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Demain, des spiritains vietnamiens ouverts sur le monde
Les spiritains ont ouvert leur 1re
communauté au Vietnam en septembre2007.
Pour quelles raisons, comment et dans quel but?
Le P. Pat Palmer s’explique au nom de ses confrères.
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En 1992, le chapitre général
d’Itaici avait décidé d’orienter la mission des spiritains vers l’Asie. Le pape
Jean-Paul II venait d’appeler les instituts missionnaires à regarder vers ce
continent où vit la majorité de la population mondiale, où s’expriment les grandes
religions et où les chrétiens sont très minoritaires.
Les spiritains travaillent au
Pakistan et en Papouasie-Nouvelle-Guinée depuis plus de 30 ans. En 1997, ils
ont ouvert des missions aux Philippines et à Taïwan.
Le 1
er spiritain à
vivre au Vietnam a été le P. Brian Fulton, un Anglais. Arrivé en 2002, il a
passé 4 ans à étudier la langue et à entrer en relation avec les Frères du
Sacré-Cœur. Une crise cardiaque l’a terrassé à Saigon le 2février 2006 à l’âge de 57
ans.
Arrivée au Vietnam en 2007, la 1re
communauté spiritaine rencontre une Église qui a connu et qui connaît encore de
nombreuses difficultés. Les 1
ers missionnaires sont venus ici au XVI
e siècle. Malgré la méfiance et
l’hostilité des autorités d’alors, ils ont semé les graines d’une Église aujourd’hui
vivante.
Le Vietnam est un pays en
développement. Sa population très jeune a laissé derrière elle des années de
lutte contre la Chine, la France et les États-Unis. Pour la plupart des gens,
la guerre n’est même pas un souvenir. Les seules traces qui en restent se
voient dans les musées et dans les documentaires à la télévision.
Hô Chi Minh-Ville (ancienne
Saigon), animée, bondée et bruyante, compte 8millions
d’hab. La petite moto reste le moyen de se déplacer pour des milliers de gens.
Les Vietnamiens ont conservé le
meilleur des traditions culinaires françaises et chinoises et les ont combinées
avec les leurs. Petits kiosques en bord de route et grands restaurants
proposent une nourriture toujours fraîche.
La plupart des Vietnamiens se
disent bouddhistes ou sans religion. Comme en Occident, pour beaucoup de gens,
les gestes religieux ne se manifestent qu’au moment de la naissance, du mariage
et du décès.
La population catholique est
d’environ 7%. Ces
dernières années, l’Église a entrepris une campagne de construction d’églises
pour accueillir le nombre croissant de fidèles. La liberté de culte existe, les
séminaires sont pleins et travaillent ouvertement, les religieux établis depuis
longtemps dans le pays également. En revanche, il est très difficile pour les
nouvelles congrégations comme la nôtre d’obtenir une reconnaissance officielle.
Notre 1
re communauté
s’est ouverte à Ho Chi Minh-Ville le 24septembre
2007 avec 4 confrères. Le P. Frédéric Rossignol, Belge, ordonné en 2006, le P.
Antoân Leâ Quang Trinh, Vietnamien venu des États-Unis en 1994, le P. Giuse Leâ
Phuu Quoac, des États-Unis, et moi-même, Pat Palmer, Irlandais ayant travaillé
dans l’éducation, la formation et l’administration en Sierra Leone, au Ghana et
en Irlande.
Entrer dans une culture exige
d’apprendre la langue. C’est l’une des 1
res tâches de 2 d’entre nous
qui donnons en même temps des cours d’anglais et de français à nos jeunes et à
d’autres Vietnamiens. Nous avons aussi pris des ministères à temps partiel dans
une paroisse et dans des aumôneries. Nous n’avons pas encore de paroisse à
nous. Il se peut qu’il faille attendre longtemps pour en obtenir une.
Nous avons donc choisi
d’intervenir dans diverses œuvres de bienfaisance, surtout là où apparaissent
de grands besoins. Au Vietnam, les instituts religieux sont très impliqués dans
de telles œuvres en partie parce qu’ils ne peuvent gérer ni écoles ni hôpitaux.
Ils ont donc ouvert des centres de soins pour orphelins, enfants handicapés,
lépreux, pauvres et victimes du sida. Bien tenus, ces centres sont aidés par la
population: dons
d’argent et de nourriture, visites et soins aux enfants. Nous n’avons pas de
centres à nous, mais soutenons plusieurs d’entre eux par des visites et un
apport financier.
Mais le 1er objectif de notre
communauté est de faire exister une fondation spiritaine dans cette Église du
Vietnam riche en vocations au sacerdoce et à la vie religieuse. Pas d’abord et
pas seulement pour puiser des vocations dans ce vivier de jeunes.
L’Église au Vietnam est forte,
mais elle a besoin de prendre davantage conscience de sa vocation et de ses
responsabilités missionnaires. L’histoire l’a obligée à se replier sur
elle-même. Elle peut aujourd’hui partager ses forces et ses bras avec l’Église
universelle. Une congrégation missionnaire comme la nôtre peut favoriser cette
prise de conscience. Cet éveil fait réellement partie de notre mission.
Nous avons donc commencé un
programme de formation:
16 jeunes hommes âgés de 20 à 30 ans y adhèrent cette année. Ils ont tous une
qualification de 3e niveau. Cette fondation spiritaine, nous y croyons.
D’autant plus que les familles de nos confrères vietnamiens, la population et
l’Église nous encouragent beaucoup.