Les spiritains ont évangélisé les habitants de l’île principale et la plus peuplée de l’archipel du Cap-Vert, Santiago, ainsi que l’île, plus petite, qui lui est proche, Maio. Ils ont créé les 15 paroisses, formé des laïcs, ouvert des écoles, promu la vie religieuse. Grâce à eux, depuis 70 ans, la vie spirituelle de la population a été entièrement rénovée. « 
L’objectif a été atteint, déclare le P. João Baptista Barros
, supérieur des spiritains du Cap-Vert. Nous avons fondé une Église locale et lui avons donné son autonomie en laissant plusieurs de nos paroisses au clergé local, lequel ne cesse d’augmenter. Le séminaire diocésain compte actuellement 16 séminaristes en formation au Portugal et 12 jeunes au petit séminaire de Praia. Nous avons beaucoup travaillé, jusqu’à présent, comme curés de paroisses. Maintenant, nous devons trouver un autre mode de présence sur l’île qui soit conforme au charisme de notre congrégation. »
Des projets portés dans l’espérance
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Nous sommes pleins d’espérance, poursuit le P. João,
car les gens de l’île connaissent les spiritains. Des fraternités spiritaines [groupes de laïcs qui cherchent à vivre la spiritualité spiritaine, ndlr] ont été créées et de jeunes Cap-Verdiens nous rejoignent. » Pour l’été 2015, une grande réunion de tous les spiritains qui travaillent au Cap-Vert et de ceux qui, cap-verdiens, sont missionnaires à l’étranger (Brésil, Paraguay, Portugal), devrait permettre de jeter les bases de cette nouvelle présence sur l’île autour de trois grands axes que le P. João Baptista définit ainsi : l’appel à la vocation missionnaire et la formation de futurs missionnaires, la formation et l’animation des laïcs pour la mission, un travail dans le cadre de la justice et de la paix.
Former de futurs missionnaires
Dix-huit jeunes Cap-Verdiens sont en formation spiritaine à Praia, en France et au Portugal. L’équipe de formateurs à Praia est beaucoup trop réduite, ils ne sont que deux : le P. Pires (83 ans) et le P. João. Ce dernier cumule les mandats de supérieur des spiritains de l’île, d’animateur vocationnel (il se charge d’organiser des sessions et trois retraites par an pour des jeunes intéressés par la vie missionnaire) et d’accompagnateur spirituel des fraternités spiritaines. Il avait commencé à être présent auprès des migrants d’Afrique de l’Ouest (certains d’entre eux sont les seuls musulmans de l’île, au milieu d’une population majoritairement chrétienne), mais il a dû abandonner, faute de temps disponible. Le P. João souhaiterait une équipe stable de spiritains cap-verdiens chargée de la formation des futurs candidats à la vie spiritaine.
Faire connaître les fondateurs des spiritains
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Nous nous sommes entièrement consacrés, durant 50 ans, à l’édification de l’Église locale. Nous avons tout donné pour elle et nous avons très peu fait connaître la vie et la spiritualité de nos fondateurs, Claude Poullart des Places et François Libermann, souligne le P. João.
Des laïcs sont intéressés par notre spiritualité et par l’exemple de nos fondateurs. Deux groupes de fraternité spiritaine ont vu le jour, deux autres sont en formation à Calheta et São Tiago. Des laïcs et, parmi eux la communauté des animatrices missionnaires, favorisent cette ouverture à la mission universelle de l’Église et nous aident à appeler des jeunes gens à la vocation missionnaire. »
Pour un travail en dehors des paroisses
En accord avec l’évêque de Santiago, seules deux paroisses resteront confiées aux spiritains, celles de Calheta et d’Órgãos, les plus grandes et les plus représentatives du travail des spiritains au Cap-Vert. Les deux autres, Pedra Badejo et Cidade Velha, encore à la charge des spiritains, devraient, dans quelques années, être confiées à des prêtres diocésains. L’évêque, M
gr Arlindo, attend des spiritains qu’ils collaborent fraternellement avec le clergé local pour le service en paroisse mais, surtout, il compte sur eux pour une aide à la formation, à l’accompagnement spirituel et pour des œuvres d’apostolat extra-paroissial.
Auprès des immigrés d’Afrique de l’Ouest
En 2009, les spiritains ont commencé un service auprès des migrants originaires de la côte de l’Afrique. Venant du Sénégal, de Gambie, de Guinée-Conakry et Guinée-Bissau, ils ont du mal à s’intégrer dans un pays très petit, ils sont sous-payés et exploités. « 
Nous les avons aidés dans leurs démarches administratives, rappelle le P. João.
Mais en 2011, faute de personnel, nous avons dû interrompre ce service. Cependant, nous sentons toujours cet appel à entreprendre quelque chose pour eux ; également auprès de jeunes délinquants de notre pays qui, chassés des États-Unis ou d’Europe, errent dans les rues sans rien faire. Nous le voyons bien : même privés de paroisses, les raisons pour travailler ici, à Santiago ou dans d’autres îles du pays, sont nombreuses. Nous avons besoin qu’un petit groupe de spiritains cap-verdiens reste présent au pays pour accueillir et accompagner d’autres confrères expatriés qui viendraient travailler ici. Nos portes sont ouvertes. Nous sommes disposés à recevoir des spiritains provenant d’autres pays pour aider au travail de ces nouveaux champs missionnaires qui s’ouvrent à nous. »