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Taïwan : de l'amitié à la spiritualité


Bientôt 3 lieux d’engagement spiritains à Hsinchu. Jean-Pascal Lombart témoigne de la jeunesse du groupe spiritain : échanges entre étudiants grâce au site Internet, solidarité entre jeunes Taïwanais et enfants Vietnamiens, partage de spiritualité missionnaire avec un réseau d’amis.
 


Notre groupe spiritain est jeune (36-37 ans), avec une somme impressionnante d’inexpérience, mais aussi de dynamisme et de créativité. Nous travaillons en binômes. Il vaut mieux 2 confrères à mi-temps, plutôt qu’un seul à plein temps pour se soutenir et se conforter dans nos intuitions et engagements. Cela facilite le partage avec toute la communauté. Les confrères, par ex., ayant un mi-temps dans le dialogue interreligieux et un autre en paroisse, peuvent partager à la communauté chrétienne ce qu’ils découvrent dans le dialogue interreligieux.
Dès le début, des gens voulaient que nous nous lancions dans le dialogue interreligieux.
À Taïwan, la majorité des gens pratique une religion populaire à base de taoïsme. Pour une autre part, il y a le bouddhisme et beaucoup de nouveaux mouvements religieux récupérant des éléments de chacune des religions.
Ce syncrétisme est d’ailleurs une des caractéristiques du taoïsme : il n’y a ni canons ni dogmes mais un fond commun : la croyance que des divinités, des esprits habitent le monde et qu’ils ont une influence bénéfique ou maléfique sur la vie des gens.
Il faut donc s’attirer les faveurs des bienfaisants et se protéger des maléfiques. Le monde de l’au-delà est une copie de la réalité d’ici-bas avec sa même hiérarchie.
Le monde qui contrôle le destin des vivants est décrit sur le modèle de l’administration impériale chinoise, avec des sous-divinités qui sont chefs de district, responsables provinciaux et ainsi de suite jusqu’à l’empereur du ciel.
C’est assez fascinant et complètement étranger à l’idée que l’on se fait du divin.
Les chrétiens, isolés dans leurs familles, ressentent toujours une certaine pression sociale. Aux moments importants de la vie, mariages ou deuils, ils se demandent jusqu’à quel point ils peuvent participer aux célébrations familiales. À la fois pour exprimer tout le respect et la communion aux souffrances des personnes. Et quand leur foi ne s’accorde pas avec un certain nombre de ces pratiques, quel type de distance garder ? Quel témoignage sera le plus pertinent ? Il y a parfois conflit entre 2 témoignages : celui de la foi en la résurrection et celui de la solidarité avec la peine des hommes. Comment tenir les 2 en même temps ?
Notre site Internet (www.bythewell.org) s’appelle By the well, ce qui veut dire Au bord du puits. C’est l’histoire de Jésus et de la Samaritaine (Jn 4). Le but est de partager sa vie autour du nom de Jésus.

Nous avons un trésor à partager

Nous voulons créer des liens entre toutes les personnes que nous rencontrons dans nos engagements pastoraux. Ce site a une extension en portugais, en français et en anglais pour nos amis. Mais l’essentiel est en chinois. Les étudiants passent de 2 à 3 heures par jour sur les forums internet pour discuter de leurs études ou du dernier CD. Nous avons pensé que c’était un lieu pastoral à investir. À l’occasion des JMJ à Cologne, 50 jeunes Taïwanais sont venus en France et en Allemagne. Rencontre préparée grâce au site By the well.
Nous rêvons de monter un spectacle sur Claude Poulard des Places, dans le Taiwan moderne, montrant un jeune Taïwanais qui aurait un peu le même désir et les mêmes difficultés à se donner que notre fondateur.
Nous avons créé un groupe appelé Les Amis des spiritains ", embryon de fraternité spiritaine, avec ceux qui sont avec nous depuis longtemps (paroisse, petit séminaire, jeunes, communauté anglophone…). Nous échangeons sur la spiritualité de Libermann, sur un itinéraire de vie d’un laïc et d’un spiritain afin de partager les merveilles que le Seigneur fait en chacun. D’où la nécessité de traduire vie et spiritualité de Libermann.
Cela fait plusieurs années que nous avons commencé. C’est déjà un beau partage de vie spirituelle. On voit que Libermann et sa spiritualité de la disponibilité à l’Esprit-Saint et de la paix intérieure intéressent. Nous avons un trésor à partager. Le livre alternera page en anglais et page en chinois.
Nous espérons le distribuer à Taïwan, aux Philippines (les confrères débutent un projet de formation), et dans la diaspora chinoise chrétienne d’Australie, des États-Unis (ou d’ailleurs).
Notre but : mettre en un réseau tous ceux qui sont intéressés par la spiritualité missionnaire des spiritains.

Propos recueillis par Vincent Chopart


3 lieux d’activité spiritains à Hsinchu
Paroisse du Saint-Esprit : Sean 0’Leary (Irlande), le curé, est aussi aumônier diocésain des prisons. Jean-Pascal Diamé (Sénégal) travaille avec la communauté anglophone, Philippins et autres.
Séminaire interdiocésain : Jean-Pascal Lombart (France) est responsable diocésain de la pastorale des jeunes, des étudiants de la ville et coordinateur du groupe spiritain Taïwan-Philippines. Duc Long et Binh The Quach (Vietnam-USA) étudient le chinois, Duc, pour le petit séminaire, Binh, pour le dialogue interreligieux et le partage de la spiritualité spiritaine.
Paroisse Saint-Jean : Victor Silva (Portugal) travaille auprès des jeunes avec 2 stagiaires (Vietnam-USA).


Parrainages d’enfants vietnamiens :
Notre congrégation a quelques liens avec le Vietnam. J’y passe, lors de mes congés. À l’occasion de mon 2e voyage, ma mère m’a demandé d’aller dans la montagne visiter Ho Tapon, l’enfant qu’elle parraine. La religieuse qui travaille dans ce village auprès de la minorité ethnique m’a dit: " Regardez, il y a plein d’enfants qui ont besoin d’être aidés. "
J’en ai parlé aux chrétiens de Taïwan. Peu à peu, dans la paroisse, les écoles, auprès d’amis, le nombre de parrains est passé de 5 à 160. Les enfants écrivent 1 ou 2 lettres par an en vietnamien. 4 correspondants au Vietnam les traduisent en français, puis elles sont traduites en chinois. Espérons qu’à l’arrivée le contenu n’ait pas trop changé!
Dans un collège-lycée, 2500 élèves participent à 80 parrainages: chaque classe parraine
un enfant. Ces classes restent ensemble durant trois ans. Quel contraste entre ces jeunes Taïwanais pour lesquels un petit déjeuner est l’équivalent d’un mois de parrainage, et ces enfants vietnamiens qui doivent travailler plusieurs heures par jour pour aider leur famille!
Les parrainages permettent aux Taïwanais d’être généreux, de connaître personnellement quelqu’un qui est dans la pauvreté, de lui donner l’occasion d’étudier et d’améliorer les conditions de vie de sa famille.
Donner 8 € par mois c’est prendre soin d’un enfant. Grâce à cette solidarité, il pourra prendre en main son avenir. C’est enrichissant pour la jeunesse taïwanaise, trop souvent fermée, ensevelie sous une montagne de livres à étudier et dont l’horizon se limite à une forêt de micro-problèmes.
J.-P. Lombart
Illustrations :
1- J.-P. Lombart, aumônier, au milieu d'étudiants de Hsinchu
2- VietNam : parrainées par de jeunes Taïwanais, des familles de pêcheurs vietnamiens reprennent confiance

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