Dossier     Mission en zone de précarité 
 




Depuis sept. 2006, Claude Brehm et Pierre Gaschy, spiritains,
coordonnent la pastorale des paroisses de Fameck et d’Uckange. Ils racontent leurs 1ers pas.


Passerelle vers la cité de demain

Avec Florange, Fameck et Uckange forment une communauté de paroisses de plus de 30 000 hab. Un 3e confrère, polonais, nous rejoindra dès septembre. La population de ces villes s’est installée du temps où la sidérurgie proposait de nombreux emplois. Dans les années 1960, le développement industriel de la région a entraîné un afflux de population indispensable et souhaité.
Les Italiens racontent qu’ils sont venus par trains entiers, il y a 50 ans. Polonais, Espagnols, Cap-Verdiens, Maghrébins se sont, à leur tour, établis ici.
Aujourd’hui, à Fameck et à Uckange, cohabitent plusieurs dizaines de nationalités, non sans difficultés parfois. Parmi les derniers venus, des Yougoslaves, des Kosovars, des Roms arrivés avec leurs familles. Obligés de fuir leur pays, ils n’ont souvent que le statut de demandeurs d’asile.
Une politique restrictive de l’accueil des sans-papiers a interpellé les associations et la communauté chrétienne.
Pierre et Patricia, coopératrice de la pastorale auprès des migrants, y sont plus particulièrement attentifs. Patricia, surtout, passe la plus grande partie de son temps à dénouer leurs problèmes. À part quelques exceptions, le personnel de l’administration ne leur facilite pas la tâche. Grâce aux quelques contacts que nous avons avec des réfugiés, nous connaissons un peu le parcours de ces personnes qui ont dû fuir de chez elles et qui essaient d’obtenir un permis de séjour.
Aujourd’hui, on ne trouve que très peu d’emplois sur place. Ce qui reste de la sidérurgie a été racheté par Mittal Steel et se sent menacé par les lois antipollution. La fermeture quasi générale de la sidérurgie entraîne une situation sociale et économique difficile.
La présence proche du Luxembourg et le nombre important de locaux qui y travaillent ne peut cacher la précarité qui touche bien des familles. Le taux de chômage dans la région, le double de la moyenne nationale, la plonge dans une réelle précarité. Claude est présent aux Restos du cœur. Il y rencontre des familles en grande difficulté.
Fameck est un lieu important où se tissent peu à peu des liens entre cultures, religions, communautés. Le Festival international du film arabe qui s’y tient tous les ans attire plus de 20 000 spectateurs. Mario, ancien prêtre-ouvrier et figure indissociable de Fameck, en fut l’un des initiateurs.
Dans ce contexte, la communauté chrétienne a une responsabilité particulière. D’abord, elle invite les personnes d’origines et de cultures diverses au nom de la même foi en Jésus-Christ. C’est un défi, mais aussi un atout important pour l’harmonie sociale au niveau des communes. Par ailleurs, si elle ne se replie pas sur elle-même, elle ne peut oublier les gens en précarité, notamment les demandeurs d’asile.
Engagés dans une communauté à bâtir, nous sommes présents aussi à certains mouvements et services d’Église : CCFD, Coopération missionnaire, ACAT… Enfin, la population maghrébine et turque nous ouvre les yeux sur les autrement croyants. Voilà les 1ers défis auxquels nous nous efforçons de répondre avec l’aide de toutes les bonnes volontés.
Depuis janvier, nous avons lancé avec Florange (18 000 hab.) le bulletin de la communauté de paroisses. Pour créer un lien entre les chrétiens dont une forte proportion se disent croyants non pratiquants. Et donner corps à la communauté de paroisses de Florange, Uckange et Fameck. Son titre programme « Passerelle » résume notre volonté missionnaire. C’est vrai qu’il nous faut apprendre à franchir bien des obstacles pour que personnes, groupes et communautés se rejoignent, apprennent à se connaître, à s’estimer.
Pour construire ensemble la cité de demain.
Claude Brehm et Pierre Gaschy


Rennes, la Communauté inter-peuples
Née il y a plus de 20 ans de la rencontre de chrétiens d’Afrique noire, la Communauté inter-peuples a rejoint, selon le souhait de l’évêque de Rennes, la communauté spiritaine juste installée dans l’un des quartiers les plus multiraciaux de Rennes, St-Marc, sur la paroisse St-Luc.
Les différentes chorales ethniques se réunissent en une seule, ouverte à tous ceux qui sont prêts à louer Dieu par le chant et la prière. Elle chante dans toutes les langues : Congo, Côte d’Ivoire, Nigeria, Cameroun, Burundi, Sénégal, Gabon, RD Congo, Centrafrique, Rwanda, Corée du Sud, Brésil et France. Cette chorale reçoit la mission d’animer la messe chaque dernier samedi du mois, toujours suivie du verre de l’amitié. Noël et Pâques sont plus festifs. Pour la Pentecôte, la chorale rejoint une paroisse du diocèse pour la fête des Nations. Cette chorale a toujours animé baptêmes, mariages, obsèques. Elle participe à des galas humanitaires ou culturels comme au Triangle et au Liberté. Aux fondateurs toujours actifs se sont associés des étudiants qui, en pratiquant leur foi, ont trouvé accueil, solidarité, convivialité, partage des joies et des peines, soutien. Une seconde famille en somme !
Père Joël Lavens


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