Vie spirituelle

L’icône de ma Transfiguration

Une pédagogie catéchétique
avec la Sainte image de "la Transfiguration du Seigneur


M. Mme Maillard
 
Si l'icône est biblique dans son fondement, elle présente des particularités liées aux milieux culturels où elle s'est développée.
Dans l'article précédent, nous avons abordé l'étude d'une icône orientale russe trinitaire: l'icône de la Trinité de Roublev. Aujourd'hui, nous allons regarder une icône "occidentale", "française" que nous appellerons, pour nous catholiques, Sainte image, en référence au catéchisme de l'Eglise N° 1159 à 1162: c'est la Sainte image de la Transfiguration du Seigneur, révélatrice aussi du mystère trinitaire
Après un commentaire de cette Sainte image, nous verrons son utilisation pédagogique reliée à d'autres Saintes images, pour accompagner différents parcours catéchètiques Français.

A - La Sainte image de la Transfiguration du Seigneur:
une révélation de la Trinité
La Sainte image de la Transfiguration se réfère aux évangiles de Matthieu (17, 1-9), Marc ( 9, 1-10), Luc ( 9,27-36). Saint Jean qui en fut l'un des trois témoins n'en dit rien, sauf une discrète allusion dans le prologue de son Evangile (1, 14b). Saint Pierre en parle dans sa deuxième lettre (2 P 1, 16-18).
La Transfiguration est la glorification du Fils par le Père avant l'abaissement suprême. Rappelons que le texte de la Transfiguration se situe entre deux annonces de la passion La liturgie s'exprime également sur ce thème en diverses circonstances religieuses: le jour de la fête de la Transfiguration (l6 Août) et le dimanche de la Transfiguration durant le temps du carême (année A).
Souvent , la première icône que réalise un iconographe est celle de la Transfiguration pour que "Le Christ fasse briller dans son coeur la lumière de sa Gloire inaccessible, comme il le fit pour les apôtres". (Daniel Rousseau)
Cette Sainte image est donc fondamentale car elle nous introduit directement dans le regard de la foi à distinguer du regard sensible de l'homme.
Cette Sainte image est entourée par une ligne rouge, appelée périmètre sacré. Il est de couleur rouge sang, car le sang est signe de vie: Lévitique 17, 11-14. Avec la mort de Jésus sur la croix, cette référence sera celle du rédempteur qui donne la Vie (Hébreux 9, 12-22). Ce périmètre sacré délimite un espace sacré dont le fond est recouvert d'or, symbole de la lumière divine. L'or traduit une réalité "sur-naturelle". En effet, la Sainte image est le signe d'une Théophanie, c'est à dire d'une manifestation divine. Une telle manifestation ne peut être perçue selon un regard humain, mais seulement à travers une vision de foi.
A l'extérieur du périmètre sacré, c'est l'espace profane, marron qui représente notre monde. Mais ce monde n'est pas forcément contre le sacré, ni athée. Les entrelacs, en bordure de l'icône, couleur jaune-or (lumière divine), insérés dans l'espace profane, signifient que les activités profanes du monde ne sont pas étrangères à Dieu.
Dans la partie supérieure de l'espace sacré, Jésus s'entretient avec sérénité sereinement avec deux hautes figures de la première alliance: Moïse et Elie. Ils sont chacun au sommet d'une montagne. Dans la Bible, la montagne est le lieu symbolique de la rencontre de Dieu avec l'homme. En effet, Moïse et Elie sont au sommet d'une montagne en raison de leur connaissance exceptionnelle de Dieu: Moïse, après avoir séjourné 40 jours et 40 nuits sur une montagne, où il conversa avec Dieu dans la "nuée", en redescendit le "visage rayonnant " (Ex 34, 29-35). Elie entendit lui aussi le Seigneur lui parler dans le murmure du vent (1 Rois 19, 9-14) et fut enlevé dans un char de feu. Ces représentants de la Loi et des Prophètes conversent avec le Christ sur "son départ de Jérusalem", sur sa Passion (Luc 9, 31): le mystère de la gloire n'est pas séparé du mystère de la croix. Moïse tient un livre dans la main, le livre de la Loi, et son vêtement pourpre est celui d'un roi. Elie, les cheveux hirsutes comme le "sauvage" du désert, est revêtu d'un vêtement de terre (terre verte), signe d'humilité. Il est l'image type du Prophète.

Au bas de la montagne, les apôtres tombent, saisis d'une "terreur sacrée". Si l'on observe les trois apôtres (Pierre à gauche, Jean au milieu, Jacques à droite), nous voyons un même mouvement décomposé en trois temps: Pierre est ébloui; il tombe à genoux. Jacques poursuit le mouvement; à genoux, il se retourne. Jean, enfin achève ce mouvement en tombant à terre, prosterné. Ce mouvement de "terreur sacrée" n'est en réalité que le signe d'un retournement, c'est à dire, celui d'une conversion. Les apôtres "voient" la réalité divine de Jésus associée à sa réalité humaine qui ne disparaît pas pour autant. Jusque là, les apôtres voyaient en Jésus un prophète, un homme exceptionnel qui guérissait les malades, remettait debout des paralysés, ressuscitait des morts. Au Thabor, les apôtres voient Jésus, le visage ruisselant de lumière, ses vêtements blancs comme la Lumière (Mt 17, 2), au milieu d'une gloire céleste ( Luc 9, 31), qui l'isole momentanément du reste du monde. Cette manifestation divine est conforme au langage traditionnel de la Bible (cf. Ex 24, 19-30).
La gloire qui entoure Jésus est représentée sous la forme d'une mandorle dont les trois couleurs symbolisent les trois Personnes de la Sainte Trinité: la pourpre est le signe du Père, le bleu caractérise la Sagesse du Fils, et le rouge feu révèle l'Esprit Saint. Cette mandorle est l'expression d'une réalité intérieure, cachée: l'humanité de Jésus est transfigurée, parce que l'unité parfaite entre Dieu et l'homme Jésus est réalisée, au sein même de la vie divine trinitaire. La blancheur rayonnante du vêtement témoigne de cette transfiguration. L'or, en bordure de ces couleurs est le signe de cette unité des trois personnes divines. Les sept rayons blancs, liés à la blancheur divine du transfiguré, expriment que l'événement de la Transfiguration concerne tous les hommes et toute la création. Le nombre 7 est toujours symbole d'une totalité. Ces rayons traduisent le sens de la nuée dont il est question dans les textes évangéliques (Luc 9, 34) et que les Pères de l'Eglise ont interprété comme signe de l'action du Saint Esprit dans cet événement.
Trois des rayons de l'Esprit-Saint frappent les apôtres pour montrer qu'ils sont eux-mêmes transformés, mieux encore: transfigurés. Si les 3 apôtres sont illuminés intérieurement par l'Esprit-Saint, leur regard humain se transforme et s'agrandit aux dimensions nouvelles du regard de la foi. C'est là que l'on peut dire qu'ils voient l'invisible. En un sens, la transfiguration est plutôt celle des apôtres, celle de leur regard.
Le Livre que porte Jésus, indique qu'Il est La Parole. La main, sur le coeur, est le signe de son pouvoir créateur. Dans son nimbe (autour de la tête), on peut lire:"Je Suis - qui- Je Suis", expression de son identité divine (Ex 3, 14). Le regard de coté renforce cette réalité, car on ne peut voir Dieu face à face (1 Cor 13,12).
Jésus se situe au carrefour de deux axes:
- un axe horizontal sur lequel on voit Moïse et Elie qui l'encadrent: c'est l'axe de l'histoire du peuple juif.
- un axe vertical qui descend du ciel, passe par Jésus et aboutit aux apôtres: cet axe est celui de la révélation. Jésus est désigné par le Père comme le Fils bien-aimé (Mt 3, 17). Jésus est au carrefour de l'Ancien et du Nouveau Testament: Il est le Messie annoncé par Israël .
Une main sort d'un cercle symbole du monde divin infini. Seule, une partie du cercle est représentée, faisant allusion à cet infini de Dieu "inexprimable", dont nous aurons pleine connaissance après notre mort. Cette main symbolise une intervention de Dieu-Père: "Celui-ci est mon Fils, bien-aimé. Ecoutez-le" (Mt 17, 5).
Cette main désigne Jésus comme étant le Fils, mais elle tient aussi une croix rouge-feu et or pour annoncer que Jésus, l'homme, passera par la mort sur la croix et qu'il ressuscitera dans la gloire et le feu du Saint Esprit.
La Sainte image reçoit un nom qui est le dernier acte par lequel son identité lui est donnée: la Transfiguration. Elle n'est jamais signée. Une Sainte image reçoit un nom, comme un enfant le jour de son baptême. Elle devient ainsi, un signe de vie au sein de l'assemblée des croyants qui est l'Eglise.

La Sainte image de la Transfiguration est au coeur du mystère trinitaire: en effet, la richesse des symboles bibliques représentés et commentés, permet d'exprimer la communion intime entre le Père, le Fils, et l'Esprit. Si les trois apôtres furent les seuls témoins oculaires de cet événement, nous avons vu, par les sept rayons blancs, que la Transfiguration concerne tous les hommes : "Le Christ aujourd'hui illumine divinement toute la nature humaine par la Transfiguration. " (Kontakion)
Nous sommes tous conviés à écouter le Fils bien-aimé du Père (Mt 17, 5). Cette invitation à l'écouter, permet à l'homme de savoir à quoi il est appelé: entrer dans ce mystère de communion divine, de relation, de partage, qui est la nature même de Dieu et aussi de l'homme puisque l'homme est "créé à l'image et à la ressemblance de Dieu" (Gn 1, 26).
La contemplation de la Sainte image, sa méditation, une pratique adaptée, sont des moyens privilégiés pour nous introduire au coeur du mystère chrétien, mais par un chemin progressif de conversion et de transfiguration. "Heureux celui sur qui brillera ta Lumière, car tu es notre Seigneur et la source de toute vie" (Office liturgique du Temps pascal)

B - "La Sainte Image ouvre des chemins qui favorisent l'attention, la prière, la mémoire et la relation à Dieu, dans un climat liturgique" (Henry Corta)
Cette icône-Sainte image de la Transfiguration du Seigneur a été peinte par Henry Corta, artisan d'icônes-Saintes images, catholique, français, décédé le 4 Décembre 1998, à Rennes. Cette Sainte image fait partie d'une oeuvre globale, véritable catéchèse pour notre temps que l'on peut découvrir dans son livre "Liturgie du silence"*, qui rassemble environ une centaine de Saintes images.
Henry a orienté les 15 dernières années de sa vie sur une pédagogie catéchétique iconographique, concrétisée par un autre livre "Lumière du Christ ou accompagnement de la catéchèse par l'icône"*. Il a écrit cet ouvrage à la demande du service de la diffusion catéchétique de Lyon pour accompagner les parcours catéchétiques existants. Il y développe d'ailleurs deux pages de commentaires sur la Sainte image de la Transfiguration du Seigneur (p 48 et 49).
Depuis 17 ans, Henry venait dans notre fraternité, dans le Nord, animer des sessions d'initiation à l'icône-Sainte image, 2 ou 3 fois par an. Nous avons travaillé avec lui pour diffuser son oeuvre autour de nous, dans les maisons diocésaines, les paroisses, les écoles, et les collèges...
Ayant quitté Lyon en 1996, il s'installe en Bretagne dans une fraternité de bénédictins interpellés par sa démarche. Il y crée l'association "Or et feu"* ayant pour mission de promouvoir son oeuvre après sa mort.
Tout ceci permet d'introduire sa démarche pédagogique que vous retrouverez de façon détaillée dans son livre : "Lumière du Christ".
Faire une Sainte image exige un chemin de conversion et une vie de prière. Cela demande du temps et un matériel particulier. Devenir peintre d'icônes-Saintes images répond à une vocation particulière. Tous les chrétiens ne sont pas appelés à le devenir. Mais tous les chrétiens sont appelés à approfondir leur foi et à se convertir. Dans notre monde d'aujourd'hui, Henry a cherché comment apprendre aux chrétiens, jeunes ou adultes, à approfondir leur foi par une initiation à la lecture de la Sainte image avec des moyens simples. Il a proposé une pratique d'approche de la Sainte image avec des feutres et des modèles au trait. Chaque Sainte image est accompagnée d'un commentaire étoffé pour l'animateur et d'une image - tomo pour chaque étape de la mise en couleur de l'image. Par étapes successives de mise en couleur, accompagnée de commentaires, chacun jeune ou adulte, peut entrer dans le sens symbolique des formes et des couleurs de l'image. Il apprend progressivement à lire une icône Sainte image et à la comprendre de l'intérieur. N'oublions pas que l'icône-Sainte image est une traduction visuelle de la Parole de Dieu.
L'association "Or et Feu" continue de concevoir et d'éditer des livrets pédagogiques sur chaque Sainte image d'Henry Corta, pour diffuser son oeuvre . Des sessions d'initiation à la Sainte Image, au rythme de l'année liturgique, ont lieu à la fraternité Béthléem St Benoît au siège de l'association, dans notre Fraternité de Le Maisnil dans le Nord², et partout où la demande est exprimée. ..
C'est ainsi qu'à la demande du Père Maurice Pritzy et de Soeur Thérèse Lemay, mon mari et moi avons animé une session d'initiation au campus missionnaire de Barjols en Août 1999. Nous avons réalisé l'approche de la Sainte image de la Transfiguration du Seigneur par les moyens simplifiés que je vous ai décrits précédemment. Les adultes ont fait cette initiation une heure trente pendant trois matinées. Les enfants de 4 à 13 ans y ont travaillé une heure durant deux après-midi. Ce fut une découverte pour tous.
Nous avons nous-mêmes beaucoup reçu des partages, des réactions, des réflexions, des questions, des temps de prière, lors des rencontres avec les adultes, qui furent très denses vu la demande de chacun.
Thérèse et Philippe Maillard vivent en fraternité à le Maisnil dans le Nord de la France avec Néri et Betty Leprince Ringuet depuis 18 ans, appuyant leur vie spirituelle sur la prière liturgique, le travail des textes et l'icône-Sainte image en paroisse ou chez eux.. Depuis 17 ans, ils ont eu le bonheur d'avoir été initiés à l'icône Sainte image par Henry Corta , artisan d'icônes Saintes images, qui a mis au point une pédagogie catéchétique de l'icône Sainte image, durant les 15 dernières années de sa vie, concrétisée par 2 livres* à la demande du service diocèsain de la catéchèse de Lyon. Il est décédé le 4 Décembre 1998, jour de la fête de Saint Jean Damascène , le grand défenseur des icônes.
Ils ont animé l'atelier d'initiation pratique à l'icône dans le cadre du campus missionnaire de Barjols en Août 1999, organisé par Soeur Thérèse Lemay et le Père Maurice Pritzy .
Les plus jeunes enfants accompagnés par leur mamie ont fait preuve de beaucoup d'attention et de concentration . L'enthousiasme des enfants, la justesse de la perception visuelle, nous ont touchés et ont confirmé une fois encore la profondeur spirituelle de cette pédagogie.
Cette pratique d'approche de la Sainte image a déjà porté beaucoup de fruits aussi bien chez les enfants que chez les adultes. Elle permet de présenter les mystères de la foi chrétienne simplement afin que chacun puisse les méditer dans son coeur. Les fruits de ces pratiques, depuis 15 ans, nous montrent que les jeunes gardent en mémoire ce qu'ils ont reçu de ces rencontres de catéchèse à partir de la Sainte image. Ces expériences privilégiées furent pour un certain nombre de jeunes et d'adultes l'occasion de vivre un véritable renouveau dans leur foi et un chemin de conversion .
L'association "Or et Feu" a conscience de la valeur de ce patrimoine religieux dont elle a la responsabilité et qu'elle s'attache à promouvoir au mieux.
Thérèse Maillard
Licenciée en Théologie
Animatrice en Pastorale
*L'association Or et Feu a son siège à la Fraternité Bethléem St Benoît,
La Basse Houssaye - 35 750 - Iffendich tel:02 99 07 43 94
Livres et dossiers disponibles uniquement au siège de l'association:
- Liturgie du Silence, éditions St Paul, 1992, Henry Corta
- Lumière du Christ, accompagnement de la catéchèse par l'Icône, Henry Corta et la diffusion catéchistique de Lyon, 1992
² fraternité du Maisnil , dans le Nord de la France
Néri et Betty Leprince Ringuet tel: 03 20 50 36 24
Philippe et Thérèse Maillard tel: 03 20 50 63 51
Chemin de Beaufremetz, 59 134 - Le Maisnil



 
"En ce jour sur le Thabor, le Christ transforma la nature enténébrée d'Adam ; l'ayant couverte de son ombre, il la divinisa". Chant de vêpres.
 
tholique occidentaux en référence au catéchisme de l'Eglise N° 1159 à 1162:
" L'icônographie chrétienne transcrit par l'image le message évangélique que l'écriture transmet par la Parole. Image et Parole. Image et Parole s'éclairent mutuellement. "
N° 1160
 
B - Commentaire:
"Celui-ci est mon fils bien-aimé , écoutez-le"
Dans son livre, il fait un commentaire de cette Sainte image...
La Sainte Image est entourée par une ligne rouge sang qui délimite un espace sacré. Le sang est signe de vie : Lévitique 17, 11 - 14.. Avec Jésus le sang a ...
A l'extérieur du périmètre, c'est l'espace profane, marron. C'est notre vie extérieure, notre monde. Mais ce monde n'est pas forcément contre le sacré, ni athée. Les entrelacs, en bordure de l'icône, couleur jaune-or (lumière divine), insérés dans l'espace profane, signifient que les activités profanes du monde ne sont pas étrangères à Dieu.
Toute icône est le signe d'une Théophanie (manifestation divine). Une telle manifestation ne peut-être perçue selon un regard humain (charnel ou idéaliste) mais seulement à travers une vision de foi.
Le fond or (symbole de la lumière divine) traduit cette réalité "sur-naturelle".
Cet espace est en même temps l'expression de notre vie intérieure.

Jésus s'entretient avec deux personnages, chacun au sommet d'une montagne. La Bible représente souvent notre monde comme une montagne. Le sommet de cette montagne est le "Haut-Lieu" de notre vie, c'est à dire le lieu (signe spirituel) de la rencontre de Dieu avec l'homme.

Au bas de la montagne , les apôtres tombent, saisis d'une "terreur sacrée".
Si l'on observe les 3 apôtres (Pierre à gauche, Jean au milieu, Jacques à droite), nous voyons un même mouvement décomposé en 3 temps: Pierre est ébloui; il tombe à genoux. Jacques poursuit le mouvement; à genoux, il se retourne. Jean, enfin achève ce mouvement en tombant à terre, prosterné.
Ce mouvement de "terreur sacrée" n'est en réalité que le signe d'un retournement, c'est à dire, celui d'une conversion. En cela les apôtres représentent notre humanité face à Dieu, dans son appel à la conversion. Les apôtres "voient" la réalité divine de Jésus, associé à sa réalité humaine qui ne disparait pas pour autant.

Ce retournement des personnages au plan inférieur de l'icône, contraste avec le plan supérieur, marqué par la sérénité émanant du Christ dans l'entretien qu'il a avec les deux hautes figures de la Première Alliance, Moïse et Elie.
Les apôtres voyaient en Jésus un prophète, un homme exceptionnel qui guérissait les malades, remettait debout des paralysés, ressuscitait des morts. Au Thabor, les apôtres voient Jésus, le visage ruisselant de lumière, ses vêtements blancs (symbole de la Résurrection), entouré de la Gloire (nuée - présence de Dieu) qui l'isole momentanément du reste du monde .Cette manifestation divine est conforme au langage traditionnel des signes selon la Bible (cf. Ex 24,19-30).
La gloire qui entoure Jésus est représentée sous la forme d'une mandorle dont les trois couleurs symbolisent les trois personnes de la Sainte Trinité: pourpre - signe du Père, bleu - Sagesse du Fils, et rouge feu - l'Esprit Saint.
Cette mandorle est l'expression d'une réalité intérieure, cachée: l'humanité de Jésus est transfigurée (la blancheur rayonnante du visage et des vêtements en témoignent) parce que l'unité parfaite entre Dieu et l'homme Jésus est réalisée, c'est à dire qu'il est dans la vie même de Dieu, au sein même de Dieu, Père - Fils - St Esprit.
L'or (en bordure de ces couleurs) est le signe de cette unité des trois personnes divines.
Les 7 rayons blancs (liés à la blancheur divine du transfiguré) expriment l'expansion universelle de cette transfiguration des hommes et de toute la création. En effet, le nombre 7 est toujours symbole d'une totalité. Ces rayons traduisent le sens de la nuée dont il est question dans les textes évangéliques (Luc 9, 34) et que les Pères de l'Eglise ont interprété comme signe de l'action du St Esprit dans cet événement.
Trois des rayons de l'Esprit-Saint frappent les apôtres pour montrer qu'ils sont eux-mêmes transformés, mieux encore: transfigurés. Donc, si les 3 apôtres sont illuminés intérieurement par l'Esprit-Saint, leur regard humain se transforme et s'agrandit aux dimensions nouvelles du regard de la foi. C'est là que l'on peut dire qu'ils voient l'invisible. En un sens , la transfiguration est plutôt celle des apôtres, celle de leur vision.
Le Livre indique qu'Il est La Parole et la main sur le coeur, est le signe de son pouvoir créateur. (Voir l'icône de la Sagesse divine ou de la main du Créateur). Dans son nimbe (autour de la tête), on peut lire:"Je Suis- qui- Je Suis", expression de son identité divine (Ex 3, 14).
Le regard de coté renforce cette réalité, car on ne peut voir Dieu face à face (1 cor 13,12). Jésus se situe au carrefour de deux axes:
- un axe horizontal sur lequel on voit Moïse et Elie qui l'encadrent: c'est l'axe de l'histoire du peuple juif.
- un axe vertical qui descend du ciel, passe par Jésus et aboutit aux apôtres: cet axe est celui de la révélation. Jésus est désigné par le Père comme le Fils bien-aimé (Mt 3, 17).
Jésus est au carrefour de l'Ancien et du Nouveau Testament:
Cest lui le messie tant espéré par les prophètes et tout Iscraël.

Elie et Moïse sont les deux figures les plus représentatives de toute l'histoire religieuse du peuple d'Israël: ces représentants de la Loi et les Prophètes conversent avec le Christ sur "son départ de Jérusalem", sur sa Passion (Luc 9, 31 ). En effet, le mystère de la gloire n'est pas séparé du mystère de la croix. Moïse tient un livre dans la main (c'est la Loi) et son vêtement pourpre est celui d'un roi. Elie, les cheveux hirsutes comme le "sauvage" du désert, est revêtu d'un vêtement de terre (terre verte), signe d'humilité. Il est l'image type du Prophète. Tous les deux sont au sommet d'une montagne en signe de leur connaissance exceptionnelle de Dieu:
-Moïse (ex 19, 10-25), après avoir séjourné 40 jours et 40 nuits sur une montagne (exode 24, 12-18), où il conversa avec Dieu dans la "nuée", en redescendit le "visage rayonnant " (ex 34, 29-35).
- Elie entendit lui aussi le Seigneur lui parler dans le murmure du vent (1 Rois 19, 9-14) et fut enlevé dans un char de feu.

Une main sort d'un cercle symbole du monde divin infini. Seule, une partie du cercle est représentée, faisant allusion à cet infini de Dieu " inexprimable", dont nous aurons pleine connaissance après notre mort. Cette main symbolise une intervention de Dieu-Père: "Celui-ci est mon Fils, bien-aimé. Ecoutez le" (Mat 17,5).
Cette main désigne Jésus comme étant le Fils, mais elle tient ausssi une croix rouge-feu et or pour annoncer que Jésus, l'homme, passera par la mort sur la croix et qu'il ressuscitera dans la gloire (l'or) et le feu du St Esprit.
Le nom de l'icône est toujours le dernier signe par lequel, l'icône devient véritablement une icône, c'est à dire, un signe de vie au sein de l'assemblée des croyants qui est l'Eglise. Donner un nom, c'est donner vie , comme au jour de notre baptême (voir aussi Gn 11, 19).

La Transfiguration comme le baptême au jourdain, est une Théophanie (manifestaion de Dieu), révélatrice du mystère trinitaire: la voix du Père, l'Esprit représenté par la nuée ou la colombe (dans le baptême) et le Fils , tous trois unis dans une communion intime
Comme lors du Baptême au Jourdain, la voix du Père se fit entendre:"Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le". Cette inviation est comme une ouverture qui permet à l'homme de savoir à quoi il est appelé: entrer dans ce mystère de communion divine, de relation, de partage, qui est la nature même de Dieu et aussi de l'homme puisque l'homme est "créé à l'image et à la ressemblance de Dieu" Gn 1, 26.
la Transfiguration concerne tous les hommes , vivants et morts: "En ce jour sur le Thabor, le Christ transforma la nature enténébrée d'Adam ; l'ayant couverte de son ombre, il la divinisa" Chant de vêpres.

Conclusion:Au campus missionnaire de Barjols en Août 1999, nous avons réalisé cette approche de l'icône par les moyens simplifié que je vous ai décrit précédemment avec les adultes le matin et les enfants de 4 à 13 ans l'après midi. Ce fut une découverte pour petits et grands qui ont participé à cet atelier de mise en couleur de l'icône de la Transfiguration.
Nous avons nous-mêmes beaucoup reçu des partages, des réactions , des réflexions , des questions lors des rencontres avec les adultes, qui furent très denses car chaque participant était en demande.
Les plus jeunes enfants accompagnés par leur mamie ont fait preuve de beaucoup d'attention et de concentration . L'enthousiasme des enfants, la justesse de la perception visuelle, nous ont touchés et ont confirmé une fois encore la profondeur spirituelle de cette pédagogie.
Thérèse Maillard
Licenciée en Théologie
;Animatrice en Pastorale
 
*L'association Or et Feu a son siège à La Basse Houssaye, Iffendich, 35 ...tel: .. .. .. .. ..
Livres et dossiers disponibles au siège de l'association:
Liturgie du Silence, ed St Paul, 1992
Lumière du Christ, accompagnement de la catéchèse par l'Icône, 1992
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