Vie Spirituelle

La vie religieuse signe dans l’Eglise


P. Jean Savoie, spiritain

            L’histoire de l’Eglise s’est développée sous deux facteurs reliés entre eux : l’Esprit Saint et l’initiative humaine. Ils sont reliés parce que l’Esprit agit par des hommes et les hommes agissent sous la  motion de l’Esprit. Tout vient de Dieu, tout vient de l’homme peut-on dire. Le résultat est cette histoire sainte, histoire bien humaine et bien conduite par l’Esprit, comme nous la voyons déjà dans la Bible et dans les premières communautés ecclésiales.

« Nous nous trouvons à une époque où l’Esprit fait irruption, ouvrant de nouvelles possibilités. La dimension charismatique des diverses formes de vie consacrée, toujours en marche et jamais accomplie, prépare dans l’Eglise, en accord avec le Paraclet, l’avent de celui qui doit venir, de Celui qui est déjà l’avenir de l’humanité en marche. » (« Repartir du Christ », Instruction de la Congrégation pour la vie Consacrée, du 19 mai 2002, N° 10, DC 7/7/02 p. 615)
           
            Nous pouvons nous demander ce que la vie consacrée vient apporter dans l’Eglise d’aujourd’hui. Prenons « vie consacrée » au sens général de la vie des religieux ou religieuses, moines aussi bien que membres d’instituts séculiers. Leur fonction dans l’Eglise est-elle seulement pour eux en réponse à une vocation personnelle ou bien pour nous, pour l’Eglise et pour le monde ?

            La vie religieuse est une consécration à Dieu pour toute le vie : des hommes et des femmes, après une longue préparation, s’engagent à vivre ensemble au service de Dieu par les diverses formes de prières, le travail mis en commun, la chasteté , l’obéissance selon une règle de vie qui fixe les tâches à accomplir. Ces taches sont les plus diverses selon le charisme de chaque institut religieux , depuis la vie contemplative des monastères, jusqu’à la vie apostolique la plus engagée dans les situations sociales ou missionnaires, mais toujours dans la consécration de la vie à Dieu.

            La première utilité de la vie religieuse pour l’Eglise est ce témoignage permanent que pour les religieux Dieu mérite qu’on lui consacre toute sa vie. C’est un état d’adoration et de louange qui dure toute la vie et qui se concrétise par la prière personnelle, la méditation de la parole de Dieu, la célébration liturgique. Chaque communauté religieuse assure le service de l’adoration au nom de toute l’Eglise. Tout chrétien est par là invité à reconnaître cette primauté de Dieu dans sa vie par la foi, la prière et l’engagement pour sa gloire.

            Reconnaissons un autre témoignage important, celui de la vie fraternelle en communauté. Nous voyons dans la vie des saints, comme Sainte Thérèse de Lisieux, tout ce qu’il faut de respect de l’autre, d’attention à chacun, de patience mutuelle pour trouver sa joie et sa liberté dans une vie commune en petite communauté. Les membres d’une communauté religieuse ne se choisissent pas : ils sont réunis au gré des vocations et des affectations. Faire de chaque voisin un frère accueilli et aimé est élémentaire dans la vie religieuse, c’est le témoignage pour tout chrétien de la possibilité de bâtir nos relations mutuelle sur la reconnaissance de la personne du prochain et donc de l’aimer parce que Dieu l’aime.

            La fonction la plus évidente de la vie religieuse est au yeux de tous le service apostolique sous toutes ses formes. Les religieux apostoliques ont su à chaque époque voir les besoins des gens et y répondre. Dans les quartiers populaires des villes comme dans les campagnes les communautés religieuses  assurent des services paroissiaux comme la catéchèse ou l’animation de mouvements d’action catholique ou d’éducation. Beaucoup de communautés restent les plus actives en faveur des défavorisés et des personnes en difficulté momentanée. Leurs membres sont parmi les personnes qui sont de toutes les réunions ou de toutes les initiatives paroissiales.

            Les religieux rendent aussi le service d’associer à leur charisme les laïcs qui le veulent. C’était autrefois sous la forme de Tiers Ordre ou de confrérie et maintenant ce sont des fraternités ou des Groupes de Vie Evangélique. Ces fraternités trouvent là un cadre pour leur engagement chrétien et un soutien pour leur réflexion apostolique.

C’est toujours l'Esprit de vie qui fait apparaître dans la vie de l'Eglise les charismes dont elle a besoin. Nous n'avons pas trop à opposer l'institution-Eglise et le prophétisme. L’une et l’autre font partie de l’être même de l'église ; la tension qui règne entre les deux pôles est une tension vivifiante dont toute l’Eglise bénéficie.

            « La vie consacrée est née de l’impulsion créatrice de l’Esprit qui a conduit des fondateurs et les fondatrices sur la voie de l’Evangile, en suscitant une merveilleuse variété de charismes. Disponibles et dociles à sa direction, ils ont suivi le Christ de plus près, ont pénétré dans son intimité et ont pleinement partagé sa mission … Il existe un lien particulier entre l’Esprit Saint et la vie consacrée » (Repartir du Christ, Instruction de la Congrégation pour la vie Consacrée, du 19 mai 2002, N° 10, DC 7/7/02 p. 615)

            Mgr Michel Santier, évêque de Luçon, conclut l’éditorial de sa revue « Eglise de Luçon » du 16 mai 2002 en ces termes : « Voilà pourquoi, comme évêque je rends grâce au Seigneur pour la présence dans notre diocèse et prie avec vous le Seigneur pour que des jeunes adultes répondent à son appel ».