français de métropole, nous rencontrons ici tout un monde
de diversités culturelles potentiellement enrichissantes pour tous. Chacun a sa
manière de célébrer Dieu et de le prier. Certains aiment méditer, en silence
devant le St-Sacrement ou la Vierge. D’autres s’expriment par le chant. Les
Français apprécient une certaine rationalité illustrée d’images. Ces
différentes manières de vivre notre foi de chrétien m’obligent à prendre du
recul pour les comprendre sans les juger. Pour voir comment les faire se relier
entre elles. Certains attendent de nous, Africains, que nous transmettions
quelque chose des expressions de foi en Afrique. Ce qui me frappe, c’est que
les gens arrivent ici avec leurs diversités culturelles et religieuses et
qu’ils parviennent à parler de leur foi commune. Nous sommes ici au carrefour
de 3 quartiers, Sceaux, Bagneux et Fontenay, aux milieux très différents. Gens
aisés, gens des cités d’immigrés et gens de classe moyenne, nos chrétiens nous
arrivent de ces 3 milieux. Je trouve surprenant que nous arrivions à les mettre
tous à l’aise et vivions une certaine cohésion dans la communauté paroissiale.
»Après plusieurs années de service en Alsace, Rigobert Ogbabo connaît les réalités sociales françaises. « Ce qui me frappe ici, avoue-t-il, c’est cette mosaïque de peuples qui fait se poser la question : comment faire agir ensemble ces gens de cultures différentes. L’Église se veut catholique, elle s’adresse à tous à la fois. Mon expérience de vie interculturelle en Centrafrique, au Gabon, au Congo et maintenant en France m’aide, sans que je m’en rende compte, à aborder les différentes sensibilités des gens et à les orienter vers un projet unique. Préparer une célébration est facile. Les gens ont plus de mal à s’engager dans un conseil économique. Est-ce par peur ou par manque d’habitude ? Idem pour assurer l’accueil. C’est vrai que ce service requiert certaines compétences. Les gens commencent à comprendre que nous faisons partie d’une famille religieuse et que nous pouvons nous remplacer les uns les autres. Quand des confrères passent et nous disent ce qu’ils réalisent ailleurs, apprécient certains, ils nous ouvrent au monde et à ce que l’Église y vit. » 1 Comité catholique contre la faim et pour le développement. |