Accueillir le mystere

 
 

L’Esprit Saint est toujours à l'œuvre.


Jean Savoie, spiritain


La Bible présente d’abord l’esprit comme ce souffle qui accompagne Dieu, avec sagesse et force, dans ses grandes œuvres : la création où l’esprit planait sur les eaux, la conduite du peuple élu, l’action des chefs et des rois, la parole des prophètes. Dieu est à l’œuvre par son esprit, qui sera petit à petit présenté comme une personne : " la Sagesse a bâti sa maison, elle appelle ses enfants… elle joue avec les enfants des hommes "… Avec l’Evangile, l’Esprit est Celui qui repose sur Jésus, sur Marie, sur les Apôtres, sur l’Eglise et sur chacun de nous pour réaliser le dessein de Dieu.

LEsprit de Dieu dans la Bible
L'Esprit de Dieu dans l’Ancien Testament plane sur les eaux pour donner forme à la première création. Par son Esprit, Dieu créé l'homme avec la poussière du sol : " il insuffla dans ses narines le souffle (l’esprit) de vie et l'homme devint un être vivant " (Gn 2,7). L'Esprit de Dieu connaît toute chose et organise toute créature. l'Esprit est aussi celui qui descend sur les chefs du peuple d'Israël, sur les juges et les rois, pour y réaliser l'action de Dieu parfois de façon spectaculaire : " l'Esprit du Seigneur descendit sur Jephté, il traversa Galaad et Manassé et marcha contre les Ammonites " (Juges 11,29). Avec cet Esprit les juges accomplissent des exploits, les rois tels David et Salomon, gouvernent avec sagesse.
Mais surtout l'Esprit de Yahvé inspire les prophètes ; il les conduit par le chemin qui mène au cœur : " voici, dit Dieu à Jérémie, que je t'ai établi aujourd'hui comme une ville fortifiée, une colonne de fer, une muraille de bronze, face à ce pays ". L’Esprit fait dire des paroles d'avenir par les prophètes " je vous donnerai un cœur nouveau je mettrai en vous un Esprit nouveau ; j’ôterai de votre chair le cœur de pierre je vous donnerai un cœur de chair ; je mettrai mon Esprit en vous et je ferai que vous marchiez selon mes lois et que vous observiez et suiviez mes coutumes " (Ez. 36,26) Cet Esprit de Dieu révèle petit à petit son vrai nom et son visage, il va demeurer à l'intérieur du cœur humain ; il devient un Esprit de docilité. Cet Esprit est destiné à tous les hommes : " alors je répandrai mon Esprit sur toute chair vos fils et vos filles prophétiseront, vos anciens auront des songes, vos jeunes gens des visions. Même sur les esclaves, hommes et femmes, en ce jour-là, je répandrai mon Esprit " (Joël 3,1).
 
L’Esprit agit en Jésus.
Jésus a pris conscience de la présence de l'Esprit sur lui. Il le dit très clairement dans la synagogue de Nazareth. Il s'est senti envoyé par l’Esprit pour réaliser la mission qu'il avait reçue du Père. Les paroles qu'il a prononcées reprennent celles d’Isaïe et les actualisent.
Dans toute la vie de Jésus, l'Esprit est présent de façon personnelle venant du Père, envoyé par le Père. " Jésus, rempli de l’Esprit Saint revint du Jourdain et il était mené par l'Esprit à travers le désert ". L’Esprit fait que Jésus résiste à la tentation, il remporte la bataille contre le mal. L’Esprit opère en Jésus un réconfort intérieur, une assurance sur sa propre mission. Du cœur de Jésus, une prière jaillit : " à cette heure même Jésus tressaillit de joie sous l'action de l'Esprit Saint et il dit : je te bénis Père, Seigneur du ciel et de la terre, d'avoir caché cela aux sages et aux intelligents et de l'avoir révélé aux tout-petits. Oui Père, car tel a été ton bon plaisir " (Lc 10,21 ").

Jésus lui-même annonce de la venue de l'Esprit dans le cœur des croyants pour qu'ils comprennent les paroles de l'Ecriture et les paroles de Jésus et pour qu'ils aient la force dans la tentation et la consolation dans l'épreuve. Après sa résurrection, lui-même donne l'Esprit à ses apôtres : " ayant dit cela, il souffla sur eux et leur dit : recevez l’Esprit Saint. Ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis ; ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus " (Jn 20,22).

L’esprit fait naître l’Eglise.
À la Pentecôte, les apôtres réunis reçoivent cette force de l'Esprit que Jésus leur a promise ; l'Esprit descend sur eux en langues de feu et ils se mettent à annoncer les merveilles de Dieu. L’Esprit agit auprès des apôtres et les transforme de l'intérieur comme Jésus leur avait promis. Pierre le reconnaît : ce que Joël avait prédit, est maintenant accompli.
Mais aussi l'Esprit réunit la communauté et la transforme de l'intérieur pour qu'elle accueille la parole de Pierre et qu'elle donne sa foi au mystère chrétien. Désormais l'Eglise puise à sa source d'inspiration : non pas seulement le souvenir de Jésus enseignant et témoignant par sa mort et sa résurrection, mais l'Esprit Saint lui-même qui habite dans le cœur de chacun et qui organise la communauté par des dons et des charismes divers.
Aussi Mgr Coffy peut écrire : " l'Eglise n'est pas née de la volonté des hommes mais de la volonté de salut de Dieu. Elle n'est pas née dans l'histoire, de circonstances sociologiques et religieuses favorables, mais de la Parole de Dieu, de la mort et de la résurrection du Christ et de l'envoi de l'Esprit Saint au matin de Pentecôte. Elle est un don de Dieu que nous accueillons et que nous devons manifester. Elle est donc aussi une tâche à accomplir. Mais elle est d'abord un don de Dieu. "
Ainsi l’Esprit fait naître et croître l'Eglise dont il est l’âme. C'est lui qui continue à proclamer la parole du Christ dans la liturgie et dans les sacrements. Personne ne peut saisir le sens des Ecritures si l’Esprit ne les lui explique comme le fit Jésus sur le chemin vers Emmaüs. C'est l'Esprit qui agit dans les sacrements, il est invoqué dans la célébration de chacun d’eux, principalement dans l'eucharistie. La prière eucharistique comporte deux invocations à l'Esprit, une sur les offrandes, l’autre sur toute la communauté après la consécration.

L'Esprit anime l'Eglise.
L'Esprit repose sur l'Eglise, communauté des disciples. Saint Irénée écrivait : " là où est l’Eglise, là est l’Esprit de Dieu ; et là où est l'Esprit de Dieu, là est l’Eglise." L'Eglise est la Pentecôte continuée, la Pentecôte perpétuelle. Elle est le lieu de l'Esprit. La Prière eucharistique IV nous annonce : " Jésus a envoyé d'auprès du Père, comme premier don fait aux croyants, l'Esprit qui poursuit son œuvre dans le monde et achève toute sanctification. "

Ainsi l'Eglise est sainte et belle, malgré les péchés de ses membres, car elle est le temple de l'Esprit. " Le Christ a aimé l'Eglise. Il s’est livré pour elle, afin de la sanctifier. Car il voulait se la présenter à lui-même toute resplendissante, sans tâche, ni ride, ni rien de tel, mais sainte et immaculée. " (Eph. 5,25). l'Esprit nous fait aimer l'Eglise ; il nous donne le sens de l'Eglise, qui n'est pas une " machine ", mais une communion d'amour, un mystère d'amour et non d’intelligence.
Par l'Esprit dans l’Eglise, la communion passe avant l'organisation, le signe avant le quadrillage, la fécondité avant l'efficacité, l’être avant l'avoir, la qualité avant la quantité. Dieu conduit l'Eglise et chacune de nos vies, comme il a conduit le peuple d'Israël. Nous avons notre alliance comme Abraham, nos appels aux divers âges, nos captivités d'Égypte, nos délivrances à main-forte et à bras étendu, nos murmures et nos regrets des oignons d’Égypte, nos veaux d'or, nos idoles et nos trahisons. Nous avons des prophètes qui ont traversé nos vies, nos bégaiements comme Moïse et Jérémie, nos discordes et nos divisions en tribus.
Toute l’Eglise, petit peuple parmi les grandes nations, est élue pour la gloire de Dieu, " la Dame élue " dit saint Jean (2 Jn 1). Nous n'avons pas à construire l’Eglise, à lui donner son visage. Elle est un don de l'Esprit. Nous avons à l'accueillir, non à la bâtir par nos plans, nos calculs, nos méthodes. Citons ici le texte bien connu du métropolite Ignatios de Lattaquié au conseil oecuménique des Eglises d’Uppsala en 1968 :

" Sans l'Esprit Saint,
Dieu est loin,
le Christ reste dans le passé,
l'Évangile est une lettre morte,
l'Eglise est une simple organisation,
l'autorité une domination,
la mission une propagande,
le culte une évocation,
et l’agir chrétien une morale d’esclaves.
Mais en Lui :
le cosmos est soulevé et gémit,
dans l'enfantement du royaume,
le Christ ressuscité est là,
l'Évangile est puissance de vie,
l'Eglise signifie la communion trinitaire,
l'autorité est un service libérateur,
la mission est une Pentecôte,
la liturgie est mémorial et anticipation,
l'agir l'humain été déifié ".

L’Esprit enrichit l’Eglise de ses multiples dons
Dans la primitive communauté chrétienne, des grâces particulières se sont manifestées chez les chrétiens, conférées par l’Esprit Saint pour le bien de l'Eglise : " beaucoup de signes et de miracles s'accomplissaient par les apôtres " (actes 2, 43). Jésus lui-même faisait participer les disciples à la force messianique (Mc 6,7). Les grâces spéciales dans l’Eglise, ne sont que la participation à la dignité et au pouvoir de Jésus (Lc 10, 16,) ce sont des dons, des " charismes " du Christ (4,7)
Le mot " charisme " signifie en général un don gratuit qui consiste en l'action de l'Esprit chez les croyants, pour servir à l'édification du Corps du Christ, l'Eglise, et pour manifester de manière sensible la présence de l'Esprit, conformément au caractère de l'incarnation de l'Eglise. Saint-Paul parle aussi des ministères (1 Co 12,4 - 6). L'Esprit Saint se manifeste de manière expérimentale en ces dons de grâce ; de manière analogue à celle qui révèle le fils de Dieu en l'humanité de Jésus de Nazareth. Les charismes font partie de la structure de la communauté ecclésiale, ils sont illimités en nombre. Ils ne sont limités que dans la communauté où ils apparaissent : c’est tel charisme et non tel autre.
C'est pourquoi dans les différentes listes de saint Paul, le nombre des charismes est variable et l'ordre n'est pas systématiquement le même. On voit des charismes les plus élevés comme les discours de sagesse, de science, le don des guérisons, la prophétie, parler en langues, jusqu'aux charismes les plus ordinaires, comme le service de la communauté, les œuvres de bienfaisance et de miséricorde, etc.
En se fondant sur la doctrine du Nouveau Testament et sur l'expérience de l'Eglise, on peut dire que l'Esprit Saint ne se borne pas à sanctifier le peuple de Dieu par des sacrements et des ministères, il distribue aussi parmi les fidèles des dons de tous ordres " les répartissant à son gré en chacun " (1 Co 12,11), les grâces spéciales qui rendent aptes et disponibles pour assumer les diverses charges et offices utiles au renouvellement et au développement de l'Eglise : " c'est toujours pour le bien commun que le don de l'Esprit se manifeste dans un homme " (1 Co 12,7).
Tout chrétien sensible à la présence de l'Esprit en lui est appelé à être attentif à ces dons souvent fondés sur des qualités naturelles, qui lui sont donnés pour mieux servir ses frères. Il doit les discerner, les reconnaître comme provenant du donateur de tout bien, et les utiliser pour la construction de l'Eglise communauté du salut. (Cf. Dictionnaire de la Vie spirituelle : article Charismatiques page 118).

Remarquons bien que ces charismes dans la première communauté chrétienne sont définis par Paul comme des dons pour le bien de tous ; ils sont donnés à chacun comme une manifestation de l'Esprit pour le bien de tous " chacun à son propre don de la part de Dieu ". Ils ne sont pas réservés à une catégorie privilégiée, ils constituent dans la communauté une complémentarité, une solidarité, une spécificité et une grande diversité.
Ainsi quoique nombreux, nous ne sommes qu'un seul corps en Christ ayant chacun les dons selon la grâce et pour le service de tous " chacun selon la grâce reçue, mettez-vous au service les uns des autres comme de bons intendants de la multiple grâce de Dieu " (1 P 4,10) le service, la diaconie, qui n'est pas réservé à une catégorie (qui serait les diacres), il caractérise l'ambiance des charismes qui n’ont d’intérêt que s'ils sont vécus comme des services pour l'édification de l'ensemble le charisme devient ministère dans l'Eglise. La vérification se fera par le bon ordre qui doit être de règle dans l'assemblée (1 Co 14,40), que tout se fasse convenablement dans la décence.
C’est l'Esprit qui distribue dans l'Eglise les nombreux dons spirituels ordinaires et extraordinaires pour l'édification de l'Eglise ; il met les dons en harmonie et les fait travailler ensemble pour les différents membres comme dans un même corps humain : " il y a, certes, diversité de dons spirituels, mais c'est le même Esprit ; diversité des ministères mais c'est le même Seigneur ; diversité d'opération, mais c'est le même Dieu qui opère tout en tous " (1 Co 12,4). C'est l’Esprit qui opère dans l'Eglise la réconciliation entre les tendances et les tempéraments divers. Il mène à l'unité cette diversité qui n'oppose pas les uns aux autres parce que tous sont baptisés dans le même Christ, imprégnés du même Esprit et assis à la même table.
C’est de l'Esprit aussi que viennent les dons tout simples, les dons et qui " sont si communs qu'ils sont présents partout, à la cuisine comme à la salle de séjour, à l'école et sur les yeux de travail. Oui, l'Esprit est présent dans ce qu'il y a de plus banal au monde, la charité chrétienne, car il n'est rien de plus grand que ce qui paraît le plus ordinaire. La fameuse liste de Paul pourrait être complétée grâce au détail de toute la vie chrétienne : fidélité discrète de bonté qui s'oublie soi-même, accomplissement sans phrase de l'humble devoir d'état, ferme confiance du pêcheur en la miséricorde divine, persévérance dans les tentations, chaude attention à une voisine en difficulté, amour véritable de Dieu, fidélité à la prière silencieuse, patience dans la souffrance, allégresse d'une bonne conscience. " (Nouveau catéchisme hollandais, page 232).
L'Esprit apprend ainsi à chacun la spiritualité de sa profession. Il enseigne à chacun comment vivre en chrétien là où Dieu l’a placé, comment être un père ou une mère, un médecin ou une infirmière, un juge ou un avocat, un employé ou un professeur, quand il est chrétien.

L’Esprit vient habiller nos cœurs.
L'Esprit saint habite nos âmes qu’il habillent ainsi du vêtement de l'homme nouveau, et fait de nous la demeure même de Dieu. C'est surtout Paul qui nous dit comment l'Esprit habite le cœur de l'homme et le transforme en sa propre demeure. Dans la lettre aux Galates, il évoque des dons qui ne retiennent pas particulièrement l'attention. Ils les appellent les fruits de l’Esprit. Les voici : " charité, joie, paix, longanimité, serviabilité, bonté, confiance dans les autres, douceur, maîtrise de soi. " (Gal 5,22). Ce sont là, des formes de l'unique amour mutuel car ce dernier est précisément le premier don du saint Esprit.
Si on lit avec attention la liste, il est évident que c'est là un ensemble de vertus peu énergiques ; à vrai dire on aurait attendu autre chose de Paul, quelque chose qui soit davantage dans la ligne de l’apôtre, robuste et infatigable, tel qu'il apparaissait dans ses lettres. On aurait pensé par exemple à : courage, force, esprit d'initiative, créativité, endurance, persévérance. Ces dons plus bruyants proviennent aussi du Saint Esprit, surtout s’ils sont accompagnées de ceux de la première liste. Mais créativité, initiative, force musculaire peuvent venir également d'ailleurs : de l'ambition par exemple ou d'un talent naturel ou de la soif de prestige. Celui qui est à la fois fort et doux, entreprenant et indulgent, persévérant et pourtant humble, celui-là a assurément le Saint Esprit, parce qu'il vit les paradoxes qui existent aussi en Dieu. (Cf Cardinal Danneels, Paroles de vie N° 33, Le consolateur)
Dans la tradition, il existe aussi une autre série de dons attribués à l'Esprit saint à partir de l'Ancien Testament. Ce sont ceux que Isaïe attribuent au Messie-roi : " sur lui reposera l'Esprit du Seigneur, Esprit de sagesse et d'intelligence, Esprit de prudence de courage, Esprit de connaissance de crainte du seigneur " (Isaïe 11,2) cela fait six ; la bible grecque en ajoutait un septième, la piété. Car le Messie possède la plénitude des dons et le nombre sept exprime la plénitude. Il est malaisé de distinguer ces dons les uns des autres. Ne sont-ils pas tous synonymes de sagesse ? En effet, ils sont cette couronne sur la tête de l'homme parfait, celui qui se laisse tout entier guider et inspirer par Dieu. Tel devait être le roi, tel doit être le chrétien.
Il est possible toutefois de caractériser chacun de ces dons. Le don d’intelligence nous introduit au bout du mystère divin ; celui de prudence nos aide à discerner ce qui est important et à trouver le chemin adéquat ; le don de courage nous donne la force de l'Esprit, qui est opposé de la violence ; celui de connaissance est l'aptitude à regarder du regard de Dieu les choses, les gens et les événements ; la crainte du seigneur n'est pas faite de peur et d'angoisse, elle est surtout respect vis-à-vis de celui qui nous dépasse infiniment ; l'Esprit de piété est celui de l'affection filiale envers le Seigneur. Quant au don de sagesse il couronne les autres et les résume. Car la sagesse n'est fréquemment qu’un autre nom donné à Dieu.
La liturgie nous permet aussi de nous adresser à l'Esprit saint reçu à la Pentecôte comme celui qui vient nous purifier et nous guérir de l'intérieur :
Viens, repos dans le labeur,
fraîcheur dans la fièvre,
réconfort dans les pleurs…
Lave ce qui est souillé,
baigne ce qui est aride,
guéris ce qui est blessé.
Assouplis ce qui est raide,
réchauffe ce qui est froid,
rends droit ce qui est faussé ".

Car l’Esprit saint est justement l'Esprit consolateur. Jésus ne l'avait-il pas promis avant de quitter les siens ? À travers les siècles les chrétiens se sont tournés vers ce " médecin divin " qui panse et referme les plaies des âmes, assouplit les cœurs endurcis et délit de toute peine. Cet Esprit est le Paraclet, l'avocat qui défend notre cause comme il défend la cause du Christ dans le procès qu'on ne cesse d'instruire contre lui.
 
Le guide intérieur
Je ne vous laisserai pas orphelin, dit Jésus, je reviendrai vers vous " (Jn 14,18). Sans l'Esprit, nous n'avons pas d’ami ni de conseiller qui puisse nous accompagner partout. Seul, cet hôte de l'âme est toujours et partout auprès de nous, il demeure d'ailleurs en nous. Aussi bien, ses conseillers ne viennent pas de l'extérieur. Celui qui a soif doit aller à la source mais comme le rocher dans le désert, la source à laquelle nous aspirons nous accompagne. Elle continue de couler même par temps de sécheresse. " Le dernier jour de la fête, le grand jour, Jésus, debout, s'écria : " si quelqu'un a soif, qu'il vienne à moi, et qu'il boive, celui qui croit en moi ! Selon le mot de l'écriture : de son sein couleront des fleuves d'eau vie de. Il parlait de l'Esprit que devaient recevoir ceux qui avaient cru en lui. " (Jn 7,37).
Le guide nous apprend à prier. L'Esprit est la source de la prière." Vous avez reçu un Esprit de fils adoptifs qui vous fait crier ‘Abba, Père’. De plus l’Esprit vient au secours de notre faiblesse. Car nous ne savons pas que demander pour prier comme il faut ; mais l’Esprit lui-même intercède pour nous en des gémissements inéfables " (Rom 8, 15,26)

Ce guide nous apprend aussi le discernement. Nous sommes submergés de propositions, des valeurs et des non-valeurs, nous devons choisir et nous n’arrivons pas à faire les distinctions nécessaires. " Le marché religieux est encombré de nouveau prédicateurs et autres techniciens de la guérison, chacun ayant son Messie… Jean écrit dans sa première lettre : " Bien-aimés, ne vous fiez pas à tout esprit, mais éprouvez les esprits pour voir s’ils viennent de Dieu… A ceci vous reconnaîtrez l’Esprit de Dieu : tout Esprit qui confesse Jésus Christ venu dans la chair est de Dieu " (1 Jn 4, 1) Cf Danneels ibid.)

Aujourd’hui nous discernons l’action de l’Esprit plus concrètement d’après les critères de l'Ecriture. L’Esprit est celui qui illumine, éclaire, remémore, inspire ; il est mémoire vivante de l'Eglise, rend attentif à la résurrection. Il est celui qui console, réconforte, apaise, réconcilie, donne l'assurance, la joie et produit l'émerveillement.
Il est la vie : celui qui ressuscite, repousse la mort, s'oppose à la chair, transforme l’être entier, ressuscite les morts et l'univers entier. Il est Source de toute beauté, liberté, poésie. Celui qui actualise la résurrection.
Il est celui qui fait témoigner avec audace, envoie aux nations lointaines, soutien les martyrs, suscite les saints et les prophètes.
Il est celui qui unit dans l’Agapé, fait la communion, l'Eglise, fait de Babel la nouvelle Jérusalem. Abolit ce qui divise : le temps, l'espace, la peur, la mort, le passé cruel. Transfigure l’Eros en agapé.. Repousse le séparateur.
Il est celui qui produit l'harmonie : l'onction, la joie, la confiance, la patience, l'humidité, la douceur, la maîtrise de soi. Celui qui accompli l'homme.
Il nous fait dire Père ; nous fait entrer dans l'intimité de Dieu, de Jésus avec son Père ; celui qui gémit en nous, qui inspire le désir escatologique de toute la création ; donne le goût des choses de Dieu, du monde invisible. Il nous fait dire : Jésus est Seigneur. (1 Co 12,3)
Il est celui qui donne le gout, la saveur, le sens et choses de Dieu, Celui qui est la force invincible, l’Amour plus fort que la mort, qui se rit des puissances de ce monde et les confond, qui juge le monde et son prince ; celui qui élève les humbles celui qui a fait Marie comme sa réussite.
Il est celui qui rend possible l’impossible : ce que l'œil n'a pas vu, l'oreille n'a pas entendu, ce que le cœur de l’homme ne soupçonne pas, il peut le peut faire au-delà de tous nos désirs et préparer à la résurrection définitive.

L'Esprit renouvelle l'espérance du monde
L'Esprit remplit l'univers et dirige son histoire et ressemble à l'eau dans la nature : il apporte vie et fécondité. Si Dieu retire son Esprit, tout retourne en poussière " Rends-leur ton souffle, ils revivent, tu nouvelles la face de la terre " (Ps 103,30).
L'Esprit fait espérer. Il nous permet d'espérer par-delà la mort. Il oriente le regard du monde et le nôtre vers la rencontre avec Jésus. Est-il dès lors étonnant que l'ensemble de la bible se termine précisément par ces paroles : " l'Esprit et l'épouse disent : viens. Et celui qui garantit ces révélations l’affirme : oui mon retour est proche ! Amen, viens, Seigneur Jésus ! " (Ap 21,17)
La vie du chrétien, la vie spirituelle, c’est d’être attentif et docile à l'Esprit. "Lorsque l'Esprit établit sa demeure dans un homme, celui-ci ne peut plus arrêter de prier car l’Esprit ne cesse de prier en lui. Qu'il dorme ou qu'il veille, la prière ne se sépare pas de son âme. Tandis qu'il mange, qu'il boit, qu'il est couché, qu'il se livre au travail, qu'il est plongé dans le sommeil, le parfum de la prière s'exhale spontanément de son âme… Les mouvements de son intelligence sont devenus des voix muettes qui chantent dans le secret une psalmodie à l'invisible " (St Isaac le Syrien).