Chemins de vie

Rencontre avec l’Esprit Saint


>br> Le Pape Jean Paul II à la fin de son encyclique sur l’Esprit Saint nous propose une belle méditation " en se plaçant au cœur de l’Eglise et dans le cœur de l’homme ". C’est donc une véritable rencontre avec l’Esprit Saint. Pour faciliter la méditation de ce texte, nous élevons en marge une prière à l’Esprit Saint avec les mots même du texte de Jean-Paul II.
67. Nous voulons conclure ces réflexions en nous plaçant au cœur de l'Eglise et dans le cœur de l'homme. La route de l'Eglise passe à travers le cœur de l'homme, car c'est le lieu intime de la rencontre salvifique avec l'Esprit Saint, avec le Dieu caché, et c'est bien là que l'Esprit Saint devient une "source d'eau jaillissant en vie éternelle" (Cf. Jn 4, 14; Const. dogm. sur l'Eglise Lumen gentium, n. 4).

C'est jusque-là qu'il vient, comme l'Esprit de vérité et le Paraclet promis par le Christ. De là il agit comme Consolateur, Intercesseur, Défenseur, spécialement lorsque l'homme, lorsque l'humanité se trouve affrontée au jugement de condamnation de l'"accusateur", dont l'Apocalypse dit qu'il "accuse nos frères jour et nuit devant notre Dieu" (Cf Ap 12, 10). L'Esprit Saint ne cesse d'être le gardien de l'espérance dans le cœur de l'homme: de l'espérance de toutes les créatures humaines et spécialement de celles qui "possèdent les prémices de l'Esprit" et qui "attendent la rédemption de leur corps"( Cf. Rm 8, 23).
L'Esprit Saint, dans son lien mystérieux de divine communion avec le Rédempteur de l'homme, est celui qui assure la continuité de son œuvre: il reçoit ce qui est du Christ et le transmet à tous, il entre sans cesse dans l'histoire du monde en venant dans le cœur de l'homme. Il devient là, comme le proclame la Séquence liturgique de la solennité de la Pentecôte, le véritable "père des pauvres, dispensateur des dons, lumière de nos cœurs"; il y devient l'"hôte très doux de nos âmes" que l'Eglise salue sans cesse au seuil de l'intériorité de tout homme. Il apporte, en effet, "repos et réconfort" au milieu des fatigues, du travail des bras et du travail de l'esprit humain; il apporte "repos" et "soulagement" au milieu de la chaleur du jour, au milieu des préoccupations, des luttes et des dangers de toute époque; il apporte enfin la "consolation", lorsque le cœur humain pleure et connaît la tentation du désespoir.

C'est le sens de la Séquence qui proclame: "Sans ta puissance divine il n'est rien en aucun homme, rien qui ne soit perverti". Seul l'Esprit Saint, en effet, "met en lumière le péché", le mal, dans le but de rétablir le bien dans l'homme et dans le monde humain, pour "renouveler la face de la terre". C'est pourquoi il purifie tout ce qui "souille" l'homme, "ce qui est sordide" il soigne les blessures, même les plus profondes de l'existence humaine; il change l'aridité intérieure des âmes et les transforme en champs fertiles de grâce et de sainteté. Ce qui est "rigide", il "l'assouplit", ce qui est "froid", il le "réchauffe", ce qui est "faussé", il le "rend droit" sur les chemins du salut (Cf. séquence Veni, Sancte Spiritus).
En priant ainsi, sans cesse l'Eglise professe sa foi: il y a dans notre monde créé un Esprit qui est un Don incréé. C'est l'Esprit du Père et du Fils: comme le Père et le Fils, il est incréé, immense, éternel, tout-puissant, Dieu, Seigneur (Cf. symbole Quicumque: DS 75). L'Esprit de Dieu "remplit l'univers", et tout ce qui est créé reconnaît en lui la source de sa propre identité, découvre en lui son expression transcendante, se tourne vers lui et l'attend, l'invoque de tout son être. Vers lui, Paraclet, Esprit de vérité et d'amour, se tourne l'homme qui vit de vérité et d'amour, et qui, sans la source de la vérité et de l'amour, ne peut pas vivre. Vers lui se tourne l'Eglise, qui est au cœur de l'humanité, afin d'implorer pour tous et de dispenser à tous les dons de l'Amour qui, par lui, "a été répandu dans nos cœurs" (Cf. Rm 14, 17; Ga 5, 22). Vers lui se tourne l'Eglise sur les chemins escarpés du pèlerinage de l'homme sur la terre; et elle demande, elle demande sans se lasser, la rectitude des actes humains, car elle est son œuvre; elle demande la joie et la consolation que lui seul, le vrai Consolateur, peut apporter en descendant au plus profond des cœurs humains; elle demande la grâce des vertus qui méritent la gloire céleste; elle demande, par la communication plénière de la vie divine, le salut éternel auquel le Père a éternellement "prédestiné" les hommes, créés par amour à l'image et à la ressemblance de la très Sainte Trinité.

L'Eglise, qui inclut en son cœur tous les cœurs humains, demande à l'Esprit Saint la béatitude qui trouve en Dieu seul sa réalisation totale: la joie que "nul n'enlèvera" (Cf. Jn 16 22), la joie qui est le fruit de l'amour et donc fruit de Dieu qui est Amour; elle demande "la justice, la paix et la joie dans l'Esprit Saint", qui constituent, selon saint Paul, "le Règne de Dieu" (Cf. Rm 14, 17; Ga 5, 22).

La paix est aussi le fruit de l'amour, la paix intérieure que l'homme accablé cherche dans la profondeur de son être; la paix désirée par l'humanité, par la famille humaine, par les peuples, par les nations, par les continents, avec l'espérance ardente de l'obtenir lorsque l'on passera du deuxième au troisième millénaire chrétien.
Puisque le chemin de la paix passe en définitive par l'amour et tend à créer la civilisation de l'amour, l'Eglise tient son regard fixé vers celui qui est l'Amour du Père et du Fils et, malgré les menaces croissantes, elle ne cesse d'avoir confiance, elle ne cesse d'implorer et de servir la paix de l'homme sur la terre. Sa confiance se fonde sur celui qui, étant l'Esprit d'Amour, est aussi l'Esprit de la paix et qui ne cesse d'être présent dans notre monde humain, à l'horizon des consciences et des cœurs, pour "remplir l'univers" d'amour et de paix.
Devant lui je fléchis les genoux au terme de cette méditation: je le supplie, comme Esprit du Père et du Fils, de nous accorder, à nous tous, la bénédiction et la grâce que je désire transmettre, au nom de la très Sainte Trinité, aux fils et aux filles de l'Eglise et à la famille humaine tout entière.
Jean Paul II
Donné à Rome, près de Saint-Pierre, le 18 mai 1986, solennité de la Pentecôte, en la huitième année de mon pontificat.