Parole de Dieu


L’EUCHARISTIE, don de Dieu


Jean Pierre Gaillard, spiritain
Le P. Jean-Pierre Gaillard est chargé à Bruxelles d'assurer un secrétariat des spiritains d'Europe. Il a été formateur des jeunes spiritains et missionnaire au Gabon.

L’Église catholique sort d’un événement très important, dont on mesure peut-être mal l’impact maintenant, le Grand Jubilé de l’an 2000. Le 6 janvier dernier, on a pu voir le Pape Jean-Paul refermer la Porte Sainte de la basilique vaticane ; on sentait bien qu’une page était tournée. L’homme qui avait accompagné l’Église à passer le cap d’un nouveau millénaire, usé par l’âge et la maladie, délivrait néanmoins un message d’espérance et d’ouverture; si une page certes se tournait, une autre s’ouvrait donc :
Tandis qu'aujourd'hui se ferme, avec la Porte sainte, un "symbole" du Christ, le Cœur du Christ demeure plus que jamais ouvert. Il continue à dire à l'humanité, qui a besoin d'espérance et de sens : "Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos" (Mt 11, 28)…
Au début de mon pontificat, et bien souvent par la suite, j'ai crié aux fils de l'Église et au monde : "Ouvrez, ouvrez toutes grandes les portes au Christ". Je désire le crier encore, au terme de ce Jubilé, au commencement de ce nouveau millénaire…
Fasse le Seigneur que, dans le nouveau millénaire, (l’Église) grandisse toujours plus en sainteté, pour être dans l'histoire une véritable "épiphanie" du visage miséricordieux et glorieux du Christ Seigneur !
Cette année jubilaire a été placée sous le signe de l’Eucharistie, sommet de la vie sacramentelle. C’est la raison pour laquelle un Congrès Eucharistique y a trouvé naturellement place. Jean-Paul II le dit encore clairement dans sa lettre encyclique qui accompagne la clôture de l’Année Sainte :
Si l'Eucharistie est le sacrifice du Christ qui se rend présent parmi nous, sa présence réelle pouvait-elle ne pas être au centre de l'Année sainte consacrée à l'incarnation du Verbe? Voilà précisément pourquoi cette année fut envisagée comme une année " intensément eucharistique ", et c'est ainsi que nous avons essayé de la vivre .
C’est dire que l’Eucharistie reste au cœur de notre vie chrétienne le centre qui irradie aussi bien notre prière que notre action, notre dimension contemplative comme notre dimension apostolique, l’une et l’autre étant du reste inséparables : La plus grande attention doit donc être portée à la liturgie, " le sommet vers lequel tend l'action de l'Église et en même temps la source d'où découle toute sa force " . Au vingtième siècle, spécialement à partir du Concile, la communauté chrétienne a beaucoup grandi dans sa façon de célébrer les sacrements, surtout l'Eucharistie….

Une approche biblique de l’Eucharistie devrait nous aider un peu à entrer dans le Mystère. Nous le ferons surtout à partir du texte des Pèlerins d’Emmaüs, parce qu’il a une indéniable dimension liturgique, et bien évidemment eucharistique : " ils le reconnurent à la fraction du pain ". Cela ne nous empêchera pas de nous pencher, même brièvement, sur d’autres textes bibliques qui concernent plus ou moins directement l’Eucharistie.

1. Les pèlerins d’Emmaüs :
Nous partirons donc d’un récit biblique que la Liturgie pascale propose deux fois en une seule semaine : le soir du Jour de Pâques et le Mercredi de Pâques ; il s’agit du récit des Pèlerins d’Emmaüs (Lc 24, 14-35). C’est un bien grand nom que celui de pèlerins, alors qu’il s’agit de deux pauvres disciples de Jésus, par ailleurs parfaitement inconnus, qui rentrent bredouilles après avoir vécu une magnifique expérience, mais qui s’est lamentablement terminée sur le gibet de la croix. Il y a bien quelques racontars de braves femmes, mais…
C’est un lieu commun, pour les théologiens et les liturgistes, de dire que le fameux récit des Pèlerins d’Emmaüs, du moins tel que Luc nous le rapporte, est une méditation de la première communauté chrétienne inspirée par la manière dont elle célébrait elle-même l’Eucharistie. Il en est de ce récit comme de tous les Évangiles : ils ont été prêchés, médités, intériorisés, avant qu’on ait senti le besoin de les écrire. La communauté chrétienne primitive a donc souligné, dans le trésor évangélique d’abord, ce qui répondait à son attente, à ses questions, bref à sa vie même.
En quelque sorte, nous avons dans ce texte la Messe selon l’évangéliste Luc, parfait témoin de la communauté chrétienne des origines. Il emploie l’expression Fraction du Pain qui se retrouve ailleurs dans le Nouveau Testament ; ainsi l’épisode qui nous raconte que Paul, à Troas, un premier jour de la semaine, lorsque nous étions réunis pour rompre le pain, ressuscita un jeune homme qui était tombé malencontreusement d’une fenêtre après une homélie si captivante de Paul qu’un membre de l’auditoire s’était endormi (Ac 20, 7-11) ! La TOB a une note des plus intéressantes au sujet de l’expression Fraction du Pain.
Nous nous contenterons ici, pour ne pas faire trop long, d’épingler l’une ou l’autre réalité que ce texte développe et qui peuvent servir à notre réflexion.
a. Jésus lui-même s’approcha, et il marchait avec eux.
C’est donc Jésus qui se joint aux disciples d’Emmaüs, car c’est bien toujours Dieu qui vient à la rencontre de l’homme, qui se donne à lui. La Tradition biblique insiste souvent sur cette initiative divine à tous les grands moments de l’histoire. Il en est mieux ainsi, parce qu’en général les initiatives humaines sont rarement très bonnes ; on pourrait ainsi se remémorer l’attitude d’Abraham qui, pour suppléer à la déficience de Dieu quant à sa promesse de le doter d’une nombreuse descendance, a pris, de sa propre initiative, une seconde épouse, ce qui ne fut pas du tout du goût de Dieu : à Mambré, il est annoncé au patriarche que Dieu pourvoira à sa descendance, non par le subterfuge d’une adoption par esclave interposée, mais par une conception dans le cadre du mariage légitime, même si l’âge avancé des parents a fait rire Sara (Gn 18, 1-15).
Les disciples, eux, ils marchaient, parce qu’ils quittaient Jérusalem, cette ville maudite qui tue les prophètes et particulièrement ce Jésus dont ils avaient espéré qu’il serait le libérateur d’Israël (avec toute l’ambiguïté de cette expression). Et bien sûr ils discutaient, parce que les hommes discutent toujours, surtout quand ils n’ont pas grand chose à dire, souvent pour n’avoir rien compris aux choses importantes. Évidemment, ils sont tristes, parce qu’ils sont accablés par la peine et la déception, au point d’ailleurs qu’ils sont dans l’incapacité de reconnaître leur nouveau compagnon de chemin.
Dans le domaine de la foi, c’est Dieu qui est à l’initiative, c’est lui qui rejoint l’homme ; d’ailleurs, comment irions-nous à lui ? Ce qu’il demande à l’homme, c’est d’apporter son adhésion à sa proposition de rencontre, non sans réticence souvent du côté de l’homme. Il en est évidemment de même des sacrements, car c’est Dieu qui se donne, Eucharistie incluse. Nos frères chrétiens de la tradition orientale nous donnent un bon enseignement en cette matière lorsqu’ils confèrent dans une même célébration les trois sacrements de l’Initiation chrétienne (Baptême, Confirmation, Eucharistie) à des bébés, ce qui n’est pas sans étonner les Occidentaux que nous sommes, car nous, nous voulons comprendre (et que comprend-on, s’il vous plaît, de l’Eucharistie ? )
b.Il leur expliqua, dans toute les Écritures, ce qui le concernait.
Jésus fait œuvre pédagogique, en partant de Moïse et de tous les prophètes, montrant aux disciples leur méconnaissance ou leur vision erronée de la personnalité du Messie : Ne fallait-il pas que le Messie souffrît tout cela pour entrer dans sa gloire ? Combien de fois, avant la Passion, n’avait-il pas dû rectifier cette vison trop terrestre du Messie qui en était arrivée à occulter totalement son rôle spirituel. Cette question fut un drame pour les Apôtres qui ne sont jamais entrés, avant la Pentecôte, dans une vision juste du rôle messianique de Jésus : Judas Iscariote en sera le paroxysme puisqu’il ira jusqu’à la trahison pure et simple, mais les autres ne valaient finalement pas beaucoup mieux. L’épisode d’Emmaüs comporte une bonne Liturgie de la Parole où c’est le Seigneur lui-même qui fait l’homélie : Il leur expliqua, dans toute les Écritures, ce qui le concernait.
Chaque fois que la communauté chrétienne se rassemblait pour refaire, en mémoire du Seigneur, ce qu’il avait lui-même fait la veille de sa Passion, elle annonçait, en se référant aux Livres saints, l’aujourd’hui de la réalisation des promesses ancestrales. On y atteste donc que la Mort et la Résurrection du Seigneur accomplissent les Écritures ; Pierre le fera à la Pentecôte (Ac 2), et Paul le refera à Troas (Ac 20). Vraiment la Liturgie de la Parole est une partie intégrante de la célébration eucharistique, et la manquer est grave : faire mémoire, selon l’ordre de Jésus, c’est donc aussi entendre la Parole et l’assimiler.
c.Ils le reconnurent à la fraction du pain.
Les exégètes doutent que Jésus ait voulu à Emmaüs refaire les gestes de la dernière Cène (ces disciples-là n’y étaient point), mais il est évident que Luc utilise ici le vocabulaire eucharistique en usage dans la communauté chrétienne primitive : il prit le pain, dit la bénédiction, le rompit et le leur donna ; il est difficile d’être plus explicite (Lc 22, 19 et même 9, 16). L’épisode d’Emmaüs comporte une bonne Liturgie eucharistique où le Seigneur lui-même préside : Ils le reconnurent à la fraction du pain.
Chaque fois que la communauté chrétienne se rassemblait pour refaire, en mémoire du Seigneur, ce qu’il avait lui-même fait la veille de sa Passion, elle rencontrait effectivement le Ressuscité, comme à Emmaüs ; il en sera de même à toutes les fractions du pain que rapportent les Actes : Ac 2, 42, 46 ; 20, 7, 11. Chaque fois que la communauté chrétienne se rassemble, en mémoire du Seigneur, c’est aujourd’hui encore une rencontre vraie avec le Ressuscité.
Or, quand il se fut mis à table avec eux,
Il prit le pain, prononça la bénédiction, le rompit et le leur donna.
Alors leurs yeux s’ouvrirent et ils le reconnurent…
(Lc 24, 30-31)
2. Les récits de l’Institution :
Nous avons tous présents à l’esprit les textes évangéliques qui nous rapportent comment Jésus a institué l’Eucharistie lors de son dernier repas avec ses disciples, que nous appelons la Cène : c’est cela que les liturgistes appellent les récits de l’Institution. Du reste nos prières eucharistiques d’aujourd’hui, tant occidentales qu’orientales, nous les rapportent, même s’il faut remarquer qu’elles ne transcrivent pas exactement les textes bibliques .
a. La tradition de Paul.
Les Corinthiens se sont montrés des chrétiens turbulents, qui ont eu beaucoup de mal à oublier leurs habitudes païennes avant d’adopter un comportement vraiment chrétien ; ils ont donné beaucoup de soucis à Paul, ce qui fait qu’il a eu une grande préférence pour eux… mais vigilante. C’est à la suite de débordements que Paul va leur rappeler ce qu’il a reçu du Seigneur et qu’il leur a transmis (1Co 11, 23-26).
Les exégètes estiment que la première lettre de Paul aux Corinthiens date du printemps 55. Il s’agit donc ici de la plus ancienne relation de l’institution de l’eucharistie ; ce sont les difficultés apparues dans la communauté chrétienne qui amène l’apôtre à préciser le sens même d’un rite déjà considéré par elle comme une pratique courante, se référant à une tradition qui vient du Seigneur lui-même.
b. La tradition des évangélistes synoptiques.
Quinze ou vingt ans après la lettre aux Corinthiens, d’autres écrits apparaissent, relatant l’institution de l’Eucharistie lors de la dernière Cène ; ce sont les Évangiles synoptiques (Luc, Marc et Matthieu). En général, ces écrivains ne furent pas témoins des faits qu’ils rapportent ; ils ont été les témoins de communautés chrétiennes qui ont transmis ce qui leur fut rapporté à elles-mêmes par des témoins.
Le texte de Luc (Lc 22, 14-20) est assez proche de celui de Paul que nous venons de voir (n’oublions pas que Luc était un disciple de Paul). Il est intéressant de noter que la description de Luc est conforme au déroulement d’un repas de fête chez les Juifs : préparation de la coupe de vin où chacun boit à son tour avec une prière de bénédiction qui l’accompagne, rupture et partage du pain (au début du repas, juste après la préparation de la coupe) avec une formule appropriée, bénédiction et partage de la coupe (à la fin du repas) avec également une formule appropriée.
Les textes de Marc (Mc 14, 20-25) et de Matthieu (Mt 26, 26-29) rapportent les faits un peu différemment et leur récit semble plus travaillé : il n’y a pas de première coupe ; les rites du pain et de la coupe se situent pendant le repas à la suite l’un de l’autre et ont une structure symétrique ; la formule sur la coupe est cependant plus développée. On sent que les communautés dont Marc et Matthieu ont déjà évolué, la célébration eucharistique ne se faisant sans doute plus au cours d’un repas (d’où le rejet du rituel juif de la table).
Néanmoins, les deux traditions qui sont ici rapportées (Paul et Luc d’une part, Marc et Matthieu de l’autre) se retrouvent dans quatre verbes qui structurent les récits de l’institution de l’Eucharistie :


Ces quatre verbes, que l’on retrouve ailleurs dans le Nouveau Testament , ont un caractère stéréotypé qui semblerait indiquer un texte mémorisé, comme un schéma, sans doute parce qu’ils étaient utilisés dans la célébration à une époque où c’est le célébrant qui créait chaque fois son texte, mais selon un plan déterminé. D’ailleurs, ce sont bien ces quatre verbes qui ont déterminé le déroulement de la liturgie proprement eucharistique de la messe, et ce dans n’importe laquelle des liturgies chrétienne, orientale ou occidentale :

La coupe de bénédiction que nous bénissons
n’est-elle pas une communion au sang du Christ ?
Le pain que nous rompons
n’est-il pas une communion au corps du Christ ?
Puisqu’il y a un seul pain,
nous somme tous un seul corps ;
car tous nous participons à cet unique pain.
(1Co 10, 16-17)
3. La tradition de Jean :
Jean, le disciple que Jésus aimait, le seul dont on soit sûr qu’il fut un témoin direct des évènements de la vie de Jésus, ne nous rapporte pas le récit de l’institution de l’Eucharistie lors de la dernière Cène. A ce moment-là, il place le lavement des pieds (Jn 13, 1-20), ainsi que la trahison de Judas (Jn 13, 21-30). C’est tout de même étonnant !
On sait que Jean ne s’est jamais intéressé aux traditions et institutions juives, ce qui l’a peut-être amené à omettre de montrer l’enracinement de l’Eucharistie dans la tradition de la Pâque juive. Il est plus sensible au fait que le dernier repas de Jésus avec les siens souligne l’amour dont Jésus fait preuve dans son esprit de service et qui trouvera son paroxysme quelques heures plus tard sur la croix.
L’Eucharistie n’est pas pour autant absente de l’Évangile de Jean. A la suite du récit de la multiplication des pains (Jn 6, 1-15), qui rappelle que Jésus a nourri le peuple au désert comme Yahvé l’avait fait avec la manne, et l’épisode de la marche sur la mer (Jn 6, 16-21), l’apôtre et évangéliste place une discours que la Tradition a nommé le Discours sur le Pain de Vie (Jn, 16, 22-59) ; le passage qui va du verset 51 au verset 59 est vraiment consacré explicitement au sacrement de l’Eucharistie.
Jean ne s’est pas voulu le narrateur pur et simple de tous les faits et gestes de Jésus (Jn 20, 30-31) ; il a voulu que son texte suscite chez ses lecteurs la foi au Christ afin qu’ils aient la vie en Christ. Dès lors il lui apparaît du plus haut intérêt de rapporter le discours où Jésus se présente comme étant la nourriture qui donne la vie, reconnue dans la foi. Dans ce passage éminemment eucharistique de Jn 6, 51-59, on relève huit fois un terme qui soit en lien avec le concept de vie  !
Jean le théologien, comme aiment l’appeler nos frères chrétiens d’Orient, nous dit pourquoi Jésus a institué l’Eucharistie ; il n’éprouve aucun intérêt à nous dire comment il l’a instituée. Il est vrai qu’à la différence des autres évangélistes, et même de Paul, qui écrivaient soit pour des païens, soit pour de nouveaux chrétiens (ou des chrétiens qui avaient besoin de s’amender sérieusement), Jean, lui, s’adresse à des personnes qui croient sérieusement en la Bonne Nouvelle de Jésus et dont il est important de conforter la foi qui est déjà la leur. D’ailleurs les exégètes pensent que l’Évangile de Jean a été rédigé de vingt à trente ans après les Synoptiques, donc près de cinquante ans après la lettre de Paul aux Corinthiens ; le contexte est tout à fait différent.
Et pourtant ce grand théologien est d’un réalisme surprenant. Nos traductions françaises parlent toutes d’un pain que Jésus donne à manger ; pourtant si l’on voulait être d’une fidélité stricte au texte grec original, dans le cas de Jean, c’est plutôt des termes croquer ou mâcher dont il faudrait user ; on comprend que les traducteurs n’aient pas voulu employer un terme d’un tel réalisme, mais c’est pourtant de cela dont il s’agit. Jean parle donc bien d’une nourriture authentique, et non de quelque pieuse symbolique au mysticisme douteux.
Et qu’est-ce que cette Vie pour laquelle il faut manger le Corps et boire le Sang ? Dans la tradition johannique, vivre, c’est être en communion avec le Fils, et par lui avec le Père ; la communion est un échange : celui-ci est une connaissance et un amour mutuels. L’Eucharistie est actuellement le premier moment de cette communion .
En vérité, en vérité, je vous le dis,
si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme
et si vous ne buvez pas son sang, vous n’aurez pas en vous la vie. (Jn 6,53).

Conclusion :
Ce survol biblique, un peu rapide il est vrai, nous montre comment le sacrement de l’Eucharistie, cœur de notre vie chrétienne s’ancre dans la tradition biblique, qui, non seulement dit la volonté de Jésus et ce qu’il a fait, mais aussi exprime la foi de communautés chrétiennes dans lesquelles nous prenons nous-mêmes nos racines. Leur diversité, mais aussi leur foi commune, nous disent tant de choses.
Nous aimerions terminer cet article encore en compagnie de Jean-Paul II qui nous rappelle l’excellence de l’Eucharistie, et singulièrement de l’Eucharistie du dimanche, celle du Jour du Seigneur  :
Je voudrais donc insister… pour que la participation à l'Eucharistie soit vraiment, pour tout baptisé, le cœur du dimanche. Il y a là un engagement auquel on ne peut renoncer et qu'il faut vivre, non seulement pour obéir à un précepte, mais parce que c'est une nécessité pour une vie chrétienne vraiment consciente et cohérente. Nous entrons dans un millénaire qui s'annonce comme caractérisé par un profond mélange de cultures et de religions, même dans les pays de christianisation ancienne. Dans beaucoup de régions, les chrétiens sont, ou sont en train de devenir, un " petit troupeau " (Lc 12,32). Cela les met face au défi de témoigner plus fortement des aspects spécifiques de leur identité, et bien souvent dans des conditions de solitude et de difficultés. Le devoir de la participation eucharistique chaque dimanche est l'un de ces aspects. En réunissant chaque semaine les chrétiens comme famille de Dieu autour de la table de la Parole et du Pain de vie, l'Eucharistie dominicale est aussi l'antidote le plus naturel à la dispersion. Elle est le lieu privilégié où la communion est constamment annoncée et entretenue. Précisément par la participation à l'Eucharistie, le jour du Seigneur devient aussi le jour de l'Église , qui peut exercer ainsi de manière efficace son rôle de sacrement d'unité.