Un Français, le P. Pierre Juvèneton, et un Nigérian, le P.
Christian Egemonye, forment une bonne équipe au service des communautés
rurales ou semi-urbaines de la paroisse de Villa Del Rosario. En leur
compagnie, nous découvrons les potentialités de la région et comment ils
souhaitent aider les chrétiens à préparer le futur.
Un tandem pour le futur
Une région fertile

Fin novembre, c’est le début de l’été et la fin de l’année scolaire dans les pays de l’hémisphère sud. À 230 km d’Asunción, nous voici à Villa del Rosario, une commune de 12 000 habitants, avec le P. Pierre Juvèneton, au pays depuis 35 ans, et le P. Christian Egemonye. Les abondantes pluies ont fait descendre le thermomètre autour de 30 °C. Nous partons à la découverte d’une riche région agricole. De l’eau en abondance, de grandes surfaces cultivables, la région ne manque pas d’atouts pour attirer de riches investisseurs, mais offre cependant peu d’emplois aux jeunes. Il y a pourtant des signes prometteurs d’avenir. Un nouveau port fluvial avec ses premières installations de stockage et d’écoulement de grains par bateau a été ouvert. Une culture expérimentale de 150 variétés de jatropha – une plante dont l’huile extraite de la graine est utilisée comme carburant – est menée par deux ingénieurs allemands et financée par l’Allemagne.
Un peuple laborieux
Les gens d’origine modeste ne manquent pas non plus d’initiatives. La veille au matin, nous visitions une petite entreprise familiale de briques, abondamment utilisées pour les constructions. Maintenant, nous voici devant le petit commerce d’artisanat d’un couple amérindien. Plus tard, nous sommes accueillis par des femmes, organisées en coopérative, fières et heureuses de nous montrer un mototracteur nouvellement acquis, mais qu’elles ne savent pas encore conduire. Puis c’est la pause photo devant un alambic artisanal qui extrait de l’essence de feuilles d’une variété d’oranger appelée « petit grain », utilisée dans la production de parfum.
Œcuménisme

Il est vrai que les PP. Pierre et Christian, malgré l’écart d’âge (plus de trente ans) et la différence de nationalité (française et nigériane) s’entendent bien et forment une communauté qui travaille en équipe au service des 2 paroisses de Villa del Rosario, de ses 19 chapelles de quartier et 24 chapelles de village.
Avant de conclure notre journée par une messe, dans un village, en la chapelle de San José del Rosario, nous rendons visite à M. Abel Elias Veron, le directeur du collège mennonite qui accueille environ 125 élèves de toute la région. Les mennonites, un mouvement protestant né en Suisse en 1536, ont été accueillis par milliers au Paraguay suite à la guerre du Chaco (1932-1935) contre la Bolivie, pour coloniser les terres nouvellement acquises. La communauté mennonite (620 hab.) présente à Villa del Rosario se distingue des autres par son ouverture d’esprit et son absence de prosélytisme. Elle dynamise l’économie locale par son besoin de main-d’œuvre. Abel Elias Veron est ravi de recevoir les deux prêtres : « 
Votre vision et votre disponibilité nous inspirent. Vous êtes, pour nous, des exemples », s’exclame-t-il avec sourire admiratif. Il les invite, d’ailleurs, à venir parler, un jour, à la radio du collège.
Une belle entente
Le P. Christian se charge de la pastorale des jeunes. Il a formé un groupe « Jovenes por la vida » (Les jeunes pour la vie) pour lutter contre tout ce qui est mortifère (alcool, drogues, accidents, familles désunies) et les aider à mener une vie saine. Prochainement, ils iront en pèlerinage au sanctuaire national de Caacupe où les catholiques du pays vénèrent une petite statue de la Vierge sculptée – dit-on – par un Indien guarani aux premiers temps de l’évangélisation. Le P. Pierre s’intéresse, quant à lui, davantage à la pastorale sociale. Il a aidé plusieurs familles à réparer leur pauvre maison en récupérant du matériel laissé à l’abandon mais encore en bon état (portes, fenêtres, matériaux de construction). Dans les locaux de la paroisse, un petit centre pour enfants handicapés est ouvert, avec l’aide des membres de la pastorale sociale et de jeunes bénévoles, un kinésithérapeute et un psychopédagogue, qui offrent des soins à huit enfants. Une nouveauté dans la région. On espère faire mieux, grâce à un contrat qui devrait être prochainement signé avec le ministère de la Santé.
Le P. Juvèneton est conscient des changements actuels en cours ; il lui semble nécessaire d’appliquer les lignes pastorales de la dernière Conférence des évêques d’Amérique latine réunis, en 2009, à Aparecida (Brésil) : aller vers les gens, aux périphéries, leur fournir les moyens d’une expérience spirituelle profonde et une formation biblique et théologique qui les aident à se forger une vision chrétienne pour le futur.
Lima, berceau de la présence spiritaine

Les premiers spiritains sont arrivĂ©s en 1967, de Trinidad et Tobago, Ă
Lima, une immense paroisse divisée, depuis, en plusieurs paroisses et
communautés, attachée au diocèse de Concepción avant la création de
celui de San Pedro. Très tôt, ils sont présents à Asunción. En 1975, une
forte répression du gouvernement envers les organisations paysannes et ceux
qui les soutiennent, provoquent de graves divisions à l’intérieur du
groupe spiritain. Celui-ci se réduit à deux membres, les PP. Joseph
Harris et Peter Wayow, qui partent à la recherche d’un nouveau personnel.
En 1976, c’est un nouveau départ avec le renfort de missionnaires
provenant de France, Espagne, Suisse, Canada et Portugal. En 1988, ils
construisent leur maison de formation pour les vocations spiritaines locales.
En 2002, ils ouvrent le noviciat international (Paraguay, Brésil et