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Disponibles, tout simplement…

Dans le grand complexe du château des Vaux (photo) vivent et travaillent 4 spiritains. Polonais,
Angolais, Français.
Ils se veulent présents à tous les jeunes et prêts à collaborer avec les éducateurs. Pour un long et passionnant travail de rattrapage des retards dans la scolarité, l’éducation et l’affection.


Jeudi 12 oct. Les spiritains de la communauté déjeunent avec les animatrices pastorales et l’abbé Daniel Fournel, ancien d’Auteuil. Ils mettent au point le pèlerinage des OAA à Lisieux des 14 et 15 oct. Le P. Daniel Henry, le responsable, arrivera en fin de repas, à 13 h 30. Comme tous les jeudis, l’équipe de direction réunit les directeurs des 8 établissements, le directeur régional, le responsable des ressources humaines, celui des finances et le P. Daniel, représentant de la tutelle pastorale. But: prendre le temps d’assurer une certaine cohérence dans l’éducation donnée au château depuis les collèges jusqu’aux foyers de vie.
" C’est époustouflant quand on y débarque ! " dit le P. Daniel, en précisant : " Plus de 700 jeunes accompagnés par plus de 400 adultes travaillent ici autour de quelques lieux de vie. Ils sont répartis en une douzaine de foyers de 20 à 40 jeunes, avec un directeur et des éducateurs. On sent un réel souci pédagogique dans tous les domaines : école, santé, éducation. "
Le P. Manuel Gaiola, Angolais, 30 ans, s’est blessé lors du dernier match de foot. Il vit ici sa 1re mission depuis sept. 2003. " Ce qui me frappe ici, dit-il heureux, c’est que malgré les problèmes qu’a connus la majorité des jeunes, ça se passe plutôt bien. Sans trop de vitres cassées ni d’autres problèmes. Dès que tu écoutes ces jeunes, tu les comprends tout de suite mieux. Ils ont souffert. Et j’avoue qu’avec tout ce que certains ont vécu et subi, ils s’en sortent plutôt bien. Les écouter engage tout un travail de rattrapage des retards dans la scolarité, l’éducation et l’affection. "
À la question : " Es-tu à l’aise dans ce milieu nouveau pour toi ? ", le visage de Manuel s’illumine. " Je joue au foot et au ping-pong avec eux. À mon arrivée, de jeunes musulmans m’ont pris pour l’un d’eux. C’est vrai que beaucoup d’entre eux sont aussi d’origine étrangère. Mais quand ils ont su que j’étais chrétien et prêtre, ils ont été soufflés. Le foot et l’Afrique leur font me poser un tas de questions, et le courant passe. Beaucoup sont venus me féliciter lors de la qualification de l’Angola pour la Coupe du monde de foot. Je suis en " mission de première évangélisation ". Beaucoup de jeunes et d’éducateurs ne connaissent pas le Christ. Nos rapports sont des plus corrects. Nos relations sont d’abord de vraies relations humaines, même avec celles et ceux qui se disent athées. Alors la rencontre a lieu. Les éducateurs changent souvent. Nous spiritains restons plus longtemps. C’est important pour les jeunes. Ils admirent le P. Favreau qui, à son âge, reste disponible à chacun, en toute humilité. Quand tout dans notre société devient de plus en plus professionnel, calculé, logique, rencontrer un tel homme fait du bien. Et pas seulement aux jeunes. "
Le P. Adam Wedmann, Polonais, est aumônier des lycées professionnels et techniques. Il est présent aussi dans 5 foyers auprès de 90 jeunes filles de 11 à 21 ans. " J’ai découvert et appris le français en écoutant les jeunes. Comme je joue de la guitare, nous chantons et discutons. En 5 ans, le nombre de celles qui viennent me rencontrer ainsi ne cesse d’augmenter. Je connais tout le monde, de la directrice aux animatrices et aux jeunes. Je suis reconnu aussi comme quelqu’un qui prend part à toutes leurs activités. Plus d’une vingtaine de filles n’ont ni famille propre ni famille d’adoption. Roumaines, Asiatiques et Françaises, elles ne sortent d’ici que pour les grandes vacances et Noël quand nous partons avec elles. J’ai découvert des éducateurs non croyants qui se défoncent dans leur service pour les jeunes. Et ce n’est pas leur salaire qui puisse les motiver. Je n’ai jamais vu ça en Pologne.
Nous vivons ici une mission à part. Beaucoup sont tellement proches de l’Évangile sans le savoir.
"

Lucien Heitz

Père Christian Favereau
" le regard bienveillant "

" En 2006, cela fera 60 ans que je vis au service des jeunes. " Le P. Christian Favereau résume sa longue présence auprès des Orphelins Apprentis d’Auteuil comme une " marche dans la pédagogie des fondateurs de l’Œuvre ", l’abbé Roussel, le P. Brottier, le P. Barras. Il n’oublie pas Ste Thérèse. Et constate, sourire triste, que " ce que vivent aujourd’hui des milliers d’enfants et de jeunes qui arrivent d’un peu partout dans les maisons d’Auteuil ressemble fort à la situation qu’ont connue les premiers enfants accueillis par l’abbé Roussel pour les arracher aux maisons de corrections de l’époque. Aujourd’hui, dit-il (et qui a entendu plus de confidences que lui ?), " ces jeunes sont souvent désespérés, sans vraie famille. Ils vivent en bandes, dans la rue, la violence, la drogue ! Ils n’ont confiance en personne. Ni en eux-mêmes, parce qu’on leur a dit qu’ils étaient nuls. Arrivés ici, d’une trentaine de nationalités, ils se méfient de tout. Ils sont comme des oursins qui piquent. Il faut des pincettes pour atteindre l’intérieur, souvent merveilleux, où couve une soif d’amour. Et quand le contact s’établit, se dévoile en eux une sensibilité extraordinaire. Lors du tsunami qui a dévasté plusieurs pays d’Asie l’an dernier, de nombreux jeunes ont jeûné et travaillé dans les ateliers pour pouvoir envoyer leurs gains et leurs économies à des organismes humanitaires. Il faut vivre avec les jeunes et toujours porter sur eux un regard bienveillant. Alors tout peut changer ! "
Pas étonnant que le 12 nov. 2003, M. Raffarin, alors Premier ministre, ait nommé ce grand pédagogue chevalier de la Légion d’honneur !

Ils ont fait l’histoire d’Auteuil

L’abbé Louis Roussel (1825-1897) interpelle gentiment un enfant qui, un soir, fouille dans les poubelles. " Que fais-tu là ? " — " Je cherche de quoi manger. " Cet enfant recueilli en 1866 sera le 1er d’une longue chaîne aujourd’hui encore ininterrompue. Très vite, l’abbé Roussel, tout en les préparant à la 1re communion, enseigne écriture et lecture à ses enfants et un métier : l’Œuvre des Orphelins Apprentis d’Auteuil est née.
En 1923, à la demande du cardinal Dubois, archevêque de Paris, la direction en est confiée à la Congrégation du Saint-Esprit. Mgr Le Roy, supérieur général, y envoie le Père Daniel Brottier. Il voit dans cet appel un signe de la " petite sœur Thérèse " avec qui il entretient des liens spirituels forts
depuis qu’il sait le rôle protecteur qu’elle a tenu dans sa vie durant la guerre. Devant les multiples urgences, le Père Brottier a du mal. Son 1er acte de directeur est d’annoncer son intention ferme de construire une chapelle à Ste Thérèse. Des signes étonnants lui confirment son intuition. Pour l’Œuvre d’Auteuil, il se dépensera sans compter, avec génie, audace, utilisant la presse avec succès, ouvrant même une salle de cinéma. Mais avant tout, son amour ira à ses enfants les plus pauvres. " Je me suis offert à Dieu pour servir ces enfants jusqu’à ma mort. Je veux mourir à leur service. "
Au fil des années, de nombreux spiritains viendront rejoindre les P. Brottier et Pichon, son assistant. Avec la collaboration de laïcs de plus en plus nombreux, les spiritains assurent des postes divers.
En 1973, la fondation est reconnue d’utilité publique. Elle se dote d’une direction générale composée d’un directeur général laïc, d’un directeur général adjoint, spiritain, et d’un second, laïc.
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