Accueillir le mystère
.

Congrégations et laïcs sous le nom de l’Esprit

              
P. Jean Savoie, Spiritain
En mars 1997, en vue de l’année dédiée au Saint Esprit dans la préparation du Jubilé 2000, cinq Congrégations consacrées au Saint Esprit amorcèrent un dialogue pour témoigner de leur consécration commune à l’Esprit. Elle éditèrent ainsi un petit fascicule dont nous relevons ici la spiritualité. A l’occasion du 3e centenaire des Spiritains, il nous semble opportun d’y revenir pour nos lecteurs, religieux ou laïcs. (« Au souffle de l’Esprit », 56 pages)

 Parmi les communautés religieuses, certaines se sont constituées sous le nom de l'Esprit Saint. Elles ne sont en fait pas très nombreuses dans l’histoire de l’Eglise en comparaison de celles qui se sont consacrées à reconnaître les divers aspects du mystère de Jésus ou de Marie. En relevant quelques traits de leur spiritualité nous avons le témoignage de la reconnaissance et de l’action de l’Esprit dans l’Eglise et nous trouvons des indications pour notre propre attention à l’Esprit saint dans nos vies.

  1. L’Ordre hospitalier du Saint Esprit a plus de 800 ans.

       « Au souffle de l'Esprit, Gui de Montpellier, reconnaissant dans les pauvres "de vivantes images de Jésus­-Christ", fonde en 1172 l'Ordre Hospitalier du Saint‑Esprit "pour le soulagement de toutes les misères qui peuvent se rencontrer". Les hôpitaux du Saint‑Esprit accueillirent les enfants, les malades, les pèlerins. Les Congrégations des Soeurs Hospitalières de Neufchâteau et de Poligny sont nées de ce grand courant spirituel. »

            Gui de Montpellier «  aimait tellement les pauvres, qu'il les honorait comme des seigneurs, les chérissait comme des frères, voyant en eux de vivantes images de Notre Seigneur Jésus‑Christ. Il voua son institution au Saint‑Esprit source de la parfaite charité et …en adoptant ce glorieux patronage a voulu enrôler sous son drapeau, les vrais adorateurs du Saint-­Esprit..." (Bulle du Pape Innocent III du 23 avril 1198)

Vers 1190, il part pour Rome où il fonde deux hôpitaux. Le pape Innocent III, après lui avoir confié l'hôpital de Sainte Marie in Saxia, approuve l'Ordre Hospitalier du Saint‑Esprit le 23 avril 1198.

En introduction à sa Règle et comme pour la résumer, Gui inscrit le passage de l'Évangile de Saint Mathieu au chapitre 25, 35-45 qui montre bien quel est le but : le soulagement de "toutes les misères qui pouvaient se rencontrer". Il donna à ses disciples : clercs, frères, soeurs, oblats et confrères, pour insigne, la Croix double signifiant le mystère de la Sainte Trinité.

L'Ordre s'insère dans l'Église de Dieu pour le service des pauvres se distinguant par l'universalité de la charité et le pluralisme des oeuvres, selon les besoins de l'époque. Dès la fin du XIIIe siècle, l'Ordre répandait ses bienfaits sur l'Europe entière et gérait plus de 800 hôpitaux. Actuellement il subsiste de l’Ordre des Sœurs en Pologne, en Espagne et en France, la communauté de Neufchâteau et celle de Poligny.

Les Soeurs Hospitalières du Saint‑Esprit, Rouceux – Neufchâteau

Pour cela,  nous voulons "vivre enracinées dans l'amour Trinitaire, vivre heureuses dans notre service de Soeurs Hospitaliè­res du Saint‑Esprit, vivre épreuves et joies en nous aidant les unes les autres, vivre dans la foi et l'espérance le Mystère Pascal, vivre une relation vraie avec ceux que nous rencontrons, (pour) être au coeur du monde d'aujourd'hui  signe de la tendresse et de la miséricorde de Dieu". (Chapitre de 1996)

L'Esprit brûle de répandre son amour sur les hommes et fait de nous les instruments de son amour. L'Esprit nous fait choisir les oeuvres de charité envers les pauvres, nous aide à reconnaître en eux Jésus‑Christ lui‑même. Il est l'Amour qui nous fait aimer à la manière de Dieu. Il est celui qui peut nous faire vivre en plénitude de la vraie vie. Il est celui qui nous fait exulter de la vraie joie comme Marie et Élisabeth , à la Visitation. Marie, épouse du Saint‑Esprit est notre modèle de charité et de docilité.
Dans la simplicité et la discrétion, nous nous rendons accueillantes et disponibles à toute souffrance. Ce service des pauvres, nous voulons le vivre dans un esprit d'écoute, d'accueil, de respect, de partage, d'amour et de prière pour toute personne rencontrée, vivant une situation de pauvreté ou d'injustice, car c'est le Christ qui vit en elle et c'est aussi l'Esprit qui nous attend pour réaliser son oeuvre d'amour.
Ce même esprit nous pousse à communier à la vie du monde actuel et à y être présentes : car au coeur de notre prière, nous y pressentons, malgré le péché, le corps du Christ en gestation, et nous voulons y écouter les appels de l'Esprit vers un monde plus juste et plus fraternel. En effet, les appels des pauvres résonnent en nous comme des protestations de l'Esprit contre les déficiences de nos sociétés.

Sœurs Hospitalières du Saint‑Esprit - Poligny

La fondation de l'hôpital du Saint‑Esprit de Poligny, a suivi de près celle de Besançon (1203) dont il fut une filiale. Dès le XIIIe siècle, les Frères et Soeurs furent nombreux. L'hôpital accueillait : les enfants, les pauvres, les malades, les vieillards, les infirmes, les étrangers, les pèlerins. Quelques citations en disent la spiritualité.

‑ Prière :
"Conduites et animées par l'Esprit, nous nous tenons devant Dieu dans l'adoration, la louange, la supplication pour tous nos frères."
"Toute tournée vers le Seigneur, c'est Lui le seul but de ma vie. Dans la fidélité à mon engagement premier à un amour qui se traduit en don dans la vie fraternelle et le service des plus pauvres."

‑ Charité fraternelle
"Réunies dans la foi et l'amour de Dieu, nous recherchons avec persévérance à vivre dans la communion fraternelle, dans l'espérance et la joie et à être un appel à l'unité pour tous nos frères."
"Ensemble, nous vivons le partage de tout ce qui fait notre vie: joies, peines, missions, foi et appels de l'Esprit.

Service des pauvres
"Proches et solidaires des pauvres, nous avons mission de continuer les gestes mêmes du Christ et de manifester la tendresse de Dieu pour tous nos frères: accueil, services paroissiaux (catéchèses, mouvements divers …) malades, personnes âgées, partage de foi avec des groupes d'adultes..."
"Annoncer Jésus‑Christ est pour nous une priorité. Nous nous retrouvons avec des laïcs autour de la Parole de Dieu pour un approfondissement de la vie de foi au sein des familles et de la société."

‑ Une vie pauvre
"A la suite du Christ, nous nous mettons dans l'attitude du pauvre. Nous accueillons tout des mains de notre Père, et nous lui rendons une continuelle action de grâces; ainsi, en nous laissant appauvrir par Dieu, nous grandissons dans l'amour."
"Nous vivons dans la simplicité et le partage fraternel. Nous mettons tout en commun: travail, ressources physiques et intellectuelles... Vécue dans l'espérance et la prière, la pauvreté matérielle nous dispose à une pauvreté intérieure et nous fait un coeur libre, sensible et ouvert."

La Confrérie du Saint‑Esprit (pour les laïcs)
A côté de l'hôpital fut fondée la Confrérie du Saint‑Esprit vers 1292. Les confrères partageaient avec les frères le même souci des pauvres. Ils contribuèrent aussi au maintien de la paix et de la concorde dans la cité. "Dans une relation filiale au Père, dans le Christ, par l'Esprit, nous puisons à la source de l'amour Trinitaire, la force et la vérité de notre amour universel."

Dans la ligne de cette même mission ecclésiale et dans l'esprit de Vatican II, la Confrérie existante depuis les origines, prend un nouvel essor. Chargée d'histoire, elle se rénove, reprend vie.
Association de laïcs, animés par un même idéal, dans un même but: "ouvrir leur coeur à la dimension universelle de la charité, agir selon l'esprit de l'Évangile de Mathieu 25 "Ce que vous avez fait au plus petit des miens, c'est à Moi que vous l'avez fait...", grandir par l'Esprit Saint source de l'Amour", elle reprend à son compte les motivations de Gui de Montpellier lorsqu'il créa l'Ordre Hospitalier du Saint­ Esprit.

En 1995, après quelques années de cheminement, dix‑huit confrères s'engagent à servir leurs frères selon les Statuts de la Confrérie du Saint‑Esprit. Ces statuts rénovés, en lien avec la Responsable de la Congrégation, sont approuvés par Monseigneur Patenôtre, évêque du diocèse de Saint Claude.

Formant une même famille spirituelle, religieuses et laïcs, prolongent de façons très diversifiées les gestes d'amour du Christ incarné, envers les pauvres de notre temps.

2.    La famille spiritaine fête ses 300 ans

  « Au souffle de l'Esprit, Le jour de Pentecôte 1703, Claude‑François Poullart des Places rassemble une fraternité d'étudiants pauvres dédiés au Saint Esprit, pour les préparer à être prêtres de paroisses et éducateurs de jeunes sans ressources. Revivifiée par Libermann à partir de 1848, la Congrégation du Saint‑Esprit se tourne de plus en plus vers les missions lointaines, disponible à l'Esprit Saint pour le service de la mission auprès des populations délaissées. »

Le Séminaire du Saint‑Esprit

              La Congrégation du Saint‑Esprit a connu d'importantes évolutions au long de son histoire. En 1703, Claude‑François Poullart des Places, clerc minoré du diocèse de Rennes, fonde une fraternité d'étudiants pauvres dédiés au Saint Esprit pour les préparer à être prêtres de paroisses et d'aumôneries manquant de pasteurs.

En peu de temps, la "communauté" passe d'une douzaine à quelque quarante jeunes. Claude appelle alors des collaborateurs. Ordonné prêtre en décembre 1707, il meurt moins de deux ans plus tard à trente ans. Au long du XVIIIe siècle, le "Saint‑Esprit" a formé environ 1200 prêtres, la plupart pour le service des diocèses de France.

L'orientation missionnaire de cet Institut ‑ Société et Séminaire grandit à partir de 1730: formation de prêtres et évangélisation au Canada, collaboration avec les Missions Étrangères de Paris en Extrême‑Orient. Peu de temps avant la Révolution, le "Saint-Esprit" a la charge pastorale de Saint‑Pierre‑et‑Miquelon, de la Guyane et de Saint‑Louis‑du‑Sénégal. En 1818 le "Saint-Esprit" a désormais mission de pourvoir aux besoins pastoraux des colonies françaises.

La Société du Saint‑Coeur de Marie
François Libermann fonde en 1841 une société missionnaire pour l'évangélisation des Noirs. Fils du rabbin de Saverne, acquis au Christ pour avoir été saisi par lui, il découvre sa vocation missionnaire au terme d'un cheminement de treize ans. Les épreuves physiques et morales font de lui un pauvre livré à l'Esprit Saint. Les premières missions africaines de la Société du Saint‑Coeur de Marie coûtent de lourds sacrifices.

La "'fusion"
Très vite, se manifeste la nécessité d'une collaboration apostolique avec le "Saint‑Esprit". Les membres du "Saint‑Coeur de Marie" se voient intégrés corps et biens au "Saint‑Esprit" en 1848. La "fusion" fait de François Libermann le 11e supérieur général du "Saint-Esprit" qui connaît un regain de vitalité. Les missions lointaines s'étendent rapidement avec l'internationalisation de la société, devenue congrégation religieuse en 1855.

En son 300e anniversaire, la Congrégation du Saint‑Esprit compte 3000 membres et travaille sur les cinq continents et dans plus de cinquante pays. Elle reçoit de plus en plus de sang neuf par les confrères issus des Églises qu'elle a contribué à fonder : plus de huit cents membres sont originaires des "pays du Sud".

Spiritualité spiritaine

La "vie apostolique" est le cœur et la visée de "la spiritualité spiritaine". Elle est « la vie de sainteté et d’amour que le Fils de Dieu a mené sur la terre  pour sauver et sanctifier les âmes et par laquelle il s’est continuellement sacrifié à la gloire du Père et le salut du monde». (Règle N° 3). L’évangélisation des « pauvres » est notre but.
Nous ne serions bons à rien sans l’union à Dieu dans la prière et aussi dans la pratique de la vie. La mission est le but mais la vie religieuse en communauté est le moyen indispensable de notre vie apostolique. Nous devons nous faire les avocats des faibles (n°14).
            La fidélité à l’Esprit Saint marque toute notre vie : 0 divin Esprit, je veux être devant vous comme une plume légère ; que votre souffle m'emporte n'importe où il veut et que je n'y apporte jamais la moindre résistance.
            Marie est celle qui a pleinement vécu cette fidélité : son Coeur tout apostolique est notre meilleur guide pour nous affermir dans la vie apostolique.

Sœurs missionnaires du Saint Esprit

   « Au souffle de l'Esprit, en la fête de l'Épiphanie 1921, Eugénie Caps, habitée par l'appel à vivre la mission au loin auprès des plus petits, fonde la Congrégation des Soeurs Missionnaires du Saint‑Esprit. Marquée de la spiritualité évangélique du Père Libermann, elle envoie ses soeurs, dès le départ, dans les missions lointaines où oeuvrent les Spiritains. »

Le 5 octobre 1924, les vingt‑cinq premières Spiritaines font profession. Suivent quatre départs pour la Martinique et huit pour le Cameroun. Eugénie, elle, ne partira pas. Elle ne sera même pas invitée à collaborer à l'organisation de la Congrégation qui se développe très vite. C'est Soeur Michaël Dufay qui sera nommée Directrice principale après sa profession religieuse et, quelques années plus tard, choisie comme Supérieure générale, charge qu'elle exercera pendant dix‑huit ans.
Épuisée par des souffrances de tout genre, Eugénie mourra le 16 mars 1931, à l'âge de trente‑huit ans. Plus de cinquante soeurs travaillent déjà dans les missions.
Aujourd'hui, l'Institut, de droit pontifical, compte 380 soeurs, de quinze nationalités différentes. Elles travaillent en quinze pays, sont réparties en soixante communautés sur trois continents : l'Afrique, l'Amérique, l'Europe. L'Institut compte six noviciats... Actuellement, douze novices et vingt postulantes sont en formation.

Dès 1931, l'Institut propose à des laïques le partage de sa spiritualité, éventuellement de ses activités apostoliques. L'association des Oblates du Saint­-Esprit est fondée.

Nous assurons le travail que nous demande l'Église locale : santé, enseignement, social, pastorale familiale, catéchèse, animation rurale et urbaine, communautés de base, formation d'animateurs, mouvements de jeunes, etc. Aumôneries de collèges et lycées, enfants des rues, prisonniers, évangélisation des Pygmées.

L'essentiel de notre vocation, c'est d'être envoyées par le Christ au service de l'évangélisation des peuples pauvres dont les besoins sont très grands et qui sont les plus délaissés dans l'Eglise de Dieu...

Notre fondatrice, Eugénie Caps, portait en elle un appel très fort à devenir missionnaire. Au coeur de cette vocation naissante grandit le désir de la mission au loin, auprès des plus petits... En même temps, mûrit en elle une conviction: pas de vie missionnaire sans vie intime avec Dieu, une vie selon l'Esprit.

La rencontre avec les Spiritains, la découverte providentielle d'une vie de Libermann l'orientent définitivement. Elle accueille le message de ce dernier pour elle‑même et pour le projet que Dieu lui confie. Elle trouve la une réponse à ses aspirations profondes: C'est dans le mystère de Jésus, envoyé du Père, que se trouve le fondement évangélique de la nouvelle oeuvre: la communion de l'apôtre au mystère apostolique du Christ.

Dès le début, les Spiritaines ont puisé largement dans la riche doctrine spirituelle et missionnaire de Libermann. Au contact de leurs frères spiritains, elles s'en sont imprégnées, en ont vécu. La spiritualité qui est nôtre aujourd'hui plonge ses racines dans la vie et les écrits de Libermann et d'Eugénie. Elle est aussi le fruit de l'expérience, de la recherche de nos soeurs aînées.

Des laïcs vivent le charisme spiritain

La fraternité spiritaine « Esprit et Mission » est un groupe de laïcs qui, à l'école du Père Libermann, veulent approfondir ensemble leur vie de baptisés et ainsi participer activement à la mission universelle de l'Église, en communion avec les Spiritains et les Spiritaines. Voici un témoignage de sa spiritualité.
« La prière qui monte souvent de mon coeur s'adresse au Père: "Père, je te bénis pour ton immense amour". Et lorsque les réalités tristes ou violentes de la vie du monde me rejoignent, par les informations télévisées par exemple, c'est vers le Fils que je me tourne : "0 jésus, prends pitié".
Ma prière à l'Esprit Saint est moins spontanée, moins fréquente, plus formelle peut‑être. Cependant je ne l'oublie pas au début de mes temps forts de prière ou de lectio divina.
L'Esprit Saint tient donc une grande place dans ma vie. Sa présence en moi est une conviction très forte. Sans Lui je serai comme un gros pavé inerte et insensible, incapable d'entrer dans la relation du Père et du Fils. L'Esprit Saint est la vie de mon coeur profond.
Le centre de ma vie spirituelle, c'est l'Eucharistie. … Cependant il est des moments dans ma vie où l'Esprit Saint se "manifeste" à moi par son action : tantôt il me fait comprendre une parole de l'Évangile incompréhensible jusque‑là, tantôt une autre parole de la Bible devient pour moi parole de vie qui m'est personnellement adressée. C'est alors la joie et l'allégresse en mon coeur pour cette délicatesse du Seigneur de me manifester ainsi sa présence.
Dans mon ministère d'animation biblique auprès d'adultes, le Seigneur me comble. Il me fait souvent comprendre sa Parole pour la transmettre aux autres. Et, au cours des partages d'Évangile ou des confidences que je reçois, je vois la parole de Dieu, accueillie dans la foi, devenir vivante, changer les coeurs et les comportements.
Depuis que, dans ma vie, le désir de répondre au désir du Père est devenu premier, la paix du coeur m'a été donnée. Sur ce chemin de paix, le Père Libermann m'a accompagnée. Oui, vraiment: "Père, je Te bénis pour ton immense amour". (Jacqueline)

3.    Congrégation des Filles du Saint Esprit

« Au souffle de l'Esprit, le 8 décembre 1706, naît la Congrégation des Filles du Saint‑Esprit. Deux femmes d'origine modeste Marie Balavenne et Renée Burel se consacrent au Saint‑Esprit pour vivre en maisons de charité le service des malades, des pauvres, des enfants. Elles se confient à Marie, Épouse du Saint‑Esprit et leur avocate auprès de lui. ».

"Les premières Filles du Saint‑Esprit ont voulu vivre ensemble pour servir les pauvres, les malades, les enfants. Elles reconnaissaient en eux la personne de Jésus‑Christ et avaient pour tous un grand respect. Elles faisaient tout ce qui leur était possible pour qu'ils soient, ensemble, témoins de l'amour qui change le monde.
Ouvertes à l'Esprit, elles puisaient dans l'adoration des trois personnes de la Trinité l'amour qui les animait. Elles se donnaient sans compter, ingénieuses pour trouver les moyens de servir.
Pauvres devant les détresses qu'elles rencontraient, elles se confiaient à Marie, leur avocate auprès du Saint‑Esprit. Elles vivaient simplement parmi le peuple. Ensemble elles formaient une maison de charité.
              C'étaient des femmes humbles habitées par l'audace de l'Esprit. Nous reconnaissons dans cette expérience de nos origines le charisme fondateur de la Congrégation. Il s'est développé à travers les générations. Il vit encore parmi nous comme un don et un appel. Il fait notre unité dans la diversité des communautés, des engagements, des cultures et des pays.

Aujourd'hui, nous puisons dans l'adoration des trois personnes de la Trinité et la docilité à l'Esprit Saint, l'amour qui nous fait vivre en Église et servir nos frères.
Nos communautés sont appelées à être des maisons de charité, lieux de liberté dans l'Esprit, de fraternité entre nous et avec tous. Nous croyons que l'Esprit de Jésus, communiqué à la Pentecôte, est à l'oeuvre dans notre monde et qu'il y fait advenir la création nouvelle."
Dans l'adoration du Dieu‑Trinité, nous privilégions l'Esprit. La dévotion spéciale au Saint‑Esprit est l'acte fondateur de notre spiritualité. Cette dévotion nous fait entrer plus avant dans la vie filiale, dans la communion au Fils en qui nous disons à Dieu "Abba, Père".
Ce don de la vie filiale a été proposé à tous à la Pentecôte. La Pentecôte manifeste que l'Esprit est dans le monde et dans nos vies. Nos premières soeurs ont donné une place spéciale à Marie qu'elles ont appelée l'épouse du Saint‑Esprit et leur avocate auprès de Lui. Marie comme porte-­parole des humbles et des petits est un accent particulier de notre spiritualité.

Fraternité laïque

Des laïques veulent vivre le charisme des Filles du Saint‑Esprit. … « L'ouverture à l'Esprit a conduit les chrétiens de l'Église primitive et nos fondatrices à créer des communautés de foi. A la suite de Jésus, ils étaient appelés à faire passer des ténèbres à la lumière.
Nous avons voulu suivre le programme pour Associés afin d'approfondir notre vie spirituelle: c'est à travers la liturgie, le partage de foi entre nous, à travers tout ce qui fait notre vie quotidienne que nous laissons l'Esprit "créer" en nous "un espace", ouvrir nos coeurs, élargir l'horizon de nos vies. Notre relation à l'Esprit s'est approfondie.
Maintenant que nous sommes associés, nous essayons de vivre ce charisme. Tout ceci demande une certaine audace, l'audace qui vient de l'Esprit, et parfois du courage. Cette audace et ce courage nous les puisons dans la communauté de foi que nous formons entre nous et avec les Filles du Saint‑Esprit de par le monde. Nous y trouvons la douceur, l'attention aux autres, l'amour de l'Esprit qui sont des traits si caractéristiques des Filles du Saint‑Esprit et nous nous sentons appelés à les faire nôtres. »
(Un groupe d'Associés de la Côte Est des U.S.A.)


Quelques traits marquants dans la spiritualité des instituts voués au Saint Esprit.

Parmi ceux qui peuvent inspirer notre vie spirituelle, nous en retenons quatre plus souvent cités dans la spiritualité de ces instituts :

a)     Le culte et l’hommage à l’Esprit Saint :

Nous vivons enracinés dans l’amour trinitaire, l’amour universel et le pluralisme des œuvres. .. Vrais adorateurs de l’Esprit Saint… Nous écoutons les appels de l’Esprit saint pour un monde plus fraternel. L’adoration de la Trinité est source de notre amour pour les autres… Nous vivons la disponibilité à l’Esprit saint dans la simplicité, l’humilité et la douceur.
b)     La vie apostolique sous le souffle de l’Esprit
Nous vivons chaque jour dans l’union pratique avec Dieu par nos actions apostoliques. La dévotion spéciale au Saint Esprit est l’acte fondateur de notre spiritualité… L’essentiel de notre vocation, c’est d’être envoyés par le Christ au service de l’évangélisation des peuples pauvres. … Nous nous mettons sous la protection du cœur tout apostolique de Marie.
c)     Le soutien mutuel au service des plus faibles
Nous voulons nous aider les uns les autres dans les épreuves et dans les joies. Nous nous tenons ensemble devant Dieu, animés par l’Esprit, dans l’adoration, la louange et la supplication. Nous vivons ensemble en maisons de charité. L’amour trinitaire reçu ensemble, nous pousse vers le service des pauvres.
     L’association de laïcs à la mission de l’Institut.
C’est un fait constant et remarquable que l’association de groupes de laïcs à la spiritualité et à la mission des instituts religieux. Pour les fraternités liées aux congrégations vouées au Saint Esprit, on note cette forte référence à l’Esprit Saint. Voici un exemple : Notre but est « de promouvoir chez ceux qui en vivent une docilité à l'Esprit Saint pour ouvrir leur coeur à la dimension universelle de la charité et agir selon l'esprit de l'Évangile de Matthieu 25, 31‑46…
«  Animés et guidés par l'Esprit Saint, les (membres) veulent se mettre à l'écoute et au service de toute personne rencontrée dans leur milieu familial, ecclésial, social, professionnel et culturel, particulièrement les plus pauvres… Avec tous, ils veulent partager joie et espérance. (Ils) ont à coeur d'invoquer chaque jour l'Esprit Saint, par la prière du "Veni Creator' ou du "Veni Sancte" et de participer aux sacrements qui confortent leur spiritualité et leur engagement ».  (5 Septembre 1995)



Il nous aurait fallu présenter aussi le renouveau charismatique et sa spiritualité d’écoute de l’Esprit Saint. Nous ne pouvons le faire dans ce fascicule, nous proposant d’y revenir.