Accueillir le mystère
.
Congrégations et laïcs sous le nom de l’Esprit
P. Jean Savoie, Spiritain
En mars 1997, en vue de
l’année dédiée au Saint Esprit dans la préparation du Jubilé 2000, cinq
Congrégations consacrées au Saint Esprit amorcèrent un dialogue pour témoigner
de leur consécration commune à l’Esprit. Elle éditèrent ainsi un petit
fascicule dont nous relevons ici la spiritualité. A l’occasion du 3e
centenaire des Spiritains, il nous semble opportun d’y revenir pour nos
lecteurs, religieux ou laïcs. (« Au souffle de l’Esprit », 56 pages)
Parmi les communautés religieuses, certaines
se sont constituées sous le nom de l'Esprit Saint. Elles ne sont en fait pas
très nombreuses dans l’histoire de l’Eglise en comparaison de celles qui se
sont consacrées à reconnaître les divers aspects du mystère de Jésus ou de
Marie. En relevant quelques traits de leur spiritualité nous avons le
témoignage de la reconnaissance et de l’action de l’Esprit dans l’Eglise et
nous trouvons des indications pour notre propre attention à l’Esprit saint dans
nos vies.
- L’Ordre
hospitalier du Saint Esprit a plus de 800 ans.
« Au souffle de l'Esprit, Gui de Montpellier, reconnaissant
dans les pauvres "de vivantes images de Jésus-Christ", fonde en 1172
l'Ordre Hospitalier du Saint‑Esprit "pour le soulagement de toutes
les misères qui peuvent se rencontrer". Les hôpitaux du Saint‑Esprit
accueillirent les enfants, les malades, les pèlerins. Les Congrégations des
Soeurs Hospitalières de Neufchâteau et de Poligny sont nées de ce grand courant
spirituel. »
Gui
de Montpellier «
aimait tellement les pauvres, qu'il les honorait
comme des seigneurs, les chérissait comme des frères, voyant en eux de vivantes
images de Notre Seigneur Jésus‑Christ. Il voua son institution au Saint‑Esprit
source de la parfaite charité et …en adoptant ce glorieux patronage a voulu
enrôler sous son drapeau, les vrais adorateurs du Saint-Esprit..." (Bulle du
Pape Innocent III du 23 avril 1198)
Vers 1190, il part pour Rome où il fonde
deux hôpitaux. Le pape Innocent III, après lui avoir confié l'hôpital de Sainte
Marie in Saxia, approuve l'Ordre Hospitalier du Saint‑Esprit le 23 avril
1198.
En introduction à sa
Règle et comme pour la résumer, Gui inscrit le passage de l'Évangile de Saint
Mathieu au chapitre 25, 35-45 qui montre bien quel est le but : le soulagement
de "toutes les misères qui pouvaient se rencontrer". Il donna à ses
disciples : clercs, frères, soeurs, oblats et confrères, pour insigne, la Croix
double signifiant le mystère de la Sainte Trinité.
L'Ordre s'insère dans l'Église de Dieu
pour le service des pauvres se distinguant par l'universalité de la charité et
le pluralisme des oeuvres, selon les besoins de l'époque. Dès la fin du XIIIe
siècle, l'Ordre répandait ses bienfaits sur l'Europe entière et gérait plus de
800 hôpitaux. Actuellement il subsiste de l’Ordre des Sœurs en Pologne, en
Espagne et en France, la communauté de Neufchâteau et celle de Poligny.
Les
Soeurs Hospitalières du Saint‑Esprit, Rouceux – Neufchâteau
Pour cela, nous voulons "vivre enracinées dans l'amour Trinitaire,
vivre heureuses dans notre service de Soeurs Hospitalières du Saint‑Esprit,
vivre épreuves et joies en nous aidant les unes les autres, vivre dans la foi
et l'espérance le Mystère Pascal, vivre une relation vraie avec ceux que
nous rencontrons, (pour) être au coeur du monde d'aujourd'hui signe de la tendresse et de la miséricorde
de Dieu". (Chapitre de 1996)
L'Esprit brûle de répandre son amour sur
les hommes et fait de nous les instruments de son amour. L'Esprit nous fait
choisir les oeuvres de charité envers les pauvres, nous aide à reconnaître en
eux Jésus‑Christ lui‑même. Il est l'Amour qui nous fait aimer à la
manière de Dieu. Il est celui qui peut nous faire vivre en plénitude de la
vraie vie. Il est celui qui nous fait exulter de la vraie joie comme Marie et
Élisabeth , à la Visitation. Marie, épouse du Saint‑Esprit est notre
modèle de charité et de docilité.
Dans la simplicité et la discrétion, nous
nous rendons accueillantes et disponibles à toute souffrance. Ce service des
pauvres, nous voulons le vivre dans un esprit d'écoute, d'accueil, de respect,
de partage, d'amour et de prière pour toute personne rencontrée, vivant une
situation de pauvreté ou d'injustice, car c'est le Christ qui vit en elle et
c'est aussi l'Esprit qui nous attend pour réaliser son oeuvre d'amour.
Ce même esprit nous pousse à communier à
la vie du monde actuel et à y être présentes : car au coeur de notre prière,
nous y pressentons, malgré le péché, le corps du Christ en gestation, et nous
voulons y écouter les appels de l'Esprit vers un monde plus juste et plus
fraternel. En effet, les appels des pauvres résonnent en nous comme des
protestations de l'Esprit contre les déficiences de nos sociétés.
Sœurs
Hospitalières du Saint‑Esprit - Poligny
La fondation de l'hôpital du Saint‑Esprit
de Poligny, a suivi de près celle de Besançon (1203) dont il fut une
filiale. Dès le XIIIe siècle, les Frères et Soeurs furent nombreux. L'hôpital
accueillait : les enfants, les pauvres, les malades, les vieillards, les
infirmes, les étrangers, les pèlerins. Quelques citations en disent la
spiritualité.
‑ Prière :
"Conduites et animées par l'Esprit, nous nous
tenons devant Dieu dans l'adoration, la louange, la supplication pour tous nos
frères."
"Toute tournée vers le Seigneur, c'est Lui le
seul but de ma vie. Dans la fidélité à mon engagement premier à un amour qui se
traduit en don dans la vie fraternelle et le service des plus pauvres."
‑ Charité fraternelle
"Réunies dans la foi et l'amour de Dieu, nous
recherchons avec persévérance à vivre dans la communion fraternelle, dans
l'espérance et la joie et à être un appel à l'unité pour tous nos frères."
"Ensemble, nous vivons le partage de tout ce qui
fait notre vie: joies, peines, missions, foi et appels de l'Esprit.
Service des pauvres
"Proches et solidaires des pauvres,
nous avons mission de continuer les gestes mêmes du Christ et de manifester la
tendresse de Dieu pour tous nos frères: accueil, services paroissiaux
(catéchèses, mouvements divers …) malades, personnes âgées, partage de
foi avec des groupes d'adultes..."
"Annoncer Jésus‑Christ est pour nous une
priorité. Nous nous retrouvons avec des laïcs autour de la Parole de Dieu pour
un approfondissement de la vie de foi au sein des familles et de la
société."
‑ Une vie pauvre
"A la suite du Christ, nous nous
mettons dans l'attitude du pauvre. Nous accueillons tout des mains de notre
Père, et nous lui rendons une continuelle action de grâces; ainsi, en nous
laissant appauvrir par Dieu, nous grandissons dans l'amour."
"Nous vivons dans la simplicité et le partage
fraternel. Nous mettons tout en commun: travail, ressources physiques et
intellectuelles... Vécue dans l'espérance et la prière, la pauvreté matérielle
nous dispose à une pauvreté intérieure et nous fait un coeur libre, sensible et
ouvert."
La Confrérie du Saint‑Esprit (pour les laïcs)
A côté de l'hôpital fut fondée la
Confrérie du Saint‑Esprit vers 1292. Les confrères partageaient avec les
frères le même souci des pauvres. Ils contribuèrent aussi au maintien de la
paix et de la concorde dans la cité. "Dans une relation filiale au
Père, dans le Christ, par l'Esprit, nous puisons à la source de l'amour
Trinitaire, la force et la vérité de notre amour universel."
Dans la ligne de cette même mission ecclésiale et dans
l'esprit de Vatican II, la Confrérie existante depuis les origines, prend un
nouvel essor. Chargée d'histoire, elle se rénove, reprend vie.
Association de laïcs, animés par un même idéal, dans
un même but: "ouvrir leur coeur à la dimension universelle de la charité,
agir selon l'esprit de l'Évangile de Mathieu 25 "Ce que vous avez fait
au plus petit des miens, c'est à Moi que vous l'avez fait...", grandir
par l'Esprit Saint source de l'Amour", elle reprend à son compte les
motivations de Gui de Montpellier lorsqu'il créa l'Ordre Hospitalier du Saint
Esprit.
En 1995, après quelques années de cheminement, dix‑huit
confrères s'engagent à servir leurs frères selon les Statuts de la Confrérie du
Saint‑Esprit. Ces statuts rénovés, en lien avec la Responsable de
la Congrégation, sont approuvés par Monseigneur Patenôtre, évêque du diocèse de
Saint Claude.
Formant une même famille spirituelle, religieuses et laïcs, prolongent
de façons très diversifiées les gestes d'amour du Christ incarné, envers les
pauvres de notre temps.
2. La famille spiritaine fête ses 300 ans
« Au souffle de l'Esprit, Le jour de Pentecôte 1703, Claude‑François
Poullart des Places rassemble une fraternité d'étudiants pauvres dédiés au
Saint Esprit, pour les préparer à être prêtres de paroisses et éducateurs de
jeunes sans ressources. Revivifiée par Libermann à partir de 1848, la
Congrégation du Saint‑Esprit se tourne de plus en plus vers les missions
lointaines, disponible à l'Esprit Saint pour le service de la mission auprès
des populations délaissées. »
Le Séminaire du Saint‑Esprit
La Congrégation du Saint‑Esprit a connu
d'importantes évolutions au long de son histoire. En 1703, Claude‑François
Poullart des Places, clerc minoré du diocèse de Rennes, fonde une fraternité
d'étudiants pauvres dédiés au Saint Esprit pour les préparer à être prêtres de
paroisses et d'aumôneries manquant de pasteurs.
En peu de temps, la "communauté"
passe d'une douzaine à quelque quarante jeunes. Claude appelle alors des
collaborateurs. Ordonné prêtre en décembre 1707, il meurt moins de deux ans
plus tard à trente ans. Au long du XVIIIe siècle, le "Saint‑Esprit"
a formé environ 1200 prêtres, la plupart pour le service des diocèses de
France.
L'orientation missionnaire de cet Institut ‑
Société et Séminaire grandit à partir de 1730: formation de prêtres et
évangélisation au Canada, collaboration avec les Missions Étrangères de Paris
en Extrême‑Orient. Peu de temps avant la Révolution, le
"Saint-Esprit" a la charge pastorale de Saint‑Pierre‑et‑Miquelon,
de la Guyane et de Saint‑Louis‑du‑Sénégal. En 1818 le
"Saint-Esprit" a désormais mission de pourvoir aux besoins pastoraux
des colonies françaises.
La Société du Saint‑Coeur de Marie
François Libermann fonde en 1841 une
société missionnaire pour l'évangélisation des Noirs. Fils du rabbin de
Saverne, acquis au Christ pour avoir été saisi par lui, il découvre sa vocation
missionnaire au terme d'un cheminement de treize ans. Les épreuves physiques et
morales font de lui un pauvre livré à l'Esprit Saint. Les premières missions
africaines de la Société du Saint‑Coeur de Marie coûtent de lourds
sacrifices.
La "'fusion"
Très vite, se manifeste la nécessité d'une
collaboration apostolique avec le "Saint‑Esprit". Les membres
du "Saint‑Coeur de Marie" se voient intégrés corps et biens au
"Saint‑Esprit" en 1848. La "fusion" fait de François
Libermann le 11e supérieur général du "Saint-Esprit" qui connaît un
regain de vitalité. Les missions lointaines s'étendent rapidement avec
l'internationalisation de la société, devenue congrégation religieuse en 1855.
En son 300e anniversaire, la
Congrégation du Saint‑Esprit compte 3000 membres et travaille sur les
cinq continents et dans plus de cinquante pays. Elle reçoit de plus en plus de
sang neuf par les confrères issus des Églises qu'elle a contribué à fonder :
plus de huit cents membres sont originaires des "pays du Sud".
Spiritualité spiritaine
La "vie apostolique" est le cœur
et la visée de "la spiritualité spiritaine". Elle est « la
vie de sainteté et d’amour que le Fils de Dieu a mené sur la terre pour sauver et sanctifier les âmes et par
laquelle il s’est continuellement sacrifié à la gloire du Père et
le salut du monde». (Règle N° 3). L’évangélisation des
« pauvres » est notre but.
Nous ne serions bons à rien sans l’union à
Dieu dans la prière et aussi dans la pratique de la vie. La mission est le but
mais la vie religieuse en communauté est le moyen indispensable de notre vie
apostolique. Nous devons nous faire les avocats des faibles (n°14).
La fidélité à l’Esprit Saint marque
toute notre vie : 0 divin Esprit, je veux être devant vous comme une
plume légère ; que votre souffle m'emporte n'importe où il veut et que je
n'y apporte jamais la moindre résistance.
Marie est celle qui a pleinement vécu cette fidélité : son Coeur
tout apostolique est notre meilleur guide pour nous affermir dans la vie
apostolique.
Sœurs missionnaires du
Saint Esprit
« Au souffle de l'Esprit,
en la fête de l'Épiphanie 1921, Eugénie Caps, habitée par l'appel à vivre la
mission au loin auprès des plus petits, fonde la Congrégation des Soeurs
Missionnaires du Saint‑Esprit. Marquée de la spiritualité évangélique du
Père Libermann, elle envoie ses soeurs, dès le départ, dans les missions
lointaines où oeuvrent les Spiritains. »
Le 5 octobre 1924, les vingt‑cinq
premières Spiritaines font profession. Suivent quatre départs pour la
Martinique et huit pour le Cameroun. Eugénie, elle, ne partira pas. Elle ne
sera même pas invitée à collaborer à l'organisation de la Congrégation qui se
développe très vite. C'est Soeur Michaël Dufay qui sera nommée Directrice
principale après sa profession religieuse et, quelques années plus tard,
choisie comme Supérieure générale, charge qu'elle exercera pendant dix‑huit
ans.
Épuisée par des souffrances de tout genre,
Eugénie mourra le 16 mars 1931, à l'âge de trente‑huit ans. Plus de
cinquante soeurs travaillent déjà dans les missions.
Aujourd'hui, l'Institut, de droit pontifical,
compte 380 soeurs, de quinze nationalités différentes. Elles travaillent en
quinze pays, sont réparties en soixante communautés sur trois continents :
l'Afrique, l'Amérique, l'Europe. L'Institut compte six noviciats...
Actuellement, douze novices et vingt postulantes sont en formation.
Dès 1931, l'Institut propose à des laïques
le partage de sa spiritualité, éventuellement de ses activités apostoliques.
L'association des Oblates du Saint-Esprit est fondée.
Nous assurons le travail que nous demande
l'Église locale : santé, enseignement, social, pastorale familiale, catéchèse,
animation rurale et urbaine, communautés de base, formation d'animateurs,
mouvements de jeunes, etc. Aumôneries de collèges et lycées, enfants des rues,
prisonniers, évangélisation des Pygmées.
L'essentiel de notre vocation, c'est
d'être envoyées par le Christ au service de l'évangélisation des peuples
pauvres dont les besoins sont très grands et qui sont les plus délaissés dans
l'Eglise de Dieu...
Notre fondatrice, Eugénie Caps, portait en
elle un appel très fort à devenir missionnaire. Au coeur de cette vocation
naissante grandit le désir de la mission au loin, auprès des plus petits... En
même temps, mûrit en elle une conviction: pas de vie missionnaire sans vie
intime avec Dieu, une vie selon l'Esprit.
La rencontre avec les Spiritains, la
découverte providentielle d'une vie de Libermann l'orientent définitivement.
Elle accueille le message de ce dernier pour elle‑même et pour le projet
que Dieu lui confie. Elle trouve la une réponse à ses aspirations profondes:
C'est dans le mystère de Jésus, envoyé du Père, que se trouve le fondement
évangélique de la nouvelle oeuvre: la communion de l'apôtre au mystère
apostolique du Christ.
Dès le début, les Spiritaines ont puisé largement
dans la riche doctrine spirituelle et missionnaire de Libermann. Au contact de
leurs frères spiritains, elles s'en sont imprégnées, en ont vécu. La
spiritualité qui est nôtre aujourd'hui plonge ses racines dans la vie et les
écrits de Libermann et d'Eugénie. Elle est aussi le fruit de l'expérience, de
la recherche de nos soeurs aînées.
Des laïcs vivent le
charisme spiritain
La fraternité spiritaine « Esprit
et Mission » est un groupe de laïcs qui, à l'école du Père Libermann,
veulent approfondir ensemble leur vie de baptisés et ainsi participer
activement à la mission universelle de l'Église, en communion avec les
Spiritains et les Spiritaines. Voici un témoignage de sa spiritualité.
« La prière qui monte souvent de mon
coeur s'adresse au Père: "Père, je te bénis pour ton immense
amour". Et lorsque les réalités tristes ou violentes de la vie du
monde me rejoignent, par les informations télévisées par exemple, c'est vers le
Fils que je me tourne : "0 jésus, prends pitié".
Ma prière à l'Esprit Saint est moins
spontanée, moins fréquente, plus formelle peut‑être. Cependant je ne
l'oublie pas au début de mes temps forts de prière ou de lectio divina.
L'Esprit Saint tient donc une grande place
dans ma vie. Sa présence en moi est une conviction très forte. Sans Lui je
serai comme un gros pavé inerte et insensible, incapable d'entrer dans la
relation du Père et du Fils. L'Esprit Saint est la vie de mon coeur profond.
Le centre de ma vie spirituelle, c'est
l'Eucharistie. … Cependant il est des moments dans ma vie où l'Esprit Saint se
"manifeste" à moi par son action : tantôt il me fait comprendre une
parole de l'Évangile incompréhensible jusque‑là, tantôt une autre parole
de la Bible devient pour moi parole de vie qui m'est personnellement adressée.
C'est alors la joie et l'allégresse en mon coeur pour cette délicatesse du
Seigneur de me manifester ainsi sa présence.
Dans mon ministère d'animation biblique
auprès d'adultes, le Seigneur me comble. Il me fait souvent comprendre sa
Parole pour la transmettre aux autres. Et, au cours des partages d'Évangile ou
des confidences que je reçois, je vois la parole de Dieu, accueillie dans la
foi, devenir vivante, changer les coeurs et les comportements.
Depuis que, dans ma vie, le désir de
répondre au désir du Père est devenu premier, la paix du coeur m'a été donnée.
Sur ce chemin de paix, le Père Libermann m'a accompagnée. Oui, vraiment: "Père,
je Te bénis pour ton immense amour". (Jacqueline)
3. Congrégation des Filles du Saint Esprit
« Au souffle de l'Esprit, le 8 décembre
1706, naît la Congrégation des Filles du Saint‑Esprit. Deux femmes
d'origine modeste Marie Balavenne et Renée Burel se consacrent au Saint‑Esprit
pour vivre en maisons de charité le service des malades, des pauvres, des
enfants. Elles se confient à Marie, Épouse du Saint‑Esprit et leur
avocate auprès de lui. ».
"Les premières Filles du Saint‑Esprit
ont voulu vivre ensemble pour servir les pauvres, les malades, les enfants.
Elles reconnaissaient en eux la personne de Jésus‑Christ et avaient pour
tous un grand respect. Elles faisaient tout ce qui leur était possible pour
qu'ils soient, ensemble, témoins de l'amour qui change le monde.
Ouvertes à l'Esprit, elles puisaient dans
l'adoration des trois personnes de la Trinité l'amour qui les animait. Elles se
donnaient sans compter, ingénieuses pour trouver les moyens de servir.
Pauvres devant les détresses qu'elles
rencontraient, elles se confiaient à Marie, leur avocate auprès du Saint‑Esprit.
Elles vivaient simplement parmi le peuple. Ensemble elles formaient une
maison de charité.
C'étaient des femmes humbles
habitées par l'audace de l'Esprit. Nous reconnaissons dans cette expérience de
nos origines le charisme fondateur de la Congrégation. Il s'est développé à
travers les générations. Il vit encore parmi nous comme un don et un appel. Il
fait notre unité dans la diversité des communautés, des engagements, des
cultures et des pays.
Aujourd'hui, nous puisons dans l'adoration
des trois personnes de la Trinité et la docilité à l'Esprit Saint, l'amour qui
nous fait vivre en Église et servir nos frères.
Nos communautés sont appelées à être des maisons
de charité, lieux de liberté dans l'Esprit, de fraternité entre nous et
avec tous. Nous croyons que l'Esprit de Jésus, communiqué à la Pentecôte, est à
l'oeuvre dans notre monde et qu'il y fait advenir la création nouvelle."
Dans l'adoration du Dieu‑Trinité,
nous privilégions l'Esprit. La dévotion spéciale au Saint‑Esprit est
l'acte fondateur de notre spiritualité. Cette dévotion nous fait entrer plus
avant dans la vie filiale, dans la communion au Fils en qui nous disons à Dieu "Abba,
Père".
Ce don de la vie filiale a été proposé à
tous à la Pentecôte. La Pentecôte manifeste que l'Esprit est dans le monde et
dans nos vies. Nos premières soeurs ont donné une place spéciale à Marie
qu'elles ont appelée l'épouse du Saint‑Esprit et leur avocate auprès
de Lui. Marie comme porte-parole des humbles et des petits est un accent
particulier de notre spiritualité.
Fraternité laïque
Des laïques veulent vivre le charisme
des Filles du Saint‑Esprit. … « L'ouverture à l'Esprit a conduit les chrétiens de l'Église primitive et
nos fondatrices à créer des communautés de foi. A la suite de Jésus, ils
étaient appelés à faire passer des ténèbres à la lumière.
Nous avons voulu suivre le programme pour
Associés afin d'approfondir notre vie spirituelle: c'est à travers la liturgie,
le partage de foi entre nous, à travers tout ce qui fait notre vie quotidienne
que nous laissons l'Esprit "créer" en nous "un espace", ouvrir
nos coeurs, élargir l'horizon de nos vies. Notre relation à l'Esprit s'est
approfondie.
Maintenant que nous sommes associés, nous
essayons de vivre ce charisme. Tout ceci demande une certaine audace, l'audace
qui vient de l'Esprit, et parfois du courage. Cette audace et ce courage nous
les puisons dans la communauté de foi que nous formons entre nous et avec les
Filles du Saint‑Esprit de par le monde. Nous y trouvons la douceur,
l'attention aux autres, l'amour de l'Esprit qui sont des traits si
caractéristiques des Filles du Saint‑Esprit et nous nous sentons appelés
à les faire nôtres. »
(Un groupe d'Associés de la Côte Est des
U.S.A.)
Quelques traits marquants dans
la spiritualité des instituts voués au Saint Esprit.
Parmi ceux qui peuvent inspirer
notre vie spirituelle, nous en retenons quatre plus souvent cités dans la
spiritualité de ces instituts :
a) Le
culte et l’hommage à l’Esprit Saint :
Nous vivons enracinés dans
l’amour trinitaire, l’amour universel et le pluralisme des œuvres. .. Vrais
adorateurs de l’Esprit Saint… Nous écoutons les appels de l’Esprit saint pour
un monde plus fraternel. L’adoration de la Trinité est source de notre amour
pour les autres… Nous vivons la disponibilité à l’Esprit saint dans la
simplicité, l’humilité et la douceur.
b) La
vie apostolique sous le souffle de l’Esprit
Nous vivons chaque jour
dans l’union pratique avec Dieu par nos actions apostoliques. La dévotion
spéciale au Saint Esprit est l’acte fondateur de notre spiritualité…
L’essentiel de notre vocation, c’est d’être envoyés par le Christ au service de
l’évangélisation des peuples pauvres. … Nous nous mettons sous la protection du
cœur tout apostolique de Marie.
c) Le
soutien mutuel au service des plus faibles
Nous voulons nous aider les
uns les autres dans les épreuves et dans les joies. Nous nous tenons ensemble
devant Dieu, animés par l’Esprit, dans l’adoration, la louange et la
supplication. Nous vivons ensemble en maisons de charité. L’amour trinitaire
reçu ensemble, nous pousse vers le service des pauvres.
L’association
de laïcs à la mission de l’Institut.
C’est un fait constant et
remarquable que l’association de groupes de laïcs à la spiritualité et à la
mission des instituts religieux. Pour les fraternités liées aux congrégations
vouées au Saint Esprit, on note cette forte référence à l’Esprit Saint. Voici
un exemple : Notre but est « de promouvoir chez ceux qui en vivent
une docilité à l'Esprit Saint pour ouvrir leur coeur à la dimension universelle
de la charité et agir selon l'esprit de l'Évangile de Matthieu 25, 31‑46…
«
Animés et guidés par l'Esprit Saint, les (membres) veulent se mettre à
l'écoute et au service de toute personne rencontrée dans leur milieu familial,
ecclésial, social, professionnel et culturel, particulièrement les plus
pauvres… Avec tous, ils veulent partager joie et espérance. (Ils) ont à coeur
d'invoquer chaque jour l'Esprit Saint, par la prière du "Veni Creator' ou
du "Veni Sancte" et de participer aux sacrements qui confortent leur
spiritualité et leur engagement ». (5 Septembre 1995)