SUR LES CHEMINS DE LA MORT A LA VIE


Deux témoignages, donnés par un fils et sa mère disent la force de l’Esprit qui souffle où il veut, et quand il veut. Le jeune homme, âgé actuellement de vingt-huit ans, a été élevé dans une famille catholique peu pratiquante. Il raconte la mort apparente de son esprit et sa résurrection.

"...Malgré le souci que mes parents avaient de me donner une bonne éducation, il manquait la relation avec Dieu, dans la prière, qui est essentielle à l'équilibre moral et spirituel pour affronter toutes les vicissitudes de la vie. Mon adolescence n'a fait qu'accentuer mon manque de foi, et ma soif de connaître et goûter tout ce qui venait. Après le bac, j'entrais en classe préparatoire (Maths Sup ). Je sacrifiais le travail aux sorties, je fus mis dehors. La Providence m'a fait trouver une autre école. Je ne me suis pas mis pour autant à travailler. Les résultats aux concours ont été désastreux. J'ai redoublé. Avant les concours, au lieu de réviser je suis parti en vacances au soleil. J'ai obtenu, malgré tout, mon entrée à l'Ecole des Arts et Métiers, sur liste d'attente à l'Ecole Normale Supérieure, où je suis entrée l'année suivante. La mauvaise vie continuait car, en tant qu'étudiant, je touchais un salaire correct, avais peu de frais. Et, sur le campus universitaire, il y avait tout ce qu'un étudiant peut espérer pour s'amuser. Le rythme des sorties s'intensifiait. La première année à l'ENS est plus facile que la préparation à l'entrée, on a déjà presque tout fait! Les cours me sont devenus facultatifs. Une telle vie ne pouvait durer longtemps. Plus j'avançais, plus mon ‚me s'enténébrait. Je ne trouvais plus de goût à rien. Il me fallait sans cesse de nouvelles expériences. Je crois que j'étais mort spirituellement.

L’Esprit rôdait pourtant:
...Par pure grâce de Dieu, je rencontrai une personne qui m'indiqua un livre traitant de Dieu et la science. J'étais au plus bas, Dieu est venu me chercher. A ce moment-là je ne le connaissais pas encore. Là où le péché avait abondé, la grâce a surabondé. Pendant six mois, j'ai médité à propos de ce livre, jusqu'à affirmer que Dieu existe vraiment! Sortir de cet orgueil scientifique m'a coûté énormément. Tous mes schémas s'écroulaient, mon intelligence était réduite à rien. J'étais abattu et rien ni personne autour de moi ne comprenait ce revirement soudain. J'ai été saisi par la grâce, mais je n'y comprenais rien. Ma vie continuait comme auparavant, mais il y avait un feu allumé dans mon âme. A certains moments j'ai fait des expériences très fortes d'oraison, sans savoir ce que c'était: j'avais des larmes de contrition et des épanchements de joie très forts. Vraiment, Dieu appelle là où nous sommes et il n'attend pas que nous soyons vertueux pour nous saisir de son divin amour. Pendant des années j'ai souffert terriblement en constatant mon état et ce à quoi Dieu m'appelait. Comme personne ne m'accompagnait, je faisais route seul. Je voulais me détacher des convoitises du monde, mais ma faiblesse m'en empêchait. Je ne connaissais pas encore Jésus-Christ, j'avais juste fait l'expérience intérieure de Dieu Créateur de l'univers, le Tout-Puissant.
Un lundi de Pâques, en allumant le poste de télé, je suis tombé sur le film de Jésus de Nazareth. J'ai été saisi, fasciné, car tout ce que j'avais ressenti intérieurement, je le voyais en la personne du Christ. Dès lors je me suis mis à lire la Bible tous les jours. Je ne comprenais pas grand-chose mais cette Parole travaillait mon coeur. J'ai compris qu'il fallait vivre l'instant présent intensément, sans se soucier du lendemain. Plus de soucis liés aux examens, ou à toutes sortes de problèmes. Je commençais, bien imparfaitement, à goûter la vraie liberté. D'ailleurs, cette année-là, j'ai raté ma Maîtrise. Pourtant j'étais dans une grande paix et une grande joie. Tout devenait grâce. Cela m'a permis de me rapprocher de ma famille que j'avais délaissée à cause de cette vie désordonnée, et de rencontrer la Sainte Eglise qui m'a accueilli malgré mon indignité et qui m'a donné le Pardon de Dieu. Je découvrais le coeur de Dieu par les sacrements. La grâce n'a pas été sans effet car ma vie s'est assainie.
Depuis lors le travail de la grâce continue. Sans son secours il est impossible à l'homme d'avoir une vie sainte. J'avais essayé, par mes propres forces, d'arrêter bien des misères dans ma vie mais sans succès. En supposant une réussite, mon état aurait été pire que le précédent, car l'orgueil s'y serait mêlé. Ce chemin de conversion a entraîné derrière moi mes parents et aussi quelques amis d'école. C'était bien malgré moi, car j'étais encore très indigne. On ne quitte pas un passé si chargé en si peu de temps et j'opposais beaucoup d'obstacles à la grâce. Je crois que Dieu aurait voulu travailler plus vite mais il y avait encore beaucoup de zones d'ombre à éclairer.
...J'ai repris les études. Mais je craignais de perdre la foi, encore bien faible, en retournant dans le milieu étudiant. Malgré mes nombreuses infidélités je grandissais dans l'amour de Dieu, grâce aux sacrements de Réconciliation et à l'Eucharistie. J'allais régulièrement dans un foyer de jeunes femmes handicapées qui m'ont appris la simplicité du coeur et l'importance d'aimer. Le désir de donner quelques années de ma vie à Dieu grandissait. Providentiellement quelqu'un m'a donné une brochure consacrée à l'oeuvre " Point Coeur ", oeuvre de compassion et de consolation en faveur des enfants des bidonvilles. Il était possible de partir dans le cadre de la coopération...Après l'obtention de l'agrégation je suis parti en Argentine dans un bidonville à cinq cents kilomètres de Buenos Aires, pour deux ans. Que le Seigneur a été bon de me permettre de réaliser cette mission! car cela a été un appel à le suivre auprès de ses préférés, les pauvres. On ne part pas dans un bidonville pour y apporter ses compétences mais pour y être un pauvre parmi les pauvres. On leur consacre gratuitement notre temps sans autre but que d'être avec eux, pour leur rappeler leur dignité d'enfant de Dieu. "Le Christ Jésus, ayant la condition de Dieu, ne retint pas jalousement le rang qui l'égalait à Dieu. Mais il s'est anéanti, prenant la condition de serviteur." (Epître aux Philippiens ). Les pauvres m'ont appris à aimer, à comprendre, à voir, à goûter la vie et la réalité. Leur transparence éclairait mes misères cachées pour les combattre...Je pourrais continuer à faire leur éloge, non parce qu'ils sont spécialement vertueux, mais parce qu'ils m'ont appris à aimer. Ce qui me faisait voir leur beauté, c'est la foi et non leur apparence. Avec la foi on touche, on voit, on goûte, on sent, on entend la réalité telle qu'elle est, car c'est Dieu qu'on atteint. Nous avions une vie de prière très intense, si nécessaire pour vivre dans de telles conditions et porter l'espérance devant tant de souffrances. J'ai découvert une joie inconnue auparavant, comme si pauvreté et joie étaient liées mystérieusement. Dans ce dépouillement apparent se trouve le vrai trésor, comme la perle que cet homme achète au prix de tous ses biens. Je comprenais que cette joie ne fût pas d'ici-bas, mais bien un don de Dieu qui dépasse tout ce que l'on peut trouver sur cette terre. Au fond j'avais toujours désiré être heureux, bien que je m'y sois pris très médiocrement pour le devenir.
Après ces deux ans vécus dans le bidonville, mon regard n'était plus le même. Ma vie ne pouvait plus être la même. Nous sommes tous appelés à la sainteté mais chacun selon un mode propre. Le Christ m'ayant saisi alors que j'étais dans les ténèbres, ne devais-je pas le suivre maintenant que je marchais à sa lumière ? Le Christ m'appelait à un don total, mais j'ai mis du temps à m'en rendre compte, à cause de mon peu de foi. Je me voyais tellement pécheur devant Sa Sainteté que je n'osais répondre à son appel. C'était là encore un manque d'humilité. J'ai enfin posé l'acte de foi suprême de croire que pour Dieu tout est possible et que, s'il m'appelait, il me donnerait les grâces nécessaires en temps et en lieu voulus. Tous ces avantages dont j'étais pourvu, la carrière, la sécurité de l'emploi, le salaire, le temps libre, enfin tout ce que recherche désespérément l'homme d'aujourd'hui, je les ai considérés comme un désavantage à cause du Christ.
Je demande à ceux qui me liront de prier pour moi afin que Dieu puisse achever ce qu'il a commencé. C'est en donnant que l'on reçoit.

Ce jeune homme est actuellement entré au noviciat de la Congrégation des Serviteurs de Jésus et Marie. La Résurrection habite désormais sa vie. Sa maman, bouleversée par l'irruption de l’Esprit dans la vie de son fils, s'est engagée elle aussi dans une vie de foi nouvelle:

"..A cette époque, il n'était pas attiré par la religion. Un soir de Noël avait même refusé de nous accompagner à la messe: " Je préfère regarder la télé! " J'étais moi-même croyante, mais ne pratiquais que les jours de fête.
Un jour il m'a parlé de Dieu... Il avait vingt-deux ans, devenait curieux de Dieu. Il avait commencé à lire " Dieu et la Science ". Après il ne tarissait plus de conversations au sujet de Dieu. Cela devenait agaçant, voire étouffant quand nous recevions des amis. Moi, bien ancrée dans mon petit confort matériel, avec une dose homéopathique de vie spirituelle, je me sentais dépassée. Mon mari et moi avons décidé de faire face aux réactions effarouchées de la famille et des amis: " Ne ferait-il pas partie d'une secte? "
Les échanges avec lui sur la religion se sont intensifiés. Mon cheminement spirituel a progressé. Je priais. J'étais devenue assidue à la messe dominicale. Il avançait à grands pas, je le suivais à petits pas. J'étais sur la route. Il avait fait deux pèlerinages, je l'ai accompagné dans le troisième. Ma foi se trouvait toujours plus forte.
Alors je me suis engagée dans un groupe de préparation à la Confirmation. Je continue..."

Voici deux autres témoignages qui illustrent le travail de la grâce. Dieu cherche sans relâche dans leur nuit ses enfants éloignés, souffrants, pour les illuminer de la lumière de Pâques. Il les plonge dans la mort et la résurrection du Christ.

Jean-Luc
Issu d'une famille catholique pratiquante j'ai abandonné toute pratique vers l'âge de 17 ans, sans toutefois oublier Dieu. Vingt ans plus tard, ma femme vivant un moment de dépression, nous retrouvons tout doucement le chemin de l'Eucharistie. Un jour, alors que je l'accompagne à une soirée guérison intérieure organisée par un groupe du renouveau, une brèche s'ouvre en moi.
Trois mois plus tard, je ne suis plus le même et je sais déjà que cette transformation, qui sera suivie d'autres, est définitive, Depuis ce moment là, une lumière brille dans mon coeur et cette lumière, je l'ai identifiée sans hésiter à jésus, Lui qui a fait irruption dans nia vie. La rencontre venait de commencer et je sais maintenant qu'elle n'aura pas de fin.
Cette nouveauté qu'aucun mot ne peut dire, cette joie que je ne connaissais pas, ce monde qui n'avait pas changé mais sur lequel je portais un autre regard, tout cela m'indiquait l'existence d'une autre réalité, de la réalité.
Évidemment, je n'ai pas reçu un coup de baguette magique et cet événement n'a pas tout ordonné, gommé et réparé dans mon existence. D'ailleurs, le quotidien des événements de ma vie reste la continuité de celui d'hier. Je suis le plus souvent tiraillé entre le vieil homme qui ne peut plus vivre dans le monde ancien et l'homme nouveau qui, malgré la lumière qui le guide, avance comme il le peut et le plus souvent en l'absence de Celui qui l'a invité à le suivre et qui sans cesse déconstruit les murs où il voudrait l'enfermer.
Un moment important également que cette formation suivie par ma femme à l'IFAC de Lille. Tout ce qu'elle a pu partager avec moi jour après jour structurait notre démarche, lui donnant une véritable ossature pour la suite de notre cheminement vers Dieu. Je voudrais citer ce que je pense être un des fruits de cette conversion. Après de longues années de dessin d'art et je l'ai cessé en 90, n'y trouvant pas ce que je recherchais. Après six ans de désert, commence à rentre en moi le désir de dessiner, mais pour Dieu.
Fin 96, un monastère me commande un chemin de croix pour sa nouvelle chapelle, et je commence à dessiner pour Dieu. De temps à autre, au hasard de rencontre, des personnes se disent touchées par ces dessins. je poursuis dans cette vole et j'appends l'existence d'une aumônerie d'artistes à laquelle je participe désormais. Tout ceci, sans jamais avoir imaginé de venir artiste chrétien. Est-ce un chemin vers Dieu qui se propose ? Depuis peu également se pose en moi avec insistance la question : comment transmettre ma foi et ce qui me fait vivre ?...
Actuellement, je m'efforce de rester ouvert et disponible à l’appel que je crois ressentir pour transmettre cet amour de Dieu à travers l'art.

Marie-Pierre
C'est au cours de mon adolescence et de ma vie de jeune adulte que j'ai rejeté l'appris pour assouvir mon désir brûlant de découvrir et de connaître, dans le sens de naître avec pour mieux vivre.
Le Rituel dominical était en profond décalage avec le rythme, la saveur, l'éclairage de ma vie, et mon besoin d'éveil à de nouvelles valeurs, inaccessibles dans la vieille Église catholique telle que je la connaissais à cette époque. Les jeunes n'avaient pas leur place. Le new-âge, le bouddhisme, offraient cet aspect séduisant et ouvert. Une psychologie de qualité m'a conduite, au cours d'une psychothérapie, à me positionner dans ma foi.
D'une dispersion et d'un papillonnage utiles et enrichissants pendant un certain temps, je suis passée à un choix libre et heureux du Christ Jésus.
Mon appétit spirituel insatiable était là. Plusieurs amis m'ont permis d'enfoncer des portes déjà entrebâillées en me donnant accès au Christ. Cette conversion a TOUT changé dans ma vie. Le regard sur ma personne et sur autrui, sur ce monde et sur d'autres niveaux de conscience était autre. Rien n'était plus la faute de l'autre. C'est en termes de responsabilité de ma propre vie que j'ai commencé à marcher dans mon quotidien.
Le Christ Jésus, en lequel j'avais et j'ai une foi débordante, quoique souvent mal perçue et comprise, devenait enfin celui qui m’habitait. Dans la rigueur et la souplesse, je travaille quotidiennement pour approcher l'essentiel. Mon énergie s'en trouve décuplée, rayonne et nourrit.
Je suis mariée et maman de quatre jeunes enfants. Ma vie est bien remplie ; je n'ai pas le temps. Pourtant, libre de mes priorités, j'organise ma journée de sorte à m'accorder des pauses, des temps brefs de centrage dans le plus intime de mon antre de femme, car je suis aussi femme, des temps de recul, prière, méditation, relaxation ou autres.
La vie est difficile et ce grand champ de bataille est le monde dans lequel je vis. Me plaindre, en rester au stade de constat demeure statique et mortifère. je prends ma vie en mains aussi souvent que je le peux.
Le Christ a désiré nous rendre libres, au prix de sa vie. je me sais et me sens sauvée. je croque la vie à pleines dents, comme une pomme savoureuse et juteuse, ceux qui me connaissent le savent. Comme tout le monde, j'ai ma part de souffrances, mais le Christ m'octroie du dedans la force de traverser les épreuves en grandissant grâce à elles. Et en même temps, je sais que je suis seule à pouvoir vivre ce pour quoi je suis là, avec ce soleil, cette source, ce vent, cette terre du dedans qui me permet de poser un regard toujours neuf sur le dehors, dans la joie.